Quand l'Amour est plus Fort que la peur!
Latifa Ibn Ziaten a renoncé à sa vie. Depuis la mort de son fils, militaire, elle parcourt les cités pour lutter contre les sirènes islamistes. Et fixe dans les yeux ceux qui justifient le terrorisme. Jusqu'à les submerger de son émotion.
Son fils, Imad, a été la première des sept victimes de Mohamed Merah. La vague d'attaques de la semaine passée, près de trois ans après les tueries à Toulouse et à Montauban, a réveillé les démons de Latifa Ibn Ziaten. Elle qui est allée à la rencontre des jeunes des cités qui encensaient Merah et parlaient de lui comme d'un « héros ». Elle s'est confiée sur son fils et les a écoutés parler de leur errance. Au lendemain de la marche de dimanche, la fondatrice de l'Association Imad Ibn Ziaten pour la jeunesse et la paix évoque la nécessité de s'engager sur le terrain pour incarner le sursaut républicain.
Lefigaro.fr/madame. - Comment avez-vous vécu les attentats de la semaine dernière et la marche de dimanche ?
Latifa Ibn Ziaten. - Je vis la souffrance tous les jours et je souffrirai toujours. Quand on perd un enfant de 30 ans, on ne peut pas tourner la page. Une partie de moi est partie avec lui et ces attentats ont réveillé ce sentiment. Merah a tué 7 personnes. La semaine dernière, ce sont 17 personnes qui sont mortes. C'est trop dur, il faut en tirer les leçons. Je me mets à la place des autres parents. Hier, j'étais auprès des proches des victimes de l'attaque de l'Hyper Casher et j'ai ressenti cette douleur horrible. Cela a été un moment très fort de voir tous les Français dans la rue, de les entendre répondre « non » au terrorisme et dire : « On n'a pas peur. » J'ai été très touchée. Cela m’a beaucoup rappelé le moment où j’ai perdu mon fils, c'est la même émotion. Les terroristes voulaient mettre la France à genoux, mais ils ont échoué, les Français resteront toujours debout. Aujourd'hui, j'ai envie de dire aux familles de garder du courage. La vie continue et il ne faut pas s'arrêter parce qu'on est tous sortis faire cette marche chaleureuse et solidaire. Il faut que le travail continue pour l'intégration des jeunes.
Comment ?
Les terroristes profitent de cette génération fragile
Je me rends dans les lycées, les cités et les prisons pour mineurs depuis trois ans. Il faut être sur le terrain et ne pas abandonner les jeunes en rupture qui n'ont pas de travail ni de formation. Ils sont tentés par la radicalisation car ils sont malheureux et n'arrivent pas à s’en sortir. Certains disent se sentir comme des oubliés de la République, mis à l’écart, enfermés dans les cités. Ces gens-là [les terroristes, ndlr] profitent de cette génération fragile. Les parents doivent éduquer et surveiller leurs jeunes. Il faut aider les parents et les secouer pour que leurs enfants n'arrêtent pas l'école et ne finissent pas par errer dans la rue. Ce sont aussi aux éducateurs d'aider à transmettre un peu d'amour et d'amitié. Le gouvernement va prendre ses responsabilités et l'Éducation nationale aura un rôle important à jouer, car l'école a remplacé l'armée et une partie des parents qui ont baissé les bras. C'est à l'école qu'on doit leur faire comprendre leur identité. L'école doit répondre.
Comment parler aux jeunes qui ont refusé la minute de silence ?
Des enseignantes m'ont appelée pour m'en parler. Je pense que certains ne comprennent pas, par ignorance. Il faut leur expliquer ce qu’est la minute de silence, leur demander ce qu'ils feraient si le drame arrivait dans leur famille. Il faut leur expliquer ce qu'est une caricature, que ce n'est qu'un dessin, qu'il faut être fier de vivre dans un pays libre avec des journalistes qui risquent leur vie. Quand on leur explique ce qu'est l'islam, ce que c'est que de prendre la vie à quelqu'un, ils comprennent très bien. Il suffit de savoir comment transmettre, notamment par le témoignage et la discussion. Certains manquent tout simplement d'amour.
On dit que face à un contradicteur, vous le fixez et transmettez votre émotion jusqu'à ce qu'il « craque »...
C'est vrai. Quand je suis dans une cité ou une maison de quartier et que deux ou trois personnes m'envoient des piques, je continue à parler et je garde toujours mon calme. Je parle de mon drame personnel et demande : « Est-ce que c'est ça, l'islam ? » À la fin, je suis applaudie par les jeunes, jamais insultée. Je reçois beaucoup de remerciements. Avec l'association, on ouvre le dialogue sur la vie, l'islam, l'humanité. Je leur dis que si l'on ne respecte pas l'humanité, comme ce qui s'est passé mercredi, on n'est plus rien. J'ai réussi à faire changer d'avis deux jeunes qui souhaitaient rejoindre la Syrie et un l'Irak. Cela m'a pris trois mois avec mon avocate, je les appelais tous les jours pour leur dire de ne pas tomber dans le piège des terroristes. Une fois, j'ai emmené des jeunes des quartiers défavorisés au Maroc pour les faire voyager et leur enseigner le respect de l'autre, le vivre ensemble. Ceux qui sont partis ont complètement changé et sont rentrés avec de l'énergie et du courage pour continuer leurs études. Aujourd'hui, j'ai des invitations dans des établissements scolaires pour tout le mois de janvier. Je vais parler du drame, des journalistes, des policiers et des victimes du magasin casher. À chaque action, je vois mon fils grandir à travers l'association.
Commentaires bienvenus
Bravo pour ce témoignage et merci.
Respect et Paix à vous
Nous sommes tous connectés, reliés à l'Univers.
Retrouvons notre Nature véritable, dans l'Un, pour la paix et l'harmonie dans les cœurs et sur la planète!
Une méditation pour élever le taux vibratoire dans le monde :
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