La semaine dernière, nous avons vu les différents éléments pour la construction de la résilience. Nous avons eu les 5 domaines sur lesquels il est possible d'agir que l'on soit adulte ou enfant.

Cette semaine je vous propose de découvrir le modèle Casita de Lecomte et Vanistendael.

Le modèle Casita, qui signifie en espagnol «petite maison» constitue un excellent symbole dans la mesure où elle représente le lieu familial, le foyer, un lieu d'amour, de chaleur et de sécurité nécessaire à la personne pour résister aux événements traumatisants et rebondir.

LA CASITA LECOMTE

L'acceptation de la personne

La pierre angulaire de ce modèle est d'abord l'acceptation de l'enfant ou de l'adulte. C'est cette ouverture qui permet au départ de construire la confiance dans l'autre et par conséquent la confiance en soi ainsi que l'estime de soi.

Ses compétences contribuent à former les bases fonctionnelles de la personnalité et de la capacité à se réparer de la personne qui aura été blessée par la vie. Il est essentiel de rappeler que cette acceptation est dirigée uniquement vers la personne elle-même et pas forcément vers ses actes ou ses comportements, que peut-être on ne saurait cautionner.

L'acceptation inconditionnelle figure parmi les préalables essentiels à la relation et comme, elle est dirigée vers la personne uniquement, elle ne comporte donc aucun cautionnement de la conduite de la personne. Elle suppose une absence de préjugés, de doute et une bonne capacité de compréhension empathique.

Malheureusement, pour l'adulte en crise qui n'est pas porté psychologiquement par cette acceptation totale et inconditionnelle en sera marqué pour longtemps et sa capacité pour lutter contre le sentiment de victimisation ainsi que sa possibilité de résilience en seront appauvries.

Le réseau de contacts 

L'autre élément fondateur de la résilience qui se retrouve dans le modèle Casita est la qualité du réseau de contacts de la personne, qu'il s'agisse de la famille, des amis, des voisins ou du soutien de sa communauté. Elle est comme le fruit d'un mariage entre ce que fait la personne pour elle-même et ce qui pourrait l'aider à l'extérieur d'elle-même.

Par exemple : pour un enfant maltraité, l'entourage peut prendre la relève des parents maltraitants. Pour un adulte ayant subi un viol, une agression, ou une catastrophe naturelle, la communication avec le réseau de contacts mêlée à la compréhension empathique que cela suppose, devient un excellent moyen de lui montrer qu'il n'est pas seul dans son malheur.

Ce soutien est une occasion de les retrouver sa confiance dans les autres, ainsi que sa confiance en lui-même en même temps que la rencontre d'une oreille bienveillante à l'expression de sa souffrance. Ce soutien lui insuffle une part de l'énergie nécessaire se reconstruire.

Il faut rappeler que la pierre angulaire indispensable pour que ce mécanisme fonctionne est l'acceptation de la personne blessée par son entourage au sens large.

 Carl Rogers (psychologue humaniste américain 1902-1987) appelait "acceptation inconditionnelle" quand la personne peut se sentir accueillie tout en demeurant elle-même, sans réserve, sans expression de doute ou de reproches.

C'est pour cela, que l'intervention d'un groupe de personnes ayant vécu la même expérience douloureuse à une influence positive : ils peuvent comprendre et ont moins tendance à juger.

Le sens et la cohérence de la vie 

Au second étage de la Casita, figure un autre facteur important pour favoriser la résilience, c'est la capacité de la personne en crise de découvrir un sens à sa vie, de la situer dans une certaine cohérence. C'est une condition essentielle à la résilience. Le sens de la vie était déjà pour Victor Frankl, auteur de la logothérapie qui a connu l'horreur des camps de concentration, un élément central de la survie en cas de malheur.

Ainsi, la personne qui se donne un objectif d'évolution personnelle, d'une œuvre à entreprendre ou à achever, que ça soit la poursuite de ses études, l'exécution d'une œuvre humanitaire ou artistique ou encore l'établissement d'une nouvelle relation signifiante, se place sur la voie de la résistance et même sur celle de la guérison.

Envisager de nouveaux horizons, affirmer sa volonté d'accomplissement, donnent l'élan nécessaire à la réalisation de soi et permet de « transformer une tragédie personnelle en victoire, une souffrance en réalisation humaine » (Frankl).

Tant et aussi longtemps que la personne éprouvée se demande « pourquoi moi ? » « Pourquoi une telle injustice ? » cette personne ne trouvera pas de nouvelle signification à son existence et ne se réparera pas. Même si c'est peut-être là une étape normale, une réaction de désarroi, cela peut-être aussi un cul-de-sac.

