Exergue :


La vie conduit l’homme réfléchi
par un chemin tortueux et divers.
Souvent son cours en est entravé,
puis tout devient aisé.
Ici une pensée éloquente s’épanche
librement en paroles.
Là, le lourd fardeau du savoir
doit s’enfermer dans le silence.
Pourtant lorsque deux êtres
se comprennent totalement
dans l’intimité de leur coeur,
leurs paroles sont douces et fortes
comme un parfum d’orchidées.

CONFUCIUS




Je
ne vis
que d’absence
Je ne vis que d’absence
répétait inlassablement la rame
à l’heure des Noirs dans le métro
Il est monté à Porte Dorée
le guerrier des hauts plateaux
sur la joue signée : l’Initiation.

Je ne vis que d’absence
Je ne vis que d’absence
J’ai souri à lui si proche de mes yeux
Alors souverain Messager il m’a dit
- l’absence qui devient attente
est déjà une présence !
Il a souri silencieux
avant de disparaître à Grenelle

Je ne vis que d’absence
Je ne vis que d’absence...
Ainsi se tisse la trame des mots de moi à lui

Le Noir me parle d’absence

Je ne vis que d’absence
celle touchée de toi, celle touchée de lui
celle de tous ceux que j’aime
Appel et quête
ma nuit touchée du doigt
touchée de ce creux charnel
ou de quelle lumière ?
Je ne sais plus

Je me prosternerai
de l’avoir trop attendue
cette dévoration soudaine

Je ne vis que d’absence
répète le train en quittant la ville...




IBAM FORTE VIA SACRA

“ j’allais au hasard par un chemin  sacré”

m’as-tu écris en introduction de ta première lettre...


Je ne vis que d’absence
Je ne vis que d’absence
Répétait le train en quittant la ville

L’invisible me devient Visible
comme le rugueux à l’âme

J’ai vécu    émerveillée
l’instant blasphématoire
du noir Adam

je crie l’éternel
je crie l’Eternel
je crie l’ETERNEL
L’AUTRE ABSENCE ENFIN RECONNUE




J’ai, innocente, dit
- O mère Terre Afrique
J’ai besoin de toi pour vivre ma peau blanche,
besoin de  perdre mon regard
dans les espaces horizontaux de tes savanes
besoin de ne pouvoir refermer mes bras
autour du baobab de tes paysages
besoin d’être bercée
dans le ventre gris tendre de l’éléphante
au rythme lent et puissant de ses déplacements

- O mère Terre Afrique j’ai besoin de toi !

O générosité de mère Terre Afrique !
J’ai trouvé l’homme baobab.
Telle une liane me suis enroulée autour.
Mais je sais que bientôt il retournera vers toi.
Ici mes bras se refermeront sur son absence

Pleure, pleure mère
pour ce que tu donnes et tu reprends
la douceur infini de sa peau et de son âme

étrange rêve que tu m’as envoyé
avant la nouvelle rencontre :

“je devais le rejoindre, il m’attendait déjà à la gare du départ. Son visage était caché derrière  un fantastique et étrange masque coloré, une tête d’aigle. Le vent soufflait dans sa chevelure et faisait danser des rubans jaune, vert, bleu,  rouge, piqués dans une chevelure abondante, coiffée à la rasta...
En s’éloignant il laissa tomber une petite pièce dans la poussière du quai. Me baissant pour la ramasser, miracle, elle devint lourde et dorée, aussi ronde que la paume de ma main !
Et encore une, une autre encore et dix fois je crois avoir ramassé ces belles pièces d’or que je glissais dans un sac blanc.
Il revint vers moi, le visage découvert, simple, souriant, me serrant dans ses bras, nous nous apprêtions  à monter dans le train. Trop tard  le train s’éloignait sans nous.




Pleure, pleure mère
pour ce que tu donnes et tu reprends.

Où trouverai-je l’éléphante
dans laquelle verser mes larmes  à jamais ?
O mère Terre Afrique, j’ai vu dans son regard
deux grands lacs de sombre transparence
dans lesquels j’ai plongé voluptueusement.
Quand il retournera vers toi,
ma peau se desséchera
au désert brûlant de son absence.

Pleure, pleure ô mère Terre Afrique
pour ce que tu donnes et tu reprends.
tu as trop bien entendu ma prière
me voici partager entre les genêts à ma fenêtre
et le goût du manioc aux multiples saveurs.

