Le Supramental est un pouvoir, avant toute chose - un pouvoir formidable. C'est le pouvoir direct de l'Esprit dans la Matière. Toute conscience est un pouvoir et plus on s'élève, plus le pouvoir est puissant, mais plus on s'éloigne de la terre en même temps; par conséquent, lorsque nous voudrons appliquer notre pouvoir surmental, par exemple, aux affaires de ce monde, il faudra le faire descendre de plan en plan et qu'il surmonte les déterminismes de tous les niveaux intermédiaires, avant d'arriver en bas, dans la Matière. Au bout du parcours, il ne reste plus qu'un reflet surmental, alourdi et obscurci, qui doit se battre contre des déterminismes de plus en plus rebelles et épais. C'est ainsi que les spiritualistes n'ont jamais pu transformer la vie. Le Supramental est la Conscience-Force suprême au cœur même de la Matière, sans intermédiaire. C'est le "soleil dans l'obscurité" dont parle le Véda, le lieu où le Haut et le Bas se rencontrent directement. Il peut donc tout changer. Rappelons les paroles de la Mère : "Le vrai changement de conscience est celui qui changera les conditions physiques du monde et en fera une création entièrement nouvelle."
Disons tout de suite que le pouvoir supramental n'opère pas par miracle, ni par violence - la notion de miracle est absurde, Sri Aurobindo l'a répété bien souvent: Il n'y a pas de miracles, il n'y a que des phénomènes dont nous ignorons le processus, et, pour celui qui voit, il y a seulement l'intervention du déterminisme d'un plan supérieur dans le déterminisme d'un plan inférieur. Le Mental peut apparaître comme un miracle pour le déterminisme de la chenille, mais nous savons bien que nos miracles mentaux obéissent à un processus. De même pour le Supramental, il ne bouleverse pas les lois, simplement il passe au-dessus (ou au-dedans?), à un degré où elles n'existent plus, pas plus que les lois de la chenille n'existent pour l'homme. Expliquons-nous : la répétition habituelle d'un certain nombre de vibrations, qui se sont pour ainsi dire coagulées autour d'un individu, finissent par lui donner une structure apparemment stable; il dit qu'il obéit à la "loi" de sa nature, mais cette soi-disant loi n'est pas plus inéluctable que le fait de passer par telle rue plutôt que par telle autre pour rentrer chez soi; ce sont simplement des habitudes. De même pour le cosmos tout entier, toutes nos lois physiques soi-disant inéluctables sont pareillement des habitudes coagulées qui n'ont rien d'inéluctable et peuvent se défaire pour peu que l'on veuille changer de circuit, c'est-à-dire changer de conscience. "Une loi ordinaire, dit Sri Aurobindo, est simplement un équilibre établi par la Nature, c'est une stabilisation de forces. Mais ce n'est qu'un sillon dans lequel la Nature a pris l'habitude de travailler pour obtenir certains résultats. Si vous changez de conscience, le sillon change aussi, nécessairement." Ces "changements de sillon" ont jalonné toute notre histoire évolutive, à commencer par l'apparition de la Vie dans la Matière, qui a modifié le sillon matériel, puis l'apparition du Mental dans la Vie, qui a modifié le sillon vital et matériel. Le Supramental est un troisième changement de sillon, qui modifiera le Mental, la Vie et la Matière.. Il a déjà commencé, l'expérience est en route. (...) "L'Inconscience apparente de l'univers matériel contient en soi obscurément tout ce qui est éternellement révélé dans le Supraconscient lumineux. Le Supramental se servira donc de sa lumière correspondante - la même lumière - dans la Matière :
"La vérité d'en haut éveillera une vérité en bas"
car la loi est éternellement la même : seul le semblable peut agir sur le semblable; il fallait le pouvoir qui est tout en haut pour délivrer le pouvoir qui est tout en bas. Qu'est-ce donc que ce Pouvoir? Toute concentration dégage une chaleur subtile, bien connue de ceux qui ont tant soit peu pratiqué les disciplines yoguiques (la tapasyâ ou discipline yoguique est "ce qui produit de la chaleur"); le pouvoir supramental est une chaleur de ce genre, mais infiniment plus intense, dans les cellules du corps. C'est la chaleur dégagée par l'éveil de la conscience-force dans la Matière : "Tout se passe, dit la Mère, comme si notre vie spirituelle était faite d'argent, tandis que la supramentale est faite d'or; comme si toute la vie spirituelle d'ici était une vibration d'argent, pas froide mais simplement une lumière, une lumière qui va jusqu'au sommet, une lumière tout à fait pure, pure et intense, mais il y a dans l'autre, la supramentale, une richesse et une puissance, une chaleur, qui fait toute la différence." Cette chaleur est à la base de toutes les transmutations supramentales. En fait, la chaleur dégagée par les combustions et autres réactions chimiques, sans parler de l'énergie incomparablement plus grande libérée par les fusions ou les fissions nucléaires, n'est que la traduction physique d'un phénomène spirituel fondamental, que les rishis védiques connaissaient bien et qu'ils appelaient Agni, le Feu spirituel dans la Matière.
