Lorsque j’ai commencé il y a une trentaine d’années à m’intéresser à la nature des relations humaines, et à tenter de comprendre le sens de la Vie, tout naturellement cela m’a amenée à travailler sur la notion d’identité, et à découvrir à quel point la formation de la personnalité est indissociable du lien mère-enfant.
Très vite j’ai découvert que les troubles de l’enfance prenaient racine dans les premières années de la vie, et notamment dans la nature du lien d’attachement que le nouveau-né tisse avec sa mère. En tant que fille, mais aussi en tant que femme dont le désir était de devenir un jour mère, j’entrevoyais toute l’importance de ce lien dans le développement de l’enfant, et le modelage de sa personnalité.
Je trouvais cependant que les discours tenus par les médecins spécialisés psy, avaient tendance à faire peser sur les mères, une responsabilité qui pouvait être parfois difficile à entendre et lourde à endosser. Je me suis demandé depuis, jusqu’à quel point la qualité du lien mère-enfant, peut expliquer un retard de développement, des difficultés d’apprentissage, des troubles comportementaux plus ou moins sévères ? Combien de mères ayant tenté de faire de leur mieux, se sont senties responsables, voire coupables des difficultés ou des troubles de leur enfant ?
Beaucoup de femmes ont porté et portent encore le poids de cette responsabilité, et se jugent comme de mauvaises mères. Au moment de le devenir moi-même, j’ai cherché comme beaucoup de futures mamans, à lire tout ce qui pourrait m’aider à devenir une « bonne mère ». Et comme pour la plupart d’entre nous, je n’ai fait que de mon mieux, avec mon cœur de maman aimante, c’est-à-dire parfois bien et parfois mal !
Aujourd’hui, même si le discours a évolué, nous sommes encore en tant que mères, souvent taxées d’être trop ou pas assez : protectrices, inquiètes, exigeantes, tolérantes, rigides, pressées, peu disponibles …..
Je voudrais à travers ces lignes Nous rendre hommage, et tenter de déculpabiliser toutes celles d’entre Nous qui se jugent avec dureté, sévérité, et ne se perçoivent qu’au travers de ce qu’elles pensent ne pas avoir suffisamment réussi à être ou à donner.
Quelle que soit la nature du lien que nous avons développé avec notre propre mère, ou avec notre ou nos enfants, nous avons le pouvoir d’en améliorer la qualité à quel que moment de la vie que ce soit.
Il n’est rien qui ne puisse être transformé, si nous savons utiliser la puissance de l’Amour.
Cet Amour en tant que Femme, et en tant que Mère, nous devons commencer par nous le donner à Nous-Mêmes, si nous voulons offrir le meilleur de nous autres. Car il n’est rien que je puisse donner, si je ne le possède pas moi-même. Si je ne m’aime pas suffisamment telle que je suis, je ne peux aimer l’autre tel qu’il est, et lui montrer le chemin de l’amour pour lui-même.
A travers ma pratique d’accompagnante, mes rencontres, mes lectures, je constate souvent que nous sommes nombreuses et nombreux à souffrir, ou à avoir souffert à un moment de notre vie, du manqued’estime de soi. Lorsqu’un constat est fait au niveau collectif dans lequel on se reconnaît, on peut se sentir rassuré en se disant que finalement, on est dans la norme, et que même si nous avançons avec une chaussure qui fait mal, nous pouvons nous réjouir de ne pas aller pieds nus. Mais on peut également décider de regarder cette chaussure qui nous fait souffrir, et voir de quelle façon nous pourrions nous alléger de cette souffrance, afin d’avancer avec plus de légèreté et de plaisir dans la Vie. C’est ce que je vous propose de faire ici, en regardant ce qui se joue derrière l’estime de soi.
L‘estime de soi, le socle de notre identité
Dans l’estime de soi se jouent les fondements de ce qui va constituer notre véritable identité et notre capacité à l’exprimer au monde.
L’estime de soi est ce qui va me permettre de me connaître moi-même, d’être vrai avec moi et avec les autres. C’est grâce à elle que je vais pouvoir m’autoriser à être Qui Je Suis, à écouter mes aspirations profondes, à vivre en étant aligné sur ce qui est juste pour moi.
L’estime de soi répond à nos besoins fondamentaux de sécurité, de soin, d’amour et de reconnaissance. Ces besoins sont ressentis par l’enfant dès la naissance, et c’est la mère qui principalement va apporter la réponse à ces besoins dans les premières années de la vie de l’enfant. De façon concrète et au quotidien, à travers les soins, l’attention et l’amour qu’elle va lui porter, mais aussi de façon symbolique telle la Terre, mère nourricière de tout ce qui est vivant. Plus l’ancrage, l’enracinement de ce lien nourricier sera solide et profond, et plus l’enfant pourra avancer avec confiance en lui et en la vie.
