Je veux vous dire comment j'ai vécu intensément ces journées dramatiques où la haine et le fanatisme ont entraîné la mort.
S'en prendre ainsi à l'équipe d'un journal, c'est un acte de barbarie qui nous coupe le souffle.
Doit-on risquer sa vie de cette manière, lorsqu'on défend la LIBERTÉ D'EXPRESSION?
Sur le moment, j'ai été sonnée - comme la plupart d'ailleurs - d'autant que je vois ces dessinateurs comme des artistes journalistes écolo-libertaires faisant pouffer de rire et de grincement de dent - et même dans la tendresse... pleine de lucidité - sur un monde qui n'en finit pas de se déliter - et de faire plutôt pleurer.
D'autant plus sonnée que j'ai été ramenée aux décennies antérieures! Synchronicité? c'est tout récemment, avant mon déménagement, que j'ai proposé au père de mes enfants, de reprendre l'énorme pile de Charlie Hebdo (une dizaine d'années à partir du premier n°) que j'avais gardée précieusement au grenier - sans jamais y penser, mais impossible de les jeter au cours de mes multiples tris pour faire le vide!

Le 7 janvier, nous avons vécu cette journée de folie où la bêtise meurtrière s'en prenait également aux policiers et à la communauté juive.
Notre pays en état de choc! transmettant l'onde de choc au monde. Nous sommes tous reliés! (dans tous les sens du terme!)
Puis ma tristesse profonde était traversée par des lueurs de joie en constatant la réaction SPONTANÉE d'une grande majorité - comme un mouvement de comm-UNION contre la barbarie.
J'ai ressenti ce ralliement spontané comme un mouvement du cœur : centre de l'être qui, lorsqu'il est Universel, n'est motivé que par l'UNITÉ, la CONSCIENCE UNITAIRE. C'est ce que nous avons vécu dans ces moments de Présence où la perle d'Amour brillait, de façon collective, là où la peur ne s'était pas invitée.
Aspiration à la Vie, à l'Amour, à la Liberté, à la Tolérance - liberté de dessiner ce qu'on veut, de penser ce qu'on veut, d'écrire ce qu'on veut, de chanter ce qu'on veut, de danser ce qu'on veut... sans risquer sa Vie.
Solidarité, Fraternité : des valeurs vite sollicitées en cas de besoin! Réconfortant. L'Amour ne demande qu'à reprendre sa place lorsqu’on le laisse libre de circuler en Soi.
Un mouvement sorti des tripes des citoyens, et non de mots d'ordre de telle ou telle institution. Méditons un instant sur ce fait-là...
Et donnons au futur, la chance de repartir sur de telles bases, vers le Changement qui doit en découler et en découlera... quels que soient les tergiversations et autres chaos sur la route accidentée... voire minée.
Recentrons-nous en Soi-même pour connecter cette partie intérieure de notre Être, emplie d'Amour lorsque nous le sollicitons, cette partie originelle naturelle de nous-mêmes, que nous avons tous à retrouver pour reconstruire un autre Monde...
CRÉONS L'UNITÉ DANS NOS CŒURS, NOUS LA CRÉERONS DANS LE MONDE.

Et si les dessins de Charlie Hebdo se mettaient à guérir le Corps émotionnel collectif? du moins en tant que première potion de la cure! avant la thérapie de choc nécessaire.
Ce qui me vient en écrivant : Charlie Hebdo me semble faire un pont entre
- le Lumineux, par le fond du contenu : des idées, traitées avec Lucidité, sur les travers de notre monde mondialisé, financisé (hum!), industrialisé contre la Nature, divisé pour mieux régner...
- et les démons du subconscient, par la forme : des dessins un peu monstrueux selon les "bonnes mœurs" des sociétés! mais, si nous allions voir dans les rêves de l'inconscient! qui ne se soucie pas de choquer le mental, par les visites nocturnes qu'il lui envoie.
Alors, il n'y a plus qu'à transmuter le Bas dans le Haut!
Là, je vous renvoie à Sri Aurobindo...  lol

