Qu'est-ce qu'un biais ?
Selon le TLFI (les sessions ne restent pas. Il faut tout rechercher depuis la page d'entrée, je copie juste les « grandes lignes » et placerai le lien vers le TLFI à la fin).
BIAIS, BIAISE, subst. masc. et adj.
I. Substantif
A. Direction, forme, position oblique. Le biais d'un mur :
En partic., COUT. La diagonale d'un tissu par rapport à la direction des fils :
B. Au fig.
1. Péjoratif
a) Déformation, travers
b) Détour, subterfuge. Recourir à des biais
2. Non péj.
a) Moyen de résoudre un problème, issue. Chercher, inventer, trouver un biais; une situation sans biais; prendre un biais (une bonne tournure).
b) Côté, aspect, point de vue sous lequel une chose se présente :
c) Par le biais de. Sous l'aspect, du point de vue de. Aborder une étude par le biais de la linguistique, de la sociologie.
Comment en arrive-t-on à des biais cognitifs ?
La psychologie cognitive, discipline interdépendante d'autres approches plus biologiques comme la neurologie, biologie....mais également plus abstraites, comme la psychologie, philosophie, sociologie...a pris un large essor avec l'étude de la cybernétique (IA), mais également, l'étude de l'économie comportementale.
C'est suite aux travaux de D.Kahneman, psychologue et économiste, qui reçut un prix nobel d'économie en 2002, en collaboration avec A.Tversky, lui expert en psychologie mathématique que les fonctionnements en système et surtout les biais cognitifs furent vulgarisés. Leur démarche était de contredire le concept de rationalité des économistes à la base de l'économie classique et néoclassique.
Les systèmes et méthodes de résolution des problèmes
En psychologie cognitive, il s'agit d'observer, évaluer et étudier les méthodes que nous utilisons pour mémoriser, raisonner, en résumé, la façon dont nous manipulons (dans le sens large, pas uniquement négatif) les informations, non seulement que nous recevons, mais aussi, celles que nous envoyons.
L'apport des technologies à travers l'imagerie cérébrale n'est pas négligeable dans la poussée de cette discipline, qui devient un volet inséparable de la neurologie.
D.Kahneman a mis en évidence deux systèmes de fonctionnement cognitif dans la résolution de tâches et de problèmes.
Le système 1 : intuitif, rapide, émotionnel, se base sur l'expérience, mais approfondit peu l'analyse.
Le système 2 : très lent, réfléchi et logique, mais très coûteux en temps et en énergie (consomme beaucoup de glucose).
Ce n'est pas sans rappeler les stratégies de résolution des problèmes, mise en évidence par Newell et Simon dans les années 70 :
La stratégie algorithmique est la procedure la plus longue et coûteuse en temps et en énergie, puisqu'elle consiste à passer en revue toutes les possibilités pour la résolution d'un problème. « psychologie cognitive » par P.Lemaire P 489
Alors que la stratégie heuristique, utilise des « raccourcis » qui permettent de gagner du temps, d'aller plus vite et de résoudre plus de problèmes. Cependant, elle est moins fiable (incertaine, source de plus d'erreurs) en terme de résultats que la stratégie algorithmique. « psychologie cognitive » par P.Lemaire P 492.
En voulant contredire la pensée des économistes modernes, D.Kahneman, démontre d'une façon plus générale que la « rationnalité » n'est pas un processus coulant de soi, mais constitue plutôt un travail sur les processus d'élaboration de la pensée et personne, même pas lui, n'échappe aux biais cognititifs.
Sans surprise, les systèmes 1 de D.Kahneman et la méthode Heuristique sont ceux qui génèrent le plus de biais cognitifs, des distorsions qui viennent déformer le cours d'un processus mental : cognition (mémorisation....) le déviant ou l'entrainant sur un chemin totalement différent de celui censément être initialement pris : un raisonnement logique, à travers la construction de l'argumentaire qui l'exprime.
Les différents biais :
Les différentes catégories sont :
Les biais sensori-moteurs, illusions.
Les biais mnésiques, liés au processus de mémorisation.
les biais de jugement, qui influencent le jugement, à l'origine de l'économie de recherche d'informations supplémentaires sur la question.
les biais de raisonnement, également par économie de recherche, de réflexion longue, de « tri » minutieux, catégorisent les réponses possibles et classent en fonction de critères incertains.
les biais liés à la personnalité, ainsi qu'à la culture. mais également et surtout, à la reconnaissance de l'altérité : « autre » qui fonctionne en tant qu' « autre », donc différent, tant au niveau individuel (personnalité) que de groupe (culture). Mais aussi difficultés liées à l'empathie : un même problème semble toujours plus grave sur soi ou ses proches que concernant des gens inconnus.
Les biais liés à l'état psychologique (distorsions cognitives d'A. Beck) et la situation sociale (au sein d'une foule, un groupe, ou seul. Au travail ou à la maison).
