Il est bien difficile de définir en termes mentaux, la conscience supramentale, qui est non-mentale par définition et échappe à toutes nos lois et perspectives tridimensionnelles. Peut-être est-ce le mot qui nous trompe; il ne s'agit pas d'un sommet de la conscience humaine, mais d'une autre conscience. Nous pouvons tenter quelques approximations et distinguer deux aspects, de conscience ou de vision et de pouvoir, mais déjà nous tombons dans la trappe mentale, car ce sont deux aspects indissolubles - c'est une conscience qui peut, une vision active. Si souvent, quand la Mère ou Sri Aurobindo essayent de dire leur expérience, nous pouvons entendre leurs réflexions se faire écho, en anglais et en français : Il faudrait une autre langue, another language.
Vision supramentale
C'est une vision globale. Le mental découpe des petits morceaux qu'il oppose les uns aux autres; le surmental relie tout dans un seul faisceau, mais son faisceau n'aboutit qu'à un point, et il voit tout de son propre point de vue; il est unitaire et universel par exclusion des autres angles ou par annexion. Le Supramental voit non seulement le monde entier des choses et des êtres dans une vision unique, qui relie tous les faisceaux sans rien opposer, mais il voit le point de vue de chaque chose, chaque être, chaque force - c'est une rondeur de vue qui n'aboutit pas à un point central, mais à des myriades de points :
"Un unique regard innombrable"
"L'être supramental ne voit pas les choses de plain-pied, entouré par la jungle des faits et des phénomènes présents, mais d'au-dessus; pas du dehors, d'après les surfaces, mais du dedans et de la vérité de leur propre centre." On ne peut donc rien comprendre au Supramental si l'on ne se réfère constamment à une autre dimension. Mais on peut comprendre que c'est la vision même de la Sagesse, parce que chaque chose, chaque être, chaque force ici-bas, tend à un absolu, qu'il exprime, plus ou moins mal et souvent d'une façon tout à fait pervertie, mais, à travers toutes ses erreurs et ses perversions, il obéit à une loi intime qui le pousse vers cette vérité unique de son être - il n'est pas jusqu'aux feuilles d'un même arbre qui ne soient uniques. S'il n'y avait pas cet absolu au centre de chacun de nous, nous nous écroulerions. C'est pour cela aussi que nous sommes tellement attachés à nos petitesses et nos erreurs, parce que nous sentons bien la vérité qui est derrière et qui grandit derrière, comme "protégée" dit Sri Aurobindo, par cette petitesse même et tous ses trébuchements. Si nous attrapions du premier coup la vérité totale, nous en ferions un gnome à notre image présente! La vérité n'est pas une question de pensée ou de bonne conduite - encore que ce soient des étapes sur le chemin - mais une question d'étendue d'être, et notre croissance est lente et difficile. "Erreurs, mensonges, faux-pas! s'écrient-ils. Comme Tes erreurs sont belles et lumineuses, ô Seigneur! Tes mensonges gardent vivante la Vérité, par tes faux-pas, le monde se perfectionne." Mais le mental, qui voit tout juste la surface présente des choses, voudrait rectifier tout ce qui dépasse, purifier par le vide et réduire son monde à une vérité uniforme, bien pensante et bien honnête. (...)
La conscience supramentale saisit non seulement tous les points de vue, mais les forces profondes qui sont à l'œuvre derrière chaque chose et la vérité de chaque centre - c'est une "Conscience de Vérité" - et parce qu'elle voit tout, elle a le Pouvoir; il y a là une concordance automatique. Si nous ne pouvons pas, c'est que nous ne voyons pas. Voir et voir totalement, c'est nécessairement pouvoir. Mais le pouvoir supramental n'obéit pas à notre logique et à notre morale, il voit loin dans l'espace et dans le temps; il ne cherche pas à trancher le mal pour sauver le bien, il n'opère pas à coups de miracles; il dégage le bien qui est dans le mal et applique sa force et sa lumière sur la moitié d'ombre afin qu'elle consente à sa moitié de lumière. Son premier effet immédiat, où qu'elle s'applique, est de faire jaillir la crise, c'est-à-dire de mettre l'ombre en face de sa propre lumière; c'est un formidable ferment évolutif.