Vous l'aurez deviné : il me faut mon Charlie Hebdo du jour! épuisé à 7 h ce matin!!!!
C'est le défilé chez les buralistes. C'est pas les soldes, pourtant!
Tableau presque surréaliste! J'en éclate de rire! je peux?... Ouf! j'sais pas dessiner!
Ces événements ouvrent un changement dans l'éveil des consciences, face à l'endormissement dans lequel on veut nous cantonner. Ce sera une ouverture vers la Spiritualité pour beaucoup, je crois. Les mentalités évoluent, évolueront. Par l'intermédiaire de Charlie Hebdo? C'est trop drôle!!
Mon credo : Il faut dire les choses comme elles sont! Et c'est valable partout. Le chemin spirituel, c’est pas “tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil.” C’est l’Authenticité. À partir de là, l’Amour n'est pas loin.
Ces êtres tendres, vrais, brillants, courageux, généreux, authentiques, lucides dans leur dénonciation de la guerre, de la violence, du racisme, de l’injustice, de la pollution, de la finance oligarchique... par le voile intelligent de la dérision (puisqu’il fallait provoquer pour attirer l’Attention!), pouffent de rire là-haut! Ils avaient préparé leur coup dans la Lumière?...
Vous n’êtes pas morts, les Gars! mais encore plus Vivants, comme vous pouvez le voir depuis
une semaine! ... ... ...

Anne

♥♥♥

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Commentaire de Anne le 19 Janvier 2015 à 14:42

Commentaire de Anne le 19 Janvier 2015 à 14:41

J'ajoute que cette marée humaine devant les distributeurs de presse m'apparaît comme une grande vague d'Amour.
Tant de gens qui étaient plutôt choqués par les dessins satiriques de Charlie Hebdo ont besoin d'avoir le journal, devenu symbole.
7 millions!!!
Symbole d'un lien avec les autres
                         avec les victimes
Symbole de Liberté
L'inconscient collectif sait que nous sommes tous connectés - tous UN

Rappelons-nous que par la satire, ce journal prônait un stop à la guerre, au racisme, à l'injustice sociale, à la corruption, à toutes les violences, faites aux animaux, à la planète...
Rappelons-nous que Daumier, reconnu grand artiste, a été censuré en son temps, a fait de la prison, pour ses caricatures.

J'ai entendu que Cabu faisait partie de ceux qui sauvent le monde.
C'est tout à fait mon sentiment.



Une satire, universelle

Commentaire de Anne le 16 Janvier 2015 à 16:50

Je reçois ce témoignage d'une enseignante.

Pour mes élèves de Seine Saint-Denis

Lorsque j’ai appris l’attaque de Charlie Hebdo, je rentrais de l’école. Un message, puis deux, sur mon téléphone. Puis je suis restée bloquée sur les chaînes d’information pendant un long moment sans pouvoir rien faire d’autre. Je me suis mise au travail, car c’était un mercredi après-midi et que j’avais des copies à corriger. Des copies de brevet blanc, un sujet d’argumentation : « Pensez-vous que tous les élèves de France ont les mêmes chances de réussir à l’école ? ». J’ai lu, j’ai corrigé, sans être jamais loin de mon écran d’ordinateur. J’ai bu beaucoup de café. L’atmosphère était pesante. J’ai pleuré comme on pleure lorsque toutes les vannes sont ouvertes d’un coup, avec de gros sanglots, des hoquets, le visage rougi. Très vite, j’ai pensé à mes élèves, collégiens et collégiennes, de toutes les couleurs, de toutes les origines. Musulmanes et musulmans, pour beaucoup. Voici ce qui s’est passé le lendemain matin, jeudi 8 janvier, lorsque je suis arrivée au collège de Seine Saint-Denis où je travaille.

