Propositions sur l'origine et l'essence du Karma

- Le Jeu Truqué du Karma -

Influence archontique dans la psychologie humaine et dans l'ordre social -

Par John Lamb Lash - Traduction de Dominique Guillet -

Texte OpenSource publié sur : http://www.liberterre.fr/metahistoire/enigme-extra-terrestre/karmatruque.html -

La finalité de cet essai est de tenter d'élucider l'un des aspects les plus troublants de l'expérience humaine: le "karma", à savoir le concept de causes et d'effets dans le comportement humain. Et comme si ce challenge n'était pas assez complexe, je vais, de plus, interpréter certains passages de l'Apocryphe de Jean, un texte présentant des informations relatives aux Archontes qui sont uniques dans le corpus des écrits Gnostiques. Mon propos est de montrer que les Gnostiques avaient développé une vision extrêmement sophistiquée de l'auto-illusion humaine et plus particulièrement quant à la sphère de la moralité et de la responsabilité.

Le terme Sanskrit "karma" signifie tout simplement l'action et, encore plus précisément, l'activation, la manière dont une action en induit une autre, dans une réaction en chaîne; chaque action, au sein de la chaîne, en active - en impulse - la suivante. L'Hindouisme et le Bouddhisme font référence à la "loi du karma" comme s'il s'agissait d'une formulation inéluctable qui soit imposée, de quelque façon, par une autorité cosmique ou qui, peut-être, soit la résultante d'un circuit fermé d'échanges d'énergie dans l'univers. Selon la définition habituelle qui en est donnée, la loi du karma garantit que toute action va éventuellement rejaillir sur son auteur en équivalence. Le bien va attirer le bien et le mal va attirer le mal. Cette loi est à l’œuvre dans tous les événements du cours de la vie, telle une chape de plomb de déterminisme, et son emprise s'étend bien au-delà du seuil de la mort. Les situations de souffrance ou de plaisir, en cette vie, résultent d'actions réalisées lors d'une vie antérieure. La karma est parfois appelé "la loi morale de causes et d'effets". Elle est supposée encourager les actions bonnes, et empreintes d'amour, et de décourager les actions mauvaises, destructives ou nuisibles. Selon la formulation Chrétienne: "tu récolteras ce que tu as semé".

Sans rétributions

La fonction compensatrice du karma est parfois appelée "rétribution karmique", c'est à dire un paiement en retour. Toute personne faisant le mal à autrui va le payer, à savoir qu'elle souffrira d'une action similaire à son encontre, etc. Dans l'Hindouisme et le Bouddhisme, les enseignements relatifs au karma sont indissociables de la notion de réincarnation. Pourquoi en est-il ainsi? Il est considéré, communément, que le karma doive s'appliquer au fil du temps, englobant de nombreuses vies, parce qu'il constitue un principe universel. C'est assurément un concept élevé de moralité. Il implique que toute action réalisée par un individu, de son vivant, générera des répercussions et des ramifications, au-delà de la mort, qui rebondiront, éventuellement, sur cet individu lors d'une incarnation subséquente, en bien ou en mal.

Il existe, ainsi, dans la doctrine du karma, un principe de précaution sur le long terme.

La réincarnation constitue, en soi, un sujet compliqué. Le concept de rétribution karmique n'est applicable que si l'on assume que des vies successives témoignent réellement de l'existence d'une structure de causes et d'effets. Cette hypothèse est vraisemblablement impossible à valider, rendant ainsi la loi du karma dépendante de quelque chose qui reste non prouvé, pour ne pas dire non prouvable. Il est, cependant, une manière simple d'expliquer pourquoi la promulgation de la doctrine du karma nécessite d'invoquer la notion de réincarnation. Dans la réalité des faits, il est impossible de prouver l'existence du karma. Le concept de karma n'est fondé ni sur l'intuition, ni sur les évidences; il n'est pas authentifié par les faits de l'existence humaine. Le karma défie le bon sens commun et il se situe aux antipodes du Réel.

Il est indéniable, dans les affaires humaines, que des individus fréquemment fassent le mal sans avoir à en souffrir en retour et que de bonnes actions ne soient pas suivies de compensations; ou, comme un cynique l'exprimait, "il n'est pas de bonne action qui reste impunie". Des personnes bonnes souffrent d'atrocités commises à leur encontre. De méchantes personnes commettant des meurtres s'en sortent sans conséquences. La tromperie est omniprésente et le plus souvent non dénoncée. Et, lorsqu'elle est dénoncée, elle reste impunie. Les perpétrateurs n'ont presque jamais à rendre des comptes. Il n'existe que peu de justice dans la réalité humaine. C'est un fait de vie incontournable et brutal que seul un acte conscient de déni peut ignorer.

