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Note du Rédacteur :
Le texte qui suit est un cours donné par le Dr. Alexander Jacob au Forum de Londres, le 1er septembre 2012. L’approche du Dr. Jacob, si elle est exacte, implique une révolution dans les études indo-européennes, puisqu’il considère la diffusion pré-aryenne de la culture, qui inclut les civilisations minoenne, égyptienne, sumérienne, de la Vallée de l’Indus, comme faisant partie d’une plus grande culture indo-européenne.
Dans les années trente du siècle dernier, le national-socialisme chercha à combattre les régimes économiques du Capitalisme et du Communisme avec des doctrines de la primauté de la race, et de la race germanique en particulier. C’était bien sûr en partie une stratégie pour imposer le règne germanique sur le continent après l’expulsion des forces juives internationalistes qui l’avaient contrôlé jusque-là. Les glorifications de la race nordique par Alfred Rosenberg dans son Mythe du vingtième siècle, par exemple, étaient principalement conçues pour une Europe occidentale germanique mais elles négligeaient toute la partie orientale de l’Europe habitée par les Slaves et gouvernées par une culture aryenne orientale. Aujourd’hui, alors que l’Europe occidentale et centrale et des parties de l’Europe orientale aussi sont pleinement sous le contrôle des Juifs américains à travers le cadre économique et militaire transatlantique de l’Union Européenne, il est important de continuer le combat entrepris par l’Allemagne nationale-socialiste mais avec une vision plus large et plus profonde de l’Europe et de son héritage spirituel. Le but de mon discours est donc d’indiquer les origines communes de tous les peuples indo-européens ainsi que l’excellence spirituelle particulière qui les distingue des Juifs, qui en tant qu’auteurs d’un aride mono-nationalisme représentent une branche déformée de l’arbre généalogique indo-européen.
Les récentes études comparatives linguistiques et mythologiques de spécialistes comme Giovanni Semerano [1] et M.L. West [2] ont clairement établi que les origines de la religion indo-européenne doivent être recherchées dans la région de l’ancien Proche Orient et que la tendance d’autrefois à distinguer, sur la base de la différence linguistique entre langues agglutinantes et flexionnelles, la civilisation égyptienne de la sumérienne et les deux des dénommées cultures « indo-européennes » des Indo-Iraniens et des Hittites et des Grecs, a ignoré la possibilité qu’elles sont peut-être toutes issues d’une source raciale et linguistique commune [3]. Les similarités entre les religions cosmologiques des trois plus anciennes civilisations historiques de Sumer, de l’Egypte et de la Vallée de l’Indus donnent en effet crédit à cette possibilité. Les références dans l’épopée sumérienne de Enmerkar et le Seigneur d’Aratta, 141-6, à une époque où tous les peuples de la région « à l’unisson / à Enlil [4] dans une seule langue [rendaient hommage] », ainsi que dans la Genèse 11:1 aux fils de Noé [Sem, le Sémite ; Japhet, l’Aryen, et Cham le Chamite] parlant originellement la même langue renforcent cette théorie. L’orientation cosmologique et philosophique solaire commune des religions de Sumer, de l’Egypte et de l’Inde suggère aussi que ces trois civilisations pourraient en fait être issues d’une source commune. Le Pr. Petr Charvat a aussi récemment remarqué l’émergence de la première « religion universelle de la Mésopotamie » dans les cultures chalcolithiques de Tel el-Halaf en Mésopotamie du Nord et d’Obaid en Mésopotamie du Sud, dès le 6e millénaire avant J.-C.
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Concernant le foyer d’origine du peuple qui développa les aperçus cosmologiques partagés par les plus anciennes civilisations de la région, la principale preuve que nous avons est celle de la dénommée histoire du « Déluge ». L’histoire du Déluge est un récit cosmologique de la naissance de l’univers et de sa lumière après la destruction du cosmos à la fin d’un âge cosmique. Le « bateau » qui survit au déluge porte les semences de la vie universelle et vient s’échouer au sommet d’une montagne, qui est en fait l’endroit où la lumière de l’univers jaillit – comme l’indiquent les sources égyptiennes. Cependant, l’histoire du déluge est transférée sur un plan terrestre dans les récits populaires du déluge de Sumer, de l’Inde, et d’Israël. L’« arche », ou le bateau, qui vogue sur le déluge, s’échoue sur une montagne terrestre et cette montagne est considérée comme le point d’origine de la race elle-même, puisque le survivant est décrit comme un roi ou un sage primordial.
Dans le récit indien du Déluge du Bhāgavata Purāna, le survivant du Déluge est Manu (l’Homme), qui est appelé Satyavrata, Roi de Dravida, et son bateau vient s’échouer sur une montagne « nordique » non-nommée (VIII, 24). Dans le récit babylonien de Bérose, le bateau de Xisouthros, le survivant du Déluge, atterrit en Arménie. D’après Nikolaos de Damas, un contemporain d’Auguste, la montagne arménienne sur laquelle le bateau s’échoua est le mont Baris, qui pourrait être identique au Mont Ararat (au nord du lac de Van) mentionné dans le récit biblique du Déluge dans la Genèse 8:3. D’après Bérose, les Babyloniens partirent d’Arménie et peuplèrent les différentes parties de Babylone. Dans la version éthiopienne du pseudo-Callisthène grec, les brahmanes sont appelés les fils du fils d’Adam, Seth, et Noé était considéré comme un transmetteur de la sagesse de Seth. Puisqu’Adam est en fait, comme nous allons le voir, l’Homme Cosmique et non un humain, nous pouvons supposer que les brahmanes désignés ici sont associés à la préservation de la Conscience Divine du Brahman qui surgit de l’Œuf Cosmique et qui est plus tard transmise à l’humanité par Manu/Noé.
