ou Comment créer les conditions d'une communication authentique et bienveillante

Il y a un peu plus d’une vingtaine d’années, j’étais alors une jeune enseignante qui cherchait des réponses aux questions que je me posais quant à ma façon d’être juste dans ma relation avec mes élèves, et d’instaurer dans le cadre qui était posé, une communication que je voulais être de personne à personne, et non seulement d’enseignant à enseigné.  Je me suis alors tournée vers la lecture des travaux de Carl Rogers, de Thomas Gordon ou encore de Marshall B. Rosenberg, et j’ai ainsi découvert à travers ces trois grands noms de la psychologie, les secrets et vertus de la Communication Non Violente© (CNV).

La communication est ce qui nous permet d’entrer en relation avec l’autre, c’est ce qui nous permet de créer du lien, d’échanger, de nous exprimer, d’apprendre, de transmettre. Elle est l’expression orale, verbale, écrite, mais aussi corporelle par nos postures, nos gestes, les expressions de notre visage, de nos mains, de tout ce qui nous compose dans notre grande diversité.

Nous avons tous appris les règles de courtoisie, de politesse, et nous avons tous reçu des connaissances en grammaire, en conjugaison, en orthographe, mais aussi en histoire, en géographie, en mathématiques, en sciences, en langues étrangères, et selon nos orientations nous avons pu apprendre le langage informatique, commercial, marketing … Mais à quel moment avons-nous reçu un enseignement pour apprendre à communiquer sur nos ressentis, nos émotions, à explorer et à identifier nos besoins, à exprimer nos demandes et nos attentes de façon claire, efficace, authentique, respectueuse de soi et de l’autre ?

Déchiffrer le processus de communication, comprendre les jeux et les enjeux qui se jouent dans l’échange verbal, entendre au-delà des mots les non-dits, les souffrances, les blessures ; les accueillir avec empathie, prendre conscience de notre responsabilité dans l’échange, et mesurer le pouvoir de notre parole, sont quelques-uns des points essentiels qu’il nous faut comprendre et intégrer pour pratiquer et développer la Communication Non Violente© de façon consciente.

En tant qu’enseignante reconvertie, je ne peux que regretter ce vide laissé à l’apprentissage des principes d’une communication qui repose sur l’observation (d’un fait, d’une situation), l’expression (d’une émotion, d’un ressenti, d’un sentiment), la reconnaissance (d’un besoin derrière l’émotion exprimée), et la formulation (d’une demande ou d’une attente par rapport au besoin exprimé). Ceci est la base d’une communication respectueuse de soi et de l’autre.

Oui, je regrette le peu de place et d’intérêt porté à la vie intérieure de l’élève en tant que personne, et tout autant pour chaque acteur du système éducatif (enseignants, personnel d’éducation, de service …). Un enseignement exclusivement centré sur la connaissance intellectuelle peut-il être suffisant, satisfaisant, et répondre de façon adaptée à l’évolution de notre monde ? Je pose la question.

Combien de conflits, d’incompréhensions, de ruptures et parfois même de séparations pourraient être évitées si nous acceptions de regarder et de repenser notre mode de communication ?
Combien d’énergie pourrions-nous redéployer vers des aspects créatifs et joyeux de notre vie, en nous épargnant le gaspillage d’énergie à tenter de convaincre l’autre, à juger, à critiquer, à reprocher, à menacer, à punir ?
Combien de moments de paix intérieure, de sérénité, de joie pourrions-nous retrouver dans une écoute ouverte, un dialogue constructif, créatif et bienveillant ?

 

La Communication Non Violente© et consciente peut sembler à certains simpliste, utopique, naïve voire impossible. Je peux le comprendre car lorsque nous sommes amenés à modifier nos comportements, nous avons toujours peur d’être dépossédés d’une part de nous-même à laquelle nous nous sommes identifiés, et sans laquelle nous craignons de ne plus nous reconnaître.