A l'aune du réel pur et dur, le concept de compensation karmique ne s'avère être, en toute évidence, qu'une profonde ineptie. Occasionnellement, certaines personnes payent leurs dettes, bien sûr. Et lorsqu'il en est ainsi, on ne peut qu'en ressentir une sincère satisfaction. Une grande partie des productions d'Hollywood fondent leur succès sur cette attente. Mais, généralement parlant, ce n'est certainement pas le cas et ce n'est pas une réalité sur laquelle on puisse compter. Des actes horribles sont commis sans que les perpétrateurs soient connus ou rendus responsables. Ceux qui sont reconnus coupables d'actes haineux échappent bien souvent à la prison. Et ils se targuent de leur impunité. Il est difficile d'accepter cette situation mais, nonobstant, les preuves parlent d'elles-mêmes dans le tissu social, dans la politique, dans les affaires familiales et relationnelles. Ceux qui commettent de mauvaises actions ne souffrent que rarement des conséquences en retour à part dans des situations spécifiques de guerres de gangs ou de rixes mafieuses. Cependant, dans de tels cas, il est superflu de présupposer qu'une vaste loi impersonnelle de karma soit à l’œuvre. Des individus se vengent ou commettent des violences en réciprocité. Il n'est, alors, nul besoin d'en appeler à une loi cosmique.

D'où le recours à la réincarnation: si je ne peux pas vous démontrer que l'action néfaste d'une personne est compensée par une action néfaste équivalente à l'encontre de cette même personne, parce qu'il n'en existe pas de preuves dans le cours des affaires humaines, je vais alors, de suite, me tourner vers un scénario de vies successives. Telle personne ne subit aucun châtiment dans cette vie présente mais ne nous inquiétons pas, cela viendra plus tard, pour sûr. C'est ainsi que la réincarnation, qui ne peut pas être prouvée, est appelée à la rescousse afin de rafistoler une hypothèse qui est carrément invalidée par les faits de la vie réelle. C'est un exemple de ce que les existentialistes qualifient de "mauvaise foi" (en français, dans le texte), à savoir de croire, ou de prétendre croire, quelque chose que l'on sait pertinemment être non véridique, et ce pour des motivations autres, pour une consolation et un sentiment de justice, ou simplement en raison de la pure incapacité d'accepter la vérité brutale.

Le Christianisme et l'Islam sont des religions dont les adhérents, généralement, ne prennent pas en compte, ou n'acceptent pas, la réincarnation. Cependant, la notion de rétribution karmique est intrinsèque à ces systèmes de croyance. S'il n'existe pas de processus de réincarnation pour garantir la rétribution, qu'à cela ne tienne, il n'est que de s'en remettre au Créateur. Ainsi, cela explique la croyance en la rétribution divine qui imprègne si profondément ces systèmes de foi. Dieu va punir ceux qui font le mal et va récompenser les comportements vertueux des fidèles qui sont enclins à se laisser abuser et piétiner. Le jugement divin prévaudra sur chaque individu et même sur le drame de l'histoire. Les Chrétiens, tout comme les Musulmans, s'accrochent farouchement à cette conviction.

Imaginons ce que serait la vie sans la garantie de la rétribution: être le témoin de tout ce qui se passe dans le monde, le spectateur incessant de l'injustice, et abandonner totalement le confort de la rétribution. Les fidèles ne peuvent envisager l'option de vivre sans la rétribution. C'est, pour eux, une perspective absolument effrayante. Une perspective intolérable à l'extrême. Une perspective qui désintègre le mental et qui angoisse le cœur. Et, qui plus est, une perspective qui ouvre la porte au chaos moral. Car, après tout, s'il n'existe aucune rétribution, aucun châtiment et aucun système de récompense influant sur le comportement humain, alors tout un chacun est libre de faire ce qu'il veut sans se préoccuper des conséquences qu'il pourrait encourir. Tant qu'il n'existe pas de conséquences indésirables, chacun peut faire ce que bon lui semble, agissant soit pour faire du bien à autrui, soit pour lui nuire, au choix, libre de toute contingence de réciprocité, dans un cas comme dans l'autre.

Cela vaut la peine de souligner que les bonnes actions, réalisées avec compassion, bienveillance et sans finalité d'auto-gratification, juste parce que cela fait du bien et parce que les conséquences pour autrui sont heureuses et productives, ne requièrent pas de réciprocité. Ainsi que Walter Kaufmann l'observa dans sa critique de la moralité "de prudence" de la foi Judéo-Chrétienne, un acte authentiquement moral est réalisé sans se préoccuper de la manière dont cela va profiter à celui ou à celle qui le réalise - à savoir la récompense de la faveur de Dieu ou de la vie éternelle après la mort. Au contraire, les actes maléfiques et trompeurs sont toujours réalisés dans la perspective de résultats pour celui ou celle qui les réalise.

Je reviendrai sur ce point à la fin de cet essai.

