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Commentaire de Albatros le 22 mai 2016 à 0:27

Traduction :
"Je m'appelle Ruby Chimerica et j'habite le village de Paaqavi dans la réserve Hopi, en Arizona...
J'aime la vie et tout ce que la création me donne.
Je ne changerais mon mode de vie pour rien au monde.
Je me peux marcher 3 à 5 km depuis ma maison et j'ai accès à tout ce dont j'ai besoin.
Je prends juste une tige de chaque plante en fonction de ce que j'ai prévu de tisser.
Je ne fais jamais de réserves car je ne sais jamais à l'avance quelle tournure prendra ma création. Je ne stocke pas les herbes que je cueille et je leur apporte toujours quelque chose en offrande.
Lorsque je me rends auprès du peuple des plantes, si je n'apporte pas des grains de maïs ou toute autre forme de nourriture à leur offrir, alors je leur chante... Je leur chante un chant de tisseuse qui accompagnera le panier ou toute autre forme que je créerais à partir de leurs tiges.
Ce chant improvisé est toujours différent.
Les chants de paniers tissés sont toujours à propos des plantes, de la Terre, des remerciements et des vœux de paix, d'harmonie, dédiés à l'ensemble du vivant.
Chaque fleur, chaque brin d'herbe a un parfum particulier, surtout après la pluie...
Parfois l'odeur est très forte mais elle est toujours agréable quand on aime sentir la nature.
En grandissant, j'ai toujours vu ma grand-mère tisser...
Elle tissait des paniers, des plateaux, des sacs en osier...
Elle me disait toujours :
-"Des jours mauvais viendront. Ils vont et viennent toujours, tu verras. Parfois, un jour, tu te réveilleras et tu te sentiras mal. Mais quoi qu'il arrive, n'arrête jamais de tisser.Si ta création ne prend pas, c'est que tu dois recommencer. Changer d'endroit, te reprendre, te ressourcer, te reconnecter, changer ta façon même de tisser. La Terre parle sans cesse à travers ton cœur comme à travers tes mains, c'est à toi de savoir l'entendre et l'écouter..."
Aujourd'hui, je sais que c'est vrai.
On ne peut rien créer de bon si l'on est pas en accord avec soi-même... Si l'on est pas en accord avec la Terre.
Les plantes ont leur propre langage et elles nous parlent à chaque tissage.
Alors je leur demande ce qu'elles voudraient devenir. Parfois elles me répondent qu'elles voudraient rester plates. Alors je sais que vais tisser avec elles un panier. Car j'ai entendu leur souhait.
On ne doit jamais contraindre la matière première ou la forcer.
Si vous forcez les matériaux alors la création prend une mauvaise tournure.
Il en va ainsi de toute vie, de tout tissage de vie.
Il va ainsi des rapports entre les personnes,des fils qui nous unissent, nous relient ou nous séparent.
L'espoir que j'ai pour les enfants, c'est celui que je répéte à chacune de mes créations :
C'est que les personnes réapprennent à tisser leurs vies, en accord et en harmonie avec la Vie."
(Ruby Chimerica, Village Paaqavi de la réserve Hopi, Arizona)