Pourquoi l'enseignement essentiel du christianisme aurait-il été transmis à des femmes ?

À l'époque de Yeshoua, les rabbins ne s'adressaient qu'à des hommes, il n'y avait pas de transmission de la Thora à des femmes, et c'est donc là un sujet d'étonnement pour ses propres disciples. Yeshoua s'adresse avant tout à des « personnes » quels que soient leur sexe, leur milieu social, leur origine, leur race ... mais ce n'est pas par provocation qu'il s'adresse plus particulièrement à des femmes pour transmettre les aspects les plus importants de son enseignement ; sans doute est-ce le féminin (chez les deux sexes) qui est le plus apte à recevoir et à comprendre les messages du Verbe (Logos) et à se laisser féconder par lui.

Yeshoua révèle à la femme adultère que c'est la miséricorde qui est au cœur de la justice, et que le Dieu qu'il incarne est cette miséricorde. Il ne vient pas abolir, mais accomplir. La miséricorde est l'accomplissement de la justice. Il rappelle à la femme: « Ne pèche plus, retrouve l'orientation juste de ton désir, ne demande pas aux objets finis et limités ce que seul l'infini peut te donner. Tu serais encore déçue, Ne t'arrête pas non plus aux conséquences négatives de tes actes, ne t'enferme pas dans la culpabilité, ni dans ce que les Orientaux appellent le karma, ne t'identifie pas à cet enchaînement des causes et des effets ... »

Le pardon, c'est ce qui nous délivre de cette culpabilité et de ce karma,

L'attitude de Yeshoua n'est ni enfermante ni complaisante. Il relève la femme. II lui dit : « Va! ». Le pardon, qui est miséricorde en action, est délivrance du karma et réorientation du désir., et « que celui qui n'a jamais péché lui jette la première pierre », que celui qui n'a jamais erré, ne s'est jamais trompé sur son désir lui jette la première pierre. Yeshoua se sert de la loi non comme d'un miroir pour juger les autres, mais comme d'un miroir qui permet de se connaître et de se juger soi-même. C'est ce «  retournement du miroir» que ne supporteront pas « les pharisiens et les hypocrites ».

Ensuite il y a la rencontre de la femme de Samarie à qui Yeshoua révèle que la vraie religion ne dépend pas d'un lieu saint ou d'un temple. Quand Yeshoua veut indiquer à quelqu'un le chemin vers l'expérience de Dieu, il ne le conduit pas dans une église, il ne lui fait pas lire un texte considéré comme sacré, il l'invite à entrer dans la conscience de son Souffle, à en pneumati kai aletheia : dans le souffle (pnewna) et la vigilance (a-lethè : hors de la léthargie).

C'est là qu'il trouvera « celui qui doit venir », le Messie, le : Je suis » qui est déjà en chacun. De nouveau, c'est à une femme considérée comme hérétique par les Juifs de son époque que Yeshoua transmet « la prière en esprit et en vérité » ; ce qui sera le cœur de la pratique spirituelle des chrétiens et qui sera transmis à travers les siècles sous le nom d’hésychasme.

Enfin vient la révélation de « l'Amour plus fort que mort », révélation de la seule réalité que l'on puisse opposer à la déesse toute puissante de la mort.

De nouveau, c'est à une femme que sont transmis ce secret et cette certitude: à Myriam de Magdala, la première à l'avoir vu ressuscité. L'Évangile de Marie précisera par ailleurs comment la vision d'un corps ressuscité peut être possible.

Trois femmes archétypes qui symbolisent trois lieux j'accueil de la transcendance dans l'être humain transcendance de la miséricorde au cœur de la justice ; transcendance de la prière dans le Souffle et la vigilance, par rapport à toutes formes de cultes ou de religions institués ; transcendance de l'Amour, la seule puissance qui intègre et n'est pas arrêtée par la mort.

Le Logos se révèle à cette dimension silencieuse et contemplative de l'être humain, il s'adresse au féminin de l'homme comme à celui de la femme. Le contact avec la dimension spirituelle de l'être passe à travers la réconciliation avec notre féminin.