Ceux qui adhérent aux religions Abrahamiques du Judaïsme, de l'Islam, et du Christianisme sont appelés les "Gens du Livre" parce qu'ils s'en remettent à des règles de comportement que l'on trouve dans des ouvrages attribués à une origine divine: la Torah, la Bible, le Coran. De tels individus s'accordent, communément, sur le fait qu'un comportement bon, "moral", n'est l'apanage que des êtres humains qui respectent ces règles prescrites. L'argumentation de la foi en Dieu est étroitement corrélée à une argumentation en faveur d'un ordre moral autorisé par une agence supra-humaine tout en assumant qu'une telle autorité constitue le seul fondement de la moralité. Sans règles dictées par Dieu, renforcées par un système de récompenses et de châtiments, pourquoi tout un chacun ne suivrait-il pas ses impulsions les plus égoïstes?

Assurément, la mauvaise foi dans la rétribution karmique (mise en œuvre par Dieu ou par une loi cosmique impersonnelle, peu importe) possède une immense influence de contrôle du comportement humain, sans une seule tête qui dépasse du rang. Sans rétribution, ce serait une anarchie morale totale. Mais sans doute vaut-il la peine de considérer ce à quoi pourrait ressembler une "anarchie morale"? J'aborderai ce thème à la fin de cet essai.

Influence archontique

L'Apocryphe de Jean est un long traité cosmologique qui apparaît en 3 versions dans les Codex de Nag Hammadi et, dans une version indépendante, dans un autre texte Copte, le Codex de Berlin. C'est un trésor d'obscurités aveuglantes et de délires théologiques ésotériques. Dans le fourre-tout des écrits Coptes Gnostiques, ce traité est unique en ce qu'il contient deux aspects que l'on ne trouve pas ailleurs dans cette littérature habituellement redondante. En fait, ces deux aspects concernent deux problématiques essentielles qui sont fréquemment évoquées lorsque l'on aborde le sujet des Archontes, les arnaqueurs malveillants décrits par les Gnostiques. Ces questions sont les suivantes:

Quel rôle, si tant qu'il y en ait un, ont joué les Archontes dans la création du corps humain?

Comment les Archontes influencent-ils le cours réel des actions réalisées par des êtres humains - à savoir, comment induisent-ils du karma?

Il n'est nul besoin de dire que ce sont des questions relativement de taille. Il me faut préciser que l'Apocryphe de Jean n'offre aucune réponse qui soit claire et cohérente à l'un ou l'autre de ces questionnements. Tant pis. Il présente, néanmoins, des ébauches de réponse si l'on s'accorde le droit de pratiquer la déduction et l'extrapolation. Bien que certaines personnes puissent opposer des objections à cette méthode, la déduction et l'extrapolation sont les méthodologies à suivre, avec rigueur et sobriété, si l'on veut extraire quoi que ce soit de viable de la littérature Gnostique. A tous ceux qui objectent à ma technique bien connue à cet égard, je dis "faites moi un procès". Quant à ceux qui me suivent sur cette voie, je dois les prévenir que les réponses que l'on puisse développer, à partir de cette matière, ne sont pas simples. Par contre, bien que les explications requises pour les deux réponses soient complexes, la conclusion de ces explications s'avère étonnamment simple. Dans cet essai, je vais seulement aborder la seconde question.

En dévoilant les origines, les motivations et les méthodes des parasites mentaux que sont les Archontes, les écrits Gnostiques nous confrontent à la question très ardue de leur influence sur l'humanité. On peut caractériser cette influence comme ayant plusieurs vecteurs. Tout d'abord, les Archontes affectent les humains par insinuation subconsciente ou subliminale. A cet égard, ils opèrent au travers d'un lien télépathique avec l'humanité - à savoir nous, leurs cousins cosmiques, ainsi que la cosmologie Gnostique nous en informe. Tout ce qui se manifeste dans le mental humain n'en est pas originaire. L'insinuation spécifique des Archontes est évidente dans la pensée religieuse et spirituelle et plus particulièrement dans le virus mental du rédemptionnisme et du complexe du messie. Les Gnostiques mettent explicitement en garde contre l'infection archontique de la pensée humaine au travers de fausses notions religieuses, incluant la croyance en un maître mâle, ou souverain paternel, le dieu paternel extra-terrestre.

Le dévoilement Gnostique de l'influence archontique fait coup double: le souverain de la horde archontique, le démiurge, est cette entité même qui est reconnue comme le dieu créateur, unique et suprême, lorsque l'illusion religieuse insinuée par les Archontes fonctionne. Le Démiurge lui-même est dans l'illusion la plus démentielle persuadé qu'il est d'être la seule divinité responsable des cieux et de la terre et de la création de la race humaine. Le Dieu de la foi Abrahamique existe pour sûr: c'est un prédateur dément extra-terrestre dont le propos est de manipuler l'humanité et de la réduire en esclavage. Tel est l'avertissement étrange des initiés Gnostiques des Mystères.

