2 - Constitution du microbiote

    On l'a vu, les souches bactériennes qui se nourrissent des déchets de notre organisme sont appelées souches saprophytes et celles qui nous intéressent le plus, souches symbiotiques. Pour information, les scientifiques estiment à 1 million de milliards (10 puissance 15) le nombre de ces organismes unicellulaires.

    Ce n'est qu'une estimation, les bactéries étant plus petites que les cellules de notre organisme composé approximativement de 100000 milliards de cellules (10 puissance 14) Mais, pour créer une alchimie, il faut d'autres éléments.

    PORTRAIT-ROBOT

    L'ensemble des bactéries, champignons et virus qui vivent au contact de l'organisme est appelé ‘‘microbiote’’. Le tissu hôte (peau ou muqueuse) est appelé ‘‘microbiome’’, et le couple ‘‘microbiote microbiome’’ est qualifié "d’utilité fonctionnelles"

    La composition du microbiote humain varie d'un organe à l'autre de sorte qu'on parle de microbiote cutané, oculaire, buccal, gastrique, intestinal, respiratoire, vaginal...

    Pour un même microbiote les familles de micro-organismes qui le composent diffèrent également en qualité et en quantité d'un individu à l'autre en fonction du lieu de résidence, de l'état de maturité (enfance, adolescence, âge adulte), de l'état de santé (grossesse, allaitement, maladie) et de certaines perturbations (régime alimentaire calqué sur le mode occidental, pollution environnementale, médicaments de synthèse). Il n'est donc pas possible, aujourd'hui, de définir ce que serait un microbiote normal.

    Microbiote cutané

    Plus de 4700 espèces ont été répertoriées au niveau de la peau, mais très peu sont communes. La variété varie considérablement selon le sexe (nettement plus varié chez la femme que chez l'homme), les parties du corps (le nombril héberge pas moins de 1400 espèces). Microbiote et système immunitaire cutanés se stimulent mutuellement: le premier permet au second d'être plus efficace contre des agents pathogènes, le second facilite l'implantation de certains types de souches aux dépens des autres.

     AU COMMENCEMENT...

     Dès la descente dans le canal vagino-vulvaire, l'organisme du nouveau-né, jusque-là parfaitement stérile, est exposé aux innombrables micro-organismes qui peuplent son nouvel environnement. L'organisme est programmé pour vivre dans un tel milieu, notamment en tissant des liens de coopération avec certaines souches et en fortifiant son système immunitaire au contact des souches pathogènes. Le microbiote qui en résulte est donc à la fois le produit des souches présentes et des capacités de tolérance et de résistance de l'organisme.

    Au niveau vulvo-vaginal

    La composition du microbiote vaginal varie dans le temps parfois très rapidement, en fonction des règles et du nombre plus ou moins élevé de partenaires sexuels.

Par ailleurs, on a récemment découvert qu'elle dépend également du pH local, lui-même fortement influencé par l'appartenance ethnique.

    La césarienne, un mauvais départ

    Le premier microbiote intestinal des enfants nés par cette intervention chirurgicale est essentiellement d'origine cutané et non vaginal. Il est donc profondément différent de celui des bébés nés par voie naturelle.

Si, de plus, le premier allaitement est de type artificiel, le microbiote intestinal ne peut s'enrichir des souches normalement apportées par le lait maternel. Le bébé éprouve alors de grandes difficultés à se constituer un microbiote digestif abondant et équilibré avec pour conséquence une unité fonctionnelle intestinale moins efficace, notamment sur le plan immunitaire. C'est pourquoi il est fréquemment l'objet d'une ou de plusieurs manifestations parmi les suivantes : régurgitations, digestions difficiles, coliques, constipation et/ou diarrhées, rhino-pharyngites à répétition, allergies, eczéma...

    LE MICROBIOTE INTESTINAL DE LA NAISSANCE A SA MATURITE

    Immédiatement après la naissance, celui-ci se complète rapidement au contact du sein maternel, des doigts portés à la bouche et plus tard à l'ingestion des aliments.

    Quand le bébé est nourri au sein, les bifidobactéries sont prédominantes. Quand il est nourri artificiellement, ce sont les lactobacilles qui dominent.

    Puis, le microbiote se modifie progressivement en fonction des différents lieux de vie et de la diversification de l'alimentation. Il atteint une dizaine d'espèces en quelques mois et devient semblable à celui d'un l'adulte vers l'âge de 4 ans. Toutefois, tant que sa diversité est restreinte, il est fragile et donc susceptible d'être profondément perturbé à l'occasion d'une infection opportuniste.

    Chaque jour, des millions de micro-organismes provenant de familles très diverses passent par le tube digestif.

    Dès leur arrivée dans l'estomac, la majorité d'entre eux sont détruits par la sécrétion acide ainsi que les toxines qu'éventuellement ils sécrètent. Ceux qui survivent à cette première épreuve sont ensuite régulés par la libération de bile par le foie et de certaines enzymes par le pancréas.