"La compréhension comporte un risque. Si je me permets de comprendre vraiment une autre personne, il se pourrait que cette compréhension me fasse changer. Or, nous avons peur du changement." Carl Rogers

Nous nous sommes identifiés à certains de nos comportements que nous avons-nous-mêmes fabriqués, mais qui ne sont que des composants de notre personnalité que nous pouvons modifier à souhait.

Une personne qui par exemple est persuadée qu’elle ne peut se faire respecter qu’en élevant la voix, qu’en donnant des ordres, en proférant des menaces, et en distribuant des punitions aura beaucoup de résistances à changer sa forme de communication, car elle craindra de perdre l’ascendant sur l’autre. Si cette personne s’ouvre à une autre façon de communiquer, elle sortira d’un fonctionnement sans doute emprunté à son éducation, elle se libérera de sa peur de ne pas être respectée, et gagnera en confiance et en autorité naturelle. Car l’autorité ne se gagne pas par la peur ou la menace exercées sur l’autre, mais par le respect que l’on inspire en étant soi-même dans le respect de l’autre.

La Communication Non Violente© et consciente est tout le contraire de la négation de soi et de ses besoins, au bénéfice de ceux de l’autre ou des autres. Lorsqu’elle est comprise et intégrée, cette forme de communication nous ouvre un vaste champ de liberté pour exprimer ce que nous sommes, ce que nous ressentons, ce que nous sommes en mesure d’accepter ou pas, au regard de ce que sont nos besoins du moment, et de proposer à l’autre une solution ouverte ou de poser une action, une décision juste au regard d’une situation qui nous concerne et nous engage.

C’est d’ailleurs ce que nous faisons à longueur de temps, mais le plus souvent en ayant l’impression de devoir nous justifier comme si nous étions en faute, ou avec le sentiment que nous contraignons l’autre, que nous lui imposons notre point de vue, ou notre décision.  Et lorsque nous ne parvenons pas à exprimer notre ressenti, notre besoin, ou lorsque ceux-ci ne sont pas accueillis, pas entendus, nous gardons au fond de nous notre déception et notre frustration qui se transforment en colère, et que nous vomissons plus tard sous forme de reproches au goût de rancune, à la moindre occasion qui se présente.

"Nos malentendus sont des mal-écoutés qui résultent eux-mêmes de mal-exprimés, de mal-dits et de non-dits. Nous pouvons apprendre à parler à la fois avec sensibilité, force et vérité." Thomas d’Ansembourg

Difficile de ne pas reconnaître que dans bien de nos relations, nous laissons s’installer les conditions du conflit par défaut d’une communication vraie. Nous parlons, parfois beaucoup, de tout, surtout des autres, de ce qui est extérieur à nous. Dans le cadre de nos activités professionnelles auxquelles ne l’oublions pas nous consacrons une grande partie de notre temps, à travers nos relations sociales, mais également dans nos échanges avec nos proches (conjoint, enfants, famille, amis …), nous échangeons des informations, nous commentons beaucoup, questionnons, donnons des ordres, adressons des critiques, des reproches, nous prévoyons, planifions, nous organisons, nous gérons le quotidien, la logistique, les finances …. Nous sommes dans une relation ou l’échange verbal a principalement une fonction d’utilité sociale, et qui est donc essentiellement tournée vers l’extérieur.

Peut-être pouvons-nous y voir l’empreinte laissée dans notre mémoire de quelques petites phrases entendues dans l’enfance, et qui d’une certaine façon ont conditionné notre parole, comme par exemple, parler pour ne rien dire, ne sert à rien ou encore si tu n’as rien d’intéressant à dire, autant te taire.
Même si les relations familiales ont beaucoup évolué en l’espace de quelques décennies, Il n’y a pas encore si longtemps dans les familles les enfants étaient rarement invités à s’exprimer pendant les repas. Beaucoup d’entre nous portons l’héritage d’une éducation où il n’était pas bien de se plaindre, de demander, d’exprimer ses besoins, ses préférences, ses désirs, ses émotions. Quant à l’école, elle aussi a contribué à faire que notre parole soit mesurée et juste, sous peine d’être l’objet de moqueries ou de s’entendre dire si c’est pour dire une bêtise, tais-toi.