(...)
"Pour le sens supramental, rien n'est vraiment "fini", séparé; fondamentalement, c'est le sentiment que tout est en chaque chose et que chaque chose est en tout; il n'y a plus de murs de limitation; c'est un sens océanique et subtil où chaque connaissance sensorielle particulière, chaque sensation est comme une vague ou un mouvement, ou un poudroiement, ou une goutte qui, pourtant, est une concentration de l'océan tout entier et inséparable de l'océan... C'est comme si l'œil du poète ou de l'artiste avait remplacé la vision banale ordinaire, qui ne voit rien - mais un œil singulièrement spiritualisé et glorifié - comme si, vraiment, c'était la vision du Poète divin suprême à laquelle nous participions et qu'il nous était donné la pleine vue de Sa vérité et de Ses intentions dans Sa figuration de l'univers, et de chaque chose dans l'univers. C'est une intensité sans limite, qui fait de tout ce que l'on voit, la révélation d'une gloire de qualité, d'idée, de forme et de couleur. L'œil physique lui-même semble contenir un esprit et une conscience qui voient non seulement l'aspect physique de l'objet, mais l'âme de la qualité qui est en lui, la vibration d'énergie, la lumière, la force, la substance spirituelle dont il est fait... En même temps, il y a un changement subtil et l'on voit dans une sorte de quatrième dimension, qui se caractérise par une certaine intériorité; on voit non seulement les surfaces et la forme extérieure, mais ce qui informe la forme et s'étend subtilement autour d'elle. L'objet matériel devient différent de ce que nous le voyons maintenant; ce n'est plus un objet séparé qui se détache sur un fond, au milieu du reste de la Nature, mais une partie indivisible de l'unité totale, et même, d'une façon subtile, une expression de l'unité de tout ce que l'on voit. Et cette unité... est celle de l'identité de l'Éternel, l'unité de l'Esprit. Car, pour la vision supramentale, le monde matériel, l'espace et les objets matériels cessent d'être matériels au sens où ils le sont maintenant de par le seul témoignage de nos organes physiques limités; ils apparaissent comme l'Esprit Lui-même, et sont vus comme l'Esprit Lui-même dans une forme de Lui-même et dans une extension consciente."
Vision globale, vision indivise, et aussi vision éternelle. C'est la conquête du temps. Si la conscience surmentale voyait de "larges extensions d'espace et de temps", la conscience supramentale enveloppe les trois temps; elle "relie passé, présent, futur, et leurs connexions indivisibles, dans une seule carte de connaissance continue, côte à côte." *
(...)
Ainsi, le Transcendant n'est pas ailleurs hors du monde; Il est partout ici-bas, à la fois totalement dedans et totalement dehors. La conscience supramentale, de même, est totalement dans le monde et totalement hors du monde; elle est dans le Silence éternel et au milieu de tous les vacarmes; elle est sise sur le Roc inébranlable et au cœur du courant. Et c'est pourquoi elle peut vraiment jouir de la vie et être le maître de la vie, parce que si nous sommes exclusivement dans le courant, il n'est pas de paix ni de maîtrise pour nous; nous sommes emportés comme un fétu. Il est possible de deviner un peu ce qu'est cette expérience supramentale si l'on se réfère simplement aux toutes petites premières expériences du début du yoga. On s'aperçoit très vite, en effet, qu'il suffit de faire un pas en arrière dans sa conscience, juste un petit mouvement de retrait, et l'on entre dans une étendue de silence par-derrière. Comme s'il y avait un coin de notre être qui avait les yeux à jamais fixés sur un grand Nord tout blanc. Le vacarme est là dehors, la souffrance, les problèmes, et on fait un léger mouvement intérieur, comme pour franchir un seuil, et, tout d'un coup, on est en dehors (ou en dedans?) à mille lieues et plus rien n'a d'importance", on est sur des neiges de velours. L'expérience finit par acquérir tant d'agilité, si l'on peut dire, qu'en plein milieu des activités les plus absorbantes, dans la rue, quand on discute, quand on travaille, on plonge au-dedans (ou en dehors?) et plus rien n'existe, qu'un sourire - il suffit d'une fraction de seconde. Alors on commence à connaître la Paix; on a un Refuge inexpugnable partout, en toutes circonstances. Et on perçoit de plus en plus tangiblement que ce Silence n'est pas seulement au-dedans, en soi; il est partout, il est comme la substance profonde de l'univers, comme si toute chose se détachait sur ce fond, venait de là, retournait là. (...)
