Depuis quelques années, les médecines alternatives et complémentaires attirent l’attention de nombreux lecteurs et spécialistes des domaines de la santé. Ces dimensions thérapeutiques qui semblent nouvelles en Occident trouvent bien souvent leurs origines dans les médecines traditionnelles venues d’Orient. Qu’il s’agisse de médecine ayurvédique, chinoise, de thérapies chamaniques, ou encore d’approches basées sur la méditation ou le toucher thérapeutique, les patients en quête de remèdes et de mieux être se sentent attirés par ces approches séduisantes, sans pour autant délaisser la médecine classique. Aux Etats-Unis, des études scientifiques sérieuses mettent en lumière le bien fondé de ces disciplines, en soulignant à la fois leurs limites et leur complémentarité avec la médecine classique. De son côté, cette dernière s’oriente de plus en plus dans ces directions de manière préventive et complémentaire.
L’apparition de la médecine quantique
Dans ce contexte innovant, on retrouve le terme de médecine énergétique. Il désigne des pratiques ou des « thérapies » énergétiques qui regroupent bien souvent toutes les pratiques de médecine non conventionnelles. Le terme, dérivé du mot « énergie », peut à la fois signifier « énergie divine » ou « énergie électromagnétique » issue du corps humain. Ce concept renvoie à l’idée qu’il serait possible pour un individu de faire circuler intentionnellement en lui et de transmettre à un autre une « énergie » qui aurait le pouvoir de guérir ou d’apaiser. C’est ainsi qu’est présenté le Reiki, une de ces disciplines les plus connues, mise au point au Japon dans les années vingt par Mikao Usui, et qui a fait l’objet de recherches scientifiques aux résultats encourageants.
Mais, depuis quelque temps, dans les ouvrages consacrés à cette question, on retrouve bien souvent un nouveau terme quelque peu mystérieux pour les non initiés : la « médecine quantique ». Propice à stimuler notre imaginaire, l’appellation semble désigner un lien explicatif entre certains concepts de la physique quantique et cette médecine nouvelle et attirante. On trouve cette approche dans l’ouvrage de Deepak Chopra,
Le corps quantique, qui a contribué à alimenter la thématique en faisant de la médecine quantique le nouveau champ d’explication des médecines énergétiques, assez peu étudiées par la science.
Depuis toujours, une tradition de guérison et de guérisseur a existé dans presque toutes les cultures, bien avant l’avènement de la médecine que nous connaissons aujourd’hui. Elle était basée sur des éléments de tradition faisant souvent appel à des croyances thérapeutiques transmises de génération en génération, dont le socle se situait bien souvent dans les dimensions du sacré et de la spiritualité. Avec l’arrivée du positivisme et de la méthode expérimentale, ces méthodes thérapeutiques ont progressivement disparu de la scène pour ne subsister que de manière cachée en Occident. Elle sont toujours actives dans des sociétés où le poids de la tradition est plus conséquent.
De nombreux phénomènes de guérisons spontanées que la médecine ne peut pas expliquer...
Les condamnant comme des pratiques sans fondements ni efficacité, la science les a simplement mises à l’écart sans leur accorder la moindre importance. Il est vrai que face aux résultats incontestables des débuts de la médecine que nous connaissons, ces approches anciennes ne faisaient pas le poids. Mais cela ne signifiait pas qu’elles n’avaient pas un rôle thérapeutique à jouer, basé soit sur le pouvoir de guérison de la croyance, à l’instar de l’effet placebo que nous commençons à réétudier de manière plus sérieuse, soit sur le lien potentiel avec une dimension spirituelle non reconnue par la science actuelle.
Il existe aujourd’hui de nombreux phénomènes de guérisons spontanées que la médecine ne peut pas expliquer. Ils la renvoient à ses limites, mettant peut-être en lumière des possibilités liées à des dimensions encore inexplorées du vivant et de ses manifestations. Des chercheurs courageux se lancent à présent dans l’étude de ces dimensions : la médecine énergétique met l’accent sur nos propres capacités de guérison, et défie les méthodes d’investigation et les modèles explicatifs de la science. Ce que l’on appelle « médecine quantique » constitue-t-elle une nouvelle voie explicative de ces formes de soins énergétiques ? Nous désirons trouver dans le paradigme quantique des solutions à de nombreuses questions en suspens. Mais qu’en est-il réellement ?
Des enjeux importants
Comment expliquer un principe de guérison fondé sur une approche qui n’est pas encore étudiée par les méthodes scientifiques classiques et qui bien souvent heurte la perspective matérialiste de la vision de l’homme ?
