(26) "En manipulant la conscience, on peut manipuler l'Énergie ou la Matière."

Au seuil de cette deuxième phase, nous retrouvons une conversation bien étrange que Sri Aurobindo eut en 1926, peu de temps avant sa retraite, avec un ancien polytechnicien français. Les remarques de Sri Aurobindo, qui pouvaient alors sembler énigmatiques, jettent un jour bien singulier sur l'orientation de ses expériences. Il s'agissait de la science "moderne" :
On trouve deux énoncés dans la science moderne, qui éveillent un écho profond du point de vue spirituel :
1) Les atomes sont des systèmes tourbillonnants comme le système solaire.
2) Les atomes de tous les éléments sont faits des mêmes composants. Seules des différences d'arrangement sont la cause des différentes propriétés.
Si l'on considérait ces deux énoncés sous leur aspect véritable, ils pourraient conduire la science à de nouvelles découvertes dont on n'a aucune idée actuellement et devant lesquelles les connaissances présentes sont pauvres.
Nous sommes en 1926.
Et Sri Aurobindo poursuit : Les anciens yogis connaissaient un triple Agni :
1)
Le feu ordinaire, jada Agni
2)
Le feu électrique, vaïdyuta Agni
3)
Le feu solaire, saura Agni
La science ne connaît encore que le premier et le second de ces feux. Le fait que l'atome est comme un système solaire pourrait les conduire à la connaissance du troisième.
À quoi tendait Sri Aurobindo, et comment se fait-il, d'abord, qu'il ait pu savoir avant tous nos laboratoires, sans parler des rishis il y a six mille ans, que la chaleur solaire - saura Agni - a une origine différente de ce que nous appelons le feu ou l'électricité, c'est-à-dire qu'elle est le produit d'une fusion nucléaire, et que la puissance de l'énergie solaire est semblable à celle qui est enfermée dans nos atomes. Il est un fait, peut-être déconcertant pour la science qui ne juge que d'après les "réalités concrètes", c'est que toutes nos réalités physiques, quelles qu'elles soient, sont doublées d'une réalité intérieure qui est leur cause et leur fondement; il n'est pas jusqu'au moindre élément matériel qui n'ait sa doublure intérieure, à commencer par nos propres organes physiques qui sont seulement la doublure matérielle ou le support des centres de conscience. Tout ici-bas est l'ombre projetée ou la traduction symbolique d'une lumière ou d'une force qui est derrière, sur un autre plan. Tout ce monde est un vaste Symbole. La science analyse les phénomènes, met en équation la gravitation, la pesanteur, la fission des atomes, etc., mais elle ne touche que l'effet, jamais la cause vraie. Le yogi voit la cause avant l'effet. Le savant peut déduire une cause d'après l'effet; le yogi déduit les effets d'après la cause; il peut même déduire des effets encore inexistants de par la cause qui existe déjà, l'accident qui arrivera demain par la force de l'accident qui est déjà là, derrière. Le savant manipule l'effet, et fait éventuellement des catastrophes, le yogi manipule la cause, ou plutôt s'identifie à la Cause, et il peut changer les effets, ou, comme dit Sri Aurobindo, les "habitudes" que nous appelons lois. Car en définitive, tous nos effets physiques, que nous avons codifiés sous forme de lois, ne sont rien de plus qu'un support commode pour la manifestation des forces qui sont derrière, exactement comme dans une opération magique où il faut avoir certains diagrammes rituels, certains ingrédients, certaines formules, pour que les forces évoquées puissent se manifester. Le monde entier est une formidable opération magique, une magie continuelle. Mais le diagramme terrestre et tous les ingrédients que nous avons soigneusement et invariablement codifiés, nos formules infaillibles, sont simplement une convention - le rituel terrestre peut changer si, au lieu d'être hypnotisé par les effets, nous passons à la cause qui est derrière, du côté du Mage. (...) Derrière nos phénomènes de gravitation, pour prendre l'un des rituels, il y a ce que les anciens yogis appelaient Vâyu, la cause de la gravitation et des champs magnétiques (comme le notait encore Sri Aurobindo dans cette conversation de 1926) et c'est ainsi que le yogi peut éventuellement défier la pesanteur; derrière le feu solaire ou nucléaire, il y a l'Agni fondamental, cet Agni spirituel qui est partout, "le fils des eaux et le fils des forêts, le fils des choses stables et le fils des choses qui se meuvent. Même dans la pierre il est là", dit le Rig-Véda (I.70.2), c'est lui le "poudroiement d'or chaud" dont parlait la Mère, lui la cause qui est derrière l'effet, la force initiale derrière le support matériel, atomique : "les autres flammes sont seulement des branches de ton tronc" (I.59.1). Et c'est parce que Sri Aurobindo et les rishis avaient vu cet Agni spirituel dans la Matière, ce "soleil dans l'obscurité", qu'ils pouvaient avoir la connaissance de son effet matériel, atomique, et des fusions solaires, avant tous nos laboratoires. C'est pourquoi aussi, connaissant la cause, ils ont osé parler de transformation*.