Et pour le Supramental, il n'y a plus de "passage", plus de "seuil" à franchir; on ne passe pas d'un état à un autre, du Silence au vacarme, du Dedans au dehors, du Divin au non-divin - les deux sont fondus dans une expérience unique : le Silence qui est en dehors de tout et le Devenir qui coule partout; l'un ne nie pas l'autre, l'un "ne peut pas être sans l'autre". Car si le Silence suprême ne pouvait pas contenir le contraire du Silence, ce ne serait pas un Infini.
(...)
L'évolution n'a d'autre but que de retrouver tout en bas, cette totalité d'en haut, c'est de découvrir sur la terre, au milieu même des dualités et des contradictions les plus poignantes, l'Unité suprême, l'Infinitude suprême, la joie suprême - Ânanda. C'est pour trouver ce secret que nous avons été tirés en bas chaque fois que nous faisions un pas en haut.
* On peut faire un rapprochement bien intéressant avec la théorie de la relativité. D'après Einstein, plus on s'approcherait de la vitesse de la lumière, plus le temps tendrait à ralentir et plus les longueurs tendraient à raccourcir. À la vitesse de la lumière, nos pendules s'arrêteraient et nos mètres s'aplatiraient; La conscience supramentale, qui est la Lumière même, est aussi la conquête du temps. Entre la lumière des physiciens et celle du voyant, il y a peut-être moins de différence qu'on le pense.
SRI AUROBINDO ou L'aventure de la conscience Satprem (p. 276-281 p.284-286)
(la 2° édition de ce livre a été écrite en 1970)
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Résumé des articles précédents :
(1) La Conscience d'Être
Le vide mental établit une paix intérieure.
On sent un courant, une vibration qui parcourt tout le corps. C'est une énergie qui vient d'en haut, de la Source, de l'Esprit.
Notre être s'emplit de force. Cette force devient un outil pour notre transformation.
Vient un moment où on découvre le Témoin, cette vibration de silence qui devient le maître intérieur en créant l'action juste du moment présent.
(2) Le mental universel et le Silence mental
Le Silence mental rend l'être transparent, sans protection : il devient plus sensible aux agressions extérieures. Mais la Force intérieure devient sa protection et lui permet de rejeter les pensées, qui viennent du dehors, du Mental universel. Et sa conscience s'élargit. Il devient maître du silence et du monde mental.
(3) Le Témoin, Maître de la libération mentale
On ressent simultanément deux parties distinctes dans la conscience : la partie active "l'usine à pensées" et la partie réservée, Témoin et Volonté qui observe, ajuste.
Récit de la première expérience de Sri Aurobindo.
L'être découvre que lorsqu'il sort de sa "coquille mentale", tout est possible et son action devient clairvoyante, dans un climat de paix.
(Cette même liberté de l'être, de la Conscience, est démontrée par Gregg Braden, à partir d'expériences de la Science quantique)
(4) Les centres de conscience sont vibrations
Les centres de conscience, les chakras, émettent toute une gamme de vibrations qui semblent s'irradier à différentes hauteurs de notre être.
Le mental n'est qu'un de ces centres, un type de vibration.
Ces sept centres sont répartis en quatre zones :
- Le Supraconscient
- Le Mental
- Le Vital
- Le physique et le Subconscient
Avec la Force descendante, nous n'affrontons les centres du bas qu'après avoir déjà solidement établi notre être dans la Lumière d'en haut, supraconsciente.
