Pourquoi nous sommes tous anxieux

   Nous aimerions tous vivre dans la sérénité, débarrassés une fois pour toute de notre anxiété. Mais c’est oublier que cette émotion fait partie intégrante de la condition humaine, nous rappelle le philosophe Alain de Botton. Ce n’est qu’en comprenant que nous sommes tous sujets à l’anxiété, que nous pouvons dédramatiser et l’empêcher de nous paralyser.  

Alain  De Botton               De Botton" /">                                   

Pourquoi nous sommes tous anxieux


Une anxiété existentielle et irrévocable

A découvrir

       

   Vous manquez de confiance en vous ? La School of Life Paris vous propose d'assister le 6 janvier à son cours "Comment améliorer sa confiance en soi". L'occasion d'explorer pourquoi nous manquons parfois de confiance en nous et de défricher de nouvelles pistes pour surmonter ce sentiment de paralysie... Et retrouvez tous les cours de la School sur le site www.theschooloflife.com  

   Aujourd’hui, comme presque tous les jours, vous êtes anxieux. Cette anxiété est là, tapie dans l’ombre, toujours présente, parfois un peu plus palpable que d’habitude, parfois moins, sans jamais complètement disparaître - du moins jamais plus que le temps d’une soirée. Elle semble être due à des choses bien précises : cette soirée où vous ne connaîtrez pas grand monde, le voyage complexe qui vous attend avec son lot d’hôtels inconnus, la direction que prend votre carrière, ce bruit de marteau-piqueur dans la rue, un problème d’e-mail, la sensation de claustrophobie qui vous prend dans l’avion, l’état de votre compte en banque, votre système digestif…   

Mais si l’on considère la situation d’un point de vue plus global, le problème est pour nous plus important, plus accablant, et bien plus fondamental. Au-delà de toutes ces choses spécifiques qui provoquent notre inquiétude, impossible d’échapper au fil du temps à une conclusion plus générale : nous sommes tout simplement anxieux, fondamentalement anxieux, au plus profond de notre être.  

   Bien que nous nous focalisions au jour le jour sur tel ou tel souci qui nous préoccupe, ce que nous affrontons en réalité c’est l’anxiété en tant que composante permanente, existentielle et irrévocable de la vie - une composante responsable de nous gâcher une grande partie de notre court passage sur Terre.  

            

Le fantasme de la sérénité

      

   Torturés par l’anxiété, nous tombons tout naturellement dans le piège de puissants fantasmes à propos de ce qui pourrait - enfin - nous apaiser. Parfois, surtout dans les pays et régions du Nord, ces fantasmes ont trait au voyage.  

       

    Imaginez : une île sous le ciel bleu, à onze heures et demie et sept fuseaux horaires d’ici, l’eau chaude venant nous chatouiller les pieds près d’une villa sur pilotis, avec brise rafraîchissante et draps en coton égyptien : là, enfin, règnerait la paix. Il n’y a plus qu’à tenir quelques mois encore - et à nous départir d’une somme considérable.  

       

   Ou peut-être serions-nous apaisé si notre maison pouvait être telle que nous la rêvons : chaque chose à sa place, plus aucun désordre, des murs immaculés, de grands placards, du chêne brut, de la pierre blanche, une lumière tamisée et toute une panoplie d’appareils électroménagers flambant neufs.  

   Ou peut-être serons-nous calmes lorsque nous aurons, un jour, atteint la situation que nous méritons au sein de notre entreprise, lorsque notre roman aura été vendu, notre film achevé, ou que nos actions vaudront cinq milliards - et que nous pourrons entrer dans une pièce remplie d’inconnus qui sauront tous, instantanément, qui nous sommes.  

       

   Ou encore (mais nous avons un peu plus tendance à garder cette dernière idée pour nous-même), le calme pourrait peut-être revenir si nous avions dans notre vie la bonne personne. Quelqu’un qui nous comprendrait vraiment et avec qui tout ne serait pas si compliqué. Une personne gentille, taquine mais compatissante, qui aurait un regard bon et compréhensif et dans les bras de laquelle nous pourrions nous détendre en paix, presque comme un enfant - mais pas tout à fait.  

   Le Voyage, la Beauté, le Statut, l’Amour : voilà les quatre grands idéaux contemporains autour desquels s’articulent nos fantasmes de calme et de sérénité et qui, pris tous ensemble, peuvent être tenus en grande partie responsables des activités frénétiques de l’économie moderne : ses aéroports, ses jets long-courrier et ses complexes hôteliers ; ses marchés immobiliers surchauffés, ses entreprises d’ameublement et ses entrepreneurs en bâtiment sans scrupules ; ses événements de networking, ses médias dominés par le statut et ses affaires compétitives ; ses ensorcelants acteurs, ses chansons d’amour au succès garanti et ses avocats débordés par les affaires de divorce.  

      

   Et pourtant, malgré les promesses de ces idéaux et la passion que nous mettons à les poursuivre, aucun ne fonctionnera. Nous aurons beau essayer, l’anxiété refera son apparition sur la plage, au sein des maisons immaculées, au lendem

Un état fondamental

A découvrir

Testez-vous !

Etes-vous d'un naturel anxieux ? Dans la vie de tous les jours, les sources de stress et d'anxiété ne manquent pas, chacun y répond avec son tempérament. Certains sont plus ou moins déstabilisés, d'autres surmontent l'obstacle sans difficulté majeure. Qu'en est-il pour vous ?  