Finalement, l'univers entier, du haut en bas, est fait d'une seule substance de Conscience-Force divine; l'aspect force ou énergie de la conscience est Agni : "Ô Fils de l'Énergie" dit le Rig-Véda (VIII.84.4). C'est la Force-Conscience. C'est une chaleur, une flamme, à n'importe quel niveau que nous l'attrapions. Quand nous nous concentrons dans notre mental, nous découvrons la chaleur subtile de l'énergie mentale, ou
Agni mental; quand nous nous concentrons dans notre cœur ou dans nos émotions, nous découvrons la chaleur subtile de l'énergie de vie, ou Agni vital; quand nous plongeons dans notre âme, nous connaissons la chaleur subtile de l'âme, ou Agni psychique. Il n'y a qu'un seul Agni du haut en bas, un seul courant de Conscience-Force, ou de conscience-énergie, ou de conscience-chaleur, qui se revêt d'intensités variables suivant le niveau. Et il y a l'Agni fondamental, ou Agni matériel, qui est le stade ultime de l'énergie de la conscience avant sa conversion ou sa densification en Matière. C'est le lieu de passage de l'une à l'autre (rappelons l'expérience de la Mère : "C'est un Mouvement qui dépasse la force ou le pouvoir qui concentre les cellules pour en faire une forme individuelle"). La science moderne aussi a bien fini par voir que Matière et Énergie étaient convertibles l'une en l'autre : E=mc2, c'est sa grande découverte, mais elle n'a pas vu que cette Énergie est une conscience, cette Matière une conscience, et donc qu'en manipulant la conscience on peut manipuler l'Énergie ou la Matière. Pour transformer la Matière en Énergie, elle ne connaît que des procédés physiques produisant d’énormes températures, mais si l’on connaît l’Agni fondamental, qui est le soubassement d’Énergie ou de Conscience-Force, on peut, en principe, manipuler la Matière et arriver à cette même transmutation sans réduire son propre corps à l’état de torche vivante.
La conversation de 1926 nous met donc en présence de deux faits matériels (et de leur fondement spirituel) qui sont de la plus haute importance du point de vue de  la transformation, à savoir, d’une part, que toutes les formes terrestres, quelles qu’elles soient, sont toutes constituées des mêmes composants et que seules des différences de disposition atomique créent les différentes propriétés ( c’est la doublure matérielle du fait spirituel de l’Unité divine du monde; le monde est fait d’une seule substance – une substance divine : “Tu es l’homme et la femme, le garçon et la fille, disait l’Upanishad, vieux et usé Tu marches penché sur ton Bâton; Tu es l’oiseau bleu et ce vert, et celui-là aux yeux écarlates”, sans cette unité substantielle il n’y aurait pas de transformation possible, parce qu’il faudrait chaque fois changer autre chose); et, d’autre part, le fait que ce feu solaire dans la Matière est la doublure matérielle de l’
Agni fondamental qui, soulignait Sri Aurobindo dans cette même conversation, est le constructeur des formes. Manier Agni, c’est pouvoir modifier les formes, transformer la Matière :” Il ne connaît pas cette Félicité (de la double naissance) celui qui n’est pas mûr et dont le corps n’a pas souffert dans la chaleur du Feu, dit le Rig-Véda; seuls peuvent la supporter et en jouir qui ont été préparés par la Flamme” (IX.83.1). C’est ce poudroiement d’or chaud qui transmuera sa contrepartie matérielle, le poudroiement nucléaire dans notre corps : Le processus subtil sera plus puissant que le processus matériel, si bien que l’action subtile d’Agni sera capable de faire des opérations qui, autrement, en l’état actuel des choses, exigeraient des changements physiques telle une température accrue. Nos atomes, eux aussi, sont un diagramme commode du rituel éternel – rien n’est fixé, rien n’est inéluctable, il n’est pas de fin aux combinaisons possibles, pas de fin à l’Homme nouveau.


SRI AUROBINDO ou l’aventure de la conscience              Satprem     p. 336-341

Source de ces extraits de L’aventure de la conscience :
blog  http://epanews.fr/profiles/blog/list#.Vuaa6a5livc      
Anne

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Commentaire de Anne le 14 Mars 2016 à 12:13

"C’est la conscience elle-même qui, par sa propre mutation, imposera et opérera toute mutation nécessaire au corps. "  http://epanews.fr/profiles/blogs/c-est-la-conscience-elle-m-me-qui-...

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