Un éclairage épistémologique nouveau et suffisamment large est nécessaire pour permettre l’étude de phénomènes existants mais troublants auxquels la science est confrontée et qu’elle ne peut pas clairement étudier. Cela signifie nous autoriser à sortir de notre vision du monde et de l’homme, et nous ouvrir à de nouvelles grilles de lecture de la réalité qui vont étendre notre champ de perception intellectuel et intuitif, pour nous faire découvrir des aspects ignorés de notre réalité.
Pour certains, nous sommes déjà entrés dans ce nouveau paradigme avec l’avènement de la physique quantique. Selon cette approche, la physique quantique, avec son cortège de mystères pour les non initiés, pourrait être un terreau fécond et prometteur pour l’explication de principes de guérisons énergétiques propres à certaines médecines alternatives. C’est à ce niveau qu’il faut rester très prudent et voir si un lien peut vraiment exister entre l’éclairage conceptuel de la physique quantique et une vision nouvelle de la réalité et de l’homme au niveau de la médecine et de ses principes de guérison et de soin.
Des recherches éparses
Certes, la physique quantique et certains de ces concepts clés introduisent une vision nouvelle du fonctionnement de la conscience humaine et de l’interaction corps/esprit.
On commence à parler de « bio quantique »
La médecine quantique est un terme aujourd’hui réservé à une nouvelle forme d’explication des principes de la médecine (ou d’une pseudo-médecine pour certains) qui s’appuie sur la physique quantique pour justifier ses pratiques et ses principes actifs. Ce sont notamment les recherches de Frits Albert Popp sur la communication électromagnétique entre les cellules qui ont participé à ce développement, avec la notion de bio photons sur laquelle des recherches additionnelles sont nécessaires.
Il n’existe à ce jour que des initiatives de recherche éparses sur cette thématique. Elles tendent à se regrouper pour former une véritable communauté scientifique désirant prendre au sérieux l’éclairage de la physique quantique dans la médecine et les thérapies. Mais avant de pouvoir mettre en oeuvre des thérapies s’expliquant par certains concepts de la physique quantique, il serait pertinent de commencer par les rapprochements entre d’autres domaines des sciences de la vie comme la biologie et la physique. C’est précisément ce qui commence à se passer avec les recherches exploratoires de certains chercheurs tels qu’Elisabeth Rieper, du centre des technologies quantiques de l’université de Singapour ou de Judith Klinman de l’université de Berkley. (voir article sur la biologie quantique).
A ce sujet, on commence à parler de « bio quantique » et un grand nombre de chercheurs se positionne sur ces questions. Est-ce un signe d’ouverture à une façon nouvelle de voir l’interaction entre les différents éléments de la vie ? Sans nul doute, c’est une réelle nouveauté dans le champ des sciences de l’homme. Comme le disait Carl Jung, « il est très difficile de penser à l’encontre de son temps », mais le temps est sans doute à l’avènement d’une autre façon de voir le vivant. Même si la prudence est de rigueur : le physicien Paul Davies de l’université d’Arizona souligne qu’ « il est encore trop tôt pour savoir si la vie exploite quelques règles quantiques ici et là, ou si au contraire la physique quantique joue un rôle central dans le vivant ».
De la biologie à la médecine : le pas reste à franchir
L’extrême complexité de ce type d’approche alliant une expertise en physique et en biologie, qui pose des hypothèses audacieuses de fonctionnement neurologique
Le temps est sans doute à l’avènement d’une autre façon de voir le vivant.
sous l’éclairage de l’intrication quantique, ne peut que séduire les chercheurs souvent non spécialistes, et les inciter à des associations d’idées parfois pertinentes, ayant pour but d’expliquer un lien potentiel entre la grille de lecture de la physique quantique et la médecine.
Mais malgré des hypothèses intéressantes, il n’existe à ce jour que très peu de recherches scientifiques fiables validant ces approches. Expliquer ces formes de guérisons énergétiques par un effet quantique lié à l’intrication, ou à d’autres caractéristiques propres de la physique sans une réelle validation scientifique ne ferait que décrédibiliser cette démarche. Toutefois, le fait de ne pas étudier ces questions sous prétexte qu’elles sont trop éloignées du modèle médical classique serait également une erreur, sans doute une bien plus grande. Considérer l’individu dans une perspective globale, intégrant ses croyances, ses influences, son milieu de vie et les spécificités thérapeutiques de la médecine est absolument nécessaire. Aujourd’hui, il est clair que la médecine se situe encore dans une optique segmentaire, technologique où l’approche globale du patient n’est pas prise en compte systématiquement. Il est nécessaire avant de parler de médecine quantique de favoriser l’interaction entre plusieurs disciplines des sciences (biologie, physique, sciences humaines…) Il est encore trop tôt pour conclure à une médecine quantique expliquée et proposant des modèles théoriques précis et validés expérimentalement. Cette prudence ne doit pas pour autant remettre en question les expériences réussies de guérisons.
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INRESS
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