Tout un univers pour un mandala

 

L’univers tout entier est un mandala, un « cosmogramme » selon l’expression de Guiseppe Tucci. De l’infiniment grand à l’infiniment petit, dans le corps humain comme dans le corps terrestre, la « morphologie » du mandala est présent et perceptible : le macrocosme avec la terre, les étoiles, le système solaire, les galaxies, les nébuleuses, la voie lactée ; le microcosme avec les flocons de neige, les gouttes d’eau, les cristaux, les atomes. En nous : l’œil, les centres énergétiques (çakra), les cellules, l’ADN, le cerveau ;  et autour de nous : les fleurs, le cœur des fruits,  la coquille des escargots, la carapace des tortues,… pour ne citer que quelques uns des milliers d’exemples possibles, et sans évoquer ce que l’homme a bâtit, imaginé depuis des siècles (rosaces, labyrinthes, jardins, potagers).

 

La structure du cosmos est perçue comme un mandala mobile, animé, immobile en son centre.

Le mandala se trace et se déploie selon un schéma simple : une forme géométrique (carré, cercle), centrée autour d’un point (bindu) marquant la concentration (ancrage, centrage) et le rayonnement à partir de ce point, et un contour extérieur, une périphérie faisant office de bornage, une frontière symbolique en quelque sorte.

La figure de base est aisée : un carré contenant un cercle avec au milieu, un point. Cette configuration permet de démultiplier à l’envi toutes les représentations et symbolisations de l’univers, celles-ci contenant l’ensemble des possibilités inventives dans le domaine des Arts et des perceptions (images, couleurs, sensations, visions) saisies lors de méditations.

 

Le point est le cœur de l’univers, l’espace immobile, comparé à l’axe de la roue, et c’est à partir de ce point que le rayonnement va pouvoir se déployer. Celui-ci va s’étendre de manière centrifuge jusqu’aux confins du mandala, pour revenir au centre, dans un double mouvement infini de rotation : de l’intérieur vers l’extérieur, et de l’extérieur vers l’intérieur. Pour saisir le processus, il suffit d’observer les tourbillons se formant à la surface de l’eau ou bien  lors d’un souffle de vent.

 

Le mandala dans le corps humain

 

« Sans le corps, l’homme n’obtient aucun résultat[1]

 

Il existe de nombreuses formes de mandala au sein du corps humain, pour la plupart cachées (çakra), ignorées (cellules, neurones), oubliées (le cerveau, le cœur), mais il en est une fort visible, à laquelle nous ne pensons pas forcément : elle se trouve dans nos yeux. L’œil est un étonnant mandala, dont la pupille figure le point autour duquel vont se déployer les nuances de l’iris, reflétant la lumière de la vie, dévoilant la nature intérieure de l’être. L’intensité du regard en dit long sur les états d’âme, démentant parfois ce que la voix prononce.  Entrer dans les yeux d’une personne, c’est capter instinctivement son essence. Cet échange intimiste peut se révéler dérangeant, la plongée au cœur des prunelles dévoilant le « Moi » au cœur de l’être. Il arrive ainsi que l’on détourne le regard du regard de l’autre, comme on se détourne de soi-même. Etre regardé, comme regarder, c’est pénétrer dans nos abysses. Cela est troublant tout  comme aller au-dedans de soi se révèle un périple déroutant.

 

Contempler un mandala, méditer en se concentrant sur le corps, fait naître des sensations, visions et perceptions, mettant en émoi émotivité et comportement, réveillant la mémoire. L’être peut se sentir dévoilé soudainement. Le passage d’identification à la forme représentée (carré, cercle, triangle, point,…) et à l’élément concerné (terre, eau, feu,…) emmène instantanément l’être dans un espace symbolique et par résonance, les énergies (vibrations) présentes dans le corps humain, toute une réciprocité de forces et d’ondes de formes permutant de l’extérieur vers l’intérieur et inversement. Le mandala propose une expérience de vie, celle de revisiter notre existence, de la relire, de la revoir autrement. Outil d’introspection, le mandala révèle notre vérité et nous éclaire sur le chemin spirituel. Nous est simplement de réaliser en soi ce que le mandala renferme en ses lignes, rappelant notre véritable place dans le cercle ouvert de la vie. Sans cette expérimentation rituelle, parfois douloureuse, l’être ne pourra évoluer, progresser, accomplir son histoire personnelle. Et pour cela, il faudra accepter d’être « soi », vivre pleinement et en toute conscience la mise à nu, qui est révélation d’un potentiel délaissé. Le mandala offre la possibilité de déposer les masques et de se révéler tel que le « Je » est, de parvenir à une authentique et sincère clarté intérieure, de reconnaître ses valeurs naturelles.

 

Le corps recèle bien des mystères : lieu de recueillement, de transmutation, miroitement insolite des bouleversements intérieurs de l’être, il met à jour les confusions et les égarements, ce qu’il y a de plus caché, de plus ténébreux en lui. 

Les cycles vitaux internes de l’homme reproduisent le mouvement de création et de résorption de l’univers, le cosmos et l’être comportant la même énergie. L’énergie vitale cosmique est absorbée dans le corps par l’air inspiré, elle est prâna, le souffle interne animant l’être. 

(à suivre...)

 

Sylvie Verbois 



[1] Rudrayâmala (I, v.160)

 

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