Il est venu trop tard à ma rencontre
l’homme baobab
telle une liane me suis enroulée autour
depuis les jours qui succèdent à ce jour
défont l’étreinte !

O mère Terre Afrique
que veux-tu m’apprendre
avec tant de bonheur et tant de déchirures ?



Ô ma main se crispe à l’absence de ta peau
mon coeur éclate à l’insondable de ta tendresse
mon esprit n’a plus la nourriture des mots de ta vie
les larmes me viennent trop vite après les rires.

Comment alors vivre sans toi ?
Combien de temps pour l’amour le plus fou ?

Combien de temps
n’aurais-je d’autres pensées que toi ?
et le désir de ta peau et le désir de tes lèvres
et cette joie de te savoir m’aimer ?

Pourtant viendra le temps du départ
le temps de l’inquiétude.
Et moi qui commence tout juste à vivre cet amour
plutôt que de me réjouir
je songe au jour où moi la blanche
je serai ton Afrique en exil !
Eblouie je t’ai tendu la coupe de cristal,
tu as bu !
Que reste-t-il de cette ivresse ?

Depuis un grand fleuve coule de toi à moi.
Ces jours derniers il perd
ses couleurs, ses parfums, ses paysages.
Le fleuve s’est immobilisé
en attente de la barque qui te conduira vers moi.
Je sais qu’il fait froid, que le fleuve est gris !

S’il doit demeurer ainsi, que ferais-je Amour ?
Je casserais la coupe, j’oublierais l’ivresse
Le fleuve serait asséché.
Mes larmes, les tiennes   seules, alors peut-être...



Tu pourras laisser le silence
s’installer des heures et des heures
des jours et des jours
des mois et des années même
je les compterai amère
mais tu ne pourras rien contre mes pensées
qui vont et viennent
tissent un tissu d’or et d’argent
pour une Afrique en exil.

Tu ne pourras rien contre tout ce que je te raconte
de mes heures, de mes jours, de mes nuits sans toi.
Tu ne pourras rien contre l’intérêt
que j’ai pour ton pays,
pour ce que tu cherches, ce que tu deviens.
Tu ne pourras rien contre cet amour
qui se développe en moi

Car je suis ta demeure !






L’enfant imaginaire

Toujours cet enfant en attente
dans mon ventre désespérément vide !

C’est un drôle d’enfant, changeant,
selon la saison de mes amours.
Je lui parle, je lui dis :
- Je ne peux pas te mettre au monde
en ce moment ce ne serait pas raisonnable
mais si tu tiens à la vie accroche-toi
et je te garderai !

Mes paroles sont inutiles
le piège installé dans mon corps fonctionne trop bien.
Mais j’espère que l’enfant finira par être le plus fort
Je l’attends, je le porte.

J’ai attendu comme ça quelques temps
une fille aux cheveux roux avec un long cou de cygne.
Elle avait deux pères
le premier pour la couleur de ses cheveux
le second pour le port de sa tête.

Depuis le printemps de cette année
l’enfant a changé de couleur :
il est noir, très noir avec des yeux graves

Je ne sais pas encore de quel sexe est cet enfant.
Je crois qu’en fait j’en porte deux :
l’enfant fille, l’enfant garçon
Je sens une présence des deux côtés
dans mon ventre.

Il a les yeux graves de son père,
le poids de son peuple dans les yeux.
Il n’a rien de moi
car je le veux tout de son père




Je sais ce n’est pas possible !
Comme il n’est pas possible d’attendre
des mois et  des mois sans que rien ne se produise.
Pourtant je sais sa présence incertaine
dans mon ventre désespérément  vide.

Il porte en lui cet enfant une grand-mère
que je ne connais pas et qui me fascine.
Elle connaît les plantes qui guérissent !
Je raconte à cet enfant
que nous irons la voir ensemble
c’est important elle est la lignée.
Elle lui apprendra la langue de ses ancêtres
je l’apprendrai en même temps que lui
et bien d’autres choses si la grand-mère voulait.

Cet enfant est noir, très noir
avec de grands yeux bruns en attente
le front buté,
il ne cesse de me poser des questions
Je promène lentement ma main
dans l’épaisse forêt de sa chevelure
alors sa bouche charnue me sourit.

Je ne sais plus si je le porte en moi
ou si c’est moi qui suis en lui
tant sa présence enveloppe mes pensées
lui, dans mon ventre désespérément vide,
son tendre sourire d’enfant...