Mais comment les Archontes affectent-ils réellement l'humanité outre les illusions néfastes qu'ils induisent en notre mental? Au travers d'un autre vecteur d'influence, ils utilisent la duperie et la simulation pour détourner notre attention de la réalité du potentiel humain, les dons de notre espèce tels que l'imagination et la pensée rationnelle - et nous détourner de la présence de la Nature et de la puissance surnaturelle demeurant en la Nature. J'ai longuement explicité cette tactique de contre-façon dans mon ouvrage "Pas en Son Image". Ialdabaoth, le nom que les Gnostiques donnèrent à Jéhovah-Yahvé, est appelé esprit de contre-façon. Le terme Copte pour simulation, HAL, dénote la signature des Archontes qui ne peuvent qu'imiter et non créer. Ils constituent une espèce imitatrice. Ils imitent nos facultés afin de substituer leur structure mentale à la nôtre, vivant ainsi par procuration à travers nous. Ainsi que Castaneda l'a écrit, ils fonctionnent comme une "installation étrangère" en notre propre mental.

Tant sur le plan psychologique que parapsychologique, le profil archontique décliné par les Gnostiques est véritablement sophistiqué et dessert une considération attentive et respectueuse. C'est, sans nul doute, la description la plus lucide d'un paradigme de contrôle mental subliminal qui ait été élaborée par l'espèce humaine. Il serait risqué de ne pas en tenir compte.

Adultère Cosmique

Toute cette matière dia-Gnostique est instructive mais nous voulons vraiment savoir comment les Archontes peuvent réellement détourner et pervertir le comportement humain. Peuvent-ils le faire au-delà et en-dehors de l'insinuation subconsciente? L'Apocryphe de Jean présente quelques informations étonnantes et perplexantes. Je vais me concentrer sur un passage-clé.

"Lorsque le Gouverneur en chef (le Seigneur des Archontes) réalisa qu'ils (les êtres humains) étaient exaltés au-dessus de lui dans les hauteurs et qu'ils le surpassaient en pensée et qu'il ne pourrait pas les saisir... Il échafauda un plan avec ses autorités (exousiai), qui sont ses puissances, et ensemble, ils commirent un adultère avec Sagesse (Sophia) et destin amer (hiemarmene) fut engendrée par eux qui est la dernière des entraves changeables et qui est de la sorte interchangeable et qui est plus dure et plus puissante que celle avec laquelle les dieux s'unirent et les anges et les démons et toutes les générations jusqu'à ce jour."

Cette description cohérente d'un système de contrainte karmique avec des "entraves" rappelle la chaîne Bouddhiste de liens de réincarnation, les nidanas, dépeints autour de la périphérie de la Roue de Vie. J'estime que ce passage présente l'équivalent Gnostique de la doctrine Bouddhiste du karma mais il ne faut pas identifier, point par point, l'enseignement Gnostique avec la doctrine Bouddhiste. Cet enseignement possède sans doute une leçon différente à offrir quant au principe moral de cause et d'effet.

Paraphrasons librement en jargon mythologique: la Divine Sophia conclut un deal avec le Seigneur des Archontes, lui permettant de laisser ses sbires lier les actions humaines par des chaînes de quelque sorte. Ce sont les chaînes de hiemarmene, le fonctionnement de la destinée, ou en termes plus explicites, l'enchaînement de la compulsion aveugle, un acte en entraînant un autre. Lorsque les Archontes commettent un adultère avec Sophia, la déesse permet que, dans la configuration naturelle de l'humanité, quelque chose soit adultéré par l'influence archontique. Pour adultère, lisez adultération, l'insertion d'un élément étranger ou extérieur de même que le sirop de maïs peut être utilisé pour adultérer le miel. Il en résulte que les Archontes incorporent une distorsion entropique au comportement humain qui serait, sinon, libre d'exercer l'auto-correction et l'auto-régénération. Tout comme le sirop de maïs spolie la chimie naturelle et la valeur nutritionnelle du miel.

Des passages antérieurs (jusqu'au passage 19) établissent la supériorité des humains sur les Archontes. Grâce au Noos, l'intelligence divine, et grâce à l'epinoïa lumineuse, l'imagination, les humains peuvent se corriger et garder leur comportement en alignement avec tout ce qui est bon, cohérent et fertile pour les desseins ultimes de la Vie. Les êtres humains possèdent un énorme avantage sur la horde archontique, selon ce que le texte répète sans cesse. Même les Archontes en sont conscients:

"Et le Gouverneur en chef (Ialdabaoth, le Souverain des Archontes) savait que l'humanité ne lui obéissait pas en raison de la lumière de l'imagination (epinoïa) innée à l'humanité et qui le rend plus correct en sa pensée que le Gouverneur en chef" (II, 2: 22 ff).