Puisque les premiers centres de haute culture sont ceux des Cananéens, des Hatti, des Elamites, des Sumériens et des Egyptiens, il est possible que la région autour du Mont Ararat ait été la région centrale d’où les proto-Dravidiens allèrent en Palestine, en Anatolie, en Egypte, en Mésopotamie et sur les rivages de la Mer Noire [5]. Il est probable aussi que l’une des premières régions à avoir été colonisée par les peuples noahides venant de l’Arménie voisine ait été l’Anatolie. Cela est suggéré par la grande antiquité des découvertes archéologiques néolithiques de Çatal Hüyük, du 7e millénaire av. J.-C. environ. La civilisation de Syrie-Palestine pourrait même être aussi ancienne que celle de l’Anatolie puisque des sites en Jordanie sont datés de la fin du 7e millénaire av. J.-C. et à Byblos du 6e millénaire. Après les découvertes archéologiques d’Anatolie et de Syrie-Palestine viennent celles de Suse en Elam, au sud-ouest de l’Iran. Speiser, tout comme Frankfort, se demanda si la source de cette culture n’aurait pas pu être en Arménie, puisque le site le plus au nord de la poterie battue du type Suse I est le Mont Ararat. Quant au récit biblique des premiers Elamites, il considère Elam comme un fils de Sem. Cela suggère qu’un constituant majeur de la population proto-dravidienne de l’Elam doit avoir été des proto-Sémites, probablement des Sémites proto-akkadiens.
Dans la première culture Obaid de la Mésopotamie du Sud, Eridu, qui date du sixième millénaire av. J.-C., présente des affinités élamites marquées. Il est important de noter que, d’après Speiser, le nom originel de Ku’ara (près d’Eridu) dans la première dynastie d’Uruk – HA.Aki – pourrait avoir été d’origine subarienne, ouhourrite. Le terme même « subari » ou, plus précisément, « suwari », est apparenté à Suvalliyat (Suvariya)/Surya, qui est aussi le nom hittite/indien du dieu solaire. Hourri serait alors la prononciation iranienne du même nom, comme le suggère le nom iranien du dieu solaire, « Hvare ». La race noahide ou proto-dravidienne originelle est donc très probablement identifiable aux proto-Hourrites qui habitaient les sites anatoliens-halafiens associés aux Subariens/Suwariens/Hourrites à partir du septième millénaire av. J.-C. Ces premiers Hourrites parlaient une langue caucasoïde agglutinante qui possédait des caractéristiques dravidiennes, et F. Bork et G.W. Brown ont révélé la relation linguistique intime entre le hourrite (avec son dialecte mitannien), l’élamite, et le dravidien. Les peuples sémitiques, japhétiques et chamitiques mentionnés dans la Bible sont tous étroitement apparentés à cette race originelle dont le nom même indique un culte solaire religieux caractéristique.
Les premiers sites de la culture mésopotamienne du Nord peuvent être trouvés à Tel el-Halaf, datant d’environ 5000 av. J.-C. La puissante influence de la culture halafienne est attestée dans les imitations de ses poteries en Arménie du sud ainsi qu’en Syrie du nord-est. La poterie de Tel el-Halaf est marquée par des motifs de bucrane qui l’associent aux sites sacrés du septième millénaire à Çatal Hüyük en Anatolie orientale, qui pourraient avoir été établis par les premiers proto-Dravidiens ou Hourrites. Charvat a révélé que les formes sociales et religieuses fondamentales de la culture mésopotamienne tardive, incluant celle d’Uruk à Sumer, sont déjà évidentes sous une forme embryonnaire dans les premiers sites chalcolithiques de Mésopotamie du Nord. Des pratiques de crémation associées à des rituels du feu sont notées ici, et Tell Arpachiyah (TT6) donne aussi la première preuve de l’usage de la triade de couleurs blanc-rouge-noir qui persiste de l’époque chalcolithique jusqu’à Uruk [6] et qui représente les trois castes originelles des Indo-Européens, prêtres, guerriers, et le peuple (c’est-à-dire agriculteurs et artisans).
L’état imparfait des recherches archéologiques dans les régions en cours d’étude interdit toute identification précise de la race originelle qui créa la culture spirituelle de ces premières civilisations de l’humanité. Cependant, puisque toutes ces civilisations sont situées dans le sud et que, d’après Gordon Childe, l’élément racial prédominant dans les premières tombes de la région allant de l’Elam au Danube est l’élément « méditerranéen » [7], nous pouvons présumer que ces premières cultures furent fondées par le génie de ce large groupe racial. La race méditerranéenne dolichocéphale, ou race « brune » [8], pourrait donc avoir constitué la première strate des populations d’Asie, d’Egypte et d’Europe. Cette race pourrait être identifiée comme la race « proto-dravidienne » ou« proto-hourrite » ou même proto-indo-européenne.
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Des trois branches linguistiques historiques associées aux fils de Noé, Sem, Japhet et Cham, la première trace littéraire est surtout celle des proto-Akkadiens sémites. Beaucoup des mots des premières tablettes d’Uruk qui furent désignées comme « proto-euphratéennes » par B. Landsberger sont plus probablement d’origine proto-akkadienne, comme G. Rubio l’a récemment remarqué. Langdon, cependant, a noté que la plupart des noms sémitiques étaient concentrés dans le nord, et cela suggère l’« entrée des Sémites dans la région nord de Kish et de Maer à une période très ancienne ». La culture akkadienne sémitique de la Mésopotamie du Nord doit aussi avoir été apparentée à celle d’Elam, qui est décrite dans la Genèse 10:20 comme un « fils » de Sem. Il n’est pas surprenant que les premiers Akkadiens étaient aussi étroitement associés à des tribus hourrites, avec lesquelles ils semblent avoir partagé une commune tradition historique. Nous avons ici une indication de la grande antiquité de la famille akkadienne sémitique.
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Bien que les premières religions attestées soient celles des Sémites et des Chamites sumériens et égyptiens, les Aryens japhétiques pourraient en fait avoir été plus anciens que les Chamites, puisque Cham est représenté dans la première version yahviste de la Bible comme « le plus jeune fils de Noé » [9]. Les Aryens sont généralement divisés en Aryens de l’est, « satem », et de l’ouest, « kentum ». Concernant les peuples aryens occidentaux, nous pouvons noter que, dans la Genèse 9:2, le fils aîné de Japhet [les Aryens] est appelé Gomère [Gamer], représentant les Cimmériens, qui sont décrits par Hérodote (IV, 14) comme ayant eu leur foyer initial « sur les rivages de la Mer Noire ». Les Cimmériens sont probablement identiques aux plus anciens Celtes, puisque les Gallois (qui sont un peuple celtique du sud, comme les Bretons) se nomment eux-mêmes, encore aujourd’hui, les « Cymry ». Diodore de Sicile (Bibliotheca Historica V, 32) dit aussi que les Celtes vivant près de la Mer Noire sont dispersés « jusqu’à la Scythie » et que les plus nordiques de ces tribus celtiques sont les plus sauvages et les plus puissantes, ayant apparemment « parcouru et dévasté toute l’Asie, sous l’ancien nom de Cimmériens ». Les Celtes du nord sont sans aucun doute les Goidels mais le fait que l’ancien nom ait été préservé surtout parmi les Gallois brittoniques pourrait être dû à la prédominance de l’élément druidique conservateur parmi ces derniers.
