(6) Le pouvoir de Silence pacifie les émotions du vital : " toutes les circonstances extérieures sont à l'image exacte de ce que nous sommes."

                                     

"Mais ce pouvoir de silence ou d'immobilité intérieure a des applications beaucoup plus importantes; nous voulons parler de notre propre vie psychologique. Ce vital, nous le savons, est le lieu de bien des misères et des perturbations, mais aussi la source d'une grand force; il s'agit donc - un peu comme dans la légende indienne du cygne qui séparait l'eau du lait - d'extraire la force de vie sans ses complications et sans s'extraire soi-même de la vie. Faut-il dire que les vraies complications ne sont pas dans la vie, mais en nous-même, et que toutes les circonstances extérieures sont à l'image exacte de ce que nous sommes. Or, la grosse difficulté du vital est qu'il s'identifie faussement à tout ce qui semble sortir de lui; il dit : "ma" peine, "ma" dépression, "mon" tempérament, "mon" désir, et se prend pour toutes sortes de petits je qui ne sont pas lui. Si nous sommes persuadé que toutes ces histoires sont notre histoire, il n'y a rien à faire, évidemment, qu'à supporter la petite famille jusqu'à ce qu'elle ait fini sa crise. Mais si l'on est capable de faire le silence au-dedans, on voit bien que rien de tout cela n'est à nous; tout vient du dehors, nous l'avons dit. Nous accrochons toujours les mêmes longueurs d'onde, nous nous laissons gagner par toutes les contagions. Par exemple, nous sommes en compagnie de telle ou telle personne, nous sommes tout silencieux et immobile au-dedans (ce qui ne nous empêche pas de parler au-dehors et d'agir normalement); tout à coup, dans cette transparence, nous sentons quelque chose qui nous tire ou qui cherche à entrer en nous, comme une pression ou une vibration autour (qui peut se traduire par un malaise indéfinissable); si nous attrapons la vibration, nous nous retrouvons, cinq minutes après, en train de lutter contre une dépression, ou d'avoir tel désir, telle fébrilité - nous avons attrapé la contagion. Et quelquefois ce ne sont même pas des vibrations, ce sont de véritables vagues qui nous tombent dessus. Il n'est pas besoin, non plus, d'être en compagnie pour cela; on peut être seul dans l'Himalaya et recevoir aussi bien les vibrations du monde. Où est "notre" fébrilité, "notre" désir là-dedans? sinon dans une habitude d'accrocher indéfiniment les mêmes impulsions. Mais le chercheur, qui a cultivé le silence, ne se laisse plus prendre à cette fausse identification, il a fini par découvrir autour de lui, ce que Sri Aurobindo appelle le circumconscient, ce champ de neige tout autour, qui peut être très lumineux et fort, solide, ou qui peut s'obscurcir, se corrompre, et même se désagréger complètement suivant notre état intérieur. C'est une sorte d'atmosphère individuelle ou d'enveloppe protectrice (assez sensible pour nous faire déceler l'approche d'une personne, par exemple, ou pour nous faire éviter un accident juste au moment où il va nous toucher) et c'est là que nous pourrons sentir et attraper les vibrations  psychologiques avant qu'elles n'entrent. Généralement, elles ont tellement pris l'habitude d'entrer en nous comme chez elles, par affinité, que nous ne les sentons même pas venir; le mécanisme d'appropriation et d'identification est instantané; mais notre culture du silence a créé une transparence suffisante pour que nous puissions les voir venir, puis les arrêter au passage et les rejeter. Parfois, quand nous les aurons rejetées, elles resteront à tourner en rond dans le circumconscient*, attendant la moindre occasion pour entrer - nous pourrons sentir très distinctement la colère, le désir, la dépression rôder autour de nous - mais à force de non-intervention, ces vibrations perdront leur force, puis elles nous laisseront tranquille. Nous aurons décroché. Et nous serons tout surpris, un jour, de voir que certaines vibrations, qui paraissaient irrésistibles, ne nous touchent plus; elles sont comme vidées de leur pouvoir et passent comme sur un écran de cinéma; nous pouvons même voir d'avance, avec curiosité, la petite malice qui va essayer une fois de plus son manège. Ou encore, nous nous apercevrons que certains états psychologiques déferlent à heure fixe, ou se répètent suivant certains mouvements cycliques (c'est ce que Sri Aurobindo et la Mère appellent des formations, c'est-à-dire un amalgame de vibrations qui, par son habituelle répétition, a fini par acquérir une sorte de personnalité indépendante) et nous verrons que ces formations, lorsqu'on les accroche, n'ont de cesse qu'elles ne se soient dévidées d'un bout à l'autre, comme un disque de gramophone. À nous de savoir si nous voulons "marcher" ou non. Il y a mille expériences possibles, c'est un monde d'observations. Mais la découverte essentielle que nous aurons faite, est qu'il y a très peu de "nous" dans tout cela, sauf une habitude de répondre. Tant que nous nous identifions faussement aux vibrations vitales, par ignorance, il est impossible de changer quoi que ce soit à notre nature, sauf par amputation, mais du jour où nous avons vu le mécanisme, tout peut changer, parce que nous pouvons ne pas répondre, nous pouvons dissoudre par le silence, les vibrations perturbatrices et nous brancher ailleurs, s'il nous plaît. La nature humaine peut être changée, en dépit de tous les dictons. Il n'est rien, dans notre conscience ou notre nature, qui ne soit inéluctablement fixé, tout n'est qu'un jeu de forces ou de vibrations qui, par leur récurrence régulière, nous donnent l'illusion d'une nécessité "naturelle". Et c'est pourquoi le yoga de Sri Aurobindo envisage la possibilité d'un renversement total des règles qui gouvernent ordinairement les réactions de la conscience.