Dans la salle des professeurs, l’une de mes collègues musulmanes réprime un sanglot en nous disant que sa religion est encore salie. Dans la cour, des murmures : le sujet est sur toutes les lèvres. Je me demande comment je vais réussir à faire cours. La veille au soir, j’ai préparé un diaporama avec des caricatures de tous les pays. De l’Iranien Kianoush Ramezani. De la Tunisienne Nadia Khiari. De l’Américaine Ann Telnaes. Du Français Plantu. J’ai la boule au ventre, comme mes collègues. Que vont nous dire nos élèves ? Vont-ils vouloir en parler ? Oui, ils ont voulu en parler. Nous en avons débattu. Ils ont été intelligents, ils ont posé des questions, ils ont posé les problèmes. À huit heures, j’avais cours avec ma classe de troisième. En plein chapitre sur la dystopie, nous devions le clore par une séance sur l’étude d’un extrait de Farenheit 451 de Ray Bradbury, lu en lecture cursive pendant le mois de décembre. Nous devions parler de censure, d’autodafés, de la liberté de penser et de s’exprimer. De l’importance de lire et de comprendre. Finalement, nous avons parlé de l’actualité. Et quand l’actualité fait un aussi triste écho à un roman écrit après la Seconde Guerre mondiale, il n’y a pas que le sang du professeur qui se glace.
Je ne savais pas, donc, ce que mes élèves allaient me dire. J’ai pris un air très grave, ils ont su que j’allais leur parler des événements de la veille. L’une de mes élèves m’a dit : « Vous connaissiez quelqu’un qui est mort madame ? ». Oui, comme vous tous. Nous allons en parler.
Cette classe est d’ordinaire frémissante. Les blagues potaches fusent souvent, la parole est difficile à canaliser. Ils ont toujours quelque chose à dire, en lien ou non avec le cours. Je tape du poing sur la table, souvent, pour avoir le silence, mais ils sont rarement dupes. Ils savent que je rirai trop souvent à leurs blagues pour réellement me fâcher. Comme je l’ai souvent dit, je ne suis pas très douée pour incarner l’autorité.
Quoi qu’il en soit, ce jeudi, j’ai un silence complet lorsque je m’exprime devant eux. Un silence respectueux, attentif, plein. Voici ce que je leur ai dit.

Je veux vous parler de ce qui s’est passé hier. Je vais vous dire ce que je ressens, et après vous me direz ce que vous, vous ressentez. Je vais vous raconter deux ou trois choses personnelles, parce qu’il est vraiment important que vous compreniez que ce que je vous dis est personnel. Je vais vous dire pourquoi je suis extrêmement triste, choquée, et inquiète après ce qui s’est passé hier.
Premièrement, je suis triste parce que des innocents sont morts assassinés, et je ressens un sentiment de compassion qui est lié au fait que je suis humaine et que je ne comprends pas qu’on puisse tuer. Parmi ces personnes qui sont mortes, il y en a certaines que je ne connaissais pas personnellement, mais dont je connaissais le travail. Je ne vais pas vous raconter ma vie, mais ces morts me touchent beaucoup parce que j’ai grandi dans une maison remplie de livres et de bandes dessinées, que mon papa collectionnait quand j’étais petite. Alors vous voyez, certains de ces dessinateurs, je les ai connus dans l’enfance. Ils dessinaient dans d’autres journaux, avant que Charlie Hebdo existe, avant que je sois née, et ils étaient vraiment marrants. Ils se moquaient un peu de tout et de tout le monde. Vous savez tous que j’aime bien les blagues, alors quand des gens marrants meurent, moi ça m’embête beaucoup.
Deuxièmement, je suis triste parce que j’ai eu peur. Ma petite sœur est journaliste, et j’ai eu très peur pour elle. Elle n’est pas journaliste à Charlie Hebdo, elle travaille pour la rubrique culture d’un journal, et quand il y a eu l’attentat, ils ont fermé toutes les grilles, ils ont posté beaucoup de policiers. Quand les journaux doivent se protéger, quand on doit avoir peur pour un membre de sa famille qui est journaliste, c’est très effrayant. Vous savez tous ce qu’est la dystopie, c’est le sujet du chapitre que nous sommes en train de terminer, je trouve vraiment que ça y ressemble.
Enfin, je suis triste parce que je sais que vous allez en prendre plein la gueule. Je vous le dis parce que je trouve déjà qu’il y a beaucoup de gens qui vous montrent du doigt sans raison. Je vous le dis aussi parce que j’ai choisi d’enseigner en Seine Saint-Denis, je l’ai demandé. Je vous le dis parce que je vous vois tous les jours, je vous connais, je sais comment vous êtes, je vous aime bien. Je voudrais que tout le monde vous voie comme je vous vois, mais je sais que ce n’est pas le cas. Je suis triste et inquiète pour vous, parce que j’ai peur qu’on vous attaque parce que vous venez d’ici et parce que certains et certaines d’entre vous sont musulmans et musulmanes. Maintenant, j’aimerais que vous me disiez sincèrement ce que vous voulez dire sur ce qui s’est passé hier.