 

Me vient
brusquement une insondable tristesse,
un rythme lancinant et doux
je danse seule sur une biguine imaginaire


Il y a des chants en moi
des îles luxuriantes
des rondes et des musiques qui éclatent
et j’ai mal !

je danse seule sur une biguine imaginaire

Où es-tu oiseau
des bouleversements indéfinissables ?




Un soir, je pensais intensément à Musumbi
à la très belle signification de son prénom
“Le solitaire est un homme”
je voulais moi aussi avoir un prénom africain
qui pourraît donner un sens à ce que vivait.
J’ai entendu en mon for intérieur
avec insistance cette phrase :
“Souviens toi de la vieille Mbumba”
Je me suis endormie avec cette phrase sibylline.
Quand plus tard j’ai pu interroger Musumbi
il a été suppris, inquièt.

Mbumba est un terme sacré de sa langue
il signifie : Arc-en-ciel, celui qui relie.
Il a ajouté : il y a toujours un versant sombre
à la lumière... mbumba peut aussi signifier
le lien de pouvoir du féticheur.


Alors fermez les yeux,
laissez la musique du balafon vous pénétrer
que viennent en vous les transes millénaires
et écoutez, écoutez bien :
La vieille MBUMBA revient !
Il y a très très longtemps
dans un temps sans âge
elle allait très vieille, très noire
crainte et respectée en raison de ses pouvoirs.
Elle détruisait sans remords qui voulait détruire
parfois, elle se trompait...
        les Temps étaient ainsi
        aujourd’hui elle revient !
        Ne tremblez plus
elle a appris à ne pas ajouter un mal à un mal !

MBUMBA revient !  Faites la fête au village.
Après tant de vies, elle a besoin de vos chants
de vos danses, de vos murmures, de vos transes.


N’éclatez pas de rire à cette autre nouvelle
elle a blanchi sa peau ! Quelle punition !
Mais le fond de son âme est noir, oui il est noir !
Noir comme cette nuit étoilée
ou nous tenons si proches les uns des autres,
Noir comme l‘intérieur  obscur et tendre du ventre
où la vie prend forme , mouvement et volonté !
Noir comme un poing serré, tendu
contenant la force des peuples à la conquète de leur libération, Noir de vos peaux, noir de son âme
lien puissant entre vous et elle.

Elle est revenue votre soeur MBUMBA
Amante éternelle des peuples dont elle est issue
des peuples vers lesquels elle se dirige
si proche parmi vous
qu’elle ne sait comment survivre à ce bonheur
de vous avoir reconnu autour d’elle :
Masper, Kumba, Léon, Musumbi





O Africa

Vois ma folie, écoute ma plainte.
Le silence de ton fils m’est insupportable.

J’ai bu je ne sais quelle infâme mixture
mâchonné trois brins d’herbe précieuse
bu deux grands verres de bon vin de pays.
Dans cette attente dérisoire
j’ai invoqué l’esprit de Musumbi.

Il est venu. Nous avons fait l’amour
en une chevauchée fantastique :
dessus, dedans mon corps pesant
cet esprit était tendre et doux
fort et persuasif.
Les ondes du plaisir se sont entrechoquées
chaudes et colorées
... mes bras se sont refermés sur le vide !

Africa, ô Africa
je sais tu es civilisation de la parole
non de l’écrit !
Mais un mot, rien qu’un.
Je ne suis plus moi-même :
Mes amants
(c’est pour le rendre jaloux Africa)
            ne me reconnaissent plus.
Les pleurs m’envahissent moi qui ne suis que rires.

Pourquoi n’ai-je pas détourné les yeux, à l’instant
où il est venu s’asseoir près de moi ?

O Africa
quel est ce fils que tu as porté, qui me traite ainsi ?
Est-ce vengeance ? Est-ce insouciance ?
Je voudrais trouver chaque jour
une oreille amie nouvelle,
pour parler de lui encore et encore
afin de tromper son absence et remplir son silence.



Je voudrais prophétiser que l’ayant vu
étudiant et manoeuvre parmi les miens
je le vois grand parmi les siens.
Bon et généreux,
ce ne sont pas les honneurs qu’il souhaite
mais la vie libre pour Toi, ô Africa !

Comment veux-tu que je cesse de l’aimer ?
Comment veux-tu qu’à son silence
je ne repousse pas d’une heure,
d’un jour, d’une semaine l’espoir de le lire
de l’entendre, de le voir ?

Voici cette peine,
Pourrais-je te pardonner d’être sa mère ?
N’aurais-tu pas pitié de moi,
n’intercéderais-tu pas pour moi ?