Les Archontes ne peuvent pas entrer en compétition avec l'imagination humaine, la faculté même qui a été conférée à l'humanité pour détecter et vaincre ces parasites mentaux. Mais le texte précise que le souverain des Archontes exerce un certain pouvoir: "il mit Adam sous transe" mais non pas une transe similaire à celle placée sur Moïse, une stupeur de sommeil, mais plutôt "ce fut dans sa perception (aisthesis)" (ibidem). Ce qui signifie que les Archontes peuvent réellement brouiller et déformer notre perception, ce qu'ils font principalement par l'entremise de HAL, la simulation. Mais il faut ajouter que c'est nous qui réalisons les simulations, des actes de modelage et d'imitation, grâce auxquels ils ennuagent notre perception. Même à son optimum, la puissance archontique, dans le mental humain, est empruntée au mental.

Mais voilà le hic. Bien que nous, les êtres humains, soyons de loin supérieurs aux Archontes, nous ne profitons pas automatiquement de notre avantage: en fait, nous avons besoin d'un test ou d'un challenge pour l'activer. Tout comme les autres animaux requièrent un signal de l'environnement pour déclencher leurs programmes instinctuels - les castors réagissent à des indices saisonniers en construisant des barrages, par exemple - de même, les humains tirent profit de l'activation de leur don unique, l'epinoïa lumineuse, la puissance de l'imagination. Ainsi, Sophia qui, en premier lieu, conféra ces capacités supérieures à l'humanité, donne aux Archontes un atout dans leur jeu contre l'humanité, en leur permettant de pourvoir aux signaux de déclenchement. Face à ces escrocs, l'humanité est mise au défi d'avoir recours à son imagination pour sa survie même. Les Archontes sont à la fois les agents et les expressions de la force de la duperie dans le mental humain, et non pas juste de manière générale: avec nous, ils co-mettent en oeuvre la capacité d'auto-duperie de l'entièreté de l'espèce humaine.

Prendre conscience que nous ne sommes pas seuls à nous auto-illusionner mais que nous sommes toujours impliqués dans une orchestration cosmique, un jeu truqué, constitue LA grande vérité pour libérer l'humanité de toutes les formes de duperie, de manipulation et d'esclavage.

Compulsion aveugle

C'est peut-être suffisamment clair mais comment l'interférence archontique "adultère-t-elle" le potentiel humain? L'additif (l'équivalent du sirop de maïs dans le miel) est une tendance à tomber en transe, en auto-hypnose ou en auto-suggestion, ainsi que le texte l'indique clairement. Cette tendance est purement archontique. En effet, Sophia permet aux Archontes de générer un facteur de mise sous transe dans le mental humain, comme si on handicapait le mécanisme de l'oreille interne pour garder quelqu'un légèrement étourdi, en déséquilibre permanent. C'est notre perception, en fait, qui est handicapée, en raison du brouillage induit par la suggestion: il n'est que de suggérer que quelque chose soit perçu d'une certaine manière pour que les êtres humains soient enclins à le percevoir de cette manière. D'où l'aspect magique de la publicité. D'où l'impact des opérations spéciales psychologiques qui ont recours à la technologie de la simulation. Sophia agit ainsi afin qu'en détectant le truquage de l'auto-suggestion, nous puissions trancher l'illusion à sa racine et nous élever à notre potentiel authentique en utilisant l'imagination pour fusionner dans la réalité sublime des desseins terrestres plutôt que dans la fantaisie et l'évasion.

Tout bon pour l'instant. Nous sommes à mi-chemin de la pleine exégèse du passage sur hiemarmene. Selon l'Apocryphe de Jean, le syndrome d'illusion ne se contente pas d'opérer en tant que disposition mentale mais il est en fait fonctionnellement "installé" dans le mécanisme du comportement humain, actif corporellement. La compulsion aveugle du destin est due à la manière dont le comportement se répète lui-même en s'imprimant sur l'organisme humain, à la mode NPL. Notre ligotage au karma réside en cela: sur le plan comportemental, nous nous imitons nous-mêmes.

Maintenant, je réalise que certaines personnes ne vont pas apprécier que je mélange le langage mythologique avec l'analyse psychologique. Mais il n'existe pas d'autre voie pour recadrer le diagnostic. La métaphore mythologique "Sophia a conclu un deal avec le Seigneur des Archontes lui permettant de laisser ses sbires lier les actions humaines par des chaînes de quelque sorte." décrit une réalité psychologique vécue physiquement. Une activité compulsive imprime l'organisme humain de sorte à se répéter elle-même selon des schémas sans cesse récurrents (les entraves interchangeables) mais elle se manifeste ainsi au travers d'actions uniques et différentes (les entraves changeables). Par exemple, l'ivrogne qui bat sa femme, laquelle est le vecteur de son addiction, répète un schéma compulsif d'abus et elle répète son implication dans ce schéma mais à chaque fois que cela se passe, il y a deux personnes réalisant des actions différentes à ce moment précis du temps. Chaque fois qu'il la frappe au visage est un exemple unique d'abus physique même si son acte manifeste un schéma répétitif d'abus.

