L’esprit libre est humble
Avez-vous déjà examiné la question de la dépendance psychologique ? Si vous l’approfondissez vraiment, vous constaterez que nous sommes presque tous terriblement seuls. Nous avons le plus souvent un esprit tellement superficiel et vide ! Nous ignorons le plus souvent ce que signifie l’amour. C’est cette solitude, cette insuffisance, cette privation de vie, qui nous incite à nous attacher à quelque chose; nous sommes attachés à la famille; nous dépendons d’elle. Et lorsque notre mari ou notre femme se détourne de nous, nous sommes jaloux. La jalousie n’est pas l’amour; mais l’amour devient respectable quand la société le légitime dans la famille. C’est encore une autre forme de défense, une nouvelle fuite face à nous-mêmes. Toute forme de résistance engendre une dépendance. Et l’esprit qui est dépendant ne peut jamais être libre.
Il faut que vous soyez libres, car vous verrez qu’un esprit qui est libre a en lui l’essence de l’humilité. Cet esprit-là, qui est libre et par conséquent plein d’humilité, est capable d’apprendre, contrairement à l’esprit qui résiste. Apprendre est une chose extraordinaire – apprendre, et non accumuler des connaissances. L’accumulation du savoir est une tout autre affaire. Ce que nous appelons le savoir est relativement facile, car c’est un mouvement qui va du connu vers le connu. Mais apprendre est un mouvement du connu vers l’inconnu – c’est seulement ainsi que l’on apprend, n’est-ce pas ?
Une dépendance jamais remise en cause
Pourquoi sommes-nous dépendants ? Psychologiquement, intérieurement, nous sommes dépendants d’une croyance, d’une philosophie; nous attendons d’autrui des directives pour notre conduite; nous cherchons des maîtres qui nous offriront un mode de vie capable de nous conduire à quelque espoir, à quelque bonheur. Nous sommes donc toujours à la recherche d’une forme de dépendance, de sécurité. Est-il possible que l’esprit puisse jamais se libérer de ce sentiment de dépendance ? Ce qui ne signifie pas que l’esprit doive atteindre à l’indépendance – qui n’est qu’une réaction par rapport à la dépendance.
Nous ne parlons pas ici d’indépendance, de liberté par rapport à un état particulier. Si nous parvenons à explorer – mais sans chercher, par manière de réflexe, à nous libérer d’un quelconque état de dépendance -, alors nous pourrons creuser la question beaucoup plus profond… Nous admettons la nécessité de la dépendance; nous la disons inéluctable. Mais jamais nous n’avons remis en cause l’ensemble du problème, jamais nous ne nous demandons pourquoi chacun d’entre nous est en quête d’une certaine forme de dépendance. N’est-ce pas parce qu’il y a au plus profond de nous cette exigence réelle de sécurité, de permanence ? Plongés dans un état de confusion, nous voulons que quelqu’un d’extérieur nous tire de cet état. Nous cherchons donc sans cesse le moyen de fuir ou d’éviter l’état dans lequel nous nous trouvons. Ce processus d’évitement nous amène immanquablement à susciter une forme de dépendance, qui devient l’autorité qui nous gouverne. Si, pour notre sécurité, notre bien-être intérieur, c’est de quelqu’un d’autre que nous dépendons, cette dépendance est source d’innombrables problèmes que nous nous efforçons alors de résoudre, et qui sont liés à l’attachement. Mais jamais nous ne remettons fondamentalement en question le problème de la dépendance en soi. Si nous parvenons à explorer le cœur de ce problème, de manière intelligente et pleinement lucide, alors peut-être découvrirons-nous que la dépendance n’est pas du tout le vrai problème – ce n’est qu’un moyen de fuir une réalité plus profonde.
Les causes profondes de la dépendance
Nous savons que nous sommes dépendants – de notre relation aux autres ou d’une idée, d’un système de pensée. Pourquoi cette dépendance ?
…En réalité, je ne crois pas que la dépendance soit le vrai problème : je crois que ce sont des facteurs beaucoup plus profonds qui font de nous des êtres dépendants. Et si nous savons démêler ces causes, alors la dépendance et la lutte pour s’en libérer ne compteront plus guère; alors tous les problèmes issus de cette dépendance s’évanouiront. Quel est donc le problème fondamental ? Est-ce la haine et la crainte qui hantent l’esprit à l’idée d’être seul ? Mais cet état qu’il essaye d’éviter, l’esprit le connaît-il ? Tant que la solitude n’est pas réellement comprise, ressentie, pénétrée, dissipée – peu importe le terme -, tant que persiste ce sentiment de solitude, la dépendance est inévitable, et on ne peut jamais être libre; on ne peut jamais découvrir par soi-même ce qu’est la vérité, ce qu’est la religion.
Une conscience plus profonde
La dépendance déclenche un double mouvement de distance et d’attachement, un conflit perpétuel et sans issue, s’il n’est pas compris. Il faut que vous preniez conscience du processus d’attachement et de dépendance, mais sans condamnation ni jugement; alors vous percevrez la signification de ce conflit des contraires. Si vous devenez intensément perceptif, et si vous attelez consciemment votre pensée à la compréhension de la pleine signification du besoin et de la dépendance, votre esprit conscient sera ouvert et lucide à ce sujet; alors le subconscient, avec ses mobiles cachés, ses exigences et ses intentions occultes, se projettera dans le conscient. C’est alors le moment où il faut étudier et comprendre tous les messages de votre inconscient. Si vous le faites de manière assidue, si vous prenez conscience des projections du subconscient après que l’esprit conscient a élucidé le problème le plus clairement possible, alors, même si votre attention est occupée ailleurs, le conscient et le subconscient résoudront ce problème de la dépendance, ou tout autre problème. Ainsi s’installe une conscience permanente, qui, avec patience et douceur, apportera l’intégration; et pour peu que votre santé et votre alimentation soient correctes, cela vous apportera en retour la plénitude totale.