Alors ils m’ont dit ce qu’ils pensaient. Tout le monde a participé à la discussion. Voici ce qu’ils m’ont dit.
Ces gens-là, madame, c’est pas des musulmans, c’est des tarés.
C’est péché de tuer.
Ils sont cons, ils vont aller en enfer, ils ont pas droit de tuer les gens. Allah est le seul qui peut juger, on n’a pas le droit de juger.
Mais madame, si les dessinateurs étaient menacés de mort depuis longtemps, pourquoi ils ont continué ? Ils auraient dû arrêter, ils auraient été tranquilles. C’était quand même un peu abusé, ils en rajoutaient tout le temps.

Je leur ai expliqué. Je leur ai dit que je trouvais, moi aussi, que leur humour était souvent limite. Je leur ai expliqué que moi, Charlie Hebdo ne me faisait plus marrer depuis un moment. Je leur ai dit aussi qu’ils ont continué pour montrer que personne ne pouvait les empêcher de faire ce qu’ils voulaient. Quitte à ne pas être toujours subtils, quitte à ne pas toujours être marrants.
Ils m’ont demandé de regarder des dessins publiés par Charlie Hebdo. Je les ai projetés au tableau, nous les avons analysés ensemble. Celui-là il est marrant madame. Celui-là, il est vraiment bête. Celui-là, il est vraiment abusé.
Le dessin de presse, la caricature, comme les textes de satire, reposent sur la nécessité impérieuse d’une réflexion, sur une recherche de l’implicite qui s’acquiert avec le temps, avec l’esprit critique, avec la lecture. J’ai rappelé à mes élèves quelque chose que je leur dis chaque semaine, que l’intelligence est ce que nous avons de plus précieux, que c’est grâce à elle que nous pouvons comprendre non seulement les mots et les images, mais aussi ce qu’ils cachent, ce qu’ils suggèrent, ce qu’ils ne disent pas d’emblée.
Toutes et tous ont compris. Aucun ne m’a dit : « C’est bien fait », « Ils l’ont bien cherché », « Je suis bien content-e ». Aucun. Je n’ai pas eu besoin de les mener à dire quoi que ce soit. Ils l’ont dit eux-mêmes. Les enfants de Seine Saint-Denis ne sont pas des idiots.

