Après les traitements lourds comme celui du cancer, le retour dans une vie « normale » ne va pas de soi. La reprise des activités, le regard des autres, le corps encore affaibli, quelques séquelles avec lesquelles il faut apprendre à vivre, et surtout la confrontation à la peur de la récidive. Les examens réguliers nous font savoir que notre histoire avec le cancer n’est peut-être pas encore finie. Comment vivre à nouveau sereinement quand l’insouciance semble perdue à jamais ? Peut-on oublier ce qui s’est passé ? 

J’étais incapable de reprendre le cours de ma d’avant comme si de rien n’était. Ce cancer, même s’il est derrière moi, restera gravé dans ma mémoire. Une fois touchée, la peur de la récidive reste intacte et peut se ranimer au moindre petit changement. Le dragon en moi est toujours vivant et il peut cracher son feu à tout moment. Aucune arme ne sera suffisamment puissante pour le vaincre à jamais. Alors j’ai décidé de me positionner face à ce dragon armures et boucliers baissés. Je m’incline devant sa force et lui offre la paix. Je me suis mise à chercher son amitié car je pense que ce dragon est en réalité le protecteur d'un trésor précieux qui est caché dans cette grotte profonde et obscure de ma peur. Dans les contes, ce ne sont pas les plus hardis qui survivent la rencontre avec le dragon et qui épousent la princesse. Ce sont les chevaliers au cœur pur et aux intentions honnêtes. Voici alors ce que j’ai décidé : Je prends l’épée de Damoclès qui flotte au-dessus de ma tête et m’en sers pour enlever les couches dures et épaisses autour de moi pour que la lumière puisse passer : mes réticences, mes aprioris, mes idées fixes, mes jugements, mes accusations, mes justifications – toutes les résistances que la vie me fait rencontrer. Dans cette action, qui est juste pour moi, la peur se pose. J’essaye de laisser beaucoup de place à l’imprévu. De quoi ma vie de demain sera faite, je n’en sais rien. Aujourd’hui, je me sens bien. En pleine forme et plus amoureuse de la vie que jamais.