L'Âyurveda, mère de la Médecine ? Ce n’est certes pas une utopie, mais bien une réalité. Philosophie, spiritualité, médecine, art de vivre, l'Âyurveda offre un chemin de santé où l’être humain est responsable de son bien-être, une voie royale qui a largement influencé les conceptions médicales, traçant les lignes de ce que serait la santé parfaite. En effet, son approche originale a séduit et inspiré bon nombre de systèmes thérapeutiques, et ses apports aux médecines traditionnelles comme alternatives sont insoupçonnés. Il est même possible de d’affirmer que toutes les médecines ont quelque chose de l'Âyurveda en elles, des plus anciennes aux dernières nées : techniques corporelles, aromathérapie, phytothérapie, nutrition, naturopathie, psychologie, homéopathie, médecine vétérinaire, médecine conventionnelle, sans oublier les médecines grecque, arabe, romaine, tibétaine, bouddhiste ou chinoise.
Les apports se révèlent donc extrêmement nombreux et sont dus au fait que l’Âyurveda s’est penchée sur la meilleure façon de répondre à la maladie et de soulager la douleur. Elle a tenté d’apporter des réponses pouvant s’accorder à chaque être. Aussi, elle touche à des domaines qui, habituellement, se trouvent réservés à d’autres branches que la médecine pure, ainsi pour la psychologie, la spiritualité, l’astrologie, l’hygiène de vie, les soins corporels ou le yoga. Je citerais ici les apports qui ont marqué d'une trace indélébile les médecines occidentales.
Homéostasie
L'une des découvertes fondamentales de l'Âyurveda a été l'homéostasie, définissant l'équilibre du milieu intérieur de l'être humain, assuré par divers mécanismes physiologiques de régulation et s’applique aussi bien en médecine qu’en biologie. Chaque organisme vivant est un espace ouvert, qui inter-échange de manière continue avec l’extérieur : énergie, informations, matière. De par son mode de pensée, l'Âyurveda n’a eu aucun mal à analyser ni à expérimenter la matière et le spirituel (de l'humain et du divin, du vivant et du sacré) et à représenter les phénomènes vitaux unissant le psychisme et le somatique. Elle a ainsi déduit et reconnu que seul l’équilibre intérieur entre les différents composants de l’être crée la permanence de la vie. Elaborant une synthèse judicieuse explicitant l’importance de conserver l’équilibre vital en dépit des contraintes extérieures, elle affirme que seule l’harmonie encourage et soutient la force de vie. Sans cette constance, la pérennité de la dynamique de vie s’avèrera fragile. Il faudra attendre le 19ème siècle, Claude Bernard et Walter Cannon pour que l'Occident la découvre et confirme ce que l’Âyurveda avait observé et compris il y a sept millénaires : « L’homéostasie est l’équilibre dynamique qui nous maintient en vie. »[1].
Physiopathologie
Dès le 4ème siècle avant notre ère, elle décrit la physiopathologie, a une vision très précise des fonctions vitales et possède des représentations anatomiques.
Chirurgie
La médecine âyurvedique[2] comportait, dès ses origines, une excellente connaissance de la chirurgie, notamment celle du rectum, de la vessie et de l'utérus. Celle-ci s’est révélée très en avance sur son temps. Huit méthodes opératoires ainsi que 121 instruments et accessoires étaient connus et préconisés : incision, excision, scarification, ponction, cathétérisme, extraction, drainage, sutures étaient pratiquées. Scalpels, ciseaux, aiguilles, pinces, spéculums et autres ustensiles (pansements, bandages) et matériel tel que tables opératoires ou lits à plan incliné, étaient couramment utilisés lors d’interventions. Les médecins âyurvédiques pratiquaient des greffes (nez, lobe de l’oreille), des césariennes, l’extraction des calculs vésicaux par taille périnéale, des sutures ou des réductions de fractures, pour ne citer que quelques points.