L’estime de soi, l’appréciation de qui Je Suis
L’estime de soi vient du latin estimare qui signifie juger, apprécier, évaluer.
On comprend déjà que ce qui se joue dans l’estime de soi, est de l’ordre de l’appréciation, du jugement, de l’évaluation, de la comparaison, et donc en rapport avec des références, des modèles, des schémas, autour des desquels vont se créer notre personnalité, notre identité.
Mais que s’agit-il d’estimer, d’évaluer, de juger ? De qui et de quoi parle-ton lorsque l’on évoque soi ?
Le soi c’est le moi, c’est-à-dire le je conscient qui s’exprime, qui pense, qui sait qu’il existe. C’est cette part de moi qui se construit de façon consciente à partir des figures de représentation que sont la mère, le père, ou toute autre personne qui donne le soin dans les premières années de la vie. Plus tard, ce seront les enseignants et toute personne incarnant l’autorité et l’intégration dans la société, qui nous serviront de références, de modèles et de normes.
Le soi c’est aussi cette part inconsciente du moi, faite de mémoires oubliées.
On peut imaginer un réservoir dans lequel se sont conservées au fil de nos vies antérieures, des résidus d’énergies liées à ce que nous avons été, à ce que nous avons fait. Certaines de ces énergies auront besoin d’être transmuter pour nous libérer et permettre à notre soi véritable de s’exprimer.
Ces mémoires sont aussi faites de nos talents, de nos richesses intérieures, de tout ce qui nous constitue depuis notre origine.
Cette part du soi est accessible à chacun d’entre nous, pour peu que nous nous donnions les moyens d’aller voir au-delà du miroir. Certaines personnes y accèdent parfois sans même le savoir, mais pour d’autres, il faudra le décider et engager un travail de reconnexion à cette part de soi oubliée.
Il existe de nombreuses techniques, de nombreux outils qui facilitent ce travail de reconnexion à notre inconscient (d’où procèdent pas moins de 90% de nos pensées). Nous pouvons également nous aider nous-mêmes à retrouver des brides de ces mémoires oubliées. A travers les rêves que nous faisons dans notre sommeil, et par l’observation de tout ce qui se manifeste dans notre vie dans le bon comme dans le moins bon, nous pouvons décoder certains messages, et voir ce qu’ils nous invitent à travailler à tel ou tel moment de notre vie.
Le soi, renferme enfin la part plus élevée, la plus complète, la plus alignée sur notre Vérité profonde, la plus joyeuse, la plus aimante de nous-mêmes. Celle par laquelle nous accédons à l’Es-sens de qui nous sommes et du pourquoi nous sommes ici.
Cette part de soi, même si elle se montre discrète, est toujours là présente en nous. Nous lui accordons souvent peu d’attention, peu d’écoute, et pourtant elle est cette part de nous-mêmes qui sait le mieux nous écouter, nous comprendre, nous guider. Elle n’impose pas sa Voix, mais elle est là prête à répondre à notre appel, et à nous guider sur le chemin de notre Voie.
Qu’on la nomme Voix intérieure, Conscience ou Présence Divine, Voix de l’Âme, Soi Divin, Guide intérieur, là n’est pas le plus important. Elle est cette part de nous la plus intime et la plus secrète. Si nous savons nous mettre à son écoute, elle nous est d’un grand soutien pour re-trouver notre axe, notre centre, notre Un-ité.
Cette part de notre soi est le lien entre notre conscient et notre inconscient, entre notre dimension physique et notre dimension spirituelle, entre ce qui nous relie à la Terre et au Ciel.
On pourrait définir le soi comme étant la perception la plus élevée et la plus complète de Qui Je Suis, et l’estime de soi, comme la façon dont je construis mon identité à partir de mon moi intérieur et de mon moi extérieur.
Avant de poursuivre, je souhaite ouvrir une parenthèse afin que tout parent dont je suis, qui lira ce texte, sache que, qui que nous ayons pu être en tant que mère ou père, quoique nous ayons pu faire, dire, donner à nos enfants, nous n’avons ni bien fait, ni mal fait. Nous avons fait, et continuons de faire du mieux que nous pouvons, avec ce que nous-mêmes avons reçu de nos parents, et qui constitue notre bagage identitaire. Il ne s’agit donc pas de nourrir un sentiment de culpabilité par rapport au parent que nous avons été et que nous sommes. Si nous aspirons à la perfection, nous devons alors voir et accepter nos imperfections pour ce qu’elles sont ; c’est-à-dire des expériences dont nous pouvons tirer des enseignements.
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