Bien que les Celtes soient des Aryens japhétiques occidentaux, les fils de Gomère, dans la Table des Peuples de la Bible, incluent Ashkenaz (les Scythes, qui sont des Aryens japhétiques orientaux), Riphath (incertain) et Togarma (peut-être les Tokhariens, ou les Germains, qui étaient nommés Tungri). Les Celtes et les Scythes sont étroitement associés, comme cela est indiqué par Strabon (XI, 7, 2) qui dit que les auteurs grecs donnaient le nom de Scythes ou de Celto-scythes à toutes les populations du nord.
Les « frères » de Gomère incluent Magog (les Mages ou Iraniens), Madaï (les Mèdes/ Mitanniens/Indo-iraniens), Yavan (Grecs), Toubal, Meshek et Tiras, les trois derniers étant inidentifiables. Les Iraniens japhétiques orientaux sont représentés dans Hérodote comme adorant le « cercle du ciel » (Ahura, de Ashur/Anshar = cercle du ciel) ainsi que les corps célestes. Les Iraniens dont parle Hérodote ne construisaient cependant pas de temples ou de représentations statuaires de leurs déités (I, 131), et cela souligne leur ancienne affiliation avec les Scythes, alors que les Hourrites mitanniens et hittites, au contraire, n’étaient certainement pas hostiles à de telles représentations. De plus, les rituels iraniens sont décrits par Hérodote comme n’impliquant pas le feu, même si la religion zoroastrienne ultérieure – comme l’indienne – est effectivement caractérisée par son culte du feu, Atar. Cela suggère que les Iraniens ultérieurs doivent être entrés en contact dans le sud avec les Pururuva Ailas [Elamites/Hourrites], qui, comme nous le verrons, reçurent leur culte du feu des Gandharvas qui sont apparentés aux colons du Complexe Archéologique bactro-margien [BMAC] en Afghanistan.
La première branche historique des Indo-Aryens apparaît au XVIe siècle av. J.-C. en Mésopotamie du Nord, dans le royaume de Mitanni. Le foyer originel des Mitanniens demeure incertain. Les Mitanniens eux-mêmes pourraient être identifiables aux Mèdes, et, comme Hérodote (VII, 69) le révèle, les Mèdes étaient jadis universellement nommés Arians. Les Mèdes pourraient avoir été apparentés aux proto-Iraniens, puisque plusieurs mots mèdes peuvent être retrouvés dans le vieux-persan. Les rois mitanniens ont des noms sanskritiques distingués par leur affiliation avec le char, et cette caractéristique se reflète aussi dans les noms (Keres-aspa, Pourus-aspa) de la branche iranienne de la famille aryenne, ainsi que dans le prestige extraordinaire attribué au cheval par les Indo-Aryens dans leurs rituels sacrés. L’étroite relation entre les Indo-Aryens et les Iraniens et les Scythes est confirmée par la vénération du cheval parmi les Scythes, rapportée par Hérodote (IV, 61). Cependant, les Mitanniens présentent une adhésion à une forme de religion védique (et non à la forme zoroastrienne avestique ultérieure), avec un culte de déités hourrites, établissant ainsi le caractère relativement tardif de la religion zoroastrienne.
Le troisième et plus jeune groupe des Aryens orientaux, les Scythes, est situé par Hérodote au nord de la Mer Noire dans une étroite proximité avec les Cimmériens, qui sont représentés dans la Table des Peuples de la Bible comme leurs ancêtres (« père ») sous le nom de Gomère. D’après Hérodote (IV, 3), les Scythes se considéraient comme les « plus jeunes de toutes les nations ». Cependant, le vaste territoire des Scythes s’étendait de la Russie à l’Asie Centrale. Les Scythes sont aussi étroitement associés aux Indo-Iraniens avec lesquels ils partageaient une langue aryenne « satem » orientale et beaucoup de leurs pratiques religieuses. La prédominance de la langue iranienne dans les régions habitées par les Cimmériens et les Scythes, c’est-à-dire du Danube au Dniepr, est aussi prouvée par les noms du Danube, du Dniepr et du Dniestr, qui emploie le terme avestique « danu » pour fleuve. En effet, cette région correspond à celle habitée par les Slaves et nous pouvons raisonnablement considérer les Scythes comme les ancêtres de ces derniers.
La description des Scythes par Hérodote (IV, 59) suggère cependant qu’ils ne possédaient pas beaucoup de sophistication dans leurs rituels religieux. Darius I (522-486 av. J.-C.) parle lui-même des Sakas comme étant « indisciplinés » et non consacrés à Ahura Mazda. La description par Hérodote des coutumes religieuses des Scythes (IV, 59) révèle en effet leur fort penchant à la vie martiale, puisqu’ils n’érigeaient apparemment pas d’autels ou de statues à leurs dieux, sauf à Arès, dieu de la guerre. Les recherches d’Eliade indiquent aussi une application pratique très rudimentaire des bases spirituelles de la religion cosmologique de l’ancien Proche Orient à des rituels quasi-chamaniques. Cela explique aussi leur ancienne désignation de « hoamavarga », ou « buveurs de soma », Scythes.
Il est intéressant de remarquer, cependant, que même les Indiens et les Iraniens avestiques semblent avoir originellement avoir été des peuples nomadiques apparentés aux Scythes, comme cela est attesté par la langue de l’Ancienne Avesta, où le cosmos est vu comme une immense tente. Cependant, il semble y avoir eu ensuite d’autres vagues d’Indo-Aryens qui s’établirent dans le Complexe Archéologique bactro-margien [situé dans l’Afghanistan et le Turkménistan actuels] vers 2200–1700 av. J.-C. et dans la région de Gandhara [autour de Peshawar] vers 1700 av. J.-C., des vagues qui avaient conservé la tradition des rituels du feu. L’origine de ces cultures peut finalement être retrouvée dans les cultures des Tombes des huttes et des fosses de l’Ukraine (vers 2800 av. J.-C.) et, antérieurement, dans la Culture de Jamna (quatrième millénaire av. J.-C.), également au nord de la Mer Noire. Des autels du feu élaborés sont évidents dans les ruines du complexe de BMAC, qui correspondent aux sacrifices aryens du feu. Les temples contiennent aussi des chambres avec « tout le matériel nécessaire à la préparation de boissons extraites du pavot, du chanvre et de l’éphédra » qui pourraient avoir été utilisées pour les rituels du soma [10].