Parler de soi, de ses ressentis, de ses souffrances et blessures, exprimer ses besoins, ses aspirations profondes, n’est donc pas chose à laquelle nous avons été invités, préparés, et il n’est donc pas simple, naturel, facile de le faire dans le cadre de notre vie quotidienne. Le fait que nous ayons besoin de recourir à une thérapie, un accompagnement, un groupe de parole pour pouvoir mettre des mots sur nos maux, du sens sur nos émotions, de la clarté dans notre vision, montre à quel point nous ressentons le besoin de combler la déficience d’une communication où le JE peut s’exprimer, être accueilli, entendu pour ce qu’il est, sans nous sentir jugés, critiqués, évalués, ou bien encore coupables, et sans que nos propos soient soumis à des interprétations erronées, et souvent peu empreintes de bienveillance.

"Tout être est une île, au sens le plus réel du mot, et il ne peut construire un pont pour communiquer avec d’autres îles que s’il est prêt à être lui-même et s’il lui est permis de l’être." Carl Rogers

La Communication Non Violente© et consciente nous invite à recentrer notre attention sur nous-même, à nous relier à nos qualités de cœur, à nous réapproprier notre JE, de façon à accueillir le Tu avec bienveillance, et d’ouvrir un espace de liberté et d’expression au NOUS. Son approche est simple mais non simpliste, elle repose sur des principes qui se résument en 4 mots clés : observation, sentiment, besoin, demande.

Observer sans évaluer, sans juger ni critiquer

Nous observons de façon neutre un comportement, un fait une situation concrète qui affecte notre bien-être. Nous ne cherchons pas à décoder ce que nous observons, ni à l’interpréter, ce qui reviendrait à donner au fait observé la couleur de nos peurs, de nos déceptions, de nos espoirs, de nos projections, et donc d’ôter à l’observation toute forme de neutralité.
Cette observation neutre, nous invite à prendre conscience de nos mécanises de pensées (jugements, croyances, préjugés, à priori), de nos automatismes verbaux (oui mais, tu-tu-tu, c’est toujours, c’est jamais, c’est encore, aucun/e, tout ou rien, l’usage de l’impératif), de nos habitudes comportementales (déresponsabilisation, désengagement, attaque, défense, timbre de voix, expression du visage, bouderie, mutisme).

Par cette première porte qu’est l’observation neutre et la prise de conscience, nous pouvons accéder à la seconde qui est l’écoute de nos sentiments suscités par la situation vécue.

Identifier et exprimer ses sentiments sans responsabiliser l’autre, sans interpréter

Il est fréquent d’observer la différence d’approche lorsque l’on répond à cette question :
Comment te sens-tu ? ou Que ressens-tu face à ce que tu vis  (ou face à telle situation) ? 

(A)  Je sens qu’il faut que … Je sens que ça ne sert à rien de… Je sens que nous n’allons pas … J’ai le sentiment que je dois ...  J’ai le sentiment d’aller dans le mur, d’être transparent, inexistant, de ne jamais y arriver. Je me sens sans talent.

(B)  Je me sens incompris. Je ne me sens pas reconnu, Je me sens délaissé, rejeté, manipulé.

(C)  Je me sens fatigué. Je me sens détenu, confiant, rassuré… Je suis déçu de mes résultats. Je me sens inquiet, submergé, découragé.