Le bienfait de ce questionnement réside peut-être cependant dans une réaction de colère qui mobilise de l'énergie pour un temps. Mais la colère peut entretenir la douleur, ne revitalisent pas l'estime de soi, en rappelant le sentiment de victimisation et n'est en rien une véritable réponse à la recherche du sens de sa vie et à la réappropriation de sa vie en tant qu'auteur.

Les questions que doivent plutôt se poser la personne des qu'elle le peut et en trouve la force, sont :

« qu'est-ce que je fais maintenant de ma vie ? Quelle direction dois-je lui donner ? », « Est-ce que je reprends le contrôle ou est-ce que je m'abandonne aux aléas de l'existence ? », « Est-ce que je laisse la barre au malheur, la victoire à ceux qui m'ont blessé, maltraité, agressé ? "

C'est ce qui arrivera tant que la personne demeurera désorganisée et dépressive. Aussi, après l'écoute et la compréhension, l'aide que l'entourage de lui apporter est dans le soutien dans ce passage vers cette interrogation.

L'estime de soi.

Au 3e étage du modèle Casita, se trouve divers traits de la personnalité, mais il faut mettre d'abord en avant l'estime de soi. (Voir mon article à ce sujet). La personne blessée se sent souvent amoindrie par son échec, par sa condition de victime ou se croit salie par l'agression. Aussi l'acceptation, l'estime des autres, leur respect et leur soutien sont-ils des moyens de l'aider à retrouver la confiance en soi et à reconquérir le sens de sa propre valeur. Wolin et Wolin (Sybil Wolin, psychologue américaine, et co-directrice du Projet Résilience à Washington DC et son mari, Steven J.Wolin, Professeur en Psychiatrie Clinique, co-directeur du même projet) parlent même de la fierté des survivants comme sentiment de développer.

Ce chemin difficile, et souvent parsemé de doutes et de regrets, mais il passe par la conviction certaine que la victime est ni responsable ni coupable.

Jacinthe Legros (psychothérapeute Canadienne), explique que ce sentiment de culpabilité, est malheureusement souvent renforcé par l'entourage qui, pour répondre à son propre besoin de sécurité et de protection face aux malheur, allègue que nous avons tous le contrôle sur notre destinée et blâme la personne pour ce qui lui arrive, trouvant en elle un bouc émissaire tout désigné.

Le traumatisme causé à une victime se fait dans un premier temps au moment de l'agression, de l'abandon, mais il peut se répercuter à l'infini avec les jugements que lui renvoient les autres.

Par exemple lorsqu'une jeune fille est agressée et qu'un accident grave arrive, c'est déjà un choc très important, mais il peut être renouvelé et même empiré par des commentaires du genre : « elle a dû se l'attirer », ou « il n'était peut-être pas dans le meilleur état pour conduire ».

Autre exemple, celui de la maladie comme la fibromyalgie, où l'on demande souvent aux personnes atteintes de « prendre sur elle », « d'être plus courageuse, de se bouger plus », « cette maladie elle se l'ait créé ». Chacune de ces insultes est un rappel du traumatisme.

Il faut plutôt chercher à refléter à cette personne qu'elle doit être fière d'avoir eu le courage de survivre et de se relever.

Wolin et Wolin mentionne 4 attitudes de l'entourage sont susceptibles d'alimenter l'estime de soi de la personne blessée.

On peut les résumer par :

Checkmark5 la croyance en elle et dans son avenir,
Checkmark5 l'intérêt manifesté pour son expérience malheureuse et la description de ce qu'elle a vécu toujours sans le jugement et dans le respect.
Checkmark5 L'accent mis sur les forces et sur les ressources que la personne utilise plutôt que sur ses difficultés, en évitant de cultiver la victimisation.
Checkmark5 L'attention aux détails relatifs aux principaux points de souffrance au sein de cette expérience malheureuse.

Les attitudes et les compétences diverses.

Vivre un traumatisme grave exige des capacités adaptatives et des évolutions permanentes et importantes. C'est pourquoi au 2e étage du modèle Casita, dans la chambre du centre, se trouvent « les attitudes et les compétences diverses » de la personne éprouvée.

L'être humain est riche d'une multitude de qualité dont la variété et la force varient d'une personne à l'autre. Les capacités relationnelles sont certainement parmi les plus importantes car la personne qui peut communiquer avec aisance peut aussi plus facilement demander de l'aide et confiée ses difficultés à quelqu'un en qui elle a confiance.

La gestion des émotions

Mais une autre capacité importante est celle de pouvoir gérer ses émotions. La personne qui peut contrôler ses sentiments, ses pensées tristes ou ses idées de vengeance, peut plus facilement évoluer et se relever.