Quand nous approfondissons la question cruciale de l’institution des rituels du feu chez les Indo-Aryens, nous devrions nous souvenir que ni les premiers Iraniens, ni les Indo-Aryens mitanniens, ni les Scythes ne présentent la moindre trace d’un tel culte du feu. Dans les Purânas, Pururavas, le premier roi aila [= élamite ?], est dit avoir obtenu le feu sacrificiel des « Gandharvas », qui lui transmirent aussi la constitution des trois feus sacrés des Aryens. Cela suggère que les premiers Hourrites d’Elam et les premiers Iraniens n’adoraient pas le feu et apprirent cela d’une vague ultérieure plus nordique d’Aryens. Cependant, même les Gandharvas sont inclus dans les dynasties ailas [= élamites ?] des Purânas, ce qui suggère qu’eux aussi étaient une branche nordique et orientale de proto-Hourrites identifiable à la japhétique. Ces tribus japhétiques qui se dirigèrent vers le nord, vers les steppes pontiques-caspiennes créèrent ici la culture deJamna, qui est considérée comme la source majeure des peuples aryens.
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Quant aux Aryens « kentum » occidentaux, même si les Cimmériens ou Celtes, représentés par Gomère, sont considérés comme les premiers-nés de Japhet, la première trace historique d’une langue « kentum » apparaît en Anatolie, parmi les Hittites. Les dénommés Hittites étaient, à la différence des Hatti natifs, des Aryens. Mais, comme les Japhétites cimmériens (ainsi que les Sémites et les Chamites), ils ne fournissent aucune indication de rituels du feu dans leur culte religieux. Le royaume hittite manifeste aussi une forte influence culturelle néo-hourrite à partir du XVe siècle av. J.-C. et beaucoup de reines hittites portent des noms hourrites, tout comme pour les Mitanniens. La religion hittite est pleinement suméro-hourrite mais a aussi des affinités particulières avec les religions mitannienne et indo-aryenne.
Les Grecs arrivèrent très probablement dans la région de l’Hellade vers 2200 av. J.-C. en venant de l’Anatolie, bien qu’il soit possible que des tribus japhétiques des rivages de la Mer Noire soient aussi parvenues jusqu’en Grèce. La culture minoenne pré-grecque de la Crète fut cependant instrumentale dans le développement de l’écriture du Linéaire A (avant 1700 av. J.-C.) qui précéda le Linéaire B mycénien aryen (1300 av. J.-C.). Et de même que l’écriture crétoise est à la base de l’écriture mycénienne, leur religion est aussi continuée inchangée par les immigrants ultérieurs. Il n’est donc pas surprenant que le Zeus crétois, qui est le fils de Chronos, soit appelé Zagreus, ce qui suggère une origine de la déité dans les montagnes de Zagros dans l’ouest de l’Iran.
Plus à l’ouest, l’une des plus anciennes branches des peuples germaniques est appelée les Alamans, un nom qui est certainement apparenté aux Aryamanni, qui pourrait aussi être l’original du terme « Arménien ». D’après Snorri Sturlusson, l’auteur de l’Edda en Prose, les Germains reçurent d’abord leur religion des Anatoliens qui migrèrent en Europe. Le premier Anatolien (l’un des « Aesir » [Asuras]) qui migra en Germanie est dit être « Voden » ou « Odin », le dieu du Vent [la forme germanique originelle, Wotan, est clairement apparentée à l’indo-iranien Wata, une forme du dieu du vent, Vâyu]. Odin, cependant, est dit être un descendant éloigné de « Tror » ou « Thor », fils d’un roi troyen nommé Memnon ou Munon [= Manu ?] qui avait épousé une fille du roi Priam. On dit que Thor lui-même parcourut d’abord la Thrace, puis d’autres parties du monde. Nous remarquerons que la Thrace est aussi la source du culte dionysiaque.
Les trois fils d’Odin, Vegdeg, Beldeg (Baldur) et Sigi, régnèrent sur la Germanie de l’Est, la Westphalie et la France, respectivement. Des expéditions ultérieures menèrent Odin au Danemark, en Suède et en Norvège, et ainsi il réussit à diffuser la « langue de l’Asie » dans toute l’Europe. Nous voyons donc la centralité de l’Anatolie comme le pays dont la plupart des cultures indo-européennes occidentales furent issues, même si les Cimmériens celtiques étaient en grande partie situés au nord de la Mer Noire.
D’après Tacite, Mannus [apparenté au Manu indien] était l’ancêtre de la race germanique, et il eut trois fils représentés par les Ingvéones (les Germains du nord, incluant les Scandinaves et les ancêtres des Anglo-Saxons), les Herminones (les Germains de l’ouest, incluant les Goths, les Burgondes et les Lombards) et les Istaévones (les bas-Germains, les Francs, les Frisons et les Belges). La première tribu germanique à avoir traversé le Rhin et expulsé les Celtes indigènes furent les Tungri (une tribu belge), dont l’autre nom, les Germani, était utilisé pour toutes les tribus.
Le principal dieu des Germains était d’après Tacite le dieu créateur Tuisto [de Tvashtr/ Tvoreshtar/Tartarus], bien que Ingvi, un autre nom de Freyr, doit avoir été le dieu des Ingaévones de même que Hermin, un nom de Wotan, doit avoir été la principale déité des Herminones, alors que Istae demeure obscur.
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En ce qui concerne les aperçus cosmologique et philosophique qui inspirent les anciennes religions, il est probable qu’ils furent développés d’abord par la méditation yogique, ainsi que le Brahmānda Purāna I, i, 3, 8, par exemple, le déclare. Il est significatif que, dans le Mahabhārata, Shalyaparva, 44, Skanda ou Muruga, le dieu dionysiaque des Dravidiens, est décrit comme doté de pouvoirs yogiques alors que son père Shiva est, dans le Mbh, Anushāsanaparva, 14, qualifié d’« âme du yoga » et d’objet de toute méditation yogique. Puisqu’il est très probable que la race noahide fut en fait une race proto-dravidienne/proto-hourrite, il est probable que cette profonde connaissance yogique de l’univers était l’une de ses caractéristiques.