Lorsque nous parlons de nos sentiments et que nous croyons engager le JE, nous commettons parfois une confusion entre ce que notre mental perçoit comme étant un sentiment, mais qui relève plus de la pensée ou de l’opinion (A), entre les sentiments qui sous-tendent une responsabilité imputable à l’autre même si celle-ci n’est pas explicitement exprimée (B), et enfin entre les mots qui expriment un état d’être, un sentiment mais cette fois exempt de responsabilité projetée sur l’autre (C)

Le sentiment au même titre que l’émotion est un moyen précieux pour nous de reconnaître qu’un de nos besoins n’est pas satisfait, voire plusieurs. L’une et l’autre fonctionnent comme des avertisseurs, des signaux qui nous invitent à nous poser, à regarder en nous ce qui demande à être entendu et qui ne l’est pas. Si nous prenons ce temps pour ressentir à l’intérieur ce qui se passe, nous nous évitons d’entrer en réaction contre ce qui est à l’origine de notre mal-être, et nous pouvons ainsi désamorcer ce qui pourrait nous entraîner vers un conflit, une dispute, une querelle.

Apprendre à distinguer le vrai sentiment, de la pensée ou du sentiment-interprété est essentiel pour aller vers la 3ème étape du processus de communication. Tant que je suis dans l’impossibilité ou l’incapacité de nommer mes sentiments et d’en saisir ma responsabilité, je ne peux pas laisser émerger mes besoins non satisfaits qui se cachent derrière l’inconfort de ce que je vis.

L’ajouterai ici, qu’au moment d’exprimer nos sentiments nous sommes parfois amenés à constater la "pauvreté" de notre vocabulaire ou l’imprécision des mots que nous employons pour décrire un sentiment ou une émotion.
Vous trouverez à la fin de cet article un document que vous pourrez télécharger Des mots pour oser se diretiré du livre de Thomas d'Ansembourg, et qui vous offrira des listes d'adjectifs pour exprimer avec précision vos sentiments.

 

Identifier nos besoins et les exprimer, sans les projeter sur l’autre

Nous avons souvent une connaissance erronée et très partielle de nos besoins fondamentaux, que souvent nous confondons à des envies passagères, ou que nous ignorons tout simplement, parce que pendant longtemps il nous a été répété que s’occuper de ses besoins était une attitude égoïste, et que la générosité consistait à comprendre et à répondre aux besoins des autres avant de s’occuper des nôtres.

Autre croyance largement répandue et qui découle de la précédente, est de croire que l’autre est celui ou celle par qui nos besoins doivent être satisfaits. De là, nous imputons à l’autre la responsabilité de nos besoins non satisfaits ; la défaillance de l’autre fait de lui ou d’elle un coupable tout trouvé.

Si nous prenons le temps de prendre un peu de distance par rapport à ce schéma sur lequel nous avons bâti la plupart de nos relations, nous pouvons nous demander comment pouvons-nous être dans une écoute vraie et adaptée des besoins des autres, si nous n’avons pas cette qualité d’écoute pour nos propres besoins ? Comment pouvons-nous être disponibles et bienveillants pour les autres, si nous ne le sommes pas vis-à-vis de nous-même ? Comment pouvons-nous aimer l’autre et l’accueillir dans ses contradictions et sa diversité, si nous ne nous sommes pas accueillis nous-mêmes dans nos différences ?

La nature humaine est faite de telle sorte que nous avons des besoins fondamentaux à différents niveaux de notre être. Je pourrai dire que tous ont une fonction spécifique, et que tous concourent à notre maintien en vie, à notre développement physique, psychique, affectif, à notre intégration sociale, à notre réalisation par la reconnaissance de nos valeurs, et l’expression de notre identité, de nos talents, à l’accomplissement de notre Être dans sa dimension spirituelle.  Je ne cite là que dans les grandes lignes les multiples fonctions de nos besoins.
Je consacre toute une partie de mon programme* à décrire ce que sont nos besoins essentiels et à l’importante d’y répondre de façon la plus adaptée possible.