C'est ce que Rotter (né le 22 octobre 1916 et mort le 6 janvier 20141, est un psychologue américain, connu notamment pour ses travaux sur le locus de contrôle (1966) qui ont exercé une grande influence) appelle « un locus interne de contrôle ».

La personne en question a la conviction profonde de gérer sa vie et d'être responsable de ses émotions et de ses actions. Elle refusera de s'en remettre au hasard ou de se soumettre à l'opinion et/ou l'influence des autres, c'est cette caractéristique qui fait que l'on dit que la personne à « un locus de contrôle externe ».

Ces personnes qui possèdent ce lieu de décision en elle-même, sont plus autonomes et elles ont une perception plus positive d'elles-mêmes. Elles sont plus facilement convaincues que leurs performances dépendent d'elle et qu'elles sont capables d'atteindre leurs objectifs. Elles ont de ce fait une meilleure estime d'elle-même et elles ont moins tendance à la victimisation.

Pour gérer ses émotions il faut que la personne puisse les identifier. Or l'état de marasme émotif dans lequel elle baigne, la plonge dans un brouillard affectif et la dépression avoisinant le déni, la colère et les idées suicidaires. Aussi, être capable de reconnaître ses émotions est un premier pas pour les gérer et pour arriver ensuite à modifier certains de ses comportements. L'E.F.T. peux aider dans ces cas-là, car cette technique ne nécessite pas d'exprimer clairement l'émotion en le nommant, mais simplement en expliquant son ressenti dans le corps.

Cultiver sa « capacité d'espoir et optimisme » est aussi un élément particulièrement favorable pour aider la personne à contrer la tristesse qu'elle ressent et résister à la colère, au sentiment de culpabilité ou d'injustice lorsqu'ils l'envahissent.

La pratique des stratégies de contrôle de l'anxiété du stress est également un moyen à ne pas négliger. On la relit souvent au « coping», un concept très utilisé dans le domaine de la santé et qui consiste en la réalisation par la personne de ses ressources personnelles, de ses ressources en aide extérieure qu'elle peut obtenir de la part de ses proches ainsi que la prise de conscience réaliste de ses motivations et de ses moyens d'action.

Mais ces stratégies sont aussi et surtout en lien avec le concept de « libération psychologique » (d'où l'efficacité évidente de l'E.F.T. qui signifie en français Technique de Libération Émotionnelle.)

En changeant les conditions internes prédominantes chez la personne blessée par la méditation, la sophrologie, la relaxation, l'EFT ou tout autre moyen de détente et de diversion, ces stratégies agissent sur la tension causée par des situations malheureuses. La visualisation et certaines techniques respiratoires peuvent être également efficaces.

Rappelons toutefois que le stress est une réaction adaptative de l'organisme à un stimulus interne ou externe et qui dépend non seulement de la difficulté rencontrée mais surtout et aussi de l'interprétation que la personne lui donne.

L'humour

La 3e pièce de ce secondétage de la casita est l'humour. Cette habileté permet de relativiser une situation, d'alléger le climat et de combattre la tristesse ainsi que le sentiment de victimisation.

L'humour n'est pas une fuite devant la réalité, il apporte plutôt une distanciation, un sentiment de détente bénéfique et devient en quelque sorte un indicateur d'adaptation positive

Les autres expériences de la vie 

Le toit qui coiffe la Casita comprend l'ouverture aux autres expériences qui restent à découvrir. En dépit de certains moments où la personne retournera vers le passé ou rencontrera les moments de fragilité, lorsque cette même personne est ouverte à vivre ces nouvelles expériences, on peut considérer qu'elle est sur la route de la reconstruction.

En ayant surmonté les sentiments liés à son épreuve, elle devient disponible pour reprendre la trajectoire de sa vie et même pour se donner de nouveaux objectifs voire envisager de nouvelles initiatives.

Le modèle Casita est très éclairant, il nous permet d'envisager d'un coup d'œil tout ce qui est nécessaire pour qu'un sujet éprouvé par un mauvais départ dans la vie par un grand malheur, puisse développer la résilience.

 

La semaine prochaine nous verrons comment devenir résilient, les mécanismes mis en place par les personnes résilientes ainsi que tous les mécanismes de défense et d'adaptation utilisés de manière générale. Je vous souhaite une bonne lecture et une excellente journée.

Douce journée à vous  !

Coeurdialement

 

Valérie Madej

 

www.quanta-la-vie.com (quand la science rencontre le développement personnel)

www.douleur-emotion.com (traitement des douleurs liées à la maladie)

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