Malgré l’horreur du 13 novembre, vous ne tuerez ni notre aujourd’hui, ni notre avenir. 6 jeunes fiers et en colère vous disent pourquoi.

 
Ils ont frappé.
Ils avaient crié « On a tué Charlie ! ». Mais nous étions tous Charlie. 
Alors ils ont essayé de nous tuer, nous tous.

Ils n’ont fait aucune distinction, ils nous ont tous désignés comme leurs ennemis. Tous les Français, ceux qui étaient Charlie comme ceux qui n’avaient pas voulu l’être. Plus personne ne peut nier que cette guerre est la nôtre. Nous ne l’avons pas voulue, il faut à présent la mener. 

Ils n’ont pas tiré « n’importe où ». Le prétendre, ce serait nier à l’ennemi sa logique politique et idéologique. Ils ont tiré aussi sur notre jeunesse.
Un stade de football, une salle de spectacle, un restaurant en terrasse. C’est notre vie, dans sa banalité même, qui a été visée. Ces lieux où, partout en France, nous buvons, fumons, dansons, où nous nous réunissons le soir.  Ils ont frappé ce qui nous semblait quotidien, évident. Acquis. C’est-à-dire pour eux qu’ils ont frappé l’impur, l’idolâtre, le mécréant. 

 
ILS ONT TIRÉ SUR NOTRE JEUNESSE
En visant nos terrasses de restaurant, ils ont voulu tuer notre sociabilité, notre art de vivre tous ensemble et mélangés. Ils ont voulu tuer les hommes, les femmes, les couples homosexuels et hétérosexuels qui ne se cachent pas, nos concitoyennes qui ne sont pas invisibles ni reléguées entre quatre murs. 

En frappant nos salles de concert, ils ont voulu assassiner notre liberté culturelle, nos créations et notre audace, nos artistes et notre imagination. En frappant le Stade de France, ils ont voulu tuer notre sport le plus populaire, et avec lui tous nos sports. 

En nous frappant, ils s’en sont pris à ce que l’on porte, à ce que l’on représente, ce que l’on aime et qui nous est si cher. En d’autres termes, ils ont visé la République. Au milieu d’un Occident honni par eux, nos libertés, notre laïcité, nous désignent comme une cible prioritaire. 
Les nôtres sont tombés pour les mêmes raisons que tant d’autres en des temps plus obscurs encore. 

 
ON SENT MONTER LA FIERTÉ, ON NE L'ATTENDAIT PAS.
On sent alors monter deux sentiments mêlés à l’horreur, encore dominés par elle. La colère d’abord, nourrie par la tristesse, encore sous le choc. La fierté surtout. On ne l’attendait pas. 
 
 
Car, ce qu’ils ont frappé, on s’en sent les porteurs et l’on veut le défendre, avec d’autant plus de force qu’ils nous en ont rappelé la fragilité et le prix. 

Et c’est finalement la quintessence de l’esprit français, de la liberté et de l’orgueil qui nous revient en mémoire, contre toute probabilité : le Cyrano de Rostand. Pourrions-nous être en sécurité en abandonnant le combat, en renonçant à nos principes ? 
« C’est possible.
Mais on n’abdique pas l’honneur d’être une cible.
 »

La République est leur cible. C’est notre bien le plus précieux. La République une et indivisible, pour laquelle nous allons combattre « sans distinction d’origine, de race ou de religion ». 
Cette lutte passe d’abord par la banalité et la beauté de notre vie que nous devons préserver malgré les menaces. Continuer à vivre comme hier, c’est déjà mener le combat.

Julie Boulet-Gaches, Déborâh Bucchi, Tristan Claret-Trentelivres, Simon Fulleda, Thomas Macé, Idir Amoura, six jeunes fiers et en colère.

Sources : Marianne

 

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