La religion des anciens était basée sur une vision spirituelle de la formation du cosmos. Après le déluge cosmique qui marque la fin du premier âge cosmique (kalpa), l’Ame Divine, l’Atman, à l’intérieur de l’océan cosmique (le Gouffre) recrée graduellement le cosmos en prenant la forme d’un Macroanthropos Idéal, ou Homme Cosmique. Le souffle de la force de vie (Vāyu/Wotan) de l’Homme cosmique s’unit d’abord à la matière (la Terre) pour former un complexe étroitement uni de Ciel (la substance du Purusha) et de Terre. Mais l’aspect temporel (Kāla, Chronos) du souffle ou vent en mouvement rapide sépare aussi les deux éléments, un événement représenté comme une castration du Purusha. La semence qui tombe du phallus sectionné imprègne le Purusha lui-même avec un Œuf Cosmique d’où surgit le cosmos manifesté, lui-même composé de la substance terrestre et de la lumière céleste (le Brahman). Ce Brahman lumineux est aussi représenté anthropologiquement comme un Homme Cosmique.
Cependant, cette lumière continue à posséder une qualité orageuse qui est une persistance de Chronos dans le cosmos manifesté. Cette force, représentée par Zeus/Seth/Ganesha, brise la lumière et la force à descendre vers les régions inférieures de la Terre, où elle demeure moribonde comme, par exemple, Osiris. Néanmoins, la même force orageuse a entretemps avalé le phallus divin et fait donc finalement revivre la lumière moribonde dans le monde souterrain, par sa puissance. Puis elle sépare la substance de la Terre en régions terrestre et céleste de notre univers et émerge par la fissure entre les deux dans la région intermédiaire des étoiles, sous forme d’un Arbre de Vie ou d’un Phallus universel. La semence de cet univers nouvellement formé est ensuite semée dans notre galaxie, d’abord sous forme de la lune et ensuite la force solaire émerge finalement au-dessus du sommet de l’Arbre (Phallus) sous forme du soleil.
Le processus de développement de la vie sur terre est supervisé par le septième Manu de notre âge, que nous avons rencontré comme le Roi de Dravida. Ce Manu est responsable de la continuation de l’humanité sur la terre ainsi que de son évolution spirituelle. Dans cette tâche il est assisté par sept sages, qui représentent la sagesse et la culture de l’homme éclairé. Les brahmanes sont issus de ces sept sages et ainsi nous voyons que la religion brahmanique est en fait la plus ancienne et qu’elle est originellement marquée par l’élévation spirituelle yogique.
Puisque nous avons identifié les proto-Indo-Européens comme des proto-Hourrites ou des proto-Dravidiens, nous pouvons nous demander ce que pouvait être la première forme de leur religion. Nous avons noté que les Cimmériens sont les plus anciens des Aryens japhétiques et nous savons que leurs prêtres étaient appelés druides, donc il est possible que les druides soient en fait des descendants des proto-Dravidiens eux-mêmes. La similarité phonétique de « druide » avec « Dravida » est évidente. Dans les textes classiques, le nom des druides apparaît le plus souvent sous une forme plurielle, comme des « druidai » (Gk.) ou « druidae » ou « druides » (Lt.) [11]. En irlandais, « drai » ou « drui » est la forme singulière d’un mot signifiant « homme sage », dont « draod » ou « druid » est le pluriel. L’association des druides avec le mot grec pour « chêne », faite pour la première fois par Pline (Historia Naturalis XVI, 95), est probablement une association ultérieure due à l’importance du culte de l’arbre parmi les anciens druides, ainsi que parmi la plupart des anciens peuples indo-européens, puisque l’arbre sacré sert de symbole au phallus divin représentant la vie de l’univers.
Les druides semblent avoir été les prêtres des Celtes cimmériens, spécialement en Gaule et en Bretagne. Puisqu’il n’y a pas de trace d’eux dans d’autres territoires celtiques comme le Danube, la Gaule cisalpine et transalpine, il est possible qu’ils soient eux-mêmes d’origine non-celtique [12]. Cependant, parmi les Gaulois, les druides, avec les « equites » [chevaliers], constituaient les « castes » supérieures. Piggott pensait que la tradition druidique pouvait remonter au moins au second millénaire avant J.-C., puisqu’elle a beaucoup en commun avec la langue et l’idéologie indo-européennes, spécialement la sanscrite et la hittite [13]. Néanmoins, il est très possible que les druides se soient établis en Europe avant même les Aryens, peut-être dès le troisième millénaire avant J.-C. Le dieu à trois têtes attribuable aux druides dans la Marne et la Côte d’Or est peut-être apparenté au dieu à trois (ou quatre) têtes [14] de la Vallée de l’Indus au troisième millénaire avant J.-C. [15]. C’est pourquoi il n’est pas surprenant que Clément d’Alexandrie pensait que les philosophes pythagoriciens et grecs avaient hérité leur sagesse des Gaulois et d’autres barbares [16], par quoi il entendait sans doute le noyau religieux druidique de ces tribus. Dion Chrysostome (1er siècle apr. J.-C.) considérait les druides comme similaires aux mages perses, aux prêtres égyptiens et aux brahmanes indiens. On peut se rappeler que F.E. Pargiter maintenait autrefois que le brahmanisme lui-même n’était peut-être pas aryen originellement, mais avait peut-être été emprunté aux Dravidiens et inclus dans la religion indo-aryenne [17]. Cependant, Pargiter ne considérait pas la possibilité que les cultures aryenne et plus tard dravidienne aient pu être issues d’une culture spirituelle proto-dravidienne-hourrite.
La religion des druides était clairement cosmologique, comme cela est attesté dans les commentaires de César, qui leur attribuait une grande connaissance des étoiles et de leur mouvement, et de la taille du monde [18]. Ammien Marcelin déclarait qu’ils étudiaient « les problèmes des choses secrètes et sublimes » [19]. Diodore de Sicile, à la suite de Posidonios, maintenait qu’ils pensaient que « les âmes des hommes sont immortelles, et d’après un certain nombre d’années elles connaissent une seconde vie quand l’âme passe dans un autre corps » [20], ce qui est aussi la doctrine des proto-Dravidiens qui formulèrent les principes originels de la religion indienne.