La force corporelle de la compulsion à la répétition ligote l'humanité au destin "qui est plus dure et plus puissante que celle avec laquelle les dieux s'unirent et les anges et les démons et toutes les générations jusqu'à ce jour". Sophia prend véritablement une chance avec nous en permettant que le karma fonctionne corporellement et non pas simplement comme un processus mental. Je m'aventurerai à dire qu'elle agit ainsi parce que notre dotation divine d'epinoïa est également corporelle et il en faut une qui puisse s'opposer à l'autre et la maîtriser.

Sur ce point, voir "Pas en Son Image" au chapitre 22 : "L'epinoia est le pouvoir directeur de l'imagination, l'authentique facteur de rédemption dans la Gnose. L'Apocryphe de Jean indique comment la Divine Sophia, lorsqu'elle prit conscience du problème que l'humanité allait confronter avec les Archontes, investit Zoé de “la lumineuse epinoïa”, la force de vie, afin que nous puissions porter une faculté imaginative dans notre constitution biologique."

L'essence du karma, selon le paradigme Gnostique, n'est pas la récompense et le châtiment, tel qu'on le retrouve dans la croyance Abrahamique en la rétribution divine et, d'une autre manière, dans la doctrine Hindoue/Bouddhiste de la réincarnation. C'est plutôt en fait une pure compulsion qui se nourrit d'elle-même et qui s'enlise dans des schémas répétitifs. L'accord conclu avec les Archontes lie chaque être humain dans un enchaînement corporel de sorte qu'une action, réalisée en tant que pur automatisme, tend à produire un acte similaire, ou un acte opposé, et compensatoire, chez la même personne. Le concept-clé est enchaînement, ce qui est la signification de hiemarmene. La chaîne du lien karmique n'est pas telle qu'une bonne action va en générer une autre, ni qu'une mauvaise action va en induire une similaire, qualitativement parlant. Cette chaîne fait en sorte que n'importe quel type d'action devienne répétitif et acquière une vie propre. Cela étant, quelqu'un qui nuit à autrui est condamné par ses propres actions à continuer d'agir ainsi jusqu'à ce qu'il se corrige lui-même - ou jusqu'à ce quelqu'un d'autre le corrige ou l'empêche, purement et simplement, de nuire encore plus. La compulsion à la répétition oblige la personne agissant à l'auto-correction ou bien alors l'entropie physique même de la répétition l'anéantira éventuellement.

C'est de cette manière que Sophia met en place le karma humain: sans système de récompense ou de punition, si ce n'est celles que l'on s'inflige à soi-même au travers de l'action compulsive et aveugle. Un acte authentiquement libre n'entraîne aucune récompense ou punition, aucune conséquence qui en dériverait automatiquement, pour la personne qui en est l'auteure. Je répète: une action libérée ne se traduit par aucune conséquence étrangère ou extérieure pour la personne qui en est l'auteure. Ses conséquences, si tant qu'il est qu'il y en ait, résident dans le pur plaisir de réaliser l'action, un geste dans la perfection de l'éphémère.

La conclusion de sens commun de ce diagnostic comportemental ésotérique est la suivante: ceux qui nuisent vont continuer à nuire et n'encourront aucune punition émanant de l'ordre cosmique car il n'existe aucun système tel de rétribution. Soit ils s'apercevront de ce qu'ils commettent et s'auto-corrigeront, soit ils continueront ainsi jusqu'à l'épuisement ou jusqu'à l'auto-destruction dans une violente déflagration - s'ils ne sont pas empêchés de nuire par quelqu'un d'autre avant. L'option d'auto-correction signifie qu'il n'existe pas de clause de responsabilité en-dehors du libre-arbitre souverain de chaque individu solitaire. Il n'existe aucun système cosmique de compensation morale. Il n'existe pas de justice décrétée dans l'univers bien que la justice puisse être occasionnellement accomplie par l'initiative humaine dans certaines occasions. Le malfaiteur qui spolie et dupe autrui, et qui ne peut pas s'auto-corriger, ne peut être stoppé que par un autre individu, dans une interaction directe. Ne sont-ils pas nombreux les films d'Hollywood qui démontrent cette vérité évidente?

L'Anarchie, enfin!