Et moi non plus, enseignante, je ne suis pas idiote. Je ne baigne pas dans la démagogie dégueulasse dont on nous pense souvent coupables.
Je sais qu’une poignée d’élèves a refusé de faire la minute de silence, quand une grande majorité l’a respectée sans aucun problème. Curieusement – ou pas – ce sont les mêmes élèves qui, tout au long de l’année, ne respectent pas l’école ni les enseignant-e-s. Les mêmes qui viennent au collège sans leurs affaires, ne font pas leur travail, n’apprennent pas leurs leçons, perturbent le cours. Les mêmes dont les parents ne viennent pas aux réunions de remise des bulletins, les mêmes dont la famille ne répond pas au téléphone. Les mêmes dont nous peinerons à freiner la déscolarisation.
Ce n’est pas une coïncidence.
La personne que nous devenons est à la fois le fruit d’un développement personnel et celui de notre éducation, de notre milieu, de l’endroit où nous vivons. La pensée individuelle ne peut s’épanouir que lorsqu’elle trouve un terrain favorable. Lorsque le terrain est miné par le lavage de cerveau entamé dès l’enfance, par les discours radicaux de tous horizons, par des idées à l’emporte-pièces si faciles à comprendre, si binaires, la pensée personnelle libre et insoumise ne peut pas se développer et mûrir. Le fruit est pourri avant même que la fleur ne soit éclose.
Ce que je dis est simple, simpliste même, pour n’importe quelle personne sensée ayant ne serait-ce qu’effleuré une anthologie de littérature, un manuel de terminale de philosophie ou la sociologie pour les nuls.
Nous autres, enseignants dans le 93, nous échouons parfois à mener ces élèves vers d’autres idées. Nous échouons souvent à les détourner du chemin qui a été tracé pour eux par l’irresponsabilité d’un discours séduisant parce que facile à comprendre.

Il me semble de mon devoir, aujourd’hui, samedi 10 janvier 2015, de constater que nous avons face à nous une poignée de ces enfants. Et que, parmi tous nos collégiens, une immense majorité est capable d’un discours intelligent, capable d’entendre ce que nous disons, capable d’apprendre.
Il me semble de mon devoir, aussi, de faire comprendre à tous ceux qui en douteraient encore, qu’un enfant conditionné dès le berceau pourra très certainement dire des choses stupides, choquantes, révoltantes. Il est évident qu’il faut le condamner. Il est essentiel de comprendre qu’il est minoritaire. Essentiel. Indispensable. Vital. Dans toutes les ramifications de sens que peut avoir cet adjectif. Car mon but, dans ce texte un peu long – et j’espère que certaines et certains le liront jusqu’au bout – mon but, donc, est d’exprimer, ici, l’inquiétude profonde que j’ai pour la vie de nos collègues, ami-e-s, élèves, citoyen-ne-s musulman-e-s. Il est vital de dire, autant que son soutien pour ceux qui ont défendu la liberté d’expression jusqu’au bout, notre soutien à la majorité assourdie. L’Islam. Le vrai.

