Je viens de passer un examen de contrôle après un cancer du sein. Il fait partie de mon protocole. Le personnel soignant ne gaspille pas son énergie pour expliquer, orienter ou rassurer et les cinq minutes que je passe avec mon radiologue entre deux portes semblent déjà être un privilège. Je reste sur ma faim, pas vraiment rassurée et avec plus de questions et de doutes qu’avant…
C’est une situation qui doit se répéter des dizaines de milliers de fois par jour dans les hôpitaux français qui font pourtant partie des meilleurs du monde. Tout le monde fait de son mieux dans des contextes pas faciles, mais il semble que le fossé qui s’est creusé entre médecins et patients n’est pas prêt d'être comblé. D’un côté le savoir médical et les statistiques, de l’autre côté l’ignorance et l’impuissance du patient. Et pourtant : la médecine ne peut rien, absolument rien, si le patient n’est pas prêt à guérir. Tous ces scanners, échographies, mammographies, toutes ces interventions chirurgicales, tous ces médicaments ne servent à absolument rien si le patient n’est pas consentant et s’il n’a pas envie de s’en sortir.
Pourquoi miser si peu sur cette carte ? Pourquoi notre système se santé n’intègre-t-il pas plus le patient dans le processus de sa propre guérison ? On nous fait subir des protocoles généralisés après nous avoir répété que chaque personne est différente et qu’on ne sait pas comment chacun réagit aux traitements. D’où vient cette certitude qui fait dire les médecins que la personne qui s’oppose aux traitements généralisés est irresponsable (voire folle) ? En ce qui concerne le cancer, la médecine allopathique ne sait toujours pas d’où il vient vraiment et comment le guérir ! Mauvaise hygiène de vie, antécédents familiaux, exposition à des facteurs de risque… mais personne ne peut être sûre de ne pas en être touché un jour malgré un mode de vie exemplaire. D’autres ne l’auront jamais malgré deux paquets de cigarettes par jour. On ne sait pas. Nous ne savons pas. Ne serait-il pas temps que nous nous réunissions, médecins et patients, chacun avec ses connaissances et ses compétences, pour trouver des solutions plus individualisées et surtout plus durables ?
Je ne pense pas que ce changement vienne d’en haut, c’est-à-dire du côté de la médecine. Comme tous les vrais changements, il viendra du côté des patients, c’est-à-dire de vous et de moi ! Cela signifie que nous, patients et patients potentiels, avons à nous rappeler de nos propres capacités et du potentiel d’auto-guérison de notre corps et à cesser de croire que les maladies nous « tombent dessus ». Une maladie est l’expression du corps qui nous communique à sa façon que quelque chose ne va pas dans notre vie et qu’il serait temps de s’en occuper. Tout ce qui existe veut être reconnu – alors regardons, écoutant, soyons attentifs au langage de notre corps. Nous comprendrons alors que la maladie n’est pas notre ennemie et que nous ne sommes pas ses victimes. Nous sommes juste responsables de notre santé – et non pas coupables de notre maladie !
Il y en a qui se scandalisent : c’est déjà assez dur d’être malade - est-ce qu’on veut en plus responsabiliser le pauvre patient? Vraiment ? Le plus dur n’est-il pas justement ce sentiment d’impuissance face à la maladie ? Bien sûr, cela arrangerait ceux qui profitent des maladies des autres si les patients continuent sagement à consommer ce qu’on leur propose sans trop poser de questions. Peut-être y a-t-il des personnes qui souhaitent qu'on les prenne en charge et qu’on les porte. Mais tous les autres, toutes ces femmes et tous ces hommes qui ont vraiment envie de s’en sortir et de vivre leur vie de manière libre et autonome et qui se trouvent perdus face à un une machinerie lourde et déshumanisée ?
Apprenons à prendre conscience du potentiel qui réside en chacun de nous pour nous aider à guérir. Apprenons à prendre nos responsabilités. Pas comme nous l’entendons en politique ; la responsabilité n’est pas un jeu mais un vrai engagement. J’accepte d’être responsable de ma vie. C’est moi qui décide, moi qui fais usage de mon libre arbitre et qui choisis ce que j’ai envie de vivre ! J’accueille le symptôme, le messager que mon corps m’a envoyé et j’écoute ce qu’il a à me dire. Qu’est-ce que j’entends ? Arrête-toi ? Prends soin de toi ? Regarde tes vrais besoins et tes vrais désirs dans ta vie ? Occupe-toi de ce qui te fait plaisir ? Chacun entendra ce dont il a besoin. Et puis ? Le mal-a-dit, a été entendu et s’en va.
Personne d’autre ne peut faire ce travail à notre place. Cela ne veut pas dire qu’il faut se débrouiller tout seul – au contraire ! Nous avons profondément besoin des autres car on ne guérit pas dans la solitude. Nous avons besoin de notre famille, de nos amis, voisins, collègues, et de tous ceux qui nous soignent. Nous avons besoin de la médecine et de médecins qui soutiennent notre processus de guérison – pas de ceux qui le dictent. J’en rencontre qui s’ouvrent, de plus en plus, à accepter non seulement les thérapies complémentaires, mais aussi l’individualité du patient. Ils comprennent que, eux aussi, ont besoin de nous pour avancer. Adressons-nous à ceux qui se montrent disponibles et ouverts et laissons les autres de côté. Pas facile de les trouver ? Alors, commençons à éduquer les autres en nous appuyant sur le fait que nous sommes beaucoup déjà à le demander. S’ouvrir, ça s’apprend.
Commentaires bienvenus
Etant " soignant " et tres malade moi meme j ai la possibilité de voir les deux cotés et je peux donc comprendre les autres personnes qui n ont pas la " chance " de connaître le dessous des cartes.Dans mes contacts avec MES patients ceux ci me trouvent plus humains et comprehensif que d autres.Actuellement je suis reconverti en prof de yoga avec le terreau de soignant cela fonctionne extrêmement bien.
Je pense qu'il est important de ne pas attendre des autres qu'ils changent ce système malsain mais de comprendre que c'est à chacun de nous, vous et moi, de le rendre plus humain. Avec les moyens que nous avons à bord: notre écoute, notre parole, notre bienveillance.
Si les énarques ne pensaient pas que " des USINES " a soin sont plus " rentables il y aurait plus d empathie dans les lieux de soin...
Bonjour Karen,,
Oui, nous avons besoin de plus d'humanité dans nos hôpitaux, même si dans mon cas précis je me suis sentie bien accompagnée. Je sais que les médecins prennent de plus en plus conscience de l'importance d'une écoute bienveillante et de l'importance d'un contact plus humain. Il reste pourtant encore du chemin à faire... Mais peut-être pouvons-nous les aider en leur donnant de temps en temps notre feed-back.
Bien à toi
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