Les détails des différents biais à l'intérieur des catégories figurent dans Jeanneemard, ainsi que le site wikipédia et psychomédia. Ces travaux font émerger une croyance, selon laquelle, l'humain serait naturellement logique.
Concernant le livre « système 1 ; système 2 », l'auteur se pose la question de ce qui est le plus à prendre en compte pour le bonheur, entre le « moi mémoriel » et le « moi expérimental » (le vécu ou ce dont on se rappelle).
un ami me posa un jour cette question au sujet de la musique :
« il y a des gens qui jouent de façon médiocre, mais se pensent géniaux et d'autres qui jouent de façon magistrale et ne sont jamais satisfaits de leur prestation. Laquelle des deux situations est la plus enviable ?
Cependant, une réalité existe bel et bien et peut se dégager quand des personnes ne pouvant pas s'influencer (ne se connaissant pas et de préférence de cultures différentes) traduisent la même réalité : sur un même fait présenté à chacune. Il y aura des biais, des interpréations...mais aussi, des éléments convergents. Il n'est pas déraisonnable de voir dans ces convergences, une réalité, en tout cas, la réalité humaine.
La clé que semble tirer l'auteur de l'article sur jeanneemard, est double et rejoint, quand même une autre conclusion de « la ponérologie politique » : l'acquisition de connaissances dans le fonctionnement humain ne devrait pas rester l'apanage d'une catégorie de gens, mais se doit d'être partagées afin d'apporter le plus d'outils possible, ainsi qu'une certaine rigueur dans l'auto-observation, comme une sorte de gymnastique de lutte quotidienne pour dissiper les biais ou arguments fallacieux.
Tout cela afin de préserver le plus possible le cadeau précieux qu'est le libre arbitre, sans pour autant devoir jeter à la poubelle ce qui fait la beauté de la vie : toutes nos couleurs internes, qui, si elles restent en harmonie, en se mélangeant aboutissent à la lumière blanche.
Sources
Stratégie algorithmique et heuristique : https://books.google.fr/books?id=lL8XzSRFe_MC&pg=PA492&lpg=...
Références : « Psychologie cognitive » par Patrick Lemaire aux éditions De Boeck.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Biais_cognitif
http://www.psychomedia.qc.ca/psychologie/biais-cognitifs
Système 1 ; Système 2 par D.Kahneman compte rendu sur le livre : https://jeanneemard.wordpress.com/2015/03/09/les-deux-vitesses-de-l...
https://jeanneemard.wordpress.com/2015/03/16/les-deux-vitesses-de-la-pensee-2/
Distorsions cognitives : http://etat-du-monde-etat-d-etre.net/de-soi/science-de-l-esprit/les...
Attention : musturbation existe bel et bien en tant que tel, il ne s'agit pas d'une faute de frappe.
Commentaires bienvenus
Vous savez, moi aussi j'ai sué pour le lire (et les docs aussi), j'y ai passé la journée d'hier et une partie de la nuit (à choisir les sources les moins techniques, mais néanmoins complètes), mais en prenant du temps et par petits morceaux, Tout cela est finalement instructif.
Peut être que je mettrai en relief les différents biais à l'intérieur des catégories, cela sera plus complet et directement consultable sans aller fouiller, à chaque fois, dans les diverses sources.
Je vais faire une sorte de tableau synthétique que je mettrai en commentaire.
Moi non plus Nathie, je ne suis pas d'une logique implacable. Lol.
L'idée est que, alors que nous nous pensons "logique" réfléchir le plus objectivement possible, il y a des informations que nous percevons de façon subjectives (avec notre filtre personnel), en les interprétant ou ne regardant que l'enveloppe au lieu de détailler et manquons, donc, d'infos. Cela influe sur notre réflexion qui se base sur ces données soit manquantes (pas assez d'infos), soit erronées (interprétation).
Quant on a la tête dans les étoiles...C'est difficile parfois ;)
Coucou katy
Complexe mais intéressant, il faudra que je relise :)
Article très intéressant et très dense .Merci Katie pour ce travail .
Bonjour,
Merci d'avoir pris la peine de lire ce texte, j'y ai passé une partie de la nuit, finalement.
Quand je dis que les travaux ont fait émerger une croyance :
dans le fait l'homme est naturellement logique, je veux surtout dire que ce qui était une quasi certitude sous Descartes et durant longtemps dans l'esprit des gens, n'est en fait qu'une croyance car, que ce soit les travaux d'Aaron Beck, de Kahneman ou d'autres, ils démontrent qu'il s'agit 'une croyance tout au plus.
L'article est là et avec ses sources, consultable à tout moment.
Bien entendu, ces démonstrations restent valables tant que d'autres ne viennent pas démontrer le contraire. Il est également possible que l'homme finisse par gommer les biais afin d'utiliser la méthode heuristique (ou le système 1) avec une marge d'erreur inférieure à la méthode logarithmique (ou le système 2)...un jour peut être.
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