Médecine vétérinaire
Sa médecine vétérinaire était très élaborée et les vétérinaires possédaient une connaissance anatomique précise. Chevaux, éléphants, vaches, chiens étaient soignés selon les règles de l'Âyurveda. Pour leur santé, étaient préconisées la prévention en renforçant les défenses naturelles, l’équilibre et les règles alimentaires, l’hygiène de vie notamment l’entretien et la propreté des animaux comme celle de leurs abris. Il existe des textes expliquant et décrivant les maux propres aux animaux, les moyens opératoires, les soins et les précautions à prendre au moment d’une intervention chirurgicale, ainsi que des recueils descriptifs des plantes à leur donner et les bienfaits des huiles et beurres médicinaux.
Psychologie et psychiatrie
L’Âyurveda est la fondatrice de la psychologie et de la psychiatrie, et c'est peut-être là que se situe sa révolution car elle est la première médecine à prendre en compte l'impact de l'esprit (mental, psychisme, les différents Moi, Soi, etc.) sur le corps. Science de l’âme, la psychologie indienne étudie la vie mentale, composée de la mémoire, du raisonnement, de l’intelligence, des sensations et perceptions, ainsi que les divers états de conscience nommés psychisme. Elle est à l'origine de la découverte du subconscient, dont les premières traces se trouvent dans le ShashtiTantra de Pancaçikha (1er siècle de notre ère). Il n'y a pas mieux que la pensée indienne pour parler de la Conscience et des troubles mentaux. Sa sagesse et ses explorations intérieures ont bousculé les mentalités, bien que l'Occident ait repoussé ses conclusions. C'est dans la psychologie indienne que Carl Jung[3] établira la notion d'inconscient (collectif et individuel) toutefois extrapolée de son contexte philosophique et spirituel : le Divin dérange les chercheurs, les scientifiques et les psychologues.
Homéopathie
L’Âyurveda a pressenti, dès son origine, ce qui sera l’un des fondements de l’homéopathie : « La similarité tend vers le général et l’unité, la dissimilarité vers le particulier et la diversité. En outre, le semblable attire le semblable, alors que les contraires s’opposent et se rejettent. »[4]. Son fondateur, Samuel Hahnemann développera cette idée à la fin du 18ème siècle, en affirmant que « les semblables sont traités par les semblables ». D’autres concordances rapprochent les deux médecines : celle de la globalité de la personne, sa nature constitutionnelle et son mode réactionnel, ainsi que la présence des miasmes (équivalent des Dosha « humeurs » ou imperfections).
Naturopathie
Plus près de nous, la naturopathie, née en 1902, bâtira son approche sur les tempéraments dit d'Hippocrate, sans savoir qu'ils étaient inspirés très largement (et adaptés) des tempéraments de l'Âyurveda. L’approche de l’hygiène de vie ainsi que la régulation alimentaire en sont directement issues, à la seule différence qu’il n’y a pas d’interdits nutritionnels en Âyurveda, les Indiens ayant préféré se pencher sur les mauvaises associations alimentaires capables d’engendrer des déséquilibres profonds et d’en réduire l’incidence sur le corps en utilisant les épices comme « contrepoisons ».
Aromathérapie
Il en est de même pour l'aromathérapie, « fondée » en 1928 par René Gattefossé, du moins pour l'Occident, alors qu'elle existait depuis 7000 ans en Inde, la seule différence reposant sur les techniques de distillation. Dès l’origine, les essences florales et huiles essentielles ont été utilisées dans les soins corporels à des fins thérapeutiques.
Phytothérapie
Pour l’Âyurveda, la voie des plantes (Osadhi mârga) ou phytothérapie n’est pas un art mineur, mais est considérée comme majeure et fondamentale. La CharakaSamhitâ insiste sur ce fait : « Parmi toutes les connaissances, celle des plantes médicinales se place en tête »[5]. Bien connaître l’usage des plantes est essentiel, et le savoir considérable des Indiens du monde végétal a très largement influencé les autres médecines.
D | L | M | M | J | V | S |
---|---|---|---|---|---|---|
1 | 2 | |||||
3 | 4 | 5 | 6 | 7 | 8 | 9 |
10 | 11 | 12 | 13 | 14 | 15 | 16 |
17 | 18 | 19 | 20 | 21 | 22 | 23 |
24 | 25 | 26 | 27 | 28 | 29 | 30 |
Pour ajouter un commentaire, vous devez être membre de ‘épanews’.
Rejoindre épanews (c'est gratuit)