LE SYMBOLISME DU SERPENT DANS LES DIVERSES CULTURES
Le serpent est un reptile ophidien au corps cylindrique allongé, sans membres, qui se déplace par reptation. Il présente généralement une mâchoire très dilatable qui lui permet d’avaler de grosses proies, ce qui lui évite de devoir se nourrir au quotidien.
Mais, quand on sonsulte les diverses cultures, quelle histoire que celle du serpent! En résumé, cet animal symbolise la circulation de l’énergie vitale, devenant l’emblème de la Sagesse, au sens qui élève dans le Savoir celui qui en fait bon usage. Il se distingue de toutes les espèces animales en cela qu’il se situe au commencement de l’effort évolutif dont l’homme est l’aboutissement. Créature froide, rampante, nue, écailleuse et sinueuse, il figure souvent le psychisme obscur, rival de la conscience, avec ce qu’il contient de rare, d’incompréhensible et de mystérieux. S’agit-il d’un rival de la conscience? Peut-être que oui, peut-être que non. Tout dépend de l’orientation qu’un être incarné assigne à l’énergie vitale qui circule en lui. Le serpent évoque une ligne vivante, un trait vivant, une abstraction incarnée. Il jaillit toujours d’une bouche d’ombre (faille ou crevasse), la Caverne initiatique, image du centre coccygien, pour cracher un venin qui tue ou initie, donne la mort ou la vie, vif comme l’éclair, avant de retourner à sa cachette invisible. Il rampe, s’enroule, embrasse, étreint, étouffe, déglutit, digère et dort. Il reste énigmatique et secret. On ne peut prévoir ses décisions ni ses transformations.
Le serpent se joue des sexes comme de tous les contraires. Il n’évoque rien d’autre que l’Infini primordial, réservoir de toutes les virtualités, sous-jacent à la Terre manifestée, habitant les couches profondes de la terre et de la conscience. Même quand il s’incarne, il ne révèle qu’une part de son secret, comme s’il glissait simplement à travers les temps mesurables. Il arpente le monde, mais sait se réfugier dans le monde souterrain dont il provient et où il se complaît dans sa perfection, intemporel, permanent et immobile. Le serpent est lié à la Nuit des origines. Il représente la Créature primordiale qui ne cesse de se dérouler, de disparaître et de renaître. Tous les serpents ne forment ensemble qu’une unique multiplicité primordiale dans une continuité. Il illustre le Réservoir d’où proviennent toutes les manifestations. Il supporte la vie multiforme.
Chaque serpent n’apparaît que comme la brève incarnation du Grand Serpent causal, Maître du Principe vital et de toutes les formes de la Nature. Il exprime ce qui anime et maintient le Monde. C’est le Grand Initiateur, le Maître de la fécondité. Pas étonnant que ce reptile soit tantôt considéré comme l’animal le plus sage et le plus intelligent tantôt comme le plus maléfique et le plus rusé. Dans la Genèse, il figure l’Esprit de la Magie, l’Ange du Jugement, Mars. Ailleurs, il évoque le Fils de Dieu, le Christ vainqueur. C’est qu’il existe deux serpents (ou deux orientations au serpent) : celui de la descente (attraction matérielle, force de condensation, coagula) et le serpent de la montée (attraction spirituelle, force de sublimation, solve). D’autre part, il peut se présenter lové, spiralé, en cercle, dressé pour éclairer les diverses étapes de l’évolution ou de l’Initiation. Pour résumer, on peut dire que le serpent symbolise toujours l’amour humain et sensuel de l’homme ordinaire ou la force vitale canalisée (feu sacré) de l’homme évolué. Quelle que soit sa conformation, on ne doit jamais le tuer : Il faut plutôt rendre son venin curatif, car, sublimé, il guérit tous les maux et engendre la réalisation de l’être. En Inde, Amrita est un serpent. Il porte une pomme, invitant à sortir de l’animalité instinctive et à discerner le bien du mal (à faire un usage correct des polarités apparemment opposées, mais compatibles et complémentaires, pour atteindre l’équilibre parfait).