Bien que la religion celtique incluait des sacrifices, y compris des sacrifices humains, il n’y a néanmoins pas de preuve d’un culte du feu parmi les druides, tel qu’il devint caractéristique des Indo-Aryens et des Iraniens [21]. Cependant la vénération du feu parmi les anciens Celtes peut être vaguement détectée dans la fréquence relative de l’appellation « Aed » (feu) parmi les légendaires et premiers grand-rois historiques de l’Irlande [22]. C’est seulement parmi les proto-Aryens que les rituels religieux indo-européens devinrent centrés sur le culte du feu, ce qui implique une dramatisation externe des événements cosmiques et en particulier de la naissance du soleil dans le feu sacrificiel sacré, Agni. Cependant, avec l’apparition des cultures chamitiques ultérieures de Sumer et d’Egypte, l’adoration des forces cosmiques prit des formes anthropomorphiques et le culte idolâtre dans un temple devint la règle, comme plus tard dans l’hindouisme aussi. En même temps, il faut remarquer que les temples des anciens Indo-Européens ainsi que les rituels du feu des Aryens sont tous deux également bâtis sur un plan sacré (mandala) du Purusha qu’on fait revivre, par les divers rituels accomplis ici, dans sa splendeur solaire cosmique originelle. Dans les sacrifices indo-aryens, l’officiant subit une mort et une renaissance rituelles en tant que le soleil, alors que dans le culte du temple chamitique, l’idole sacrée est adorée comme une représentation vivante du soleil naissant et en développement. Ces deux formes de culte sont naturellement apparentées aux exercices yogiques tantriques qui emploient les correspondances entre le macrocosme et le microcosme pour diviniser l’adepte lui-même.
Les dieux des diverses cultures qui émergèrent du foyer originel des Indo-Européens symbolisent les divers aspects vitaux du Purusha macro-anthropomorphique. Ainsi Enlil, Vāyu, Wotan, représentant le souffle divin de la force de vie, sont des dieux majeurs chez les Sumériens, les Indiens et les Germains ; Thor, Zeus, Indra, Perun représentent la force orageuse chez les Germains, les Grecs, les Indiens et les Slaves ; et Atoum, An, Brahman, Mithra, Hélios, Sol sont adorés par les Egyptiens, les Sumériens, les Indiens, les Zoroastriens, les Grecs et les mithraïstes comme la Lumière cosmique. Alors que les sacrifices du feu et les rituels du temps des anciennes religions indo-européennes étaient considérées comme nécessaires pour le bien-être du Purusha et le bon fonctionnement de l’univers, le but du sage vraiment éclairé, cependant, était de totalement transcender l’incarnation cosmique au moyen de l’ascèse yogique.
* * *
Nous avons vu que la prisca theologia des anciens Indo-Européens est clairement une théologie polythéiste, et la transformation de ce polythéisme en pseudo-monothéisme chrétien sous l’influence du monothéisme hébreu mérite un examen approfondi. Le monothéisme hébreu devrait plutôt être qualifié de mono-nationalisme basé sur le culte tribal de Yahvé, le dieu des Hébreux. Les Hébreux sont une branche des Araméens sémitiques (et indo-européens) occidentaux, et sont reconnaissables aux « Habiru » nomades de l’ancien Proche Orient qui étaient considérés comme des brigands et des mercenaires dangereux et subversifs [23]. L’aversion abrahamique originelle pour le polythéisme cosmologique des Indo-Européens est évidente d’après les références dans les Antiquités Juives (I, 157) de [Flavius] Josèphe et dans De mutatione nominum, 72-6, de Philon le Juif. Si la religion véritablement universelle des Indo-Européens est basée sur une compréhension scientifique et philosophique du cosmos, le monothéisme hébraïque commença et continue aujourd’hui non pas tant comme un culte de toutes les forces spirituelles universelles, mais plutôt comme une doctrine politique de mono-nationalisme (c’est-à-dire la concentration unique sur l’histoire des Israélites comme étant le destin de l’humanité). La révolte monothéiste mono-nationaliste des Hébreux (Abraham) contre les religions cosmologiques de leurs voisins dans l’ancien Proche Orient représente donc la première chute de l’humanité sous direction juive, s’éloignant de son foyer spirituel originel. Comme le remarqua l’historien culturel anglais du XIXe siècle, Houston Stewart Chamberlain, l’esprit principalement matérialiste des scribes juifs est clairement évident dans leur transformation des spéculations mythologiques élaborées des Suméro-Akkadiens en une simple chronique historique de la tribu juive elle-même :
« Les idées fantastiquement scientifiques de la Genèse, concernant l’origine du monde organique [qui fut originellement la conception mythique et symbolique d’un peuple imaginatif (probablement les Suméro-Akkadiens)] (…) tout cela devint de l’‘histoire’ [dans les mains des Juifs] et ainsi perdit en même temps toute signification comme mythe religieux ; car le mythe est élastique et inépuisable, alors qu’ici c’est une simple chronique des faits, une énumération des événements, qui se trouve devant nous. C’est du matérialisme (…) avec cette vision de la religion, seules des fins pratiques sont poursuivies, pas des fins idéales. » [24]
Il est vrai qu’il y a un certain mysticisme cosmologique dans les œuvres kabbalistiquescomme le Sepher Yetzirah (le Livre de la Création) et le Zohar (le Livre de la Lumière), qui furent aussi composés durant les premiers siècles de l’ère chrétienne. Ces œuvres, comme les écrits gnostiques, furent dérivées selon toute probabilité des Assyriens parmi lesquels les Hébreux furent exilés au VIe siècle avant J.-C. [25] et contiennent certains aperçus concernant les bases cosmologiques originelles des toutes premières sections de la Genèse. La Kabbale commence par la Déité ineffable Ein-Sof (correspondant à l’Atman) et postule deux trinités émanant d’elle, représentant l’Homme Idéal (Adam Kadmon) et l’Homme Cosmique. La première trinité idéale est constituée de :
- L’Etre (Eheieh) également appelé Kether ou Couronne, conçue comme un point, Arich Anpin,
- la lumière idéale constituée d’un Père, Chokmah (également appelé Yahvé) et d’une Mère, Binah (également appelée Elohim), et leur progéniture,
- une hypostase mâle appelée Chesed (également appelée El) et une hypostase femelle appelée Geburah (également appelée Eloh).