"Si nous disons "je pense donc je suis" ou je sens donc je suis, ou je veux donc je suis, nous sommes un peu comme l'enfant qui s'imagine que le speaker ou l'orchestre sont cachés dans la boîte à musique et que la radio est un organe pensant. Parce que tous ces je ne sont pas nous, ou à nous, et que leur musique est universelle."
(5) La Conscience est une Force, et elle est Joie
Dès les premières expériences, le courant de la Conscience est ressenti comme une Force (Agni, énergie) : c'est la substance fondamentale de l'Univers et de toutes choses.
La Matière est de l'Énergie condensée. "Quand nous aurons trouvé ce Secret, la conscience dans la force, nous aurons la vraie maîtrise des énergies matérielles - une maîtrise directe. Mais nous ne faisons que redécouvrir de très anciennes vérités..."
"L'histoire de notre évolution terrestre, finalement, est l'histoire d'une lente conversion de la Force en Conscience, ou, plus exactement, un lent rappel à la mémoire de soi, de cette Conscience engloutie dans sa Force."
"alors nous vérifions tangiblement que la conscience est une force, une substance, que l'on peut manipuler comme d'autres manipulent des oxydes ou des champs électriques..."
" Si nous n'avions pas fait des milliers d'expériences prouvant que le Pouvoir dedans peut modifier le mental, développer ses capacités, en ajouter de nouvelles, découvrir de nouvelles strates de conscience, maîtriser les mouvements du vital, changer le caractère, influencer les hommes et les choses, avoir de l'autorité sur le fonctionnement et l'état du corps, modifier les événements... nous n'en parlerions pas comme nous le faisons."
Et on découvre que la Conscience-Force est Joie, Ananda...
(6) Comment pacifier le vital?
Le vital, comme le mental vient du dehors, du vital universel. Il n'est pas nous. Il est erroné de s'identifier à ses émotions. Il suffit de faire le silence pour le ressentir. Et ce silence nous permet d'établir autour de nous, dans le circumconscient, une couche protectrice pour voir venir les vibrations psychologiques et ne pas les laisser entrer.
A force de non-intervention, ces vibrations vitales ne nous touchent plus, puis elles sont dissoutes.
(7) Les forces adverses de la Conscience :
Ces vibrations de désordre, "nos" tristesses, "nos" ennuis s'acharnent à décourager le chercheur.
"On découvre même que l'on est capable de monter haut, et qu'en vérité, nos bas sont exactement proportionnels à notre capacité de hauteur - bien des écailles nous tombent des yeux. Avec un peu d'honnêteté, on voit bien que l'on est capable de tout et qu'en somme, comme dit Sri Aurobindo, notre vertu est une prétentieuse impureté. Il faut n'avoir jamais quitté la personnalité frontale pour nourrir encore quelque illusion à ce sujet."
L'âme, l'Esprit, choisit ces épreuves qui sont là pour intensifier la force, élargir l'expérience nécessaire pour trouver la Vérité...
Le silence conscient permet de neutraliser ces forces adverses.
(8) Le vital vrai : la vraie Force de vie
La personnalité frontale est engluée dans l'ambiguïté des sentiments, des attachements, de la souffrance et du plaisir.
C'est en englobant tout dans la présence intérieure de l'être, que la joie apparaît, immuable, tranquille : c'est la Force de Vie.
Il ne s'agit pas de lutter contre le vital infantile, mais de l'accepter dans une conscience élargie, où, par cette attention, il sera neutralisé, transmuté en joie : celle d'un vital calme et puissant, le vital vrai, état de concentration tranquille, spontanée.
Cette immobilité fondamentale est une base d'action, une puissance concentrée, une source d'énergie. Dans ce silence infini, se manifeste la Paix, la Liberté, le Pouvoir, la Lumière, la Connaissance, la Joie.
(9) Le Centre Psychique : l'Âme est Amour
La Conscience-Force est la réalité fondamentale de notre être. Mais qui est conscient en nous?