   L’anxiété est notre état fondamental pour des raisons bien concrètes :  

      

   Parce que nous sommes des êtres extrêmement vulnérables sur le plan physique, un réseau complexe d’organes fragiles prenant leur temps, avant de finalement nous lâcher de manière catastrophique quand bon leur semble.  

      

   Parce que nous manquons d’informations pour nous aider à prendre la plupart des grandes décisions de notre vie : nous avançons plus ou moins à l’aveuglette.  

      

   Parce que nous pouvons imaginer beaucoup plus que ce que nous avons, et que nous vivons dans des sociétés médiatisées, régies par la technologie mobile, où l’envie et l’impatience seront toujours une constante.  

      

   Parce que nous descendons de la plus anxieuse de toutes les espèces, les autres ayant été piétinées et mises en pièce par les bêtes sauvages, et que nous portons toujours en nous - au beau milieu du calme de nos appartements - les terreurs de la savane.   

      

   Parce que les objets et les lieux tangibles, les plages et les tables en chêne, ne peuvent que symboliser le calme à nos yeux au lieu de l’instaurer dans notre esprit.  

      

   Parce que les avancées de notre carrière et de nos finances prennent place au sein de la matrice inflexible, compétitive, destructive et aléatoire d’une machine capitaliste incontrôlée.  

      

   Parce que nous laissons notre estime de soi et notre sentiment de confort dépendre de  l’amour de personnes que nous ne pouvons contrôler, et dont les besoins et les espoirs ne seront jamais complètement au diapason des nôtres.  

            

S'avouer l'anxiété

   Le but de cette liste n’est pas de prouver qu’il n’existe pas de pire ou de meilleure façon de considérer notre condition. Le plus important, c’est d’accepter. Angoisser parce que nous sommes anxieux est la dernière des choses dont nous avons besoin. Cet état d’esprit n’est pas le signe que notre vie va mal, mais tout simplement que nous sommes vivant. Nous devrions être plus prudents avec ces choses auxquelles nous aspirons parce que nous imaginons qu’elles nous éviteront d’être anxieux. Nous pouvons bien sûr y aspirer, mais pour d’autres raisons que la recherche de calme et de sérénité - et avec un peu moins de vigueur et un peu plus de scepticisme.  

      

   Nous devrions nous épargner le fardeau de la solitude. Nous sommes loin d’être les seuls à devoir affronter ce problème d’anxiété. Chacun est bien plus anxieux qu’il n’est prêt à le reconnaître. Même les grands magnats et les amoureux transis en souffrent : nous échouons, de manière collective, à nous avouer à nous-même ce que nous sommes réellement.  

   Nous devons apprendre à rire de nos angoisses - le rire étant l’expression exubérante du soulagement lorsqu’une angoisse jusque-là privée est particulièrement bien formulée au cours d’une plaisanterie. Nous pouvons rire des terreurs qu’engendre le fait d’avoir un corps :  

       

« Ce tintement dans vos oreilles - J’ai ma petite idée. Je peux vous en débarrasser. »  

 

ain de la vente de notre entreprise et dans les bras de toute personne que nous séduirons.

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Commentaire de Albatros le 13 Janvier 2016 à 11:40

Chair de poule, claquement des dents, accélération cardiaque, la peur résulte d’un conditionnement physiologique. En présence d’un danger — ou ce qu’on interprète comme tel —, les sens communiquent un signal à notre système nerveux autonome. Il prépare alors le corps en libérant deux hormones, l’adrénaline et la cortisol.

Une famille trop protectrice, une hypersensibilité, des expériences personnelles, différents facteurs contribuent à nourrir la peur des gens. Tout comme la grande exposition aux informations, de la télévision à l’Internet .

 la pratique du sport (particulièrement le yoga), du chant et des arts plastiques peut être bénéfique. Sans compter l’humour : rire de ses peurs s’avère souvent un formidable antidote.

Commentaire de Lovyves le 13 Janvier 2016 à 9:35

Bonjour à Tou(te)s
"Nous aimerions tous vivre dans la sérénité, débarrassés une fois pour toute de notre anxiété. Mais c’est oublier que cette émotion fait partie intégrante de la condition humaine, nous rappelle le philosophe Alain de Botton. Ce n’est qu’en comprenant que nous sommes tous sujets à l’anxiété, que nous pouvons dédramatiser et l’empêcher de nous paralyser.".
Tout est qualité et… défaut.
Anxieux ou serein
Tout concept et son contraire sont valables.
C'est notre condition humaine.
Et toutes nos émotions sont conditionnées.
Donc, que dois je, que puis je faire avec tout ceci ?

Utiliser tous ces concepts à bon escient, présentement; que dois je préférer pour être le plus en harmonie (avec moi-même, mon environnement) ?
Que l'anxiété soit mon "esclave" et non pas que je sois "l'esclave" de cette chose.

Et : "Pourquoi nous sommes tous anxieux".
Voila un impératif, un conditionnement à être ainsi.
Et puisqu'il y a des écoles à ce sujet, ne serait ce pas un "marché" .. lucratif ?
Problématiser la condition humaine, et, donner, ensuite, quelques remèdes, mais, mais, qui ne guérissent pas complètement .. ceci me fait penser au système ultralibéral, à la société de consommation .. de médicaments.

Je suis anxieux et serin comme je veux, pas comme Je dois l'être.

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