Face à la mort, nous nous octroyons deux choix de croyances : soit le néant, soit une continuité. D’un côté une fin, sans plus ; de l’autre, une transition, une transformation, un changement .
Une question que j’ai posée régulièrement aux adeptes de la première option : si, comme vous l’exprimez, il n’y a rien ni avant votre naissance, ni après votre mort, qu’est-ce qui vous retient sur cette planète? Pourquoi, compte tenu du stress, des souffrances, des douleurs que vous expérimentez, tenez-vous absolument à continuer de rester en vie? Pourquoi ne pas avoir choisi de partir, au moment de cette prise de conscience?
Sans surprise, les réponses livrées sont teintées par la peur de la mort, croyants et athées confondus. Cette idéologie, cette philosophie, qui relève de la notion de mortalité, nous pousse à nous interroger sur le sens de la vie. Certains croient que nous sommes le produit d’un Dieu, d’autres, celui du hasard. En fonction de ce en quoi nous avons foi, nous modulons nos actions et comportements en conséquence.
Avant d’appeler la mort, nous expérimentons une foule d’expériences. Bien que ces expériences soient neutres par essence, notre mental-menteur, pour se rassurer, a cette fâcheuse tendance à les mettre en boîte, à les polariser en deux catégories. Il divise, dualise le monde en bien ou en mal, en positif ou en négatif. Ce qui n’a aucun sens. Pourquoi nous fait-il croire à ce monde binaire? Comment s’y prend-t-il? Il n’y a pas cinquante-six raisons. Cela repose sur notre conception ontologique. D’où venons-nous, où allons-nous? Dès que l’être humain conçoit une hiérarchie dans la place qu’il occupe dans cet univers, il relègue son propre pouvoir à une entité autre que lui-même. Ce sont là les mondes parallèles.
Certaines religions perdent des brebis, pendant que d’autres agrandissent leur troupeau. Refusant d’adhérer à aucune religion ni à aucune vie politique, certaines brebis cherchent à vivre au-delà de ces carcans. Pour elles, ces sphères dogmatiques ne leur conviennent pas. Elles les voient s’effondrer: la corruption, l’illusion de l’équité, de l’égalité, ne correspondent nullement aux messages proférés et aux promesses esquissées.
Non contentes de s’être débarrassées de ces doctrines, elles n’ont pas perdu de temps à en ériger d’autres. Ces nouvelles certitudes se nomment des Guides, des Anges, des Archanges, le channelling, la canalisation. C’est un retour insidieux vers la religion, par un acte de dépossession de soi, favorisant l’aspect mortel des êtres, en établissant de prétendus contacts avec des défunts. Leur confiance sabotée par la politique et les cultes religieux, ces « passeurs de lumière » roulent à plein régime, promettent un nouveau monde, meilleur, grandiose, paisible. Ils jouent dans les mondes subtils, ces mondes parallèles que nous côtoyons jour et nuit. Ce sont des plans de basses vibrations. Basses vibrations ne signifiant pas mauvaises, impliquant seulement que la fréquence vibratoire reste lente et englue la volonté de celles qui y pénètrent.
À titre d’exemple, les ailes d’un colibri vibrent si rapidement que nous ne les percevons à peine, contrairement à celles d’un aigle. Nous n’entendons pas les ultrasons, ni ne voyons l’ultraviolet, ce qui n’empêche pas que nous puissions en être affectés. Les mondes subtils existent de cette manière. Ils nous influencent, et prennent parfois le commandement de notre vie, à condition que nous leur en donnions la permission. Sans notre accord, ils ne peuvent rien, ils n’ont aucun pouvoir sur nous.
Fantaisiste, farfelu, diront certains. Qu’est-ce que c’est que ces conneries? C’est le monde de l’insécurité, de la manifestation de nos peurs. Un terreau où notre conscience refoule l’ambiguïté, la colère, la haine qui construit ces entités et qui s’en nourrissent. L’imminence d’une guerre, d’une catastrophe, d’une pandémie, s’inscrit à merveille dans l’esprit humain. Rien de mieux que de développer une crise d’anxiété pour verser dans le pire inimaginable. C’est un bon business, au propre, comme au figuré. Chaque fois que nous tremblons par manque d’affirmation, une porte s’ouvre en nous pour pénétrer dans cette sphère. Et nous pouvons y demeurer aussi longtemps que nous le souhaitons.