    L'exemple du microbiote buccal

    De nombreux événements modulent ou perturbent la composition de ce Microbiote : les différentes parties de la bouche, l'imprégnation plus ou moins importante par les hormones sexuelles (puberté, grossesse, ménopause), la qualité de l'alimentation (trop riche en sucres rapides, carencée en certaines vitamines et minéraux), l'exposition à certains toxiques (fumée de tabac, feuilles de bétel...), les pathologies locales (perte de   dents, gingivite, plaque dentaire, salive en quantité insuffisante...) ou générales (diabète, cancer...). les éventuels appareillages (matériel d'orthodontie, dentiers et autres prothèses...).

Par ailleurs, l'évolution du mode de vie de l'être humain au cours des derniers millénaires a considérablement appauvri la variété de ce Microbiote notamment par la sélection des espèces végétales les plus rentables. Ainsi, à partir de 70 ans, les staphylocoques dorés augmentent sensiblement en nombre et en pourcentage et exposent à un risque infectieux certain. De même avec Candida albicanans après 80 ans. C'est dire la nécessité d'une bonne hygiène buccodentaire.

    3 - Bactéries et organisme: Tandem gagnant

    UNITÉ FONCTIONNELLE : L'UNION FAIT LA FORCE

    Chaque unité fonctionnelle a pour mission de réguler les échanges entre l'organisme et l'environnement dans lequel il vit et d'éviter l'intrusion de tout agent agressif.

    La peau et les muqueuses réalisent une barrière poreuse que traversent continuellement certaines catégories de nutriments et de déchets, les premiers de l'extérieur vers l'intérieur, les seconds dans le sens inverse. Elles sécrètent en outre un liquide visqueux, le mucus, dont elles se recouvrent afin de limiter l'action des agents agressifs qui s'approchent d'elles au quotidien. Enfin elles fournissent un milieu nutritif aux microbiotes qu'elles abritent.

    En contrepartie, les microbiotes participent pour une part à l'approvisionnement de l'organisme en certains micronutriments (vitamines par exemple) et pour une autre à l'éradication de souches possiblement pathogènes.

    L'EXEMPLE INTESTINAL

    Parce qu'elle constitue la plus grande interface entre milieux intérieur et extérieur et qu'elle renferme plus de la moitié des cellules immunitaires de tout l'organisme, l'unité fonctionnelle intestinale est le modèle de ce type particulier de coopération entre macro et micro-organismes.

    La muqueuse est composée d'une seule couche de cellules, chacune appartenant à un type bien particulier très spécialisé. Elle remplit de multiples fonctions:

    - Du fait de l'étroite cohésion des cellules qui la composent, elle crée une frontière entre notre organisme et tout ce qui transite dans l'intestin.

    - Elle est capable de lutter efficacement contre la plupart des attaques de souches pathogènes.

    Par exemple :

    Les lymphocytes (cellules immunitaires) regroupés en amas attirent certaines substances, notamment les plus volumineuses, et les neutralisent.

    Un gène (NOD1) stimule des récepteurs situés à la surface de certaines cellules (de Paneth), récepteurs qui deviennent capables de détecter certaines souches pathogènes et d'induire la production de substances toxiques (cytokines et de chimiokines) afin de les détruire.

    Elle synthétise des protéines antidotes de certaines toxines bactériennes et de certains agents chimiques.

    Le mucus est fait de deux couches, l'une profonde, très fine, adhère à la muqueuses l'autre plus épaisse, est en contact avec le contenu de l'intestin.

    Il protège notamment la muqueuse de tout contact direct avec le bol alimentaire, lui permet de réaliser au mieux le renouvellement régulier de toutes ses cellules, s'oppose à ce qu'un grand nombre de souches pathogènes, bactériennes et virales, s'approchent de la muqueuse. Celles-ci sont ralenties dans leur progression par sa nature visqueuse, puis définitivement tuées par les antibiotiques naturels qu'il contient, les défensines. En outre, le mucus possède un puissant pouvoir anti-inflammatoire.

    Le microbiote

    Enfin, le microbiote enseigne aux cellules immunitaires de la muqueuse intestinale à considérer ses souches bactériennes saprophytes comme des amies. Il lutte contre les infections virales pathogènes pour lui ou pour notre organisme.

    Il contrôle le nombre des basophiles une espèce particulière de cellules immunitaires dont la population augmente au cours des réactions allergiques. Il participe dès les premiers mois de la vie à la régulation des taux cérébraux de sérotonine. Il produit l'acide gamma-aminobutyrique (GABA), un neurotransmetteur qui possède des vertus anti-inflammatoires locales. Il favorise le transit intestinal. Il accélère le renouvellement des cellules de la muqueuse intestinale. Il participe à la digestion des aliments de différentes façons. Il produit des vitamines pour notre organisme: B2, B5, B6, B8, B9, B12 et K. Il produit des acides à chaînes courtes réduisant la synthèse du cholestérol. Il protège de la survenue de certains cancers et des maladies inflammatoires des intestins.

    Microbiote respiratoire

    Les pathologies infectieuses pulmonaires sont toujours concomitantes d'altérations du microbiote local.

Ainsi, l'évolution de la broncho-pneumopathie chronique obstructive (association de bronchite chronique et d'emphysème) et de la mucoviscidose pourrait être sensiblement améliorée si le microbiote respiratoire était restauré.

Malheureusement à ce jour, cette voie thérapeutique n'est pas explorée.

    ==> Voir la suite : http://epanews.fr/profiles/blogs/microbiote-3

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