Le Centre individuel ou être psychique, l'Âme
Le Centre cosmique, lié à l'Être universel, l'Esprit
Étape par étape, nous devons retrouver l'un et l'autre.
Le Centre psychique se manifeste par l'état de Joie - sans objet - et d'Amour - qui est.
Ce psychique, caché par nos idées, nos sentiments, happé par le vital et le mental, est l'essence de la Liberté, de la Vérité - qui n'apparaît que par la décantation dans le Silence, par un changement de conscience, comme un feu, une énergie - Agni. C'est le vrai je en soi, le Centre, le Maître.
La Conscience bascule. On est dedans.
(10) La Réincarnation : évolution de l'Âme vers une Réalisation terrestre
Selon Sri Aurobindo et le Secret du Véda, l'ensemble des vies représente une croissance de conscience qui culmine dans un accomplissement terrestre - et non seulement dans l'au-delà, comme le pensent les spiritualistes.
Cela permettra une Connaissance intégrale, donc une Vie intégrale.
Il ne s'agit pas de "croire" en la réincarnation, mais d'en avoir l'expérience.
Ce n'est pas la petite personnalité frontale qui se réincarne. Seul le Centre psychique, l'Âme, éternelle, demeure. Notre expérience de la réincarnation dépendra donc de la découverte du Centre et Maître psychique, qui emmène ses souvenirs d'une vie à l'autre, et du degré de développement de notre psychique. Seul le psychique conscient peut évoluer au cours des incarnations. D'une vie à l'autre, il emmène l'essence de toutes les expériences, certaines tendances générales, qui sont le premier embryon de la personnalité psychique, certaines empreintes (le karma).
Lentement, de vie en vie, le psychique acquiert une individualité de plus en plus forte, de plus en plus consciente et de plus en plus vaste. La conscience-force s'individualise de plus en plus.
Il faudra que toutes nos activités mentales, vitales et même physiques, s'intègrent à ce nouveau Centre, si nous voulons une réalisation terrestre.
Le jour où nous aurons infusé assez de conscience dans le corps, il pourra lui aussi participer à l'immortalité psychique...
(11) Le Nirvana
Cette expérience apporte à Sri Aurobindo, une Paix indicible, dans le Transcendant, l'Absolu.
Mais elle est hors du monde, hors de la vie.
Cette expérience, pour lui, n'est pas une fin, mais plutôt le point de départ de nouvelles expériences, qui intégreront dans un même Réalité, la vérité du monde et la vérité de l'au-delà.
Le Nirvana se révèle le commencement de sa propre réalisation.
Le Nirvana n'est pas en soi, un état supérieur de conscience : il peut se produire à divers niveaux de conscience.
Sri Aurobindo n'avait pas dépassé le plan mental lorsqu'il eut l'expérience du Nirvana.
(12) L'Être central ou Centre cosmique : dans l'Unité
Sri Aurobindo va explorer les niveaux de conscience du Supraconscient, faire un pont entre la vie spirituelle et la vie dans le monde.
Le monde est en évolution.
Nous sommes tous unis dans une Conscience cosmique : l'Âme, l'être psychique, est Une avec le Divin, la petite lumière de cette grande Lumière : l'Esprit, qui est dans l'homme, dans le Soleil... qui annonce la transmutation divine de l'homme.
L'Âme veut retrouver sa Totalité innée, poussée par notre Être central, cosmique, connecté à l'Esprit.
Cette conscience cosmique dissout l'ego : on ressent la paix et la béatitude, la liberté.
C'est la connaissance de soi qui permet la réalisation de cette éternelle perfection de l'Esprit qui est en soi.
(13) Le Secret
"Un triple changement de conscience marque donc notre périple sur la terre : la découverte de l'être psychique ou Esprit immanent, la découverte du Nirvana ou Esprit transcendant et la découverte de l'être central ou Esprit cosmique."
Mais ces expériences ne permettent pas l'intégrale plénitude de l'individu dans le monde.
