AMOUR

L’être humain est un être de relation. De nombreuses recherches ont mis en évidence ce besoin universel de liens pour l’épanouissement et le sentiment de valeur personnelle. D’ailleurs, plus que le nombre de personnes de l’entourage, c’est la qualité du soutien qui importe vraiment. La plupart des gens préfèrent avoir quelques amis ou membres de la famille intimes plutôt que de nombreuses relations superficielles.

Auguste Rodin, Le baiser

LA PRINCIPALE SOURCE DU SENS A LA VIE

Un couple de chercheurs en psychologie, Karen L. de Vogler et Peter Ebersole, de l’université d’état de Californie, ont mené avec leurs collaborateurs une série de recherches sur les facettes de l’existence qui donnent du sens à celle-ci. Quel que soit l’âge, ce sont systématiquement les relations interpersonnelles qui arrivent très largement en tête (1).

Les relations sociales positives jouent un rôle essentiel dans l’équilibre psychologique et ont également un impact sur la santé physique et sur la mortalité (2). Les personnes qui en jouissent trouvent leur vie plus satisfaisante, sont moins sujettes à la dépression et à d’autres troubles psychologiques, présentent un taux de suicide moins élevé que celles qui n’en ont pas et supportent mieux les coups du sort tels que le deuil, le chômage et la maladie. La causalité va d’ailleurs dans les deux sens, réalisant une sorte de cercle vertueux : pouvoir compter sur des proches facilite le bonheur de vivre, et être heureux conduit à entretenir des relations proches avec d’autres personnes.

LES TROIS FACETTES DE L’AMOUR

Jeune couple

-  Mais au fait, qu’est-ce que l’amour ? Une émotion, une attitude, un comportement, une décision ? Probablement tout cela à la fois. Plusieurs chercheurs en psychologie se sont précisément efforcés de présenter une vision globale de l’amour qui intègre l’ensemble de ses facettes. L’une des approches les plus convaincantes est celle proposée par Robert Sternberg, de l’université de Yale, la théorie triangulaire de l’amour, reposant sur trois caractéristiques : l’intimité, la passion et l’engagement (3).  -  L’intimité représente la composante affective de l’amour. Elle concerne les sentiments de proximité, d’attachement, de chaleur humaine, et s’exprime  par le besoin de la présence de l’autre avec lequel on se sent en communion. Elle est généralement présente dans les relations familiales et amicales.  -  La passion est la composante motivationnelle de l’amour. Elle conduit à l’état amoureux, à l’attirance physique et à l’acte sexuel. Elle implique un niveau élevé d’activation physiologique. -  La décision-engagement constitue la composante cognitive de l’amour. Elle s’exprime à la fois dans le court terme (décision d’aimer quelqu’un) et dans le long terme (décision de maintenir cet amour).

Sternberg parle d’amour achevé lorsque ces trois composantes sont présentes à un niveau d’intensité suffisant, dans l’attachement à un partenaire.

Sternberg précise les différents cas de figure qui peuvent se présenter, selon la présence ou l’absence de telle ou telle composante. Bien entendu, il est rare que ceci se présente sous forme de tout ou rien (par exemple, soit une passion absolue, soit pas de passion du tout). Les propos qui suivent décrivent donc des tendances plutôt que d’être le reflet exact de la réalité.

Lorsque les trois facettes du triangle intimité-passion-engagement sont présentes, nous nous trouvons devant un amour achevé (consumate love).

Lorsque deux facettes seulement sont présentes, trois cas de figure sont possibles : l’amour fou, le compagnonnage et l’amour romantique.

L’amour fou associe la passion et l’engagement. C’est le cas en particulier lorsque deux personnes décident de se marier rapidement, avant d’avoir pu vérifier, par l’expérience de l’intimité, qu’elles sont vraiment faites l’une pour l’autre.

Le compagnonnage, tissé d’intimité et d’engagement, est une sorte d’amitié à long terme, qui arrive fréquemment dans les couples où la passion a peu à peu disparu pour laisser place à une complicité quotidienne.

L’amour romantique, composé de passion et d’intimité est typique des relations naissantes à forte intensité relationnelle. Il y a découverte, admiration et partage réciproques entre les deux partenaires. Il ne contient pas (pas encore ?) d’engagement.

Lorsqu’une seule facette est présente, il y a, de nouveau, trois situations possibles : le choc amoureux, l’affection et l’amour vide.

Le choc amoureux, constitué de la seule passion, correspond au « coup de foudre ». Il disparait parfois aussi rapidement qu’il est apparu, par absence d’intimité et d’engagement.

L’affection, composée uniquement de l’intimité, est surtout présente dans les relations entre personnes de même sexe. Elle est plus rare entre personnes de sexes opposés en raison de l’irruption possible de l’attrait sexuel, voire de la passion.

L’amour vide ne comporte que de l’engagement. Il est caractéristique de deux situations : d’une part les mariages « arrangés », où c’est la famille et non les conjoints qui ont choisi les partenaires ; d’autre part les couples qui vivent ensemble depuis de longues années et qui ne communiquent plus réellement. C’est la routine qui domine la relation.

LES COUPLES HARMONIEUX... ET LES AUTRES

Couple dans son jardin

-  Les confidences constituent évidemment une base essentielle d’une relation intime. Comme l’on peut s’en douter, les femmes ont plus de facilité que les hommes à communiquer en profondeur et à accueillir les secrets d’autrui. Lorsqu’une femme hésite à se révéler à son partenaire, c’est généralement parce qu’elle craint que ce dernier  ne l’écoutera pas vraiment ; lorsque c’est l’homme qui hésite à se confier, c’est habituellement parce qu’il préfère dissocier clairement vie professionnelle et vie familiale, et parce qu’il pense que son épouse ne peut pas l’aider dans ses problèmes professionnels. Le mode de gestion des conflits influe énormément sur le niveau de satisfaction dans le couple. Car ce n’est pas l’absence de conflits qui fait progresser le couple, mais la manière de les gérer.  Une enquête menée sur ce thème auprès de vingt couples a mis en évidence trois manières de fonctionner lors d’un conflit : l’évitement, la mise en cause du partenaire et le compromis. Cette dernière attitude, consécutive à une discussion, est la seule qui soit liée à la satisfaction dans le couple.

(1) Jacques Lecomte, Donner un sens à sa vie, chapitre 2, Paris, Odile Jacob, 2007. -  (2) Lubomir Lamy, L’impact du soutien social sur la santé, dans Jacques Lecomte (dir.). Introduction à la psychologie positive, Paris, Dunod, 2009. -  (3) Sternberg R. J. (1986). A triangular theory of love, Psychological review, 93 (2). 119-135. Sternberg R. J. (1989). The psychology of love, Yale University Press.

par Jacques Lecomte

Vous trouverez une description plus détaillée de ce thème dans le chapitre L’amour, un diamant à trois facettes ; dans Jacques Lecomte, Donner un sens à sa vie, Paris, Odile Jacob, 2007.

Ce document peut être repris, partiellement ou intégralement, à condition d’en indiquer la source : © Jacques Lecomte -  http://www.psychologie-positive.net

Crédit photos : © Robert Kneschke - Fotolia.com / © iphoto - Fotolia.com

            

 

 

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Commentaire de Evie le 15 Janvier 2016 à 8:56

Merci pour cet article Romane et bonne journée !!

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