La semaine dernière, je vous ai parlé du concept de résilience dans sa globalité, c'est à dire sa définition, son origine et quelques pistes pour devenir résilient, pistes que nous allons approfondir aujourd'hui.
Cette semaine je vous propose de découvrir comment la résilience se construit, et plus particulièrement je vous détaillerai le modèle de la "casita" créé par Vanistendael et Lecomte en 2000 ("Le Bonheur est toujours possible :Construire la résilience"- aux éditions Bayard)
Pourquoi le concept de "résilience" donne l'impression d'un soudain "effet de mode" ?
Peut-être parce qu'il est le reflet d'un changement radical d'attitude devant la vie elle-même ?
Depuis plusieurs années, éliminer de notre vie toutes formes de danger, d'accident, d'injustice voir même d'inconfort psychique a été une volonté absolue. La vie au cours des dernières décennies a souvent été organisée en fonction de l'élimination de tous les risques qu'on prenait chaque jour sans y penser il y a encore 30 ou 40 ans.
Pour y parvenir, nous avons vu une multitude de règlements et précautions en tout genre, cherchant à diluer la responsabilité individuelle de chacun dans un jargon juridique de plus en plus opaque. Pour preuve, essayez de lire les "avertissements" qui accompagnent maintenant tous les produits que vous achetez...
Notre sécurité au quotidien n'était plus de notre responsabilité, mais celle des autres, du gouvernement ou des compagnies qui ont fabriqué les produits que nous consommons.
Mais les victimes d'actes terroristes ou de cataclysmes naturels ne gagnent jamais dans ce genre de raisonnement (soit par manque de solvabilité des auteurs, soit par désistement de l'état qui ne veut plus payer au nom des auteurs de délits).
On est prévenu au début des émissions de télévision que certaines images pourraient heurter notre sensibilité, par contre c'est sans avertissement que la catastrophe nous touche.
On nous a interdit de fumer parce que c'est nuisible à notre santé et à celle des autres, par contre on nous encourage à croire que le prochain billet de loto ou euro millions pourrait résoudre sans plus d'effort de notre part, l'ensemble des problèmes que nous rencontrons dans notre vie.
Il n'est donc pas étonnant que nous ressentions une certaine vulnérabilité devant les difficultés de la vie. Le moindre imprévu risque de nous déstabiliser car il nous a été appris à fuir le danger plutôt que d'apprendre à le vaincre.
Lorsqu'on nous parle de cette résilience qui permet de surmonter les pires épreuves, beaucoup de personnes reconnaissent là une qualité qui leur manque, une solution à l'angoisse qu'elles ressentent et qu'elles n'avaient pas encore clairement identifiée.
En acceptant de parler de résilience, nous abandonnons cette vision aseptisée de la vie "idéale" pour dire sans hésitation que oui, les catastrophes et les épreuves font malheureusement partie de la vie, et qu'il est préférable d'y être préparé pour pouvoir y survivre et continuer à mener une existence digne d'être vécue.
Il semblerait que la popularité de ce concept de résilience découle de la réponse qu'elle apporte à une certaine angoisse. Le sentiment d'être sans défense contre les malheurs que la vie peut mettre sur notre chemin à tout moment, d'y être trop mal ou peu préparés, de ne pas savoir comment affronter les défis qui seront rencontrés tôt ou tard sans crier gare.
L'idée d'être mieux équipés pour pouvoir rebondir plus facilement au lieu d'être détruits est forcément à la fois séduisante et pertinente.
C'est pour cela qu'il vaut mieux fournir les conditions qui permettront de développer les qualités favorisant la résilience et ce, dès le plus jeune âge, ce qui n'empêche pas les adultes de pouvoir développer cette faculté.
La semaine dernière, je vous ai expliqué que les éléments de construction de la résilience sont liés à de nombreuses variables.
Florence du Cosquer les groupe en 5 domaines sur lesquels il est possible d'agir. Ces "domaines" semblent être les grands rouages d'un dispositif complexe qui stimulent en même temps qu'ils entretiennent le processus de résilience.
