On dira aujourd'hui dans les techniques spirituelles, qu'il s'agit de descendre au-dessous, au-dessous du maniement de la conscience claire. De ne pas agir avec une direction consciente. Il s'agit au contraire d'abolir cette direction consciente, de diminuer la force, l'autorité, la dictature du « Je conscient » qui dit «Il faut faire ci, il faut faire ça ». Si vous relâchez un peu votre frénésie de communication, d'informations, alors il se passe à un niveau plus profond une information, qu'on peut appeler et qu'on appellera « une interaction d'amour ».
Il y a une énergie de réorganisation qui se déploie, dans la mesure où l'on fait cesser, où l'on active le moins possible l'énergie de communication avec le monde extérieur.
Le corps parle à beaucoup de niveaux Il faut que vous puissiez descendre comme dans la conscience, à des niveaux de plus en plus profonds, à des niveaux que l'on peut appeler cellulaires. Pour trouver une conscience plus intime, moins en contact avec la conscience claire, avec la conscience de l'ego, avec la conscience du « Je individuel ». Alors là, il y a une communication qui s'établit entre vous et vous, qui n'est pas du tout la communication qui s'est établie jusqu'à présent, pour la plupart d'entre nous, entre vous et vous-même. Une communication à découvrir.
Une chose intéressante à voir, on parle souvent de la mère et du père dont nous parlons quelques fois, « Je suis le fils de mon père et de ma mère ». Et aussitôt on se précipite dans un principe psychanalytique. Sans écarter la psychanalyse et la psychologie, voyez bien qu'il s'agit de toucher quelque chose de peut-être beaucoup plus global, beaucoup plus total, beaucoup plus profond que ce qui nous est donné à voir par certaines réflexions dites psychologiques.
Naturellement que nous avons tous un père et une mère biologiques. Il y a au-delà de la personne, une jonction que cette personne incarne, représente. Vous voyez bien que ce sont des représentants éphémères d'une situation beaucoup plus importante, qui va vous permettre de vous mener à votre intimité, à votre réalité créatrice. C'est-à-dire quelque chose de vivant. Autrement vous n'avez que des rapports de personne à personne, qui ne sont pas l'ultime rapport possible entre les êtres.
La mère incarne, représente ce lien direct, cette communion, ce contact direct avec une conscience profonde. On l'appellera dans les traditions la « Mère cosmique» ou un « Moi cosmique », ou un « Je cosmique ». C'est-à-dire un plus grand « Je ». Un « Je » qui est la substance du processus d'identification auquel je puis dire « Ca, c'est moi ». Et puis, il y a le père, un autre « Je », un autre processus, une autre affaire qui consiste à dire « Ca, ce n'est pas moi ». Une différenciation qui va amener. .. , la sexualité. Le passage par le père, ou le non passage par le père, va être une entrée plus ou moins harmonieuse, plus ou moins aisée dans notre propre sexualité. Une certaine autorité entre en contact avec une certaine autorité, une certaine virilité, un certain timbre de voix, une certaine imprégnation ...
Dans le public qui était là hier une jeune femme a dit «Moi, je chante, et à un certain moment je passe, sans aucune préméditation et sans que je m'y attende, dans de la jubilation pure ». N'est-ce pas, le chant me donne de la joie, du plaisir. La pensée peut vous donner des joies, du plaisir. La prière peut vous donner des satisfactions morales. Puis d'un seul coup, sans préavis, vous passez dans un autre état. Vous pensez et vous passez dans le trou noir, vous passez dans un état de jubilation pure. Cet état de jubilation vous fait sentir, comme je le disais à cette jeune femme « Vous sentez bien que ce n'est pas vous qui jubilez». Elle dit « Oui, il n'y a plus rien. Il y a comme si j'entrais en jubilation. »
Là aussi, l'expérience du corps, de la voix, expérience formidable, fondamentale, qui vous fait brusquement à un certain moment, passer à un certain seuil, entrer en jubilation. Cette entrée en jubilation met en question le « Je conscient », l'ego. Il casse cette frontière entre un Je cosmique et un Je individuel. Il casse le passage entre la mère et l'enfant. Il réintègre l'enfant dans cette Mère cosmique. Dans cette identification, avec quoi ? Avec cet état primordial, cet état de jubilation, cet état de joie primaire. Cet état où il n’y a plus que la jubilation. Ce que la mystique et la vie spirituelle essayera de dire de mille façons.
Mounir Hafez Décembre 1977
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