…Partager le même « souffle » (nashak en hébreu, « baiser », veut dire « respirer ensemble »), malgré toute l’intimité que cela suppose, n’implique pas obligatoirement une relation sexuelle.
« L’Enseigneur aimait Myriam plus que tous les disciples, il l’embrassait souvent sur la bouche »
Ce logion de l’Evangile de Philippe cité dans notre Evangile de Marie a suscité de nombreuses réactions nous rappelant que s’il est facile de se représenter Yeschoua avec un jeune homme sur son sein (ces représentations ne seront pas sans incidence sur le comportement des clergés), il est pratiquement inimaginable de le représenter dans une attitude d’intimité avec une femme, comme si le contact avec celle-ci altérait la perfection de son humanité et de sa divinité, alors qu’il s’agit du contraire.
Faut-il répéter l’adage des Pères : « Tout ce qui n’est pas assumé n’est pas sauvé », tout ce qui n’est pas accepté n’est pas transformé.
…Toujours est-il que, dans l’Evangile de Philippe, Jésus peut embrasser sans dégoût et avec amour Myriam « sur la bouche ». De nouveau le sens de ce baiser n’est compréhensible que si on le situe dans son contexte qui est celui du judaïsme de son époque (plus que celui de la gnose).
« Tu dois savoir encore ce que les anciens – bénie est leur mémoire – ont enseigné. Pourquoi le baiser se donne-t-il plutôt sur la bouche que sur tout autre endroit ? – Tout amour et dilection qui se veulent solides ne s’expriment que par le baiser de la bouche, car la bouche est la sortie du souffle, et lorsque le baiser se pose sur la bouche, un souffle s’unit à un souffle… » (Pirouch Esser sefirot belima, éd. Scholem)
…
…Il faudrait aussi citer le baiser du Cantique des cantiques et celui que donne Dieu à Moïse au moment où il recueille son expir ; « baiser », nashak en hébreu, veut dire respirer ensemble, partager une même haleine
. Comment Yeshoua et Myriam ne partageraient-ils pas le même Souffle, ne se laisseraient-ils pas conduire, « embrasser » par le même Esprit (Rouah en hébreu, Pneuma en grec, spiritus en latin, littéralement le Souffle, l’haleine de vie) ?
Charles Mopsik fait remarquer que la conjonction des baisers n’implique pas nécessairement une relation d’ordre sexuel même si elle y prépare, car c’est dans cette conjonction que se révèle le secret et que nous sommes conduits dans la chambre nuptiale, qui est dans l’Evangile de Philippe, comme pour la tradition hébraïque ancienne, le « Saint des saints ».
" Tout est pur pour celui qui est pur " Editions Albin Michel, 2005
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