“Le mystère qui unit deux êtres est grand

“Le mystère qui unit deux êtres est grand,
sans cette alliance le monde n’existerait pas.

L’Évangile de Philippe se fait ici l’écho de la tradition biblique mais aussi de la philosophie occidentale : “Au commencement YHWH créa l’Humain à son image, homme et femme il les créa.” Ce qui est à l’image de Dieu ce n’est ni l’homme ni la femme, c’est leur relation.

“L’union de l’homme et de la femme est en effet un enfantement
et dans cet acte il y a quelque chose de divin.

Cette référence à Platon peut surprendre : on est plus habitué aux citations qui expriment la suspicion quant aux “œuvres de chair” ; il faut également remarquer que la lecture des versets de la Genèse a donné naissance à des interprétations divergentes.

Certains y ont vu une référence à la nature androgyne primordiale de l’humain “à la fois mâle et femelle” et c’est de cette unité qu’il aurait la nostalgie : l’amour serait la recherche éperdue de la moitié qui vous manque. Dans la mythologie et la pensée grecques la séparation de l’homme et de la femme est considérée comme une punition. Dans la mythologie et la pensée hébraïques, cette même séparation est considérée comme une bénédiction, un bienfait du Créateur (par ailleurs “Il vit qu’il n’était pas bon que l’homme soit seul”). Cette différenciation est même l’occasion de “faire connaissance” avec la Source créatrice de tout ce qui vit et respire.

Le but d’une relation n’est pas seulement de récupérer la moitié qui nous manque et d’accéder ainsi à l’individualisation ou à sa nature androgyne. La moitié qui recherche son autre moitié ne fait que s’aimer soi-même ; il n’y a pas d’accès à l’altérité, mais à une sorte de différenciation interne, jugée inopportune et douloureuse.

Dans la tradition hébraïque, comme dans l’Évangile de Philippe, l’Amour est davantage la recherche d’un “entier” vers un autre “entier”, il ne naît pas du manque (il n’est pas fils depénia) mais d’un débordement vers l’autre (fils de pléroma).

L’être humain naît mâle ou femelle, il a encore à devenir un homme et une femme, c’est-à-dire une personne, un sujet, capable de rencontrer une autre personne, un autre sujet dans un amour libéré du besoin et de la demande, dont l’étreinte consciente et confiante est un écho.

Nous pourrions ainsi symboliser les deux démarches :

.

Unité primordiale                   “Mâle et femelle
l’Androgyne                            il les créa”

Séparation
chute, punition                      “À son image il les créa”

Eros, recherche                     capables de relation
de son autre moitié

Retour à l’unité                     Capables d’union
individuation                          image de l’Alliance

.

Certains auteurs de la tradition hébraïque font remonter cette rencontre de deux êtres différenciés sexuellement mais partageant une même âme ou un même souffle avant la naissance elle-même, façon métaphysique d’insister sur le fait que nous avons été créés pour former un couple et que c’est dans cette réalisation que s’épiphanise la Présence (laChekhina) de YHWH.

Dans son livre sur “le secret du fait que Bethsabée était destinée à David depuis les six jours du commencement” Rabbi Joseph écrit :

“Et sache et crois qu’au début de la création de l’homme à partir d’une goutte de semence, celui-ci comprend trois associés : son père, sa mère et le Saint béni soit-il. Son père et sa mère pour confectionner la forme du corps et le Saint béni soit-il pour confectionner la forme de l’âme. Et quand un mâle est créé, nécessairement sa partenaire féminine est créée en même temps que lui, parce que l’on ne fabrique jamais d’en haut une demi-forme mais seulement une forme entière.

L’Évangile de Philippe, op. cit., logion 60, 2-3.

Le Banquet, traduction Léon Robin, PUF, 1968, p. 206.

♥ Cf. R. Joseph Gikatila, Le secret du mariage de David et Bethsabée, Éd. de l’Éclat, 1994, p. 45-46.

Jean-Yves Leloup

Jésus, Marie-Madeleine et l’incarnation, p 90-93

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Commentaire de Shékinah Michaël le 20 novembre 2012 à 0:22

UNE VRAIE MERVEILLE...MERCI...

Jean-Louis Abrassart – L’énergie du Cœur…

Vendredi 18 novembre 2011

……

Pour replacer la citation dans son contexte :

Le Cœur

Profondément, nous sommes des êtres de Lumière mais souvent nous ne sommes pas en contact avec la partie lumineuse de nous-mêmes. Pris dans nos pensées et dans nos activités extérieures, nous oublions que nous avons en nous un “noyau” de Lumière, une partie de nous-mêmes où la Lumière est là, incarnée en nous, notre “part” de Lumière, ce que nous appelons dans l’enseignement, le Cœur.

Le Cœur est le lieu en nous où nous sommes un être de Lumière au delà des problèmes personnels et relationnels. Nous pouvons installer en nous la perception de cette partie profonde, de sa présence, quelques soient les événements extérieurs. Ainsi nous pourrons y retourner chaque fois que nous aurons besoin de nous retrouver. Réveiller l’énergie du Cœur, c’est affirmer que nous ne sommes pas seulement notre corps et notre mental, une personnalité dans le monde extérieur mais un être avec une dimension spirituelle.

Dans le Cœur, se réalise l’alliance de la Terre et du Ciel, de la Lumière et de la matière. C’est le siège de notre âme, de la partie lumineuse de nous-mêmes qui fait l’expérience de l’incarnation dans la matière, qui accumule le vécu et la sagesse acquise pendant des existences successives. Dans le Cœur, nous découvrons notre chemin de vie c’est-à-dire ce que nous avons à réaliser sur Terre pour retourner à la Lumière. Nous sommes tous des êtres de Lumière qui cherchent leur chemin, chacun ayant une qualité d’être particulière à incarner.

Dans le Cœur, la Lumière s’est “déposée” en nous. Elle coule comme une source de vie qui ne demande qu’à se répandre en nous et autour de nous. Dans le Cœur, la Lumière nous apporte cette qualité d’amour fondamental dont nous avons besoin et que nous cherchons si souvent à l’extérieur de nous alors qu’elle préexiste en nous. Moins avides de trouver l’amour dont nous avons besoin à l’extérieur, nous le rencontrerons plus facilement et plus librement dans nos relations. Tout change dans notre vie lorsque nous sommes en contact avec l’énergie du Cœur. L’énergie du Cœur, c’est la Lumière qui rayonne en nous et dans notre vie. Lorsque nous sommes dans le Cœur, nous percevons les autres dans leur vraie nature d’être de Lumière, nous savons au plus profond de nous que nous appartenons à la même énergie universelle et que nous “partageons la vie”.

Jean-Louis Abrassart

Paroles de Lumière, p 207-209

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