Chacun, lorsqu'il descend dans les profondeurs féminines de son être, peut avoir ce triple pressentiment évoqué dans les évangiles : pressentiment de la miséricorde, pressentiment de la liberté que donne véritable prière à l'égard de toutes les formes instituées, pressentiment que c'est l'Amour plutôt que la mort qui aura le dernier mot, C'est dans ce triple pressentiment que le Logos se fait chair, qu'il s'incarne dans ce qu'on pourrait appeler des « matrices de reconnaissance ».

En intériorisant certains textes des évangiles on pourrait également comprendre que lorsque le Christ demande à Myriam de Magdala d'aller annoncer la bonne nouvelle de la Résurrection à ses frères, c'est à « l'intuition li de s'adresser à la « raison . Les conflits entre Pierre et Marie sont l'écho extérieur des conflits que chacun peut vivre à l'intérieur de lui-même, entre ses côtés féminin et masculin, entre ce pressentiment intuitif d'une réalité qui déborde ce que l'analyse peut saisir et contenir de ce même Réel, Il y a des vérités qui ne peuvent être saisies que par le silence et par la dépossession de toute volonté de prendre et de comprendre. « Il ne faut pas séparer ce que Dieu a uni »   : l'homme et la femme, la raison et l'intuition, l'Orient et l'occident et leurs différentes façons d'appréhender l'unique Réel ; le but de l'enseignement de Yeshoua, c'est l' Anthropos, l'intégration des polarités.

Myriam de Magdala, elle qui est si particulièrement explicite dans le déploiement de son féminin (cheveux, larmes, onction ... ), doit intégrer son côté masculin, elle doit devenir non seulement capable de contemplation, mais aussi de parole et d'action. C'est pour cela que dans l'Évangile de Thomas, Yeshoua dit qu'il va la faire « Homme », elle va devenir entière - Anthropos ~ en épousant la moitié qui lui manque pour devenir pleinement elle-même; capable de rencontrer l'autre non à partir de son manque mais de sa plénitude, dans un amour qui est expression de la Source qui l'habite plus que de la soif qui la hante.

Jean Yves Leloup in " les profondeurs oubliées du Christianisme"

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Commentaire de Pastorseraphim le 17 décembre 2012 à 19:39

merci Clarine pour ce très beau partage sur le pardon, espérons que les femmes sauront là encore nous ouvrir les yeux...

Commentaire de Clarine Faure le 17 décembre 2012 à 12:14

Sainte Faustine a peint Jésus, Le Miséricordieux. 

Jésus EST La Miséricorde : à la fin de chaque vie, Dieu est le Seul Juge, et Jésus EST Le Pardon. 

On peut renaître en recevant L'Esprit Saint, par Le Pardon de Jésus = Son Immense Miséricorde.

L'Amour pardonne tout, même l'impardonnable… " 7X77 fois" on doit pardonner à chacun, comme pardonne Lui-même Jésus Le Miséricordieux. Ce n'est pas facile mais pas impossible… Aimer, souvent, c'est Pardonner.

La plus grande vertu est L'Humilité (le plus grand pêché est L'Orgueil). Il me semble que les femmes sont plus humbles, conscientes de leur grâce reçue, et donc plus disponibles, plus réceptives, moins aveuglées par leur ego que les hommes, je pense. Et vous ?

Commentaire de Francoise Blanc le 15 décembre 2012 à 19:38

Merveilleux article;

j'ai été enthousiasmée par "l'évangile de Marie"             et réellement très touchée par ce qui est écrit page 39 d'un autre livre dont le titre est "le manuscrit de Marie Madeleine" elle y dit notamment  qu'en tant qu'initiée elle avait été préparée à accompagner Yeshua pendant la crucifixion ...........................................mais qu'en tant que femme amoureuse son chagrin était insupportable.........

L'anthropos habillé par un corps de matière est avant tout humain! quel exemple magnifique d'une vie terrestre dans l'accomplissement

Merci pour cet article 

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