(...)
C'est cet Agni suprême que Sri Aurobindo et la Mère ont découvert dans la Matière et les cellules du corps - c'est lui le levier de la transformation du corps et du changement physique du monde. Dès lors, au lieu d'agir sur la Matière par l'entremise déformante et alourdissante de tous les déterminismes intermédiaires, mentaux et vitaux, c'est la Matière elle-même, éveillée à la conscience de sa force, qui opère directement sa propre transmutation. Au lieu d'une évolution qui semble s'écarteler entre deux pôles, de conscience sans force aboutissant à la béatitude du sage, ou de force sans conscience aboutissant à la joie brute de l'atome, le Supramental rétablit l'Équilibre dans l'être total : la conscience la plus haute dans la force la plus puissante, le feu de l'Esprit dans la Matière - "Ô Flamme aux cent trésors", dit le Rig-Véda (I.59).
Il n'est peut-être pas inutile de souligner que Sri Aurobindo a fait sa découverte spirituelle en 1910, avant même d'avoir lu les Védas, et à une époque où la physique nucléaire en était encore aux conjectures théoriques. Notre science est en avance sur notre conscience, d'où la course hasardeuse de notre destin.
(...)
Or, il est remarquable que le Supramental soit d'une qualité lumineuse toute différente des autres degrés de conscience; il réunit à la fois l'immobilité complète et le mouvement le plus rapide qui soit - ici aussi, expérimentalement, les deux pôles sont enjambés. Nous pouvons seulement citer le fait sans être capable de l'interpréter, voici comment la Mère décrit sa première expérience de la lumière supramentale : "(...) C'était le mouvement à son maximum, infiniment plus rapide que tout ce que l'on peut imaginer et, en même temps, c'était la paix absolue, la tranquillité parfaite*. Des années plus tard, lorsque cette expérience fut devenue tout à fait familière, la Mère en parlait en ces termes : "C'est un mouvement qui est une sorte de Vibration éternelle, qui n'a ni commencement ni fin. (...)" Le jour où nous saurons appliquer cette Vibration ou ce "Mouvement" à notre matière, nous posséderons le secret pratique du passage de la Matière brute à une Matière plus subtile et nous aurons le premier corps supramental ou glorieux sur la terre.
(...)
Ce pouvoir d'immobilité ne s'acquiert vraiment que quand on a commencé à prendre conscience du grand Silence par-derrière et que l'on est capable, à tout moment, de faire un pas en retrait et de plonger très loin des circonstances extérieures, à des milliers de lieues, nous l'avons dit.
(...)