Combien de fois avons-nous entendu dire quelqu’un qu’il regrettait un acte ou une parole, alors qu’il avait perdu le contrôle, qu’il n’était plus là, dans le présent, qu’il était hors de lui? Des gestes et paroles regrettables a fortiori. Qui ou quoi donc agissait à sa place? Les phénomènes paranormaux demeurent courants, avec toutes les capacités que plusieurs ont plus ou moins développés à les percevoir. Pour ma part il ne fait aucun doute que ce monde est bel et bien "en vie".
Les « messagers de l’espoir » sont de plus en plus nombreux, affublés de belles promesses de liberté et d’amour infini en guise d’offrandes. Ils se disent venir de l’au-delà, vous traitent comme des ignares, veulent soi-disant votre bien, sont au-dessus de vous et auraient la connaissance infuse. Ils apparaissent comme les nouveaux dieux du savoir. Vous êtes ainsi relégués au rang de victime, coupable de votre ignorance, incapable de les contacter vous-mêmes, eux, les sauveurs de l’humanité. Pourquoi ne nous disent-ils pas comment nous connecter à nous-mêmes? En existe-t-il seulement un qui ait pris le temps d’expliquer que chacun d’entre nous est le seul responsable de sa vie?
Nous avons, pour la plupart, cette faculté à remettre notre soumission et notre obéissance à autrui. Cependant, tout espoir n’est pas perdu. Du moment que nous prenons conscience que rien ne peut se manifester sans nous, que c’est nous qui construisons le monde, notre univers, à notre image et ressemblance, nous reprenons notre propre pouvoir. Soumission et obéissance à soi, à son âme. De cette manière, la décision d’agir vient de l’intérieur. L’opposition à autrui disparaît, la hiérarchie extérieure n’a plus aucun impact, en accord avec soi.
Est-il possible de sortir du rôle de victime en continuant d’attribuer à une force quelconque ou à un créateur extérieur à soi notre présence terrestre? La vanité est l’apanage des Guides. Leur aveuglement vient de l’ombre et non de la lumière. Ils oublient que les personnes qu’ils disent contacter, de qui ils recevraient des messages et qui prendraient même possession d’eux, ne sont encore et toujours qu’eux-mêmes. Projeter hors de soi des qualités qui leur appartiennent, plutôt que de les accepter comme intrinsèques. Un refus de se savoir grand, illimité, infini. C’est vrai que ça peut faire peur. Une sorte de paranoïa des grandeurs, une schizophrénie entre le potentiel incommensurable que nous sommes, et la singularité de l’admettre. Pendant ce temps, quelques morts traînent dans les limbes du bas astral. Ils cherchent l’attention dans cette partie de nous que nous consentons à offrir. Ils ne peuvent venir dans notre monde. Nous, nous pouvons aller dans le leur. Le leur étant le nôtre, notre fabrication.
L’athéisme scientifique a prit la relève et évacue du coup les ressentis que nous avons au-delà de nos sens habituels. Notre perception ne se limite pas à ces sens. Ceux qui s’amusent avec le monde de la mort en canalisant, en se servant de la guérison énergétique ne savent pas toujours à quelles forces ils font appel. De plus, pour le commun des humains, la plupart ignorent également que tous les sentiments, émotions de violence, de haine, de vengeance sont des vortex, des portes ouvertes en soi pour être pénétré d’idées, de gestes qui ne leur appartiennent pas mais en font tout de même l’usage par inconscience. Revenir à soi, restez centré sans se sentir emporté par le corps vital (sentiments, émotions) qui passe d’un extrême à l’autre, gardez le sourire. Quand même amusant de se savoir maître du monde, de son propre monde.
ÉDITIONS 180 DEGRÉS/Patrice Berthiaume
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