Dans la Bible, c’est Samaël (Kamaël), l’Esprit de la Tentation, l’Ange de la Justice. Le Serpent de la Genèse, qui se présente au Paradis terrestre, révèle donc la pensée qui, trait d’union entre le visible et l’invisible, choisit le plan dense de la sensualité, le plan de l’affect, du désir, de l’attrait, de la séparation des sexes. Il devient le siège de toutes les passions animales, entraînant l’individu dans la sensualité et la matérialité. C’est l’animal initiatique de Saturne. Le serpent des Hébreux, c’est «Nechusatan» qui s’enlace aux rameaux de l’Arbre de Vie. Il tient sa queue dans sa bouche, symbole de sagesse et d’initiation.
Le serpent égyptien porte le nom d’«Apophis», le cracheur de feu qui fait tourbillonner les eaux afin de faire chavirer la barque de l’âme du défunt. Dans la tradition grecque, on retrouve nombre de serpents. Nous n’en évoquerons que quelques-uns. Par exemple, Dionysos transforma les avirons du navire qui le conduisait à Naxos en serpents au moment où des marins d’occasion qu’il avait engagé pour l’y conduire s’étaient enivrés, s’étaient emparés de lui et l’avaient attaché au mât, probablement pour le vendre comme esclave en Asie. Il avait reproduit ce prodige pour les épouvanter. Okéanos, le Dieu de la Mer avait des serpents pour pieds. Zeus, le Dieu de la Foudre, asservit «Thyphceux», un serpent, image des forces éthériques qui entourent le Monde de ses anneaux. Ailleurs, deux serpents monstrueux étouffèrent Laocoon et ses fils après que celui-ci ait déconseillé d’introduire le Cheval de Troie dans la ville assiégée. Ce sont des serpents qui élevèrent «Iamos», le fils d’Apollon, le nourrissant de miel. Des serpents servent aussi d’attributs aux Érinyes, les Déesses de la Vengeance et de la Rétribution. L’Hydre de Lerne est décrite comme un serpent à sept têtes symbolisant le Serpent cosmique.
En Inde, pour revenir à ce pays, il existe un serpent mythique bien révélateur. Il s’agit d’«Ananta», dit le «Sans Fin». C’est le Serpent cosmique attribut de Shiva. Ce reptile divin personnifie la gravitation universelle et il contribue au barattage de l’Océan cosmique. Entouré autour de l’Axe du Monde, il tourne en spirale, tantôt d’un côté tantôt de l’autre, selon qu’il est tiré par les Dieux ou par les Démons, fixés à ses extrémités opposées (attraction spirituelle et attraction matérielle). Ce serpent figure les cycles cosmiques. Ses têtes nombreuses figurent les soleils expulsés de ses boucles, où la poussière cosmique se condense sous l’effet de la gravitation pour engendrer constamment de nouvelles étoiles qui divergent et poursuivent leur course à travers le Cosmos. Il détruit la pomme séductrice. Enserrant de ses anneaux la Base de l’Axe du Monde, il symbolise le développement de la résolution cyclique. Portant le Monde, comme Gardien du Nadir, il en assure la stabilité.
Ces seuls rappels mythologiques découvrent l’ampleur du symbolisme du serpent dont l’énigme s’énonce comme suit : «Découvrez le serpent de l’illusion à l’aide du serpent de la sagesse et ensuite le serpent endormi montera vers le lieu de rencontre.» On ne doit pas s’étonner que le symbolisme du serpent hante l’homme depuis la Nuit des temps. Androgyne, il exprime les deux polarités, féminine et masculine, soit la Force indifférenciée, tantôt négative tantôt positive ou tantôt passive et tantôt active. Quant au serpent luciférien de la Genèse, il inculqua à Ève la capacité de penser, la conscience du corps et l’évidence de ses pulsions, la faculté de choisir entre les opposés apparents. Ce reptile constitue donc le fondement de toute l’Évolution. C’est le Dieu des Ténèbres qui se transforme en Dieu de la Lumière. Dans sa découverte de lui-même, ses énergies involutives se transforment progressivement en énergie pure ou en énergie évolutive à mesure que la Lumière de la perfection le pénètre. Il s’associe aux Enfers, à la profondeur de la Terre, aux Eaux primordiales, à l’air, aux cieux. Il explique le sens occulte du mot épreuve, la volonté qui doit s’allier à la Puissance suprême dans un effort incessant pour exprimer le mélange harmonieux des énergies. Ainsi s’explique enfin l’adage qui invite à suivre le serpent dans la bonne direction. Il propose simplement de suivre son intuition pour parvenir à la libération. Le serpent illustre toujours le principe de vie à sublimer.
