« Je vous parle d'un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître.

Montmartre en ce temps-là accrochait ces lilas jusque sous nos fenêtres.

Et si l'humble garni qui nous servait de nid ne payait pas de mine, c'est là qu'on s'est connu, moi qui criais famine et toi qui posait nue.

La bohème, la bohème, ça voulait dire, on est heureux.

La bohème, la bohème, nous ne mangions qu'un jour sur deux… »

(*) Les enfants de l’après 68, ne se rendent pas toujours compte de la bravoure de leurs parents, nés entre 1930 et 1960.

Nous avons survécu à l'accouchement  par des mères qui fumaient et buvaient durant leur grossesse. Celles-ci prenaient de l'aspirine, mangeaient tout et n’importe quoi et n'étaient pas testées pour le diabète ou le cholestérol.

Nous nous endormions n'importe où. On nous couchait sur le ventre dans des lits à paillasse et dans des chambres peintes au plomb.

Nous n'avions pas de serrures aux portes. 

A vélo,  on n’avait pas de casques de protection.

Nos parents nous emmenaient dans des voitures sans chauffage, sans ceinture, sans  siège pour bébés, ni air bag. 
Nous buvions l'eau directement à la fontaine. 
Nous mangions des gâteaux secs, du pain rassis, du vrai beurre, du saindoux, du lard. Nous buvions du chocolat avec du vrai sucre.

Cependant,  nous n'étions pas obèses.
Parce que nous étions toujours en train de bouger, de jouer dehors... 

Nous sortions de la maison le matin pour jouer toute la journée au grand air, à condition d'être revenus avant la tombée de la nuit.

« Dans les cafés voisins, nous étions quelques-uns qui attendions la gloire.

Et bien que miséreux avec le ventre creux nous ne cessions d'y croire.

Et quand quelque bistro contre un bon repas chaud, nous prenait une toile, nous récitions des vers, groupés autour du poêle en oubliant l'hiver.

La bohème, la bohème, ça voulait dire tu es jolie. 

La bohème, la bohème. Et nous avions tous du génie… »

(*) Nous construisions nous-mêmes nos planches à roulettes avec lesquelles nous descendions des pentes abruptes, sans freins.

Chaque évènements étaient des leçons de vie et nous avons appris ainsi à gérer les problèmes, au fur et à mesure qu’ils se présentaient à nous.

Nous n'avions pas de Playstations, de Nintendos,  de X-box, d’iPod…

Il n'y avait pas de jeux vidéo ni 150 chaines de télévision, pas de films en DVD ni de son stéréo.
Pas de cellulaire, pas d'ordinateur ni d'internet. 
Pas de Facebook ou de réseaux sociaux. Pour voir nos amis, nous sortions dehors pour les retrouver !
Nous sautions des arbres, on se coupait, se cassait des os, des dents et il n'y avait pas de poursuites judiciaires pour cela. 
Nous avions des fusils à plomb, faisions des jeux avec des bâtons et des balles, Nous avions des lance-pierres, des épées, des arcs et des flèches, des fléchettes et des billes.

Nous jouions avec des radeaux de fortune sur les rivières, nous faisions des pistes de glissades sur les prairies gelées en hiver, nous sautions et plongions dans les rivières à partir des souches d'arbres des rivières, nous bricolions avec toutes sortes d'outils réputés dangereux des ateliers de nos parents, nous jouions avec des pétards à mèches, nous fumions des  P4 à l'unité.

Les soirées exceptionnelles de grandes chutes de neige, nous avions la permission de jouer à la lueur des réverbères dans les rues enneigées. Nous fabriquions alors, en deux temps trois mouvements, des traîneaux en bois avec de vieilles planchettes et des cerclages métalliques d'emballages. Nos mains étaient gelées et violettes car nous n’avions pas toujours des gants.

Nous roulions sur nos vélos sans frein et sans éclairage.

« Souvent il m'arrivait devant mon chevalet de passer des nuits blanches, retouchant  le dessin.

De la ligne d'un sein, du galbe d'une hanche. 

Et ce n'est qu'au matin qu'on s'asseyait enfin devant un café-crème, épuisés, mais ravis.

Fallait-il que l'on s'aime et qu'on aime la vie. 

La bohème, la bohème, ça voulait dire on a vingt ans.

La bohème, la bohème.

Et nous vivions de l'air du temps… »

(*) L'idée que nos parents auraient un jour à nous faire sortir de prison était impensable, car ils étaient du côté de la loi.

L'idée que nos parents puissent être contre l'avis de l'instituteur, du professeur, du policier, du gendarme, du Maire, du curé, qu'ils puissent en venir aux mains ou aux insultes était inimaginable. 

Ces générations ont produit quelques-uns des meilleurs preneurs de risques, têtes pensantes et inventeurs de tous les temps, chefs d'entreprises, souvent autodidactes au bon sens débordant. 


Ces années-là ont été une explosion d'innovations et de nouvelles idées. 
Nous avions la liberté et la peur de l'échec, le succès et les responsabilités qui vont avec, mais nous avons appris comment gérer tout cela.

« Quant au hasard des jours, je m'en vais faire un tour à mon ancienne adresse, je ne reconnais plus, ni les murs, ni les rues qui ont vu ma jeunesse.

En haut d'un escalier, je cherche l'atelier dont plus rien ne subsiste.   

Dans son nouveau décor, 

Montmartre semble triste et les lilas sont morts.  

La bohème, la bohème, on était jeunes, on était fous. 

