Acceptons les autres comme notre miroir
« Pourquoi regarder la paille qui est dans l’oeil de ton frère, alors que tu ne remarques pas la poutre qui est dans ton oeil » (St Matthieu 7 – 1)
Cette célèbre maxime nous invite, entre autre, à accepter les autres comme notre miroir.
Pour illustrer cette règle d’Or, je vous propose cette histoire :
« Un jeune prince trouvait les gens autour de lui méchants et égoïstes. Il en parla un jour à son précepteur qui était un homme sage et avisé.
Le vieil homme lui confia une bague et lui dit :
« Cette bague est magique. Si tu la tournes trois fois sur elle-même, un génie t'apparaîtra. Chaque fois que tu seras insatisfait, appelle-le. Il te conseillera. Mais attention, ce génie ne dit la vérité que si on ne le croit pas. Il cherchera sans cesse à te tromper. »
Un jour, le prince entra dans une violente colère contre un dignitaire de la cour qui avait agi contre ses intérêts. Il fit tourner trois fois la bague. Aussitôt, le génie apparut: « Donne-moi ton avis sur les agissements de cet homme » dit le prince. Le génie lui répond : « S'il a fait quelque chose contre toi, il est indigne de te servir. Tu dois l'écarter ou le soumettre. »
À ce moment, le prince se souvint des paroles étranges de son précepteur et lui dit : « Je doute que tu me dises la vérité !» Le génie lui répond : « En effet, je cherchais à te tromper. Tu peux bien sûr asservir cet homme, mais tu peux aussi profiter de ce désaccord pour apprendre à négocier, à traiter avec lui et trouver des solutions qui vous satisfassent tous deux. Une relation gagnant/gagnant en quelque sorte. »
Parcourant un jour la ville avec quelques compagnons, le prince vit une immense foule entourer un prédicateur populaire. Il écouta un instant le prêche de cet homme et fut profondément choqué par des paroles qui contrastaient violemment avec ses propres convictions. Il appela le génie et lui dit : « Que dois-je faire ? » Le génie lui répond : « Fais-le taire ou rends-le inoffensif. Cet homme défend des idées subversives. Il est dangereux pour toi et pour tes sujets. »
Il mit encore en doute ce que le génie avait dit et celui-ci lui répondit : « Tu as raison, je mentais encore. Tu peux neutraliser cet homme. Mais tu peux aussi examiner ses croyances, remettre en cause tes propres certitudes et t'enrichir de vos différences. »
Pour l'anniversaire du prince, le roi fit donner un grand bal où furent conviés rois, reines, princes et princesses. Le prince s'éprit d'une belle princesse qu'il ne quitta plus des yeux. Il l’invita à maintes reprises à danser sans jamais oser lui déclarer sa flamme. Un autre prince invita à son tour la princesse. Notre prince sentit monter en lui une jalousie profonde. Il appela alors son génie et lui demanda : « Que dois-je faire, selon toi ? » « C'est une crapule », répondit le génie. « Il veut te la prendre. Provoque-le en duel et tue-le ! ».
Sachant que son génie le trompait toujours, le prince ne le crut pas. Le génie lui dit alors : « je cherchais à te tromper de nouveau. Ce n'est pas cet homme que tu ne supportes pas, ce sont les démons de tes propres peurs qui se sont éveillés quand tu as vu ce prince danser avec la princesse. Tu as peur d'être délaissé, abandonné, rejeté. Tu as peur de ne pas être à la hauteur. Ce qui se réveille en toi dans ces moments pénibles te révèle quelque chose sur toi-même. »
À l'occasion de la réunion du grand conseil du royaume, un jeune noble téméraire critiqua à plusieurs reprises le prince et lui reprocha sa façon de gérer certaines affaires du royaume. Le prince resta cloué sur place face à de telles attaques et ne sut que répondre. L'autre continua de plus belle et à nouveau le prince se tut, la rage au coeur. Il fit venir le génie et l'interrogea. Le génie lui dit : « Ôte-lui ses titres de noblesse et dépouille-le de ses terres, car cet homme cherche à te rabaisser devant les conseillers royaux. » Le prince lui dit : «Dis-moi la vérité ! » Le génie rétorqua alors : « Même si cela ne te plaît pas. Ce ne sont pas les attaques de cet homme qui t'ont déplus, mais l'impuissance dans laquelle tu t'es retrouvé et ton incapacité à te défendre. »
Un jour, dans une auberge, le prince vit un homme se mettre dans une colère terrible et briser les tables et les chaises. Il voulut punir cet homme. Mais il demanda d'abord conseil au génie. Celui-ci lui dit : « Punis-le ! Cet homme est violent et dangereux. » « Tu me trompes encore », dit le prince. Le génie lui répond : « C'est vrai. Cet homme a mal agi. Mais si tu ne supportes pas sa colère, c'est avant tout parce que tu es toi-même colérique et que tu n'aimes pas te mettre dans cet état. Cet homme est ton miroir. »
Une autre fois, le prince vit un marchand qui voulait fouetter un jeune garçon qui lui avait volé un fruit. Le prince avait vu filer le vrai voleur. Il arracha le fouet des mains du marchand et était sur le point de le battre lorsqu'il se ravisa. « Que m'arrive-t-il », dit-il au génie. « Pourquoi cette scène m'a-t-elle mis dans cet état ? » « Cet homme mérite le fouet pour ce qu'il a fait », répondit le génie. « Me dis-tu la vérité ? » Le génie lui dit alors : « Non. Tu as réagi si fortement parce que l'injustice subie par ce garçon t'a rappelé une injustice semblable subie autrefois. Cela a réveillé en toi une vieille blessure. »
Alors le prince réfléchit à tout ce que le génie lui avait dit.
Il appela le génie et lui dit, après mures réflexions: « Si j'ai bien compris, personne ne peut m'énerver, me blesser ou me déstabiliser. »
En conclusion de cette règle d’or N° 23 :
Le génie lui dit :
« Tu as bien compris. Ce ne sont pas les paroles ou les actes des autres qui te dérangent ou que tu n'aimes pas, mais les vieux démons qui se réveillent en toi à cette occasion. Ils s’appellent : Tes peurs, tes souffrances, tes failles et tes frustrations. Si tu jettes une mèche allumée dans une jarre d'huile, celle-ci s'enflammera. Mais si la jarre est vide ou qu'elle contient de l'eau, la mèche s'éteindra d'elle-même. Ton agacement face aux autres est comme un feu qui s'allume en toi et qui peut te brûler, te consumer et te détruire. Mais il peut aussi t'illuminer, te forger, te façonner et faire de l'autre un allié sur le chemin de ta transformation. Toute rencontre difficile devient alors une confrontation avec toi-même, une épreuve et une initiation. »
« J'ai besoin de savoir encore une chose : qui es-tu ? », demanda le prince au génie.
Le génie lui répond :
« Je suis, moi aussi, ton reflet dans le miroir ! »
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