À l’image du Temps éternel, l’énergie du serpent coule incessamment de bas en haut et de haut en bas entre les Enfers et les Cieux. Le serpent, c’est l’éther, la force vitale, cet élémental d’équilibre, de synthèse, d’harmonie. Maître de la Sagesse, il dispense la connaissance de tous les secrets. Il exprime la fluidité du mouvement et la fécondité. Il symbolise toujours à la fois la sagesse intuitive et la vigilance protectrice. Voilà le plus spirituel de tous les êtres, associé à Mercure. Il désigne les ambiguïtés à réconcilier ou les paradoxes à résoudre. Ainsi s’éclaire la maxime inversée d’être sage comme la colombe et prudent comme un serpent. Le serpent désigne tout principe jouissant d’un mouvement propre invitant à se connaître soi-même pour se réaliser. Il est un gage de puissance qui suggère tout de même la prudence.
Ce vieil animal à sang froid, malin, parfois doux, parfois agressif, reste et restera pour longtemps encore bien incompris. Au niveau personnel, il identifie un être imbu de philosophie, souvent porté à la contemplation. Il porte en lui un grand désir de perfection. Il témoigne d’une nature secrète et renfermée et reçoit des intuitions remarquables. Inébranlable dans ses convictions, il est déterminé à réussir, détestant par dessus tout l’échec. Il apparaît exclusif et jaloux, mais il se révèle plutôt infidèle pour ce qui le concerne. S’il n’y prend garde, il peut devenir fourbe et méchant, avoir la langue fourchue. Il reste toujours très sensible aux vérités des autres et il sent de loin les intentions d’autrui. Il s’adapte à n’importe quel milieu. Il doit veiller à équilibrer ses passions, surtout qu’il est animé d’une sexualité débordante. C’est son goût pour l’intériorisation qui lui permettra le mieux d’éviter de se perdre.
Curieusement, en psychologie, le serpent apparaît à peu près toujours comme un être un peu hostile, présageant le secret et la trahison. Il incarne la contradiction entre la conscience et l’instinct, laissant une image paradoxale de duplicité et de sagesse. Il sert souvent à révéler le sens viril, la force créatrice bien masculine, prenant en ce sens le rôle d’un rénovateur psychique. Il évoque parfois un manque d’unité des forces psychiques, signe de confusion, et le manque de solutions pratiques pour régler sa conduite. On l’associe à la peur atavique. Nous tenterons de conclure en disant que rares sont ceux qui acceptent l’initiation du serpent. En effet, elle exige de la part d’un candidat qu’il expérimente de nombreuses morsures avant de s’immuniser à ses poisons. Pourtant, la réussite de ces expériences permet de transmuter tous les poisons et toxines sur tous les plans. Sa puissance s’exprime par le pouvoir de création obtenu par le recours à l’Alchimie, soit par la maîtrise du fluide vital, pour atteindre l’immortalité au cours d’une ascension progressive.