La conscience supramentale, elle, ne cherche pas à connaître, elle ne cherche pas à savoir ce qu'il faut faire ou ne pas faire, elle est parfaitement silencieuse, immobile et vit spontanément chaque seconde du temps, sans tension vers l'avenir; mais à chaque seconde, dans le silence de la conscience, la connaissance voulue tombe comme une goutte de lumière : ce qu'il faut faire, ce qu'il faut dire, ce qu'il faut voir, ce qu'il faut comprendre. "La pensée supramentale n'est pas un pont pour atteindre la lumière, c'est une flèche qui vient de la lumière." "Dans la grande Étendue, tout se rencontre et l'on sait parfaitement", dit le Rig-Véda (VII.76.5). Et chaque fois qu'une pensée ou une vision passe dans la conscience, ce n'est pas une spéculation sur l'avenir, c'est un acte immédiat :
"Là, chaque pensée, chaque sentiment est un acte"
La connaissance est automatiquement douée de pouvoir. Parce que c'est une connaissance vraie, qui voit tout, et une connaissance vraie est une connaissance qui peut. (...) Quand nous parlons de "pouvoirs", nous nous attendons tout de suite à des choses fantastiques, mais ce n'est pas cela le vrai pouvoir, pas cela non plus le vrai fantastique de l'univers; quand le Supramental agit, ce ne sont pas des bouleversements mirifiques, comme une poudre aux yeux, c'est une action tranquille, comme éternelle, qui pousse le monde vers sa propre perfection à travers tous les masques d'imperfection. Le vrai miracle n'est pas de forcer les choses, mais de les précipiter secrètement et comme en cachette vers leur propre centre, afin que du fond d'elles-mêmes, elles reconnaissent ce Visage qui est leur propre visage - il n'y a qu'un miracle - cette minute de reconnaissance, quand plus rien n'est autre.
Et l'individu est la clef du pouvoir supramental. (...) Son travail sur la terre est de mettre en contact, directement, la Force suprême de l'individu, la Conscience suprême et la Matière - "joindre les deux Bouts", dit la Mère. C'est un précipiteur du Réel sur la terre. C'est pourquoi nous avons l'espoir que les déterminismes aveugles qui commandent actuellement le monde - la Mort, la Souffrance, la Guerre - pourront être changés par ce Déterminisme suprême et faire place à une évolution nouvelle, dans la Lumière : "C'est une révolution spirituelle que nous prévoyons, dont la révolution matérielle n'est qu'une ombre et un reflet."
(...)
(* A la vitesse de la lumière, on retrouve aussi l'immobilité parfaite dans le mouvement suprême - immobilité si l'on regarde le phénomène du dedans, mouvement si l'on regarde du dehors.)
SRI AUROBINDO ou l'aventure de la conscience Satprem (p.287-298)
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Commentaires bienvenus
Un Nouveau Monde, un Nouvel Être : spiritualiser la matière par l'Esprit :
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Résumé des articles précédents :
(1) La Conscience d'Être
Le vide mental établit une paix intérieure.
On sent un courant, une vibration qui parcourt tout le corps. C'est une énergie qui vient d'en haut, de la Source, de l'Esprit.
Notre être s'emplit de force. Cette force devient un outil pour notre transformation.
Vient un moment où on découvre le Témoin, cette vibration de silence qui devient le maître intérieur en créant l'action juste du moment présent.
(2) Le mental universel et le Silence mental
Le Silence mental rend l'être transparent, sans protection : il devient plus sensible aux agressions extérieures. Mais la Force intérieure devient sa protection et lui permet de rejeter les pensées, qui viennent du dehors, du Mental universel. Et sa conscience s'élargit. Il devient maître du silence et du monde mental.
(3) Le Témoin, Maître de la libération mentale
On ressent simultanément deux parties distinctes dans la conscience : la partie active "l'usine à pensées" et la partie réservée, Témoin et Volonté qui observe, ajuste.
Récit de la première expérience de Sri Aurobindo.
L'être découvre que lorsqu'il sort de sa "coquille mentale", tout est possible et son action devient clairvoyante, dans un climat de paix.
(Cette même liberté de l'être, de la Conscience, est démontrée par Gregg Braden, à partir d'expériences de la Science quantique)
(4) Les centres de conscience sont vibrations
Les centres de conscience, les chakras, émettent toute une gamme de vibrations qui semblent s'irradier à différentes hauteurs de notre être.
Le mental n'est qu'un de ces centres, un type de vibration.