Ayant découvert le mécanisme, nous aurons trouvé du même coup la vraie méthode de la maîtrise vitale, qui n'est pas chirurgicale mais pacificatrice; on ne réduit pas la difficulté vitale en luttant vitalement contre elle, ce qui ne fait qu'épuiser nos énergies sans épuiser son existence universelle, mais d'une autre position, en la neutralisant par une paix silencieuse : "Si vous établissez la paix, écrivait Sri Aurobindo à un disciple, il devient aisé de nettoyer le vital. Par contre, si vous vous mettez simplement à nettoyer et nettoyer, sans rien faire d'autre, vous avancerez très lentement, car le vital devient sale et encore sale, et il faut le nettoyer cent fois. La paix est quelque chose de propre en soi, et si vous l'établissez, en vous, c'est une façon positive d'arriver au but. Chercher la boue seulement, et nettoyer, est un chemin négatif."

* À moins qu'elles ne s'enfoncent dans le subconscient. Nous en reparlerons plus tard, avec l'étude de cette région.

 Extrait de  SRI AUROBINDO ou l'aventure de la conscience   Satprem   p. 85-88  

Vidéo   La Conscience de l'Être Eckart Tolle (5° partie) :  

http://epanews.fr/video/la-facult-d-tre-des-animaux-est-un-enseigne...

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Commentaire de Anne le 10 Janvier 2016 à 18:45

Le Silence permet de maîtriser le vital.

Il permet de ne pas s'identifier à ses émotions, de les transmuter en les observant, en les ressentant, en créant une sorte d'enveloppe protectrice, le "circumconscient". Et un jour, ces vibrations ne nous touchent plus.
Lutter contre les émotions serait un refoulement. On les neutralise par une paix silencieuse...

La méditation est la porte d'accès à l'ouverture du cœur vers l'Infini...

http://epanews.fr/profiles/blogs/la-m-ditation-est-la-porte-d-acc-s...

Commentaire de Anne le 14 Septembre 2013 à 15:19

Voici le résumé de ce processus progressif, dans les articles précédents 1 à 5.

article (1)    http://epanews.fr/profiles/blogs/la-conscience-d-tre

Le vide mental établit une paix intérieure.

