Comment cela fonctionne-t-il ? L’action de cet anticorps se concentre sur les “pics” que l’on observe à la surface des coronavirus, et donc également sur la membrane du Sars-CoV-2, le nouveau virus qui provoque le Covid-19. Ces “pics” de protéines très spécifiques – dites “spike” (S) – permettent au virus de pénétrer dans les cellules hôtes pour s’y répliquer. Précisément, elles peuvent servir d’“ancre” pour le virus, en se fixant à une autre protéine à l’extérieur d’une cellule qu’il va ensuite infecter. Plusieurs études récentes démontrent que dans le cas du Sars-CoV-2, ces protéines S se fixent aux récepteurs de cellules humaines avec une force au moins dix fois supérieure à celle de la protéine S du Sras.
Une action très spécifique
C’est là que les anticorps des lamas interviennent. En effet, le système immunitaire des lamas – et celui d’autres camélidés comme les alpagas – produit deux types d’anticorps lorsqu’il détecte des agents pathogènes, un qui ressemble aux anticorps humains et un autre, plus petit, dont l’action sur les virus est plus spécifique. De fait, les anticorps produits par Winter se sont révélés efficaces pour cibler la protéine de pointe du virus Sars, qui lui permet de se lier aux cellules humaines : lors des premières expériences de laboratoire, les scientifiques ont découvert que ce nouvel anticorps était efficace pour empêcher une version “pseudotypée” du virus Sars-CoV-2 (une particule virale conçue pour présenter des copies de ces pics protéiniques Sars-CoV-2 à sa surface), explique Newsweek.
Jason McLellan, de l’Université du Texas à Austin et co-auteur de l’étude, a décrit dans un communiqué de presse cet anticorps comme l’un des “premiers anticorps connus pour neutraliser Sars-CoV-2”. Le traitement serait administré juste après l’infection : “avec les thérapies par anticorps, vous donnez directement à quelqu’un les anticorps protecteurs et donc, immédiatement après le traitement, ils doivent être protégés”, écrit-il dans un communiqué de presse. “Les anticorps pourraient également être utilisés pour traiter quelqu’un qui est déjà malade afin d’atténuer la gravité de la maladie”, affirme-t-il.
Un autre des auteurs du projet, Daniel Wrapp, de l’université du Texas, pense que le traitement pourrait être administré via un inhalateur.
Un “petit projet parallèle”
Les scientifiques travaillent sur les coronavirus - y compris le syndrome respiratoire aigu sévère (Sars) et le syndrome respiratoire du Moyen-Orient (Mers) - depuis des années, rappelle le South China Morning Post. En 2016, ils ont injecté au lama, nommé Winter, les virus Sars et Mers dans l’espoir de développer un traitement pour ces maladies. “Je pensais que ce serait un petit projet parallèle”, a déclaré Dorien De Vlieger, de l’Université de Gand en Belgique, qui a aidé à isoler les anticorps contre les coronavirus des lamas. “Maintenant, l’impact scientifique de ce projet est devenu plus important que je ne pouvais l’imaginer. C’est incroyable de voir à quel point les virus peuvent être imprévisible.
Sources : le 3 mai 2020 Le courrier international
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