Lorsque je vois qu’un quotidien national, quelques jours après l’attentat contre Charlie Hebdo, part investiguer dans le 93 pour savoir comment ont réagi les élèves, je m’interroge, parce que l’odeur qui émane d’une telle démarche n’est pas très agréable à sentir.
Pourquoi le 93 ? Aucun de ces terroristes ne venait de Seine Saint-Denis. Aucun. Pourquoi le 93 ?
Pourquoi, tiens, n’allons-nous pas enquêter pour savoir les horreurs qu’ont dû proférer les collégiennes et les collégiens dont les parents votent Front National ? Pourquoi les journalistes ne sont-ils pas allés se poster devant les écoles de Béziers ? De Fréjus ? D’Hayange ? D’Hénin-Beaumont ? Pourquoi ne nous donne-t-on pas le droit de nous indigner des propos qu’ont très certainement tenus ces enfants qui, malheureusement pour eux, sont tout aussi imprégnés des idées de leurs parents et de leur milieu que la poignée d’élèves séquano-dionysiens ?
Je regrette vraiment qu’aujourd’hui les élèves du 93 soient stigmatisés, au lendemain de l’attentat terroriste, et je ne comprends pas pourquoi les médias choisissent de titrer, dans un geste racoleur qui me fout sérieusement la gerbe, « Les élèves de Seine Saint-Denis ne sont pas tous Charlie ».
Les élèves de Seine Saint-Denis n’ont surtout rien demandé. Ils aimeraient bien qu’on leur foute la paix, pour une fois, qu’on arrête de braquer les projecteurs sur eux dès qu’un bas du front islamiste vient dire ou commettre quelque chose d’effroyable.
Pas d’amalgame, dit-on.
Sauf qu’on regarde toujours du même côté quand quelque chose ne va pas. On dresse l’inconscient des lecteurs, même les plus intelligents, à créer une association d’idées entre un attentat terroriste et des gamins de Seine Saint-Denis qui ne représentent pas la majorité et qui sont conditionnés par le milieu qui les a vus naître.
Oui, il y a des connards en Seine Saint-Denis. Oui, il y en a qui sont bien contents que Charb se soit pris une balle dans la tête.
Non, tous les enfants de Seine Saint-Denis ne sont pas pour ces attentats. Non, tous les enfants de Seine Saint-Denis ne sont pas d’accord avec l’intégrisme islamiste. C’est même le contraire. Certains ont écrit spontanément des plaidoyers pour la liberté d’expression. D’autres ont eu des remarques plus intelligentes que certains adultes. D’autres ont lu « Liberté » de Paul Eluard en sanglotant.
En braquant les caméras et les dictaphones sur une poignée de crétins, on oublie l’intelligence des autres et la sienne.
Pendant ce temps-là, des Musulmans et des Musulmanes se font agresser. Des mosquées sont incendiées, taguées, injuriées.

J’écris ce texte pour mes élèves du 93, pour la communauté musulmane, pour toutes celles et tous ceux qui seront dans l’ombre d’une poignée d’abrutis obscurantistes qui n’a rien à faire d’autre que de jeter de l’encre noire sur les sourates du Coran.
Je suis solidaire avec tous celles et ceux que l’on n’entend pas.
Je suis française. Vous êtes français.

http://tailspin.fr/post/107696839163/pour-mes-eleves-de-seine-saint...

Commentaire de Anne le 16 Janvier 2015 à 12:14

Cette mère musulmane qui répond aux jeunes fascinés par les terroristes

 

Latifa Ibn Ziaten a renoncé à sa vie. Depuis la mort de son fils, militaire, elle parcourt les cités pour lutter contre les sirènes islamistes. Et fixe dans les yeux ceux qui justifient le terrorisme. Jusqu'à les submerger de son émotion. 

 

 

Son fils, Imad, a été la première des sept victimes de Mohamed Merah. La vague d'attaques de la semaine passée, près de trois ans après les tueries à Toulouse et à Montauban, a réveillé les démons de Latifa Ibn Ziaten. Elle qui est allée à la rencontre des jeunes des cités qui encensaient Merah et parlaient de lui comme d'un « héros ». Elle s'est confiée sur son fils et les a écoutés parler de leur errance. Au lendemain de la marche de dimanche, la fondatrice de l'Association Imad Ibn Ziaten pour la jeunesse et la paix évoque la nécessité de s'engager sur le terrain pour incarner le sursaut républicain.

Lefigaro.fr/madame. - Comment avez-vous vécu les attentats de la semaine dernière et la marche de dimanche ?
Latifa Ibn Ziaten. - Je vis la souffrance tous les jours et je souffrirai toujours. Quand on perd un enfant de 30 ans, on ne peut pas tourner la page. Une partie de moi est partie avec lui et ces attentats ont réveillé ce sentiment. Merah a tué 7 personnes. La semaine dernière, ce sont 17 personnes qui sont mortes. C'est trop dur, il faut en tirer les leçons. Je me mets à la place des autres parents. Hier, j'étais auprès des proches des victimes de l'attaque de l'Hyper Casher et j'ai ressenti cette douleur horrible. Cela a été un moment très fort de voir tous les Français dans la rue, de les entendre répondre « non » au terrorisme et dire : « On n'a pas peur. » J'ai été très touchée. Cela m’a beaucoup rappelé le moment où j’ai perdu mon fils, c'est la même émotion. Les terroristes voulaient mettre la France à genoux, mais ils ont échoué, les Français resteront toujours debout. Aujourd'hui, j'ai envie de dire aux familles de garder du courage. La vie continue et il ne faut pas s'arrêter parce qu'on est tous sortis faire cette marche chaleureuse et solidaire. Il faut que le travail continue pour l'intégration des jeunes.