Ces sept centres sont répartis en quatre zones :
- Le Supraconscient
- Le Mental
- Le Vital
- Le physique et le Subconscient
Avec la Force descendante, nous n'affrontons les centres du bas qu'après avoir déjà solidement établi notre être dans la Lumière d'en haut, supraconsciente.
"Si nous disons "je pense donc je suis" ou je sens donc je suis, ou je veux donc je suis, nous sommes un peu comme l'enfant qui s'imagine que le speaker ou l'orchestre sont cachés dans la boîte à musique et que la radio est un organe pensant. Parce que tous ces je ne sont pas nous, ou à nous, et que leur musique est universelle."
(5) La Conscience est une Force, et elle est Joie
Dès les premières expériences, le courant de la Conscience est ressenti comme une Force (Agni, énergie) : c'est la substance fondamentale de l'Univers et de toutes choses.
La Matière est de l'Énergie condensée. "Quand nous aurons trouvé ce Secret, la conscience dans la force, nous aurons la vraie maîtrise des énergies matérielles - une maîtrise directe. Mais nous ne faisons que redécouvrir de très anciennes vérités..."
"L'histoire de notre évolution terrestre, finalement, est l'histoire d'une lente conversion de la Force en Conscience, ou, plus exactement, un lent rappel à la mémoire de soi, de cette Conscience engloutie dans sa Force."
"alors nous vérifions tangiblement que la conscience est une force, une substance, que l'on peut manipuler comme d'autres manipulent des oxydes ou des champs électriques..."
" Si nous n'avions pas fait des milliers d'expériences prouvant que le Pouvoir dedans peut modifier le mental, développer ses capacités, en ajouter de nouvelles, découvrir de nouvelles strates de conscience, maîtriser les mouvements du vital, changer le caractère, influencer les hommes et les choses, avoir de l'autorité sur le fonctionnement et l'état du corps, modifier les événements... nous n'en parlerions pas comme nous le faisons."
Et on découvre que la Conscience-Force est Joie, Ananda...
(6) Comment pacifier le vital?
Le vital, comme le mental vient du dehors, du vital universel. Il n'est pas nous. Il est erroné de s'identifier à ses émotions. Il suffit de faire le silence pour le ressentir. Et ce silence nous permet d'établir autour de nous, dans le circumconscient, une couche protectrice pour voir venir les vibrations psychologiques et ne pas les laisser entrer.
A force de non-intervention, ces vibrations vitales ne nous touchent plus, puis elles sont dissoutes.
(7) Les forces adverses de la Conscience :
Ces vibrations de désordre, "nos" tristesses, "nos" ennuis s'acharnent à décourager le chercheur.
"On découvre même que l'on est capable de monter haut, et qu'en vérité, nos bas sont exactement proportionnels à notre capacité de hauteur - bien des écailles nous tombent des yeux. Avec un peu d'honnêteté, on voit bien que l'on est capable de tout et qu'en somme, comme dit Sri Aurobindo, notre vertu est une prétentieuse impureté. Il faut n'avoir jamais quitté la personnalité frontale pour nourrir encore quelque illusion à ce sujet."
L'âme, l'Esprit, choisit ces épreuves qui sont là pour intensifier la force, élargir l'expérience nécessaire pour trouver la Vérité...
Le silence conscient permet de neutraliser ces forces adverses.
(8) Le vital vrai : la vraie Force de vie
La personnalité frontale est engluée dans l'ambiguïté des sentiments, des attachements, de la souffrance et du plaisir.
C'est en englobant tout dans la présence intérieure de l'être, que la joie apparaît, immuable, tranquille : c'est la Force de Vie.
Il ne s'agit pas de lutter contre le vital infantile, mais de l'accepter dans une conscience élargie, où, par cette attention, il sera neutralisé, transmuté en joie : celle d'un vital calme et puissant, le vital vrai, état de concentration tranquille, spontanée.
Cette immobilité fondamentale est une base d'action, une puissance concentrée, une source d'énergie. Dans ce silence infini, se manifeste la Paix, la Liberté, le Pouvoir, la Lumière, la Connaissance, la Joie.