(…)
L’attachement est l’illusion du Moi
Nous sommes les choses que nous possédons, nous sommes ce à quoi nous tenons. Il n’y a aucune noblesse dans l’attachement. L’attachement au savoir ne diffère en rien de toute autre forme de dépendance agréable. Dans l’attachement, le moi s’absorbe en lui-même, que ce soit au niveau le plus bas ou le plus élevé. L’attachement est l’illusion du moi, une tentative pour fuir le vide du moi. Les choses auxquelles nous sommes attachés – biens, personnes, idées – deviennent de la plus haute importance, car, privé des multiples choses qui comblent sa vacuité, le moi n’existe pas. La peur de n’être rien incite à posséder, et la peur engendre l’illusion, l’asservissement aux conclusions. Les conclusions, matérielles ou idéologiques, font obstacle à l’épanouissement de l’intelligence, à cette liberté sans laquelle la réalité ne peut pas se faire jour; et sans cette liberté, l’habileté passe pour de l’intelligence. Les voies de l’habileté sont toujours complexes et destructrices. C’est cette habileté, protectrice du moi, qui conduit à l’attachement; et lorsque l’attachement cause la souffrance, c’est cette même habileté qui recherche le détachement et jouit de l’orgueil et de la vanité de la renonciation. La compréhension des voies de l’habileté, des voies de l’ego, est le commencement de l’intelligence.
Jiddu Krishnamurti.
Extraits saisis dans Le livre de la méditation et de la vie – Le Livre de Poche.
http://www.urantia-gaia.info/2011/11/16/ou-finit-lattachement-nait-...
Je ressens la « vérité » dans ces mots. Je ne vois en ce moment qu’une partie de l’iceberg de ces mots.
Ils font écho en partie à une phrase découverte il y a peu.
"Il n’y a pas de maître à chercher tu es le maître de ton existence". Quelle responsabilité!
Parfois il semble que nous ne pouvons réellement être sans « avoir » - être accompagné de personnes, de « qualités », de choses.
Parfois il semble que la Source s’ennuie et « s’amuse » avec tous ces « Mois » et ces « Sois » pour la prise de conscience que la simplicité, la réalisation résident dans le fait d’être, fait qu’il semble difficile à accepter.
Je « finirai » en partageant ce texte.
Qu’est-ce que le Zen ?
Le zen signifie être un homme ordinaire.
C’est l’essence de toutes les religions : le banal, le quotidien.
En comprenant que l’ego crée l’enfer autour de lui, qu’il est source de tout le mal, de toutes les souffrances, de toutes les angoisses, vous le laissez tomber. C’est en voyant que vous souffrez à cause de votre cher « je » que vous vous en débarrassez, et non en cherchant une solution hors de vous-même. Si vous renoncez à votre » moi » au profit de quelque chose d’autre, vous faîtes du troc. Si vous pouviez vraiment comprendre que l’ego est repoussant, qu’il est à la base de la pathologie du monde, vous ne vous demanderiez pas : « Que vais-je recevoir en échange de ma personnalité ? » Le gain est toujours une visée de l’ego. Jetez-le, il est inutile et malfaisant. Que faîtes-vous quand un serpent surgit à vos pieds ? Vous faîtes un bond en arrière. Vous ne vous demandez pas ce que cela va vous rapporter, vous n’attendez pas d’être sûr d’en retirer quelque chose. Vous sautez sans réfléchir, tout votre être sait que la moindre hésitation permettrait au serpent de vous mordre et de vous tuer.Restez-vous assis quand un incendie se déclare chez vous ? Vous posez-vous la question : » est-ce profitable de fuir ? » Certainement pas. Vous fuyez sans réfléchir. Un peu plus tard, dans la rue, il est possible que vous vous interrogiez : « Pourquoi suis-je parti si vite ? » Vous comprenez alors que la vie était un jeu. Si vous pouviez voir que l’ego est une maison en feu, vous ne poseriez aucune question, vous ne marchanderiez pas, vous détaleriez.
Quand ce sera aussi simple que cela, vous serez changé, vous serez désormais un être simple, naturel et ordinaire. Le zen supprime l’attachement à votre personnalité et vous ramène à l’état de » personne « . En cela réside sa beauté. L’événement le plus extraordinaire est de devenir quelqu’un d’ordinaire.
Osho, tiré du livre « Zen, le retour à la source »
Commentaires bienvenus
Oui Eva, une conscience de chaque seconde doit être présente en chacun de nous pour déceler les jeux de l'ego, sans le "diaboliser" pour ne pas entretenir la dualité et la division. L'empreinte de la peur (de manquer par exemple), l'empreinte de notre éducation etc -conditionnement nous fait ériger des obstacles pour la réelle rencontre avec soi-même et les autres. Un chemin de vie :).
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