Les apparences éphémères, que sont l’ego, le « Je » et le monde, mènent l’être vers la matérialité de la vie, lui faisant connaître  l’attachement, le désir, l’appétence, le « faux moi », l’égoïsme, l’égocentrisme et éprouver la petitesse du « moi, je ». L’être se lie de contraintes, vivant dans l’extériorité, dans l’apparence et le paradoxe troublant de la dualité, oubliant que la source recherchée est simplement en lui. Il se trouve en conflit entre le cœur (l’esprit) et le mental (l’ego), un va-et-vient pas toujours très agréable à expérimenter. Pour évacuer cela, replacer l’être au cœur de l’être, revenir à soi, le mandala est un instrument extraordinaire de réparation et de guérison.

Se délier par le mandala permet d’ouvrir les yeux du dedans. L’être voit dès lors avec l’œil intérieur, l’œil qui se voit lui-même. Une couleur peut naître, une forme d’énergie, une vibration qui se concrétise : sentir en soi-même ce qui vient à notre main, ce qui se manifeste en remous, en émotions, en vide, en fragile. L’acte de reliance jaillit par le dessin créé, l’être renoue avec lui-même. Il reflète le Soi (Divin) qui vit en chacun, le Soi au-delà du « moi », opérant une formidable pulsation de réconciliation.

 

Mandala, matrice divine

 

L’origine du mandala se perd dans les limbes du temps, on ne sait pas exactement comment il est né ni à quel moment il est apparu. Est-ce à force d’observer le ciel, la nuit, les formes des montagnes, des arbres, des côtes, des plis de la terre, la corolle des fleurs, le cœur des fruits… Nul ne peut le dire. Toutefois, au cœur de l’hindouisme existe la trace de mandala, sous plusieurs formes dont la plus ancienne se trouve dans le RigVeda.

Veda des strophes, le RigVeda est l’un des textes fondamentaux de l’Inde. Appelé « le savoir des chants », c’est un poème composé de 1017 hymnes, réparti en dix divisions, nommées « mandala », où les bases de la science symbolique et sacrée sont posées. Les rituels, comme les offrandes, à accomplir se retrouvent au sein de ce corpus. Les sacrifices avaient lieu pour se protéger et se défendre, en cas de famine ou de risque d’orages, lors d’une victoire militaire ou des moissons. La vie journalière était rythmée par des actes coutumiers visant à sauvegarder la cohésion de la communauté ainsi que sa prospérité.

 

Le mandala, dans son sens premier, figure l’entourage sacré de la déité, c’est un espace choisi, consacré, avec en son centre un petit tas de céréales représentant le Mont Méru (centre de l’univers), et au sein duquel sont élaborés des signes auspicieux … en relation avec une divinité : svastika, massue, disque, trident, taureau, serpent,… Il était de coutume d’en effectuer trente-trois fois le tour afin de recueillir les bienfaits du rituel.

Symbole protecteur, le mandala servait de « bouclier » contre les puissances « néfastes » (épidémies, contagions, violences climatiques,…), à  maîtriser les forces de la nature et permettait de se concilier les déités courroucées. Charmées, sensibles à l’offrande, elles s’apaisaient. Mais le mandala est surtout la manière dont la philosophie de l’Inde perçoit l’univers : « C‘est également une représentation du Cosmos en peinture, gravure ou sculpture, selon les concepts des différentes croyances, utilisée soit comme support de la méditation, soit comme un diagramme magique destiné à maîtriser les forces divines et les éléments, et dans laquelle les divinités et leurs « forces » ou énergies sont disposées selon leurs puissances ou leurs attributs… »[1]

Et c’est dans l’art que la pensée indienne va développer une observation pertinente et empirique de sa visualisation du monde, celle-ci se basant sur la géométrie sacrée, la perception symbolique, et l’innovation conceptuelle.

 

L’art symbolise l’univers en le projetant dans la matière (peinture, fresque, temple, corps), il le recompose en établissant similitudes anatomiques ou architecturales, et correspondances mathématiques (science du nombre), le reproduit par analogie, devenant ainsi un instrument au service de la connaissance sacrée.

On retrouve de cette manière la présence conceptuelle du mandala dans l’édification des temples hindous, celui-ci servant de base à sa construction.  C’est ainsi que le temple hindou est conçu à l’image de l’univers. (à suivre...)

Sylvie Verbois


[1] Louis Frédéric, Dictionnaire de la civilisation indienne (Robert Laffont/Bouquins, 1987)

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