Accepter de façon inconditionnelle l'enfant en tant que personne, lui donne la certitude d'être aimé. Ça constitue la contribution essentielle à la résilience de l'enfant.
Cela ne veut pas dire qu'il faut accepter n'importe quel comportement de la part de l'enfant, ce qui serait plutôt la preuve d'une totale indifférence.
Comprendre au fond de soi que toute vie comporte un aspect positif c'est trouver un sens à sa vie.
L'ancrage dans la réalité représente le socle pour la recherche du sens à donner à sa vie et préserve des illusions et des manipulations. La découverte du sens de sa vie peut être favorisée de nombreuses manières : la philosophie peut en être une, dans la mesure où elle développe la pensée dans différents domaines en encourageant des attitudes de respect mutuel et de tolérance.
Il s'agit de toutes la gamme d'aptitudes dont vous pouvez disposer. Que ça soit des aptitudes au relationnel, artistiques, techniques etc. Il peut aussi s'agir de développer une de ces aptitudes ou de les acquérir à partir du moment où l'enfant ou l'adulte le peut et le souhaite.
La formation peut se révéler parfaitement inutile si elle n'est pas précédée d'une acceptation inconditionnelle de l'enfant ou de l'adulte et si cet enfant ou cet adulte ne voit aucun sens à sa vie.
Le regard porté sur l'enfant ou l'adulte, le sens que lui-même donne à sa vie, le développement des aptitudes sont des facteurs déterminants du point de vue de l'estime de soi.
Florence du Cosquer cite plusieurs exemples dont celui d'un enfant très pauvre, dénué de tout et qui acquiert le pouvoir de créer ses propres pensées, y trouvant ainsi une raison d'estime de soi. Il est fier de ses pensées qui sont de lui et que personne ne peut dérober.
L'humour, contrairement à ce que l'on pourrait croire, n'est pas une attitude de fuite devant une réalité déplaisante, mais un recul par rapport à cette réalité qui permet de la transformer en un élément beaucoup plus supportable.
Ses composantes sont multiples :
Pour favoriser la résilience, il est important de créer une ambiance propice à la naissance de l'humour par le biais de jeux ou d'activités qui stimuleront ses composantes. Pour cela, il faut absolument un climat de confiance car en dehors de cette confiance, l'humour pourrait dissimuler de l'agressivité ironique menaçant pouvant isoler de cette réalité.
La résilience se développe à partir d'une interaction entre la personne et son environnement.
Il est essentiel de préserver les réseaux sociaux créés par la famille, l'école, la communauté, les amis. Il faut les préserver impérativement car le tissu social est souvent menacé par tant de bouleversements.
Il est aussi important de ne jamais réduire la personne à son problème mais chercher à déceler le potentiel qui se trouve en elle et l'aider à les développer
.
La résilience est donc la faculté de résoudre les problèmes ou de trouver des manières constructives de vivre avec des problèmes insolubles.
Voir des côtés positifs à une situation affligeante peut sembler saugrenu, mais faut penser :
Stefan Vanistendael, sociologue, responsable du département Recherche et Développement du Bureau International Catholique de l'Enfant, et Jacques Lecomte, journaliste écrivant dans le domaine de la psychologie et assurant des formations dans le domaine de la résilience, résument dans un concept visuel très commode, appelé la Casita, les principaux éléments constituant la résilience.
Casita signifie en espagnol "petite maison" et constitue un symbole très significatif de lieu familial, de foyer, de lieu d'amour et de chaleur, de solidité et de sécurité nécessaire à la personne pour résister au malheur et rebondir.
La semaine prochaine, dans le prochain article, je vous expliquerai en détail chaque niveau de cette casita, ainsi que quelques pistes pour vous expliquer comment un adulte peut devenir résilient.
Bonne lecture et à bientôt
Valérie Madej
Retrouvez moi sur www.quanta-la-vie.com
Commentaires bienvenus
Avec plaisir Isabelle :) douce journée à vous aussi
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