Cet animal fournit l’image de l’Énergie divine qui engendre l’union des énergies masculines et féminines. Pour permettre cette union, il faut comprendre et accepter que ces deux énergies résident au cœur de tout organisme, se reconnaître comme un être universel, accepter tous les aspects de sa vie. Alors seulement on peut les transmuter par le feu, harmonisant ses passions, ses désirs, sa sexualité, sa vitalité physique. Le serpent invite à pondérer son ambition, à mieux choisir ses créations, à stimuler son esprit de décision, à réaliser ses rêves au lieu de simplement les rêver. Ce qui n’est pas accepté et intégré perturbe au plan émotif. Le serpent invite encore à maîtriser son mental, à pondérer l’exercice d son pouvoir bien capable de se déguiser en charisme ou en esprit de meneur. Le serpent suggère de développer une perspective plus spirituelle et totalisante de ses buts pour renouer avec la sagesse et la compréhension, pour rétablir son lien avec l’Esprit de toute vie. Il exprime que, dans son for intérieur, on ressent le besoin de transmuter une pensée, une action ou un désir afin de rétablir son lien avec son Centre spirituel, ce qui amène à détourner l’énergie à ses propres fins, ce qui amène le feu sacré à devenir un poison. Si on craint de changer l’état actuel de sa situation, c’est parce qu’on redoute l’étape fort inconfortable de la transition. On refuse d’accepter le magicien qu’on est. On s’emmure dans une vieille structure considérée comme sûre et sécurisante qui n’en constitue pas moins une ornière. Une telle réalité ne peut rien apporter de bon. On refuse en fait d’abandonner la vieille peau de son identité actuelle. On vit une illusion trompeuse par laquelle on cherche à maintenir le statu quo, ce qui revient à entretenir un état statique qui ne peut que devenir régressif, puisque tout bouge, tout avance ou tout recule. Il faut s’ouvrir à un rythme nouveau, entrer dans le mouvement qui unit tout être dans le Grand Ensemble, comme une parcelle unique, tout accueillir dans l’amour. Il faut apprendre à vivre librement, à danser avec la vie, faisant siennes les forces transmutantes de l’Univers pour les intégrer dans sa quête obsédante de pouvoir.
Voilà les réflexions auxquelles convie l’apparition du serpent dans son psychisme ou dans son environnement.
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Mais la culture des divers peuples de la Terre peut aider à préciser le sens symbolique du serpent, autant dans ses aspects que dans son comportement.
Le Serpent ailé symbolise la spiritualisation de l’être.
Le Serpent à sept têtes évoque les centres d’énergie de la colonne vertébrale qui, développés, conduisent à la fécondité et à la félicité infinies.
Le serpent astral exprime le mélange du subtil et de l’épais, du vrai et du faux, du réel et de l’illusion, de l’éternel et du transitoire.
Le serpent à tête humaine illustre l’inconscient étouffé par la raison ou les désirs refoulés en raison d’interdits moraux.
Au Pérou, le serpent bicéphale symbolise la pluie née du feu du Soleil et de l’eau de la Lune.
Le Serpent sacrifié marque le déclin du Soleil. Il sert d’emblème à la crucifixion d’un avatar pour évoquer l’occultation de son pouvoir divin. On remplace parfois le serpent par une colombe, une rose ou un soleil.
On associe le serpent d’airain à l’Énergie créatrice involutive, employée à des fins égoïstes, contre nature, contraires à l’Évolution.
Chez les Tchokwés d’Angola, on place un serpent de bois sous la couche nuptiale des mariés pour assurer la fécondation de la femme.
Le Serpent de feu désigne un ange de l’ordre des Séraphins. Cette expression désigne parfois une comète. Il peut encore s’agir de Kundalini, le courant spirituel ou l’énergie vitale qui circule dans la colonne vertébrale (l’Arbre de Vie).
Le Serpent de l’Abîme évoque le courant d’énergie qui vient d’en bas, des mondes denses, qui ne peut franchir la sphère du Soleil (Tiphereth).
Le Serpent de la Genèse évoque l’Énergie créatrice formidable que le Père-Mère déposa en l’Homme afin qu’il eût le libre arbitre d’être créateur à son image. Il se présenta à Adam-Ève pour donner à l’âme de l’Humanité la possibilité d’être créateur de son destin et de commencer la grande aventure alchimique ou évolutive de la conscience en expérience. Il conféra la possibilité de connaître par comparaison des contraires apparents.
