Qu'est-ce que le désespoir? La perte de l'espoir. Et pourquoi nous plonge-t-il plus au fond que le fond de la déprime? Parce que nous croyons que l'espoir fait vivre. L'espoir est une projection dans le futur qui nous fait toujours croire qu'il sera meilleur que le présent. Etymologiquement, espérer c'est attendre, une réalisation, quelqu'un. L'espoir est l'attente d'un mieux, le désespoir l'attente du pire. Toujours une attente. Qui nous empêche de vivre. Car vivre, c'est être ici, maintenant; même quand tout va mal, quand tout vous semble sombre, insupportable. Car si c'est là, c'est justement que nous sommes à même de le supporter.

Plus facile à dire qu'à faire, certes, je suis d'accord. Et nous croyons tous avoir besoin d'espoir: de trouver un bon job, que notre enfant réussisse à ses examens, de guérir, de partir, ou de rester, d'avoir de quoi vivre, manger, s'habiller, qu'il fera beau demain, que le train sera à l'heure, que le dîner sera réussi, que l'essence n'augmentera pas trop, d'être aimé, entendu, reconnu, et je pourrais écrire un livre entier de nos espoirs. Mais qui dit espoir, dit peur, peur du contraire, et ainsi , grâce ou à cause de l'espoir, nous vivons dans la peur permanente que nos désirs ou nos besoins ne soient pas satisfaits. Et sombrons dans le désespoir.

Bien sûr, il est des adversités plus difficiles que d'autres à traverser. Mais d'une façon ou d'une autre, nous les traversons. Quand la guerre est là, quand le pain manque, quand la maladie se présente, c'est dans le moment présent que se résolvent les questions. Espoir et désespoir sont des étapes, et puis l'action prend le dessus, car elle est "la parole du corps" comme disait l'ange à Gitta Mallasz.

Espoir, peur et désespoir sont des productions du mental qui nous font du mal. Nous croyons qu'ils sont les fruits des circonstances, mais ils sont surtout la conséquence de nos pensées sur ces circonstances. Les évènements sont ce qu'ils sont. Et nous portons la responsabilité du regard que nous jetons sur eux. Et ceci n'empêche pas l'empathie envers la souffrance humaine, inéluctable. Il ne s'agit pas de la nier, mais plutôt de l'accompagner.

Qui n'a pas mal en voyant un enfant dénutri, abusé, maltraité, blessé par un obus? Nous espérons tous ne plus voir cela. Mais cet espoir, nous conduit-il à "être le changement que nous voudrions voir dans le monde" (Gandhi)? J'ai mal, je souffre, j'en ai marre, j'espère ne plus souffrir? Cet espoir supprime-t-il ma souffrance? On me rétorquera qu'il aide à la supporter. Sauf que...si le soulagement n'arrive pas, nous demeurons dans une attente qui nous fait encore plus souffrir, génère de la colère, et du désespoir.

Espoir et peur font partie intégrante de notre condition d"humains. Mais nous pouvons au monis être conscients de leur nature et de ce qu'ils génèrent. Et nous sommes toujours plus grands que ce dont nous avons conscience!

article issu de mon blog: blogosapiens.typepad.com

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