L'être psychique est relié au Divin, mais se limite à l'individu.
L'être cosmique est relié au monde divin, mais il est coupé de l'individu.
Et dans le Nirvana, on est coupé du monde et de l'individu.
Sri Aurobindo a voulu résoudre cette contradiction, par le pouvoir de son action. Il a l'intuition que si, en tant qu'êtres incarnés, nous aspirons à cette totalité, c'est que cette totalité est possible dans un corps. (contrairement à ce qu'enseignent les religions)
Y a-t-il un quatrième changement de conscience qui changera tout?
Que peut cette Conscience infinie pour tout ce monde?
Cette terre et ce corps sont-ils le lieu d'un Secret qui change tout?
Le vrai changement de conscience est celui qui changera les conditions physiques du monde et en fera une création nouvelle.
Cette vie et cette Matière auraient un sens, si à travers l'homme de plus en plus conscient, l'Esprit élabore le surhomme ou le dieu.
C'est le double mouvement d'ascension et de descente de la conscience individuelle qui constitue le principe de base de la découverte supramentale...
(14) L'ascension de la Conscience
En quoi cette découverte de Sri Aurobindo est-elle accessible pour nous?
Le vrai système de yoga consiste à "attraper le fil de sa propre conscience".
L'ascension dans le Supraconscient est la première étape, par le silence mental. La Force rayonne. Elle veut monter, étant branchée sur la Lumière d'en haut, vivante, dans le Silence vivant, d'où jaillissent des pensées spontanées, pour des actes spontanés. C'est la Source qui guide la pensée juste, l'acte juste - comme une connaissance spontanée.
C'est là que le chercheur sentira que la vie du dessous, le mental du dessous, les sentiments, sont étroits, mensongers.
Fqire grandir la Conscience-Force.
Être prêt à avancer d'illumination en illumination, d'expérience en expérience, d'état d'âme en état d'âme...
On est au-dessus et on respire. Le corps est enveloppé dans la conscience élargie. On ne redescend plus vraiment "sauf avec une fraction de la conscience qui peut venir travailler dans le corps ou aux niveaux inférieurs, tandis que l'être stationné en permanence au-dessus, dirige toute l'expérience et tout le travail."
(15) Êtres de Lumière et Forces impersonnelles
"Tous tant que nous sommes, nous recevons constamment, et sans nous en apercevoir, des influences ou des inspirations de ces plans supérieurs supraconscients". Nous baignons dans les forces universelles.
"Les gradations de conscience sont des états universels qui ne dépendent pas de la façon de voir de la personnalité subjective."
Quand on entre consciemment dans ces plans, on peut voir des courants de forces impersonnels, plus ou moins lumineux, ou des êtres personnels. Mais ce sont deux façons de voir la même chose. Tout dépend de l'attitude intérieure, de la formation religieuse ou spirituelle.
Ces forces conscientes peuvent prendre toutes les formes qu'elles veulent. On peut toucher au même plan de conscience, à la même illumination, par des milliers de voies différentes.
(16) Le surmental, des prophètes, poètes, artistes éclairés... n'a pu changer le monde
Toutes les belles idées du Mental arrivent défigurées, dans la vie, enfermées dans des systèmes. Il faut un autre pouvoir, qui puisse vaincre cette imperfection inébranlable. L'intellect ne peut contrôler l'Absolu, l'Infini.
Si l'évolution est une évolution de la conscience, on pourrait penser que le mental de l'humanité deviendra de plus en plus intuitif, et s'ouvrira au surmental, une conscience de dieu, de lumière.
Cependant, le surmental est toujours du mental; il peut élargir le cercle humain, l'améliorer, non le changer. Car il reste un principe de division : il voit tout, dans l'unité, mais de son propre point de vue. C'est la vérité des innombrables sages, sectes, Églises ou visionnaires qui nous ont transmis la Parole divine.
La loi de gravitation vers le bas semble jusqu'à présent insurmontable.
Il faut donc un autre Pouvoir, un autre principe de conscience, global, qui puisse contenir l'innombrable diversité de la vie.
