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Le Tao du cheval , un texte de Tchouang Tseu

Tchouang tseu écrivit il y à 2300 ans ce texte sur la nature véritable des chevaux:

Les chevaux ont naturellement des sabots capables de fouler la neige, et un poil impénétrable à la bise. Ils broutent l’herbe, boivent de l’eau, courent et sautent. Voilà leur véritable nature. Ils n’ont que faire de palais et de dortoirs...

Quand Pai-lao, le premier écuyer, eut déclaré que lui seul s’entendait à traiter les chevaux ; quand il eut appris aux hommes à marquer au fer, à tondre, à ferrer, à brider, à entraver, à parquer ces pauvres bêtes, alors deux ou trois chevaux sur dix moururent prématurément, par suite de ces violences faites à leur nature. Quand, l’art du dressage progressant toujours, on leur fit souffrir la faim et la soif pour les endurcir ; quand on les contraignit à galoper par escadrons, en ordre et en mesure, pour les aguerrir ; quand le mors tourmenta leur bouche, quand la cravache cingla leur croupe ; alors, sur dix chevaux, cinq moururent prématurément, par suite de ces violences contre nature. — Quand le premier potier eut annoncé qu’il s’entendait à traiter l’argile, on fit de cette matière des vases ronds sur la roue et des briques rectangulaires au moule. — Quand le premier charpentier eut déclaré qu’il s’entendait à traiter le bois, on donna à cette matière des formes courbes ou droites, au moyen du pistolet et du cordeau. — Est ce là vraiment traiter les chevaux, l’argile et le bois, d’après leur nature ? Certes non ! Et cependant, d’âge en âge, les hommes ont loué le premier écuyer, le premier potier et le premier charpentier, pour leur génie et leurs inventions.

On loue de même, pour leur génie et leurs inventions, ceux qui imaginèrent la forme de gouvernement moderne. C’est là une erreur, à mon sens. La condition des hommes fut tout autre, sous les bons souverains de l’antiquité.

Leur peuple suivait sa nature, et rien que sa nature.

Ne sommes nous pas dans la même situation, 23 siècles plus tard? les chevaux d'aujourd'hui sont beaucoup plus grands que les petits chevaux utilisés par les Chinois. C'est parce que ils ont été sélectionnés pour la course, pour leur utilisation en tant qu'arme de guerre. Nous même, êtres humains, nous avons été sélectionnés par le système social pour devenir plus productifs, plus compétitifs, pour obéir aveuglement aux directives et aux ordres.
Il n'est vraiment pas surprenant que, lorsqu'un homme d'aujourd'hui découvre tout cela, en lisant les paroles de Tchouang Tseu, il se trouve comme devant un précipice. Quelle difficulté, aujourd'hui, pour obtenir un minuscule changement dans la vie, dans le comportement de chaque jour: tout est régulé, depuis le lever du matin avec le radio-réveil, le café, les tartines, puis le travail, la routine de chaque jour....

De même que " 5 chevaux sur dix" meurent des conséquences des techniques artificielles de dressage, " 5 humains sur 10" perdent leur vie, d'abord symboliquement en perdant leur liberté, leur autonomie et leur choix individuel, , puis ils perdent leur âme, la liberté de leur cœur, et parfois aussi leur vie physique.

Ne devrions - nous pas revenir à l'état naturel où le peuple suivait sa nature, et rien que sa nature , et retrouver le TAO du cheval ?

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