La bohème, la bohème, ça ne veut plus rien dire du tout. »

Cette séquence « nostalgie » me fait prendre conscience qu’à présent, les jeunes générations auront à réparer nos erreurs, construire un monde nouveau, rempli d’amour, de coopération entre les hommes et les nations. J’ai toujours rêvé d’un monde de partage et je hais ce « partage du monde ». Je demande pardon aux jeunes générations d’avoir contribuer, ne serais-ce que par mon manque d’action, à faire de cette terre ce qu’elle est aujourd’hui. Les hommes de ma génération se sont laissés abuser par ces marchands de bonheur, ces trafiquants d’âmes et ses psedo-scientifiques à la solde de multi-nationales sans scrupule qui nous ont fait prendre des « vessies pour des lanternes ».

S’il vous plait, garder votre sens critique, servez-vous de ce qu’il y avait de « bon » auprès des anciens.

Je vous dis « bon courage » pour la tâche immense qui vous attend.

(**) La bohème, la bohème, on était jeunes, on était fous  !

Sources :

(*) Auteur Inconnu

(**) Charles Aznavour

A écouter :

http://youtu.be/TS3GPAcvql8

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Commentaire de Patrick ONNIS le 23 Février 2015 à 12:42

Merci pour cette belle chanson que je ne connaissez pas et que je découvre avec grand plaisir.

Commentaire de Patrick ONNIS le 20 Février 2015 à 18:14

Sans oublier, Dempsey, que le passé est la graine du futur ... Le passé n'est pas forcément un poids. Il peut être un héritage que nous pouvons modifier, améliorer ou faire fructifier. Ce qui me semble important c'est de ne pas reproduire les erreurs du passé. Respecter nos ancêtres, respecter les anciens, nos parents qui sont venus avant nous et nous ont ouvert la voie, c'est dans l'ordre logique des choses. Tout arbre à des racines. Pour aller plus loin dans mon raisonnement, je dirais que chaque produit a, de nos jours, une traçabilité. On peut savoir où  chaque produit a été fabriqué. Quant à l'homme, beaucoup de nos contemporains ignorent qui est leur créateur et de nombreuses pseudo théories ont obscurcies la véritable origine de l'homme. Si le sujet vous intéresse je vous invite à (re)découvrir les articles suivants :

http://epanews.fr/profiles/blogs/j-adore-mon-nombril

http://epanews.fr/profiles/blogs/pour-en-finir-avec-darwin-1-re-partie

http://epanews.fr/profiles/blogs/pour-en-finir-avec-darwin-2-me-par...

J'aime bien votre formule :

"... Partir de soi, c'est exprimer tout son vécu par sa personnalité"

Bien à vous

Commentaire de Patrick ONNIS le 20 Février 2015 à 14:43

Merci chère Yolange pour votre commentaire plein de bon sens qui enrichit cet article. J'aime bien :

"Alors, partons se soi, pour aller vers un avenir chaque jour possible différent illuminé de joie et de grandeur..."

Bien à vous.

Commentaire de Patrick ONNIS le 20 Février 2015 à 14:41

Cher Dempsey, je respecte tout à fait votre point de vue et j'adhère totalement à vos propos lorsque vous dites :

"Cette nostalgie m'évoque une grande liberté par rapport à 2015 où tout est réglementé, légiféré, surveillé..."

Merci pour votre commentaire

Commentaire de Yolange Bornet le 20 Février 2015 à 12:09

Je pense, quelque soit notre âge, nous sommes encore partie prenante pour réaliser des changement...               On a souvent trop tendance à remettre au lendemain, attendre que les autres fassent un  pas...vers cette transformation. Il nous incombe, pour soi même et les autres, d'avancer de participer de mettre en place ces prises de conscience, pour amorcer une transformation. Car même si c'est pas simple de changer, on ne peut le faire qu' à partir de soi même, et c'est déjà un grand travail. Ne pas regarder le passé, il reste ancré dans nos cellules, et c'est déjà trop. Alors, partons se soi, pour aller vers un avenir chaque jour possible différent illuminé de joie et de grandeur...Yolande

Commentaire de Patrick ONNIS le 19 Février 2015 à 16:51

J'invite les membres d'Epanews a déposer une photo de leur enfance. Cela peut-être rigolo !

Commentaire de Patrick ONNIS le 19 Février 2015 à 16:33

Oui Karen, les photos d'hier ont un pouvoir magique ! Je regrette parfois cette "pureté  innocente" qui se dégage de ces visages d'enfants. Mais nous sommes là pour expérimenter la "matière" et pour apprécier le "chaud et le beau" nous avons du connaitre "le froid et le laid" parfois.

Commentaire de Patrick ONNIS le 19 Février 2015 à 16:30

Cher Tintinabuler, merci pour cette belle illustration qui vient compléter admirablement ma réflexion qui oscille entre nostalgie du passé et grand espoir en l'avenir !

Commentaire de tintinabuler le 19 Février 2015 à 14:15

Beaucoup de clairvoyance et d'honnêteté. Merci Patrick, je ressens les mêmes choses devant notre grande responsabilité à ne pas avoir mieux vu les choses venir. Mais il reste encore à faire, heureusement, le tout c'est d'en être bien conscient.J'aime bien cette image de gardien d'étoiles, dans les yeux des enfants surtout...

Daniel

Commentaire de Patrick ONNIS le 19 Février 2015 à 11:18

Merci Chère Karen pour votre commentaire sincère. Vous l'aurez voulu. Ci-dessus, moi tout petit !

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