On sent un courant, une vibration qui parcourt tout le corps. C'est une énergie qui vient d'en haut, de la Source, de l'Esprit - Shakti.

Notre être s'emplit de force. Cette Force devient un outil pour notre transformation.

Vient un moment où on découvre le Témoin, cette vibration de silence qui devient le maître intérieur en créant l'action juste du moment présent.

         (2)    http://epanews.fr/profiles/blogs/2-le-mental-universel-et-le-silenc...

Le Silence mental rend l'être transparent, sans protection : il devient plus sensible aux agressions extérieures. Mais la Force intérieure devient sa protection et lui permet de rejeter ou choisir les pensées-vibrations, qui viennent du dehors, du Mental universel. Et sa conscience s'élargit. Il devient maître du silence et du monde mental.

          (3)      http://epanews.fr/profiles/blogs/3-le-t-moin-ma-tre-de-la-maison-me...

On ressent simultanément deux parties distinctes dans la conscience : la partie active "l'usine à pensées" et la partie réservée, Témoin et Volonté qui observe, ajuste.

Récit de la première expérience de Sri Aurobindo.

L'être découvre que lorsqu'il sort de sa "coquille mentale", tout est possible et son action devient clairvoyante, dans un climat de paix.

(cette même liberté de l'être, de la Conscience, est démontrée par Gregg Braden, à partir d'expériences de la Science quantique)

        (4)    http://epanews.fr/profiles/blogs/4-les-centres-de-conscience-sont-v...

Les centres de conscience, les chakras, émettent toute une gamme de vibrations qui semblent s'irradier à différentes hauteurs de notre être.

Le mental n'est qu'un de ces centres, un type de vibration.

Ces sept centres sont répartis en quatre zones :

 - Le Supraconscient

 - Le Mental

 - Le Vital

 - Le physique et le Subconscient

Avec la Force descendante, nous n'affrontons les centres du bas qu'après avoir déjà solidement établi notre être dans la Lumière d'en haut, supraconsciente.

"Toutes les vibrations viennent du dehors. Notre être est comme un poste récepteur... Si nous disons "je pense donc je suis" ou je sens donc je suis, ou je veux donc je suis, nous sommes un peu comme l'enfant qui s'imagine que le speaker ou l'orchestre sont cachés dans la boîte à musique et que la radio est un organe pensant. Parce que tous ces je ne sont pas nous, ou à nous, et que leur musique est universelle."               

          (5)    http://epanews.fr/profiles/blogs/la-conscience-est-une-force-et-ell...

Dès les premières expériences, le courant de la Conscience est ressenti comme une Force (Agni, énergie) : c'est la substance fondamentale de l'Univers et de toutes choses.

La Matière est de l'Énergie condensée. "Quand nous aurons trouvé ce Secret, la conscience dans la force, nous aurons la vraie maîtrise des énergies matérielles - une maîtrise directe. Mais nous ne faisons que redécouvrir de très anciennes vérités..."

 "L'histoire de notre évolution terrestre, finalement, est l'histoire d'une lente conversion de la Force en Conscience, ou, plus exactement, un lent rappel à la mémoire de soi, de cette Conscience engloutie dans sa Force."

 "alors nous vérifions tangiblement que la conscience est une force, une substance, que l'on peut manipuler comme d'autres manipulent des oxydes ou des champs électriques..."

 " Si nous n'avions pas fait des milliers d'expériences prouvant que le Pouvoir dedans peut modifier le mental, développer ses capacités, en ajouter de nouvelles, découvrir de nouvelles strates de conscience, maîtriser les mouvements du vital, changer le caractère, influencer les hommes et les choses, avoir de l'autorité sur le fonctionnement et l'état du corps, modifier les événements... nous n'en parlerions pas comme nous le faisons."

 Et on découvre que la Conscience-Force est Joie, Ananda...

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