Ce que les néolibéraux appellent “modernisation”, c’est l’adaptation des peuples au mouvement naturel et irrépressible de l’histoire que constituerait la guerre économique mondiale et la marchandisation des sociétés. Rien n’est en réalité plus antimoderne qu’une telle conception de l’histoire. Mais qui le sait encore, après trente ans de contamination de tous les discours par la novlangue néolibérale?
Il est donc bien nécessaire de rappeler à nos contemporains en quoi consistait la promesse de la modernité en Occident, du siècle de Galilée (XVII°) au siècle des Lumières (XVIII°) :
Pour le dire en raccourci, c’était une promesse d’émancipation et de progrès pour tous les êtres humains, grâce à la connaissance, à l’égale liberté et à la loi démocratique.
Cette promesse moderne fut portée par trois siècles de combat des progressistes pour l’émancipation humaine, contre l’obscurantisme, le despotisme, l’exploitation économique, la maladie, la pauvreté, l’insécurité. (...)
Quelle que soit la part d’ombre des Trente Glorieuses, la confiance dans l’avenir caractérisait ma génération. Nous avions la chance d’être nés dans l’une de ces rares nations où les idées progressistes avaient remporté une interminable bataille. Restait certes un long chemin à parcourir pour les inscrire pleinement dans la réalité, mais nous n’imaginions pas que les démocraties occidentales puissent régresser vers un âge sombre et réactionnaire, et surtout pas au moment où leur modèle de développement commencerait à séduire le reste du monde. C’est pourtant ce qu’il advint...
Depuis trois décennies, on l’a vu, déferle la vague néolibérale. La généralisation de ce nouveau “modèle” occidental était censée diffuser au monde entier les acquis de la modernité : le progrès matériel, une société pacifiée par le progrès social plutôt que par la police, un État de droit garant de l’intérêt général, les libertés publiques, la démocratie et l’autonomie croissante des individus. Or, non seulement nous n’assistons pas à la diffusion planétaire de ces “acquis”, mais encore nous constatons leur déconstruction et leur régression générale dans le monde occidental lui-même. (...) Il s’agit ici de comprendre comment et pourquoi le mouvement du progrès moderne s’inverse en une régression générale. Cela suppose de concentrer l’attention sur les pays qui étaient les plus avancés dans ce mouvement.
Or, dans ces pays les plus “modernes”, la promesse du progrès matériel pour tous s’évanouit dans l’autodestruction du système économique et le saccage des écosystèmes ; la cohésion sociale se dissout dans une dissociété atomisée ou communautarisée ; la démocratie s’efface devant l’État privé et la montée d’un “fascisme néolibéral” ; le culte officiel de l’autonomie individuelle masque un effondrement moral et intellectuel qui livre à nouveau les individus à diverses servitudes. Telles sont les multiples dimensions concomitantes de la Grande Régression. Le chapitre 3 traite de la régression économique et écologique, le chapitre 4 de la régression sociale, morale et politique.
La Grande Régression Jacques Généreux Éditions du Seuil octobre 2010
(p. 102-104)
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Commentaires bienvenus
Voilà une vidéo, Liouba, où, dans un programme politique, l'amour coexiste avec la conscience du réel. Et à un tel niveau d'engagement et d'action, ce n'est pas qu'un mot.
Programme, engagement sincère d'humanité, qui peut rallier les mêmes aspirations des humains pour un changement de société, là où représentant politique et mouvement social de citoyens peuvent agir main dans la main...
REVUE DE LA SEMAINE #7 - PAUVRETÉ, iTÉLÉ, MÉDIAS, PRIVATISATION DES...
Puisse l'amour l'emporter !
Coucou Virginie!
Comme tu le dis si bien, les citoyens, de plus en plus conscients et créatifs, connectés à leur nature humaine profonde, reprennent leur liberté d'être, en développant des valeurs d'échanges solidaires et respectueux de la Nature, de l'Humanité.
Le défi actuel, en parallèle, c'est aussi de ne pas laisser cette énorme machine néolibérale du système financier, continuer son œuvre de destruction. Les citoyens ont droit à une information sans censure. Ils ont le droit de voter en connaissance de cause, même lorsque les médias, dirigés par ces pouvoirs de l'argent, ne leur parlent pas - ou si peu et avec dénigrement, pour bien conditionner dans une peur imaginaire - d'homme politique remettant en cause ce système complètement destructeur de Vie, de justice, de paix... comme le souligne l'économiste Jacques Généreux, avec sa pensée très bien documentée et visionnaire.
Puisse l'Amour intérieur des êtres se développer avec leur Conscience extérieure de l'économique et du social!
C'est mon vœu le plus cher...
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