Le karma en tant que compensation morale est un leurre; cependant, le jeu comportemental de hiemarmene fonctionne exactement tel qu'il est supposé fonctionner. Le jeu est truqué par l'interférence archontique que Sophia permet: le facteur de transe ou la puissance de la suggestion. Le mécanisme de l'entropie morale est opérationnel dans le corps humain, dans les circuits physiologiques et neurologiques qui constituent le fondement du comportement et qui font perdurer les schémas comportementaux. Si Sophia ne permettait pas qu'il en soit ainsi, nous ferions l'expérience d'une résilience totale de corps et de mental, passant d'une phase d'expression optimale à une autre, nous corrigeant et nous améliorant nous-mêmes dans toute action que nous entreprenons. Mais nous ne pourrions jamais nous leurrer nous-mêmes et devenir plus sages en en prenant conscience. En raison de la compulsion, nous nous essoufflons et nous nous épuisons, comportementalement parlant. Les Archontes pourvoient la résistance à l'encontre de laquelle nous générons une libération encore plus optimale de potentiel. Du point de vue de Sophia, c'est un juste échange: sans ce défi présenté à notre potentiel, nous ne tendrions pas vers l'amplitude optimale de notre espèce. De par ce défi, les Archontes ont l'opportunité de jouer leur jeu. Mais l'auto-correction peut être réalisée dans chacune des situations avec lesquelles ils interfèrent.

Ci-dessus, j'ai souligné qu'une bonne action ne recherche aucune compensation. Si elle en cherche une, c'est signe que la moralité prudentielle est opérationnelle. Dans son ouvrage "The Faith of an Heretic", Kaufmann affirme que la moralité Judéo-Chrétienne "ne connaît pas la valeur d'une action réalisée juste pour elle-même", sans aucune espérance de récompense (ou de punition). "L'éthique de l'Ancien Testament est une éthique de prudence et de rétributions comme si le point était que cela paye d'être bon". (Pas en Son Image). Cela ne paye pas d'être bon, c'est la vérité dans toute son âpreté. Cela peut payer, mais ce n'est pas une obligation. Cependant, dans l'expression de la bonté innée, aucune compensation n'est recherchée. Ou requise.

Cela vaut la peine de souligner qu'il y a souvent plus de vigueur impliquée dans la réalisation du mal que dans la réalisation du bien. Les individus malfaisants et pernicieux peuvent être possédés par une détermination véritablement démoniaque. "Les meilleurs ne croient plus à rien, les pires se gonflent de l’ardeur des passions mauvaises." (Yeats, La Seconde Venue. 1919). Pourquoi? Parce que pour perdurer dans le mal, il vous faut travailler vigoureusement à l'encontre de l'ordre naturel des choses et de la disposition bienveillante de l'animal humain mais l'entropie archontique, qui informe la compulsion aveugle, augmente d'intensité au fur et à mesure que vous lui résistez. Vaincre cette interférence entropique requiert une optimisation permanente de votre système, une dynamisation de votre puissance. Cela pourrait expliquer en partie le succès de Starbuck, n'est ce pas?

D'autre part, il est naturel d'agir en bonté et d'aller avec le flux de l'univers, en coopérant avec la beauté et la fonctionnalité élégante de la Vie. On ne se fatigue jamais de faire le bien et, ainsi, on n'a pas besoin de déployer de super-efforts pour perdurer dans ce type de comportement - auquel nous sommes naturellement prédisposés ainsi que les morales Païennes l'affirmaient. Quant aux perpétrateurs, ils peuvent prospérer sur l'amplification de la force vitale requise pour perdurer dans des comportements empreints d'abus et de manipulations. C'est une autre vérité âpre quant à certains fonctionnements propres à la condition humaine.

Il n'existe pas de karma tel qu'il nous a été poissé dessus. Personne ne possède l'autorité de vous rendre responsable pour ce que vous faites, pas même Dieu. Pas même Sophia, la mère animale planétaire. Vous possédez seul cette autorité.

An-archie est composé de la racine arch que l'on trouve dans Archonte. Anarchie est la condition d'être non-archontique, an-archontique. L'anarchie s'oppose à toute autorité sauf celle qui réside dans la volonté souveraine de chaque être humain. Le karma considéré comme un système de punitions et de récompenses, n'existe tout simplement pas. C'est une fabrication de toutes pièces mise en place par des vieux mâles cherchant à intimider les enfants. Vous êtes libre de faire tout ce qu'il vous plaît de faire dans la vie et libre de traiter les gens comme "bon" vous semble sans prescription d'une quelconque régulation morale. "Faites ce que vous voulez" ainsi que Crowley le conseillait si notoirement. Cet adage est à peine une moitié de vérité fondamentale, et une demi-vérité, de plus, dangereuse, assurément. L'autre moitié s'exprime ainsi: tout ce que vous faites se manifeste selon un schéma de compulsion aveugle à moins que vous ne perceviez ce schéma et que vous le dissolviez. C'est alors que vous devenez réellement libre de faire ce que vous voulez; alors que tant que vous n'êtes pas libre de compulsion, vous ne pouvez pas réaliser la nature authentique du libre-vouloir. La liberté ne dépend pas seulement de la faculté et de la capacité d'agir mais bien de la mise en œuvre d'actions dépourvues de schémas répétitifs, de compulsion aveugle, d'entropie archontique, d'heimarmene.