Les deux derniers ensemble produisent la seconde trinité cosmique, gouvernée par :
- Tiphereth ou le Roi (également appelé Eloha), qui correspond à la brillante Conscience divine de Brahman et aussi au Christ cosmique. Le Roi règne sur :
- une hypostase male, Netzah (également appelée Yahvé Sabaoth) et une hypostase femelle, Hod (également appelée Elohim Sabaoth) qui à son tour produit :
- Yesod (également appelé El Chai), correspondant à Rê comme Osiris, et le monde femelle de la matière Malkuth (également appelée Shekinah) correspondant à Isis.
L’effet final de cette évolution cosmique qui est la création du soleil n’est pas évoqué dans la Kabbale. Cependant, nous remarquons que la conception kabbalistique de Yahvé est en fait plus élevée que la conception biblique où Yahvé est considéré comme le créateur de l’Adam terrestre et comme le dieu des seules tribus juives.
Quant au culte chrétien, le fait que celui-ci aussi fut dérivé des notions cosmologiques indo-européennes, et qu’il remonte, comme la Kabbale, à l’époque de l’exil babylonien, apparaît clairement dans les descriptions cosmologiques gnostiques contemporaines du Christ comme étant la manifestation macro-anthropomorphique cosmique de l’Idée de Dieu, ainsi que dans l’histoire extraordinaire de la mort et de la résurrection du Christ lui-même, puisque cela ne peut être qu’une historicisation du drame cosmique de la descente de la force solaire (Osiris) dans le monde souterrain et de son émergence ultérieure en tant que soleil (Horus) de notre système solaire. Une autre preuve de la base mythologique de l’histoire du Christ est l’emploi d’un « charpentier » comme père de Jésus, puisque cette figure correspond exactement à la force formative Tvashtr (Tuisto chez les Germains) de l’Homme Cosmique, Purusha, car le nom indo-iranien Tvoreshtar signifie aussi charpentier. C’est Tvashtr qui forme la semence de la lumière de l’univers qui apparaît en tant que Brahman, alors que l’imprégnation du substrat matériel du cosmos est entreprise par le souffle de Purusha, représenté comme la déité du vent Vayu (Wotan), qui correspond au Saint Esprit chrétien. Comme nous le savons, au concile d’Ephèse en 431 après J.C., la Vierge Marie aussi fut confirmée comme la mère non d’un fils humain mais plutôt de Dieu, alors que le concile de Latran en 469 clarifia que Marie conçut Jésus par l’entremise du Saint Esprit. La traduction de ce mythe cosmologique de Jésus, qui est le même que celui de Hélios/Brahman, en un récit historique situé à l’époque romaine en Judée est peut-être l’œuvre des Juifs qui se faisaient appeler les Evangélistes, et de Paul, qui souhaitait faire du culte chrétien un culte juif international en ajoutant un chapitre final à l’histoire juive de l’Ancien Testament.
L’aversion chrétienne envers la forme historique et nationaliste du judaïsme biblique apparaît déjà dans les doctrines du premier penseur chrétien, Marcion de Sinope (IIe siècle apr. J.C. environ) [26]. Marcion était révolté par la conception hébraïque de Yahvé comme dieu tribal qui approuve toutes sortes de crimes de la part de ses Israélites « élus » et, comme les Gnostiques contemporains, il différenciait le démiurge de l’univers matériel, Yahvé, du « Père Céleste » du Christ, qui est identifié à la première hypostase, Chokmah, du système kabbalistique qui génère Tiphereth/Brahman/le Christ cosmique. L’opposition de Marcion à Yahvé nous montre que, déjà à l’époque de Marcion, la conception de Yahvé de l’Ancien Testament était considérée comme totalement différente de la conception kabbalistique. D’après Marcion, les péchés de l’humanité créée par Yahvé devaient être expiés par le sacrifice du Dieu Incarné, le Christ, pour que tous les hommes puissent hériter de la Vie éternelle. Malheureusement, en dépit du discernement intellectuel de Marcion, celui-ci fut excommunié par l’Eglise Romaine qui renforça ses connexions judaïques en formant une église orthodoxe « catholique », ou universelle.
Le christianisme antijuif de Marcion, ainsi que les enseignements des Gnostiques qui allèrent jusqu’à identifier le dieu juif au « diable », la déité diabolique qui règne dans le monde de la matière, mettent en évidence le fait que l’Ancien Testament tel que nous le connaissons néglige les bases spirituelles de la cosmogonie polythéiste plus ancienne contenue dans la Kabbale en faveur d’une glorification monothéiste de l’histoire des tribus juives. En effet, le judaïsme a grosso modo subordonné les exégèses kabbalistiques à l’étude littérale de la Torah et du Talmud qui sont des archives mondaines de la vie politique et sociale juive ancienne et manquant totalement de spiritualité. Le manque de tout fort développement de la Kabbale comme culte juif majoritaire confirme les origines étrangères du système, et son modèle cosmogonique quasi-polythéiste n’a pas réussi à transformer l’obsession ethno-politique des Hébreux qui donnèrent à la religion révolutionnaire d’Abraham sa forme première et la plus typique.
Bien que les Européens furent forcés d’oublier leurs propres religions indo-européennes cosmologiques lorsqu’ils furent convertis à une religion juive réformée, le christianisme, ils conservèrent la sensibilité religieuse polythéiste originelle du christianisme dans leur adhésion à la doctrine de la Sainte Trinité de Dieu le Père, Dieu le Fils et le Saint Esprit, ainsi que dans l’adoration catholique romaine de Marie et de plusieurs saints. Avec les révoltes protestantes, et spécialement puritaines, contre le catholicisme, cependant, les aspects cosmologiques de la Trinité et du culte marial furent évacués par un retour à une interprétation littérale, mondaine et monothéiste de l’Ancien Testament.
Aujourd’hui cette tendance a progressé à un tel point que les Evangélistes actuels en Amérique combattent pour Israël comme si c’était pour leur propre nation. Puisque, comme nous l’avons vu, la forme rabbinique du judaïsme n’est pas vraiment religieuse mais est plutôt un culte politique soudant les Juifs dans leurs ambitions matérialistes et financières, le combat des puissances occidentales pour Israël est un combat qui ne peut espérer établir qu’un paradis matériel, de style Las Vegas, sur une terre gouvernée de manière dictatoriale par le soi-disant « Dieu » d’Israël. Les efforts militaires, commerciaux et sociaux des Juifs sionistes pour soutenir leur aberrante religion mondaine et l’Etat israélien qui lui sert de symbole politique constituent donc aujourd’hui la menace la plus alarmante pour la culture spirituelle cosmocentrique des Indo-Européens qui forme le fondement profond des civilisations européenne et indienne.