Il est de nos besoins comme de nos sentiments, si nous ne les avons pas identifiés, il nous est très difficile de les nommer, et donc de les satisfaire de façon adéquate. Et comme nous sommes fortement imprégnés de la croyance que c’est à l’autre à répondre à mes besoins, sans que nous ayons même à les exprimer, eh bien nous avons-là les conditions réunies qui nourrissent la déception, la frustration, la colère, la tristesse, le conflit, l’incompréhension, le désespoir, le renoncement, la culpabilité.

La non reconnaissance de nos besoins est ce qui rend très souvent la relation de couple difficile, voire ce qui empêche certaines personnes de s’engager pleinement dans une relation, par peur de devoir satisfaire les besoins de l’autre.

Au niveau du couple ce sont souvent les besoins de sécurité affective (et/ou matérielle), de reconnaissance, de respect, d’amour, d’estime de soi, d’affirmation de soi, qui se jouent pour chacun dans la relation. Cette peur de se perdre dans la relation, Thomas d’Ansembourg la résume parfaitement dans cette phrase qui vient nous chercher dans notre propre challenge !

Comment être soi sans cesser d’être avec l’autre, comment être avec l’autre sans cesser d’être soi ?

Lorsque nous observons que nous avons des comportements excessifs (sur-activité ou procrastination), des addictions (travail, achats compulsifs, alcool, drogues, tabac, médicaments), ou que nous entretenons des relations toxiques, des dépendances affectives, nous devons comprendre que ces comportements masquent des besoins essentiels, de base ou fondamentaux, qui ne sont pas satisfaits. Il arrive que nous refusions de voir nos déséquilibres intérieurs, soit parce que nous ne sommes pas prêts à affronter une réalité qui ne nous convient pas mais face à laquelle nous nous sentons impuissants, soit pour éviter de nous saisir de notre part de responsabilité dans ce que nous vivons et nourrissons.

Le seul fait de pouvoir nommer nos besoins marque souvent le début d’un processus de libération et de reconnaissance de nos dysfonctionnements. La parole aide à libérer une tension contenue parfois depuis très longtemps, qui intérieurement nous mine, alourdit l’énergie de notre environnement, et menace à tout moment d’éclater.

Enfin je voudrai souligner un point qui peut aider toutes les personnes qui se retiennent encore d’exprimer leurs propres besoins, craignant d’être étiquetées d’égoïstes. Lorsque nous nous donnons à nous-même l’autorisation de dire nos besoins dans une communication bienveillante, ouverte, constructive autant pour soi que pour l’autre et pour la relation, nous ouvrons un espace de liberté, dans lequel l’autre sait qu’il peut lui aussi exprimer ses besoins, et qu’ils seront accueillis sans jugement.

Exprimer notre besoin à l’autre – Formuler une demande précise, positive et ouverte (négociable).

Avez-vous remarqué que lorsque nous désirons parler de nous, de ce qui nous affecte, nous blesse, nous dérange, nous avons souvent du mal à utiliser le JE, c’est-à-dire à parler en notre nom, sans passer par le Tu-accusateur-responsable ou coupable de ce que JE vit.

Ressentez-vous ou entendez-vous la différence entre :

(A) J’ai besoin d’équité et de justesse, et je me sens triste, fatigué(e) et seul(e) face à la gestion de notre vie de famille. Je souhaiterais que nous puissions en parler ensemble. Qu’en penses-tu ?

(B) J’ai besoin que tu t’impliques davantage dans la gestion du quotidien, dans l’éducation des enfants, dans leurs activités, que tu sois moins souvent absent et accaparé par ton travail. 

Dans la première formulation (A) les sentiments (fatigue, tristesse, solitude) sont nommés, ainsi que le besoin (équité et justesse), derrière lequel on devine que cette personne considère que la répartition de la gestion familiale n’est pas équilibrée, que trop de choses reposent sur ses épaules, et que cette situation ne répond pas à son besoin d’équité. Elle propose une action (en parler), et ouvre sa requête en demandant à son interlocuteur ce qu’il pense de sa proposition.