(17) Entre subconscient qui contient notre passé, et Supraconscient, notre avenir
En même temps que Sri Aurobindo atteignait les hauteurs du surmental, sa conscience descendait dans les ombres du subconscient, lui donnant l'expérience de souffrances enfouies mises à jour. Le subconscient contient notre passé évolutif. Et on ne peut atteindre la Lumière sans passer par l'ombre inscrite dans le corps.
Ce yoga permet de tout englober, sans sortir de l'individu (comme c'est le cas dans l'extase des mystiques, sortis de l'existence extérieure)
De nombreux degrés du subconscient se succèdent, jusqu'à l'Inconscient matériel - premières forces apparues dans le monde de la Matière et de la Vie.
Pour vaincre ces forces, la Lumière du Supraconscient est nécessaire. Et on ne peut descendre plus bas que l'on est monté.
"On ne peut guérir que si l'on guérit tout au fond, et on ne peut aller tout au fond que si l'on va tout en haut."
D'où les limites de la psychologie contemporaine et de la psychanalyse.
Le mental ne donne pas la connaissance, il ne permet pas de voir la Force dynamique sous le jeu des contraires.
C'est le Supraconscient, non le subconscient, qui est le vrai fondement, et qui nous tire vers l'avenir.
(18) Le Secret La moitié obscure de la Vérité
Après une expérience positive donnant naissance à la Force, le chercheur ressent comme un voile dans son être, du scepticisme, de la révolte. C'est le vrai signe qu'il est en train de progresser, en affrontant la réalité de la nature. Être clair, c'est ne pas se croire bien gentil, bien intentionné, mais ressentir, simultanément à la lumière, en haut, une ombre blessée. On ne peut pas faire un pas en haut sans faire un pas en bas.
Ce double mouvement d'ascension et de descente constitue le processus fondamental du yoga intégral. C'est ainsi seulement que la vie se transforme.
C'est la conscience-force, et non le mental, qui permet cette transformation. C'est elle qui fait jaillir les obscurités et résistances correspondantes. Et le chercheur intégral monte et descend consciemment, sans perdre son équilibre, en s'abandonnant avec confiance à cette Conscience-Force, et retrouve après chaque descente, la même réalisation, élargie, à un degré immédiatement au-dessus. Après une "chute", tout vient s'intégrer dans la lumière nouvelle.
La progression du yoga intégral n'est pas une droite mais une spirale.
Plus on progresse, plus les cycles se relient au mouvement cosmique.
Il faut donc en finir avec notre manichéisme et comprendre la réalité "la moitié obscure de la Vérité".
C'est là que se trouve la vérité d'Amour.
Plus on s'approche du Sommet, plus on touche au Fond.
(19) Le grand passage
Les derniers degrés de la descente de la conscience se situent dans notre passé évolutif, par-delà le Subconscient, à la frontière de l'Inconscient matériel et de la conscience physique, dans notre corps. Là, on touche une roche de fond, une Carapace première, qui est la Mort fondamentale à laquelle la vie s'est arrachée. C'est l'Inconscient. Une haute conscience, une lumière puissante est nécessaire pour descendre dans les traumatismes du subconscient physique, là où il faut faire face aux maladies et à la Mort.
Après avoir traversé ces couches de Matière "inconsciente", Sri Aurobindo s'est trouvé précipité dans la Lumière divine suprême, supramentale - sans extase, sans perte de l'individu, sans dissolution cosmique, les yeux grands ouverts - là au cœur de la Matière, dans la vie même.
(20) Le Supramental peut changer la Terre
"La Conscience supramentale est la clef de la Transformation, la clef de la victoire sur les lois de la Matière par la Conscience dans la Matière - la Conscience tout en haut est la Conscience tout en bas; c'est la porte du monde futur et de la terre nouvelle que l'Écriture annonçait il y a deux mille ans"
Du même coup, Sri Aurobindo retrouvait le Secret, celui des Védas et de toutes les traditions plus ou moins déformées qui se sont transmises...
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