Pour que l’Europe recouvre sa force, elle doit couper tous les liens avec les accessoires et les associations juifs du christianisme, c’est-à-dire qu’elle doit revenir aux formes plus anti-judaïques de christianisme qui caractérisaient l’Eglise Catholique Romaine à la fin du Moyen Age et les deux empires qui se développèrent sous son égide, le Saint Empire Romain et l’Empire Byzantin. Un tel christianisme rénové, en accord avec l’esprit du polythéisme cosmique et du renoncement à soi que nous avons aperçu dans les anciennes religions indo-européennes, est le fondement évident de la réunification des diverses parties de l’Europe, occidentales et orientales. C’est en même temps le plus sûr barrage contre le sionisme qui continue l’irréligiosité des Juifs yahvistes sous la forme de l’internationalisme athée marxiste et de ses diverses formes vides du modernisme. Si l’Europe veut survivre aux effets apocalyptiques des deux grandes guerres du dernier siècle, elle doit être réunie à nouveau par une culture religieuse uniforme dont l’élévation spirituelle pourrait permettre à ses peuples d’assumer à nouveau la maîtrise de ses propres terres anciennes et sacrées.
Notes
- Voir Giovanni Semerano, Le Origini della Cultura Europea: Rivelazioni della linguistica storica (Florence: Leo Olschki, 1984-94). Le dictionnaire étymologique fourni dans cet ouvrage donne des origines akkadiennes et sumériennes à beaucoup d’anciens mots grecs, latins et germaniques.
- Voir M. L. West, The East Face of Helicon (Oxford: Clarendon Press, 1997).
- En fait, il sera nécessaire à partir de maintenant de renommer l’actuel terme linguistique « proto-indo-européen » par « proto-aryen », puisque « proto-indo-européen » dénote mieux la langue proto-dravidienne-hourrite originelle dont le sémitique, le dravidien moderne et l’aryen sont issus, plutôt que la première forme de sa branche japhétique/aryenne. Le proto-indo-européen doit aussi inclure des éléments sémitiques puisque le sémitique en est l’une des plus anciennes branches. L’opposition moderne entre « indo-européen » et « sémitique » doit donc être reconstruite comme une opposition religieuse plutôt qu’une opposition linguistique ou raciale, en se basant essentiellement sur l’opposition radicale d’une branche des Sémites, les Hébreux monothéistes et mono-nationalistes, envers la religion cosmologique des autres branches de la famille indo-européenne (voir Josèphe le Juif, Histoire Juive, I, 157, et Philon le Juif, De Mutatione Nominum, 72-6).
- Enlil, le dieu sumérien du Vent, est le même que Vayu [sanscrit], Wata [Avestique], Wotan [germanique], qui représentent le souffle de vie de la déité suprême sous sa forme macro-anthropomorphique.
- Les rivages nordiques de la Mer Noire, dans l’Ukraine actuelle, peuvent être identifiés comme le foyer d’origine des Aryens japhétiques.
- P. Charvat, Mesopotamia before history, p. 92. Dans l’antiquité grecque, le noir a pu indiquer la matière primordiale, le rouge la matière et le blanc l’esprit (ibid., p.93). Cela correspond aux trois énergies fondamentales de la philosophie indienne, Tamas, Râjas, Sattva. L’association des trois castes indiennes, brahmanes, kshatriyas et sûdras, à ces couleurs est due à la prédominance des éléments sattviques, rajasiques, et tamasiques, respectivement, en elles.
- Voir G. Childe, The Dawn of European Civilization (London: K. Paul, Trench, Trubner and Co., 1961), p.109. Les preuves germaniques pour ce type datent de la fin de la période chalcolithique (début du 4e millénaire av. J.-C.) appelée Danube III.
- Voir H. Heras, Studies in Proto-Indo-Mediterranean Culture (Bombay: Indian Historical Research Institute, 1953), p. 465 : « La race méditerranéenne, ethnologiquement considérée, forme le sous-groupe brun à l’intérieur de la race blanche, dont on dit qu’elle se trouve en Europe dans la Péninsule Ibérique, en France du Sud, en Italie du Sud, dans les Iles de la Méditerranée et dans la Grèce continentale ».
- Voir Interpreter’ Bible, I:560.
- Voir J. P. Mallory et V. H. Mair, The Tarim Mummies, p.262.
- Voir S. Piggott, op.cit., p.89.
- Le type druidique est peut-être le plus évident aujourd’hui parmi les Gallois, dont la manière de prononcer l’anglais est remarquablement similaire à celle des Indiens du Sud.
- Voir S. Piggott, op.cit., p.74.
- La quatrième tête du dieu est invisible puisqu’elle est tournée vers l’arrière.
- Voir, par exemple, M. Jansen, Die Indus-Zivilisation.
- Voir S. Piggott, op.cit., p.81.
- Voir F. E. Pargiter, Ancient Indian Historical Tradition (London: Milford, 1922), Ch.26.
- Ibid.
- Voir S. Piggott, op.cit., p.101.
- Ibid., p.102.
- Voir plus loin, pp.140ff.
- Par exemple, Áed Rúad (voir le Lebor Gabála Érenn).
- Voir J. Bottero, Le problème des habiru, Paris, 1954 ; cf. S. Smith, Early History of Assyria (London: Chatto and Windus, 1928), p.192. L’équation de « habiru » avec « Hébreu » est confirmée par l’explication de Philon le Juif concernant le terme tardif de « migrant » (De Migratione Abrahami, 20).
- The Foundations of the Nineteenth Century, tr. J. Lees (London: John Lane, 1911).
- Le Sepher Yetzirah date environ du second siècle après J.-C. et contient des notions cosmogoniques babyloniennes, égyptiennes et helléniques. Le Zohar fut publié pour la première fois dans l’Espagne du XIIIe siècle par Moses de Leon, qui attribua l’ouvrage au Rabbin Shimon bar Yochaï du second siècle après J.-C. Cependant, une grande partie de l’ouvrage pourrait dater de l’époque du Talmud
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