(9) Le Centre Psychique : l'Âme est Amour
La Conscience-Force est la réalité fondamentale de notre être. Mais qui est conscient en nous?
Le Centre individuel ou être psychique, l'Âme
Le Centre cosmique, lié à l'Être universel, l'Esprit
Étape par étape, nous devons retrouver l'un et l'autre.
Le Centre psychique se manifeste par l'état de Joie - sans objet - et d'Amour - qui est.
Ce psychique, caché par nos idées, nos sentiments, happé par le vital et le mental, est l'essence de la Liberté, de la Vérité - qui n'apparaît que par la décantation dans le Silence, par un changement de conscience, comme un feu, une énergie - Agni. C'est le vrai je en soi, le Centre, le Maître.
La Conscience bascule. On est dedans.
(10) La Réincarnation : évolution de l'Âme vers une Réalisation terrestre
Selon Sri Aurobindo et le Secret du Véda, l'ensemble des vies représente une croissance de conscience qui culmine dans un accomplissement terrestre - et non seulement dans l'au-delà, comme le pensent les spiritualistes.
Cela permettra une Connaissance intégrale, donc une Vie intégrale.
Il ne s'agit pas de "croire" en la réincarnation, mais d'en avoir l'expérience.
Ce n'est pas la petite personnalité frontale qui se réincarne. Seul le Centre psychique, l'Âme, éternelle, demeure. Notre expérience de la réincarnation dépendra donc de la découverte du Centre et Maître psychique, qui emmène ses souvenirs d'une vie à l'autre, et du degré de développement de notre psychique. Seul le psychique conscient peut évoluer au cours des incarnations. D'une vie à l'autre, il emmène l'essence de toutes les expériences, certaines tendances générales, qui sont le premier embryon de la personnalité psychique, certaines empreintes (le karma).
Lentement, de vie en vie, le psychique acquiert une individualité de plus en plus forte, de plus en plus consciente et de plus en plus vaste. La conscience-force s'individualise de plus en plus.
Il faudra que toutes nos activités mentales, vitales et même physiques, s'intègrent à ce nouveau Centre, si nous voulons une réalisation terrestre.
Le jour où nous aurons infusé assez de conscience dans le corps, il pourra lui aussi participer à l'immortalité psychique...
(11) Le Nirvana
Cette expérience apporte à Sri Aurobindo, une Paix indicible, dans le Transcendant, l'Absolu.
Mais elle est hors du monde, hors de la vie.
Cette expérience, pour lui, n'est pas une fin, mais plutôt le point de départ de nouvelles expériences, qui intégreront dans un même Réalité, la vérité du monde et la vérité de l'au-delà.
Le Nirvana se révèle le commencement de sa propre réalisation.
Le Nirvana n'est pas en soi, un état supérieur de conscience : il peut se produire à divers niveaux de conscience.
Sri Aurobindo n'avait pas dépassé le plan mental lorsqu'il eut l'expérience du Nirvana.
(12) L'Être central ou Centre cosmique : dans l'Unité
Sri Aurobindo va explorer les niveaux de conscience du Supraconscient, faire un pont entre la vie spirituelle et la vie dans le monde.
Le monde est en évolution.
Nous sommes tous unis dans une Conscience cosmique : l'Âme, l'être psychique, est Une avec le Divin, la petite lumière de cette grande Lumière : l'Esprit, qui est dans l'homme, dans le Soleil... qui annonce la transmutation divine de l'homme.
L'Âme veut retrouver sa Totalité innée, poussée par notre Être central, cosmique, connecté à l'Esprit.
Cette conscience cosmique dissout l'ego : on ressent la paix et la béatitude, la liberté.
C'est la connaissance de soi qui permet la réalisation de cette éternelle perfection de l'Esprit qui est en soi.
(13) Le Secret
"Un triple changement de conscience marque donc notre périple sur la terre : la découverte de l'être psychique ou Esprit immanent, la découverte du Nirvana ou Esprit transcendant et la découverte de l'être central ou Esprit cosmique."
