S’asseoir avec un bon copain
Combien de fois je t’ai pris dans mes bras ? Combien de fois tu m’as pris dans les tiens ?
Nous commençâmes nos danses par des tangos ; à chaque mouvement brusque de ma part, tu me balançais en arrière. Nous apprîmes à nous apprivoiser et le tango devint valse et java.
Sans moi, tu n’étais rien. Sans toi, je ne bougeais pas.
Depuis, nous voyageons ensemble. Tu te déploies et je m’envole.
Pourtant :
Toujours, je te casse les pieds avec les miens, mais jamais tu ne te plains.
Toujours, je m’adosse à toi, mais jamais tu ne ploies.
Toujours, je t’écrase les poumons de mon poids, mais jamais tu ne perds ton sourire rayonnant.
Tu as du mérite, car je te sais fragile avec tes dix kilos, tout mouillé, ton petit corps de carbone et tes roues de seize pouces.
Mais ta légèreté est ma force.
T’es beau comme un camion et j’aime bien quand tu roules tes mécaniques.
Et jamais tu ne me regardes de haut, car tu sais bien que le handicap commence d’abord dans le regard des autres.
Toi, jamais tu ne m’as laissé en plan.
Vraiment, j’ai plaisir à m’asseoir avec toi, mon bon copain.
Mon très cher fauteuil roulant.
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