Le Serpent de la Sagesse reliéa à l’Esprit de Vie, renvoie à tout principe jouissant d’un mouvement propre invitant à se connaître soi-même pour se réaliser spirituellement dans la maîtrise de ses pulsions et le développement de son aspiration. Il s’agit de la Puissance qui initie progressivement par le jeu de l’énergie vitale. Il donne l’image des ambiguïtés à réconcilier ou de paradoxes à résoudre : énergie mâle (évolutive) et énergie femelle (involutive). Issu de la Caverne ténébreuse, ce courant d’énergie reste dangereux et venimeux pour celui qui succombe à ses passions, abusant de son énergie vitale, mais il est inoffensif et mielleux pour celui qui suit ses aspirations en écoutant son intuition. Il incarne toutes les forces de la Nature, comme Principe même de la vie. Il se développe à partir de lui-même et se nourrit de lui-même. Kundalini.
Le serpent de la vanité exprime la négation de l’Esprit, l’exaltation de l’imagination, le principe fondamental de tout dérèglement malsain qui verse son venin dans la coupe pour tuer ou ressusciter. Vanité à dompter et à soumettre, transformant le venin en remède.
Le serpent déroulant ses anneaux donne une image du Chaos primordial.
Le Serpent des Âges concerne l’Être suprême. Il est généralement figuré par un serpent enlacé autour du monde ou autour d’un œuf.
Le serpent dévoreur illustre l’Énergie qui produit une éclipse.
Le serpent d’or constitue le serpent dressé rayonnant dans sa splendeur d’or et d’émeraude et exprimant la Beauté de l’Union parfaite des deux polarités sur tous les plans dans l’effusion d’Amour créatrice de Vie divine. Voilà l’Énergie fondamentale du Serpent d’airain retournée vers le Soleil (soit la Source) qui remonte en fusionnant les deux polarités sur tous les plans de la conscience. C’est le sublime héritage de l’Humanité qui permet aux corps physiques de retrouver leur hérédité divine, d’échapper au temps et à l’espace, afin de participer à la Symphonie cosmique du Vivant. Voilà la Torche du Porteur de la Lumière dressée ou redressée vers le Ciel pour s’unir au Feu solaire afin de former avec lui le Feu unique. Il s’agit de l’énergie vitale et sexuelle dirigée vers le Haut pour illuminer l’être dans sa totalité.
Le serpent doublement enroulé se mordant la queue réfère à l’Infini et il implique des changements importants, des transformations profondes, pour rétablir l’équilibre des polarités créatrices.
Le serpent dressé renvoie à l’union des forces opposées, apparemment irréconciliables. La Flèche du Feu sacré qui s’élance dans l’Arbre de Vie (la colonne vertébrale) pour élever jusqu’à la Conscience cosmique. Éveil de Kundalini. Il désigne aussi la royauté. Pour les Pygmées, leserpent du ciel désigne le dangereux arc-en-ciel.
Le Serpent du Monde voile l’«Ouroboros», le Serpent qui se mord la queue formant un cercle parfait. Le Serpent mâle et femelle qui se nourrit et se reproduit seul parce qu’il est complet en lui-même éternellement. C’est le symbole de la fusion parfaite de Dieu avec la Nature, évoquant la puissance des instincts vitaux qui se dévorent et se recréent constamment. Il décrit le cercle de la vie impérissable.
Le serpent enlacé autour du Monde ou autour d’un œuf symbolise l’attention que le Serpent des Âges, l’Être suprême, accorde aux êtres qui lui vouent un culte. Les serpents enlacés expriment la double nature de la force vitale qui, unie, produit une nouvelle vie.
Le Serpent fuyard dévoile le Léviathan de la Bible et de la Cabale. Le serpent enroulé sur lui-même désigne le feu sacré ou la force vitale endormis.
Le serpent rampant évoque l’insinuation lente et tortueuse du raisonnement négatif ou du mental matérialiste qui juge d’après les apparences et mène généralement à la négation des valeurs spirituelles. Il figure alors le Tentateur, la force évolutive qui mène l’homme à passer de l’état animal à l’état de conscience humaine. Au terme de son évolution, il deviendra l’aigle spirituel. Manque de renoncement. Désir des louanges insidieuses et séductrices.