Mais ces expériences ne permettent pas l'intégrale plénitude de l'individu dans le monde.
L'être psychique est relié au Divin, mais se limite à l'individu.
L'être cosmique est relié au monde divin, mais il est coupé de l'individu.
Et dans le Nirvana, on est coupé du monde et de l'individu.
Sri Aurobindo a voulu résoudre cette contradiction, par le pouvoir de son action. Il a l'intuition que si, en tant qu'êtres incarnés, nous aspirons à cette totalité, c'est que cette totalité est possible dans un corps. (contrairement à ce qu'enseignent les religions)
Y a-t-il un quatrième changement de conscience qui changera tout?
Que peut cette Conscience infinie pour tout ce monde?
Cette terre et ce corps sont-ils le lieu d'un Secret qui change tout?
Le vrai changement de conscience est celui qui changera les conditions physiques du monde et en fera une création nouvelle.
Cette vie et cette Matière auraient un sens, si à travers l'homme de plus en plus conscient, l'Esprit élabore le surhomme ou le dieu.
C'est le double mouvement d'ascension et de descente de la conscience individuelle qui constitue le principe de base de la découverte supramentale...
(14) L'ascension de la Conscience
En quoi cette découverte de Sri Aurobindo est-elle accessible pour nous?
Le vrai système de yoga consiste à "attraper le fil de sa propre conscience".
L'ascension dans le Supraconscient est la première étape, par le silence mental. La Force rayonne. Elle veut monter, étant branchée sur la Lumière d'en haut, vivante, dans le Silence vivant, d'où jaillissent des pensées spontanées, pour des actes spontanés. C'est la Source qui guide la pensée juste, l'acte juste - comme une connaissance spontanée.
C'est là que le chercheur sentira que la vie du dessous, le mental du dessous, les sentiments, sont étroits, mensongers.
Fqire grandir la Conscience-Force.
Être prêt à avancer d'illumination en illumination, d'expérience en expérience, d'état d'âme en état d'âme...
On est au-dessus et on respire. Le corps est enveloppé dans la conscience élargie. On ne redescend plus vraiment "sauf avec une fraction de la conscience qui peut venir travailler dans le corps ou aux niveaux inférieurs, tandis que l'être stationné en permanence au-dessus, dirige toute l'expérience et tout le travail."
(15) Êtres de Lumière et Forces impersonnelles
"Tous tant que nous sommes, nous recevons constamment, et sans nous en apercevoir, des influences ou des inspirations de ces plans supérieurs supraconscients". Nous baignons dans les forces universelles.
"Les gradations de conscience sont des états universels qui ne dépendent pas de la façon de voir de la personnalité subjective."
Quand on entre consciemment dans ces plans, on peut voir des courants de forces impersonnels, plus ou moins lumineux, ou des êtres personnels. Mais ce sont deux façons de voir la même chose. Tout dépend de l'attitude intérieure, de la formation religieuse ou spirituelle.
Ces forces conscientes peuvent prendre toutes les formes qu'elles veulent. On peut toucher au même plan de conscience, à la même illumination, par des milliers de voies différentes.
(16) Le surmental, des prophètes, poètes, artistes éclairés... n'a pu changer le monde
Toutes les belles idées du Mental arrivent défigurées, dans la vie, enfermées dans des systèmes. Il faut un autre pouvoir, qui puisse vaincre cette imperfection inébranlable. L'intellect ne peut contrôler l'Absolu, l'Infini.
Si l'évolution est une évolution de la conscience, on pourrait penser que le mental de l'humanité deviendra de plus en plus intuitif, et s'ouvrira au surmental, une conscience de dieu, de lumière.
Cependant, le surmental est toujours du mental; il peut élargir le cercle humain, l'améliorer, non le changer. Car il reste un principe de division : il voit tout, dans l'unité, mais de son propre point de vue. C'est la vérité des innombrables sages, sectes, Églises ou visionnaires qui nous ont transmis la Parole divine.
La loi de gravitation vers le bas semble jusqu'à présent insurmontable.