Vois combien je l’aime.
Sais-tu comment il m’aime ?



Nia Ku rondi

Il était dit que je te perdrais dans Paris.
La ville cannibale m’a laissé si peu de toi
à l’antichambre de ton départ,
qu’écrire ton nom
c’est chercher ton épaisseur dans ma vie,
c’est célébrer le plein de ton absence

De toi
ma mémoire ne retenant
que l’essence même d’un mystère
sans cesse renouvelé aux saisons intérieures,
cette transparence dans laquelle je me noie.
Toi si sombre et bien plus clair que moi.

Tes actes sont évidence.
Tu t’enracines en moi encore d’avantage.
Nos temps si rarement confondus
demeurent en moi points de repère précieux.

Nous avons tout vécu :
les amis partagés
les repas et les rythmes
les conversations sans fin
les voyages à deux
l’accompagnement à la gare
le lit défait
la musique sacrée des corps et des âmes
l’enchevêtrement vital
ventre contre ventre
l’encerclement des jambes
ventre contre dos
l’enfermement des bras
cuisses écartelées au dessus des épaules
le sourire
qui s’inscrit au visage posé entre les seins
le regard   perdu   voilé
la détente de tous les muscles
les coups sourds du sang dans les artères.



Nous avons tout vécu de ce qui se vit à deux
la splendeur et l’ingratitude
les larmes et les caresses
les plaisirs et les griffures
l’attente et l’étreinte réaccordée
l’harmonie et le doute
les accusations et le pardon
la porte qui se referme doucement.


Quand on se dit au revoir on ne se retourne pas.

Malgré l’interdit la fenêtre ouverte
le regard qui fixe ta silhouette de dos
qui s’éloigne malgré nous.


Nia ku rondi Musumbi





Promesse

Je ne sais comment, pourquoi
je peux aimer jusqu’à la passion
cette terre autre que celle qui m’a vu naître ?
J’ai retrouvé le fil de tendresse
qui à travers mes mots
relie des hommes, des femmes, des paysages
dans cet amour Musumbi, sur cette terre AFRICA.

Je reconnais cette terre pour ma Mère.
Ne souris pas, à me voir si blanche
si je te dis qu’AFRICA est ma Mère.
Elle est mère de mes désirs
qu’elle cache dans ses forêts les plus denses,
les plus profondes
elle est mère des rythmes qui me traversent
course essoufflées à travers
les hautes herbes de la savane.

Elle est mère de cet amour unique et impossible
qui me fouille l’âme et la chair
m’éblouit le coeur, m’écrase et me laisse seule
qui revient plus sombre et plus doux
qu’avant la première aube
le premier dévoilement, le premier embrasement.

AFRICA me protège dans les vastes plis
de ses terres innombrables

Elle est mère de toutes mes espérance
de tous mes interdits, de toutes mes contradictions
mes faiblesses et de tous mes vertiges
elle,  si vieille
et pourtant encore à sa première gestation.
Elle est mère de mes villes souterraines
où se croisent sans jamais vraiment se comprendre
tant  et tant de peuples.
Elle est mère de tous mes déserts
quand la désespérance monte en moi.




Ne t’ai-je pas dit que j’aime jusqu’à la passion
AFRICA !

J’ai conscience que cet amour est démesuré
invraisemblable, trop idéaliste à tes yeux.
Je sais que l’Afrique n’est pas aussi pure
et généreuse que je le dis
je sais : “avec eux on ne peut rien faire”
je sais : j’aurais mille raisons d’oublier
“le berceau de l’humanité”.

Mais je te dis
AFRICA est ma Mère.
Rien ne peut me détourner de son amour.
Je chante pour les peuples
- d’où je viens, vers qui je vais -
Je chante leurs terres, leurs révoltes
vieille Europe, jeune Afrique !

Je suis écartelée, dépossédée.
Tu auras cet enfant de l’esprit Musumbi
puisqu’il semble impossible
de te donner celui de la chair.

O AFRICA



Amour

Si je pouvais tendre mes pensées
comme flèches à l’arc
et te rejoindre aussi loin que tu sois.
Me répondras-tu jamais ?

Quand ton absence referme toute porte,
monte de la chambre vide une volonté d’apprendre
de savoir, de connaître.

Notre amour n’aura-t-il été que cela :
le levier sur lequel m’appuyer
la coupe dans laquelle boire
le divin matérialisé, l’attente du Maître ?

Non le silence, rien que le silence.