Comment ?

Les terroristes profitent de cette génération fragile

Je me rends dans les lycées, les cités et les prisons pour mineurs depuis trois ans. Il faut être sur le terrain et ne pas abandonner les jeunes en rupture qui n'ont pas de travail ni de formation. Ils sont tentés par la radicalisation car ils sont malheureux et n'arrivent pas à s’en sortir. Certains disent se sentir comme des oubliés de la République, mis à l’écart, enfermés dans les cités. Ces gens-là [les terroristes, ndlr] profitent de cette génération fragile. Les parents doivent éduquer et surveiller leurs jeunes. Il faut aider les parents et les secouer pour que leurs enfants n'arrêtent pas l'école et ne finissent pas par errer dans la rue. Ce sont aussi aux éducateurs d'aider à transmettre un peu d'amour et d'amitié. Le gouvernement va prendre ses responsabilités et l'Éducation nationale aura un rôle important à jouer, car l'école a remplacé l'armée et une partie des parents qui ont baissé les bras. C'est à l'école qu'on doit leur faire comprendre leur identité. L'école doit répondre.

Comment parler aux jeunes qui ont refusé la minute de silence ?
Des enseignantes m'ont appelée pour m'en parler. Je pense que certains ne comprennent pas, par ignorance. Il faut leur expliquer ce qu’est la minute de silence, leur demander ce qu'ils feraient si le drame arrivait dans leur famille. Il faut leur expliquer ce qu'est une caricature, que ce n'est qu'un dessin, qu'il faut être fier de vivre dans un pays libre avec des journalistes qui risquent leur vie. Quand on leur explique ce qu'est l'islam, ce que c'est que de prendre la vie à quelqu'un, ils comprennent très bien. Il suffit de savoir comment transmettre, notamment par le témoignage et la discussion. Certains manquent tout simplement d'amour. 

On dit que face à un contradicteur, vous le fixez et transmettez votre émotion jusqu'à ce qu'il « craque »...

C'est vrai. Quand je suis dans une cité ou une maison de quartier et que deux ou trois personnes m'envoient des piques, je continue à parler et je garde toujours mon calme. Je parle de mon drame personnel et demande : « Est-ce que c'est ça, l'islam ? » À la fin, je suis applaudie par les jeunes, jamais insultée. Je reçois beaucoup de remerciements. Avec l'association, on ouvre le dialogue sur la vie, l'islam, l'humanité. Je leur dis que si l'on ne respecte pas l'humanité, comme ce qui s'est passé mercredi, on n'est plus rien. J'ai réussi à faire changer d'avis deux jeunes qui souhaitaient rejoindre la Syrie et un l'Irak. Cela m'a pris trois mois avec mon avocate, je les appelais tous les jours pour leur dire de ne pas tomber dans le piège des terroristes. Une fois, j'ai emmené des jeunes des quartiers défavorisés au Maroc pour les faire voyager et leur enseigner le respect de l'autre, le vivre ensemble. Ceux qui sont partis ont complètement changé et sont rentrés avec de l'énergie et du courage pour continuer leurs études. Aujourd'hui, j'ai des invitations dans des établissements scolaires pour tout le mois de janvier. Je vais parler du drame, des journalistes, des policiers et des victimes du magasin casher. À chaque action, je vois mon fils grandir à travers l'association. 

 

 

Commentaire de Anne le 14 Janvier 2015 à 9:40

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