Il faut donc un autre Pouvoir, un autre principe de conscience, global, qui puisse contenir l'innombrable diversité de la vie.
(17) Entre subconscient qui contient notre passé, et Supraconscient, notre avenir
En même temps que Sri Aurobindo atteignait les hauteurs du surmental, sa conscience descendait dans les ombres du subconscient, lui donnant l'expérience de souffrances enfouies mises à jour. Le subconscient contient notre passé évolutif. Et on ne peut atteindre la Lumière sans passer par l'ombre inscrite dans le corps.
Ce yoga permet de tout englober, sans sortir de l'individu (comme c'est le cas dans l'extase des mystiques, sortis de l'existence extérieure)
De nombreux degrés du subconscient se succèdent, jusqu'à l'Inconscient matériel - premières forces apparues dans le monde de la Matière et de la Vie.
Pour vaincre ces forces, la Lumière du Supraconscient est nécessaire. Et on ne peut descendre plus bas que l'on est monté.
"On ne peut guérir que si l'on guérit tout au fond, et on ne peut aller tout au fond que si l'on va tout en haut."
D'où les limites de la psychologie contemporaine et de la psychanalyse.
Le mental ne donne pas la connaissance, il ne permet pas de voir la Force dynamique sous le jeu des contraires.
C'est le Supraconscient, non le subconscient, qui est le vrai fondement, et qui nous tire vers l'avenir.
(18) Le Secret La moitié obscure de la Vérité
Après une expérience positive donnant naissance à la Force, le chercheur ressent comme un voile dans son être, du scepticisme, de la révolte. C'est le vrai signe qu'il est en train de progresser, en affrontant la réalité de la nature. Être clair, c'est ne pas se croire bien gentil, bien intentionné, mais ressentir, simultanément à la lumière, en haut, une ombre blessée. On ne peut pas faire un pas en haut sans faire un pas en bas.
Ce double mouvement d'ascension et de descente constitue le processus fondamental du yoga intégral. C'est ainsi seulement que la vie se transforme.
C'est la conscience-force, et non le mental, qui permet cette transformation. C'est elle qui fait jaillir les obscurités et résistances correspondantes. Et le chercheur intégral monte et descend consciemment, sans perdre son équilibre, en s'abandonnant avec confiance à cette Conscience-Force, et retrouve après chaque descente, la même réalisation, élargie, à un degré immédiatement au-dessus. Après une "chute", tout vient s'intégrer dans la lumière nouvelle.
La progression du yoga intégral n'est pas une droite mais une spirale.
Plus on progresse, plus les cycles se relient au mouvement cosmique.
Il faut donc en finir avec notre manichéisme et comprendre la réalité "la moitié obscure de la Vérité".
C'est là que se trouve la vérité d'Amour.
Plus on s'approche du Sommet, plus on touche au Fond.
(19) Le grand passage
Les derniers degrés de la descente de la conscience se situent dans notre passé évolutif, par-delà le Subconscient, à la frontière de l'Inconscient matériel et de la conscience physique, dans notre corps. Là, on touche une roche de fond, une Carapace première, qui est la Mort fondamentale à laquelle la vie s'est arrachée. C'est l'Inconscient. Une haute conscience, une lumière puissante est nécessaire pour descendre dans les traumatismes du subconscient physique, là où il faut faire face aux maladies et à la Mort.
Après avoir traversé ces couches de Matière "inconsciente", Sri Aurobindo s'est trouvé précipité dans la Lumière divine suprême, supramentale - sans extase, sans perte de l'individu, sans dissolution cosmique, les yeux grands ouverts - là au cœur de la Matière, dans la vie même.
(20) Le Supramental peut changer la Terre
"La Conscience supramentale est la clef de la Transformation, la clef de la victoire sur les lois de la Matière par la Conscience dans la Matière - la Conscience tout en haut est la Conscience tout en bas; c'est la porte du monde futur et de la terre nouvelle que l'Écriture annonçait il y a deux mille ans"
Du même coup, Sri Aurobindo retrouvait le Secret, celui des Védas et de toutes les traditions plus ou moins déformées qui se sont transmises...
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