Rien n’est plus vrai et plus juste que cet amour
rien n’est plus mirage et folie que cet amour.
Retrouver absolument
la parole qui jaillit de toute pierre.
Je suis pierre, je suis tristesse, je suis fétiche
je suis poison, je suis soif, je suis immobilisation
je suis attente...

Je sais que la mémorisation exacerbée
de ce que nous avons vécu
ne saurait suffire à me mettre en ta présence.
Seule mon assise aux portes de l’absolu
me rendra le plein de ton absence

J’éviterai de me retourner sur nos pas.
J’avancerai seule sous la lune noyée
tel le Mat,
à mes trousses les chiens hurlant à la mort
J’avancerai certaine de te trouver
à nouveau au bout du chemin.

Notre amour me tirera-t-il jusqu’à toi ?



Prince de mon coeur si présent en moi
écoutant la musique de ton pays
musique traditionnelle,  contemporaine
je rêve, je ferme les yeux, j’attends.

J’attends encore ta visite
ton sourire, tes caresses, tes paroles
j’entends  le son de ta voix.

Qui peut me parler de l’Afrique
de ces peuples qui vibrent en moi ?
Qui peut me chanter la beauté du noir
la douceur du noir qui habite en mon coeur ?
Qui peut danser avec moi les danses sacrées
qui jubilent en mon coeur ?
Je ne peux vivre que mes larmes.
Le noir ne pleure pas, il serre les poings.

Mais je suis blanche aussi,
exilée plus que jamais de ce pays intérieur
que tu m’as révélé
ne sachant quel peut être mon devenir
dans cette réalité secrète.
Le solitaire est un homme
la femme que tu aimes aussi.


Un an déjà que s’éloignait dans la capitale
ta silhouette de dos !
Un an des siècles, des milliers d’années.

Qui me diras le sens de cette rouée de l’invisible
dans la chair de ma vie ?


Prince en mon coeur
je m’incline en ton absence.
J’attends ta visite
au moins dans les contes de mes nuits.
Je ne puis t’oublier...


Que fleurisse alors l’arc-en-ciel
entre pluie et soleil
entre terre et mer
entre certitude et doute
entre absence et présence
entre parole et silence
je t’aime.




ADIEU donc

A attendre dans le silence
une pensée un mot une lettre
ta vie même a désertée mon âme
je n’ai plus souvenance de toi !

Je sais pourtant
combien nous avons pu nous aimer.

S’insinue cependant cette interrogation perfide :
comment cet amour a-t-il pu être
puisque le temps même
dilue l’émotion du partage vécu
si profond si juste
si rien ne vient rompre le silence, la solitude ?

L’amour a besoin de nourriture.
Je me voulais ta demeure mais Tu l’as désertée.

Etait-ce vraiment nécessaire toute cette joie
toute cette souffrance ?
Et aujourd’hui toute cette amertume ?

J’ai crié l’Eternel
à cause d’un baiser indéfinissable.
Est-ce chemin de sagesse
que d’apprendre
que rien ne se perpétue en dehors du présent ?

Qui t’a demandé de t’effacer
derrière les mondes invisibles que tu m’as ouverts




Il n’y a pas d’avenir ni de présent
pour nous deux.
Je ne peux vivre de passé.


Je te dis adieu donc.


Mais dans ton silence
n’oublie pas combien je t’ai aimé !

Va que la vie demeure en toi
comme en toutes choses.

Adieu donc Musumbi.





Je chanterai à jamais l’Autre

celui qui me tire hors de moi
différent à chaque passage
mais relevant du même principe.

L’Autre est mon Seigneur
mon Dieu, mon Maître
et je ne saurais vivre sans l’Autre

De l’Autre en l’Autre
j’avance sur un chemin de vie.
Ma voie est amoureuse
elle ne sait être que cela.

A chaque passage,
je me prosternerai un peu plus
de le reconnaître
l’Autre  de plus en plus subtil
de plus caresse
de plus en plus Esprit
souffle
permanence
l’Autre
de plus en plus creux, océan
vagues dans lesquelles je me noie
l’Autre de plus en plus
accord spontané
l’Autre de plus en plus musique
pas de danse, rythme
l’Autre de plus en plus
Soleil
Lune, Etoiles
Pluies, Espaces

Une avant dernière heure qui s’étire
comme un oiseau d’Eternité

Ma voie est amoureuse

Rocheclaire

Extraits de Ô Africa, Ô Mbumba, fragments d'un amour" Cairn Editions

 

 

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