Le Jeu de Kali

Le karma est un jeu truqué. La libération du karma vient à partir du moment où on perçoit comment il est truqué, comment la diversion archontique induit l'auto-suggestion et embrouille la perception, et ensuite, tout simplement, en refusant de jouer ce jeu. Dans une vision libérée, il n'existe pas de loi karmique par l'entremise de laquelle vous puissiez jauger les causes et effets de vos actions. Imaginez donc maintenant ce que c'est que de vivre avec une telle liberté.

En cette époque tardive de l'histoire humaine, il est peut-être enfin temps d'appréhender comment la compulsion humaine est enclenchée par une force adultérante dans le mental. Tout un chacun est pareillement sujet au facteur de transe mais tout le monde n'y succombe pas au même degré. Certains spécimens humains en sont totalement consumés. Ils deviennent intégralement archontifiés. Ils font leurs emplettes et ils assassinent avec le même abandon. Il y en a une pléthore qui s'agitent de nos jours. C'est pour cela que l'on trouve une cabale de psychopathes, obsédés du contrôle, gérant les affaires humaines. Quelle surprise. Les orchestrations de comportement archontique sont devenues, de nos jours, si tristement évidentes à l'échelle globale qu'il se peut que Sophia nous surveille d'un œil attentif, au travers de ce test quelle nous présente, afin de voir comment nous nous en sortons. Dans le monde entier, chaque problème est truqué, orchestré, délibérément instigué et trompeusement mis en place et géré: la crise de nourriture est truquée, l'effondrement financier est truqué, les mass-media sont truqués, les loisirs sont truqués, les élections démocratiques sont truquées, les statistiques sont truquées, l'éducation est truquée, les épidémies sont truquées, l'invasion imminente des OVNIs est truquée, le réchauffement global anthropique est truqué, la troisième guerre mondiale est truquée, le terrorisme est truqué, etc. Combien de trucages faudra-t-il encore avant que nous percutions quant à la manière dont le karma fonctionne et que nous percevions la compulsion aveugle d'une espèce auto-illusionnée?

L'unique facteur décisif dans la "transformation planétaire" tant évoquée pourrait être non pas un éveil spirituel massif, sur le globe entier, mais cette perception élémentaire: les seuls problèmes de la société humaine qui ne peuvent pas être solutionnés d'une manière relativement heureuse et fertile sont des problèmes qui ont été délibérément créés. Si ce n'était pour ces problèmes, tout le monde s'en sortirait sans doute très bien. Mais vous ne pouvez pas gagner un jeu qui a été truqué pour que vous le perdiez.

Mais il y a également de bonne nouvelles dans ce diagnostic atroce qui arrive à son terme. La perception de la manière dont le jeu du karma est truqué amène la libération dans les termes de Kali, c'est à dire selon la métaphore du jeu qui résout toute forme de comportement humain dans le Kali Yuga. (Traduction: dans le Kali Yuga, toute situation peut être maîtrisée en l'insérant dans la métaphore du jeu). On pourrait dire que Sophia conclut un accord avec les Archontes mais c'est Kali qui gère le deal. Elle supervise l'empêtrement humain avec les puissances démoniaques de la duperie et de la manipulation. Elle est appelée Durga, "invincible", parce qu'aucune compulsion démoniaque archontique ne peut la vaincre dans l'univers. Kali libère l'humanité de toutes les illusions, y compris l'illusion de la compassion.

De même que Kali, Sophia aime la loterie, elle aime les jeux de chance. Cela est patent dans toute la Nature dans la manière dont elle jette les dés de l'évolution, avec prolificité, pour ne sélectionner minutieusement qu'une poignée de gagnants. Gaïa-Sophia est, assurément, téléologique, orientée vers un but, mais elle joue follement avec la chance et l'innovation afin de garder les frontières de son monde ouvertes et fluides. Elle adore jouer avec la chance tel un enfant autiste qui décline les racines carrées à la cinquantième décimale. Le scénario cosmique de hiemarmene montre comment la mère animale planétaire a mis en place un jeu de loterie précaire faisant se confronter l'humanité et les Archontes. Kali supervise le jeu pour une raison particulière parce que l'admission au jeu de Kali devient une option dès que l'on sort du jeu truqué. Vous ne démontez pas le jeu Archontique, vous en sortez tout simplement. Il n'existe pas de karma à maîtriser ou à vaincre. L'action réalisée pour la beauté et le plaisir du geste est déjà une initiation Kalika.

John Lash. 18 Octobre 2010. Andalousie.

Dans l’œil étincelant de Visvamata

Traduction de Dominique Guillet.

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