Les derniers degrés de la descente se situent au fond de notre passé évolutif, par-delà le Subconscient, qui était la conscience d'autrefois dans notre préhistoire, à ce niveau où pour la première fois au monde, quelque chose de vivant est sorti de ce qui semblait une Mort, c'est-à-dire à la frontière de l'Inconscient matériel et de la conscience physique, dans notre corps, témoin et résidu de cette première naissance au monde. Les organes, les cellules du corps ont une conscience propre, très bien organisée et très éveillée, qui sait choisir, recevoir, rejeter, et que l'on peut manipuler dès que l'on est parvenu à un développement yoguique suffisant. S'il s'agissait seulement d'améliorer les conditions de la vie actuelle, la conscience yoguique ordinaire y suffirait : prolongation de la vie, immunité aux maladies et même jeunesse sont parmi les acquisitions fréquentes de la discipline. Mais nous l'avons dit, nous cherchons à transformer la vie, pas seulement à ravaler la façade. Or, sous cette conscience physique, il y a une subconscience physique, qui est le produit de l'évolution de la vie dans la Matière, où sont gravées toutes les vieilles habitudes de la vie, dont la plus mauvaise est de mourir - ses réflexes, ses peurs, ses défenses, et surtout ses habitudes de durcissement, comme si elle avait gardé la mémoire des innombrables carapaces sous lesquelles elle a dû se protéger pour grandir. Et tout au fond de cette subconscience physique, à l'endroit où toute forme de conscience, ou de mémoire, semble s'éteindre, on touche une roche de fond, une Carapace première, qui est la Mort fondamentale à laquelle la vie s'est arrachée. C'est quelque chose de très dur et de très vaste, si vaste et si dur que les rishis védiques disaient : "le roc infini". C'est l'Inconscient. C'est un mur - ou peut-être une porte. C'est un fond - ou une croûte peut-être. Et ce n'est peut-être pas totalement mort ni totalement inconscient, car ce n'est pas quelque chose de négativement immobile que l'on rencontre, mais quelque chose de positivement négatif, si l'on ose dire, quelque chose qui refuse, qui dit Non à la vie :
"Ce refus obstiné dans les profondeurs de la Vie
Ce NON ignorant à l'origine des choses."
Si le fin fond était un Néant d'existence, il n'y aurait pas d'espoir, et, d'ailleurs, jamais rien n'aurait pu naître de rien, mais ce fin fond est quelque chose; s'il y a un Non, c'est qu'il y a un Oui dedans, s'il y a une Mort, il y a une Vie dedans. Et finalement, s'il y a une fin, il y a un commencement de l'autre côté. Tous les négatifs sont nécessairement la moitié d'un positif. Tous nos fonds sont la surface de quelque chose d'autre. Le sens même du yoga de Sri Aurobindo est de trouver le positif de tous les négatifs, en chaque élément et à tous les niveaux de conscience, et, si Dieu veut, le Positif suprême (qui n'est d'ailleurs ni positif ni négatif, il est tout simplement) où se résoudront toutes nos dualités, y compris celles du bas, y compris celle de la vie qui meurt ou de la Mort qui vit.
(...)
Ce jour de 1910 à Chandernagor, Sri Aurobindo était arrivé au fond du trou, il avait traversé toutes les couches immondes sur lesquelles la Vie a poussé, inexplicable fleur; il n'y avait plus que cette Lumière en haut qui brillait de plus en plus intense à mesure qu'il descendait, faisant jaillir toutes les saletés une à une sous son exact rayon, comme si toute cette nuit appelait toujours plus de Lumière, comme si la ligne subconsciente reculait, reculait vers le bas dans une concentration de plus en plus solide à l'image inverse de la concentration d'en haut, laissant ce seul mur d'Ombre sous cette seule Lumière, lorsque, tout d'un coup, sans transition, au fond de cette Matière "inconsciente" et dans les cellules obscures de ce corps, sans extase, sans perte de l'individu, sans dissolution cosmique et les yeux grands ouverts, Sri Aurobindo s'est trouvé précipité dans la Lumière suprême :
"Il déboucha dans un autre espace, un autre temps."
La Nuit, le Mal, la Mort sont un masque. La suprême Opposition éveille la suprême Intensité et le semblable se change en Lui-même - il n'y a plus qu'Un, tad ekam. Le monde solaire, la conscience divine suprême, supramentale, dont toutes les autres sont les rayons séparés, se trouvait là au cœur de la Matière. Le degré au-dessus du surmental n'est pas "au-dessus", il est ici-bas et en toute chose - la porte d'en bas ouvre la porte d'en haut et de partout :
"Un étonnement de lumière scellé au fond...
Un grand renversement de la Nuit et du Jour
Toutes les valeurs du monde changées...
Le haut rencontre le bas, tout est un plan unique."
SRI AUROBINDO L'aventure de la conscience Satprem (p.268-272)
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