Un besoin peut en cacher un autre. Si nous investiguions davantage nous pourrions découvrir que derrière le besoin d’équité et de justesse se dissimulent d’autres besoins, comme celui de la reconnaissance (de l’engagement et du dévouement pour sa famille) ou du respect de soi (de ses besoins, de ses valeurs).

Dans le seconde formulation (B) la personne n’exprime pas les sentiments qu’elle ressent. Quant à ses besoins, elle ne les nomme pas directement mais en transfert la responsabilité à l’autre, sous forme de reproches, d’évaluations à peine dissimulés (manque d’implication dans la vie familiale, absence, indisponibilité).  Elle ne crée enfin aucun espace pour que la rencontre puisse se faire, puisque qu’elle ne fait aucune proposition ouverte.

Cette formulation risque d’inciter l’autre à entrer en réaction, plus qu’elle ne l’invite à chercher une voie de conciliation dans laquelle il pourra exposer son point de vue, exprimer ses propres besoins, en vue de trouver une solution. Se sentant attaqué il pourra nier, fuir, riposter avec violence, s’enfermer dans un mutisme, adresser à son tour des reproches, des critiques, des accusations.

La formulation de notre demande est sans doute le point le plus délicat dans l’art d’apprendre à communiquer de façon bienveillante, positive et ouverte. Car cela suppose de dépasser un certain nombre de peurs liées au fait d’oser se dire ; peur de la réaction de l’autre, peur de ne pas être entendu, compris, accueilli dans notre besoin, peur d’être jugé, d’être rejeté, peur de nos propres réactions, peur de perdre l’autre, peur d’affronter notre part de responsabilité.

La voie la plus efficace que j’ai pu expérimenter à ce jour pour dépasser mes peurs, et oser m’affirmer dans ce que je suis, c’est de toujours identifier l’objectif ou l’intention qui m’anime dans quoique je fasse ou décide.

Si au moment de formuler notre demande nous sommes animés de la volonté de changer l’autre, de le contraindre à être ce qu’il n’est pas, ou de le faire plier à nos quatre volontés, alors notre demande à toutes les chances de ne pas être entendue, car l’autre ressentira cette intention et se fermera à notre demande.

Mais si l’objectif de notre demande est au service de la qualité de la relation que nous souhaitons vivre avec l’autre, si l’intention qui nous anime vise la satisfaction de nos besoins respectifs, les nôtres et ceux de l’autre (ou des autres dans le cas d’un groupe), si dans notre intention nous avons intégré d’accueillir avec empathie, le refus éventuel de l’autre, et d’écouter de ce qui l’empêche d’accéder à notre demande, alors cet accent de sincérité sera ressenti par l’autre et accueilli comme une marque de respect et d’amour.

Face à nos peurs, il n’y a qu’une réponse la vérité du cœur et de l’amour !

Aucun de nous n’aime recevoir des ordres ou que quelqu’un lui dise ce qu’il a à faire. Aucun de nous n’aime se sentir critiqué, jugé, évalué, menacé, réprimandé, manipulé, abusé. Aucun de nous n’aime se sentir culpabilisé ou qu’on lui fasse porter une responsabilité qui ne lui incombe pas. Rien que pour ces quelques raisons, nous avons à prendre soin de la qualité de notre communication, dans quelle que forme de relation que ce soit, à commencer peut-être dans notre relation à nous-même. Car l’empathie commence par le fait d’apprendre à s’aimer soi et à se respecter dans notre diversité, dans nos contradictions, dans notre lumière autant que dans nos ombres, sans nous juger, sans nous critiquer, sans chercher de responsabilité extérieure, mais en nous donnant les moyens et pour seul objectif, celui de d’être la plus belle version de nous-même.

Des mots pour oser se dire  PDF en téléchargement

Programme du Cœur de nos Besoins, à la réalisation de Soi

https://fr.wikipedia.org/wiki/Thomas_Gordon_

https://fr.wikipedia.org/wiki/Carl_Rogers

https://fr.wikipedia.org/wiki/Marshall_Rosenberg

 

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