Le serpent sinueux révèle le travail à accomplir sur les centres d’énergie de la colonne vertébrale (l’Arbre de Vie) pour atteindre la Maîtrise totale. On le retrouve dans le caducée.
Les serpents noués éclairent les passions apprivoisées ou maîtrisées.
Le Serpent qui se mord la queue exprime l’«Ouroboros», la Roue de la Création, les Cycles successifs de L’Émanation. L’Éternité sans fin. On l’appelle aussi «Pistis Sophia» ou Serpent du Monde. Il symbolise la Sagesse et l’Initiation. Il donne l’image du retour du multiple à l’Un. Unité primordiale et finale. C’est le symbole alchimique de l’accomplissement, du contentement de soi, du retour à la Demeure céleste. Il entoure la Terre pour éviter qu’elle ne se désintègre. C’est un symbole de la continuité créatrice. Le Temps infini, cyclique et universel. Éternité. Qualité exceptionnelle de vol et de conscience. La véritable connaissance de soi. La circonférence complète ici le centre pour suggérer l’idée même de Dieu. Manifestation et résorption cycliques. Il est l’union sexuelle en lui-même qui se féconde par lui-même en permanence. Il est perpétuelle transmutation de mort en vie puisque ses crochets injectent son venin dans son propre corps. Il illustre la dialectique de la vie et de la mort, la mort qui sort de la vie et la vie qui sort de la mort. Il est la Première Roue, d’apparence immobile, parce qu’elle ne tourne que sur elle-même, mais dont le mouvement est infini, parce qu’il se conduit perpétuellement en lui-même. C’est l’Animateur de la Vie universelle, le Promoteur de la vie et la Durée de celle-ci. Il crée la vie et le temps en lui-même. Pour l’individu, il exprime un sujet qui fait peau neuve. Unité du mental et de l’Esprit en regard du but à atteindre. On est prêt à explorer un tout nouveau cycle de conscience, car on a dépassé les blocages mentaux et les tensions internes. On est mieux au fait du courage qu’il faut pour purifier son mental des pensées négatives et son psychisme des émotions dissolvantes. Mais le Cercle de la Vie recommence sur une nouvelle spirale, et il faut repartir à l’aventure. Quand surgira une crise ou un conflit, on saura désormais ce qui est à faire : on se servira de la sagesse acquise à travers l’expérience de son passé pour éclairer sa voie. On mérite la récompense d’une étoile, car on a appris à mieux aimer.
Le serpent tenant un œuf dans sa bouche concerne la rencontre d’un spermatozoïde et d’un ovule. Relié à la sexualité mâle, mais protégé par la Déesse-Mère. Détenant un pénis double, il représente la fertilité, le pouvoir de reproduction des deux sexes.
Le Serpent tentateur identifie l’ego, le petit moi, qui tente de prendre la place de l’Individualité divine.
Le Grand Serpent originel évoque l’Indifférenciation primordiale, l’état de Chaos.
La mue du serpent exprime une transmutation du cycle de vie, mort et renaissance. Elle se produit par l’énergie de l’intégrité, issue de la Conscience cosmique, conférant l’aptitude à tout expérimenter volontairement, mais sans résistance.
L’œuf du serpent symbolise l’union en équilibre des deux polarités de la Force vitale, l’incubation et la régénération du Soi.
On dit que les œufs de serpent seraient formés de reptiles enlacés et noués en boule. Œuf magique utilisé par les druides. Il symbolisait le développement de l’Univers.
Dans la Tradition maya, le bandeau de serpent désigne un attribut des Déesses.
Les deux serpents représentent le monde féminin, magnétique ou souterrain que l’Esprit solaire conquiert progressivement et que Mercure sait employer au cours de son voyage initiatique.
Les jambes en serpents renvoient à une divinité très fertile.
Les ondulations du serpent correspondent aux premières vibrations du Verbe et les cycles de la Vie.
En Alchimie, le venin du serpent évoque la force vitale, appelée énergie sexuelle, sublimée.
Au pluriel, les Serpents désignent les anges déchus. Ces Dieux créateurs pervers, parce que mal informés sur le sens de la Vie, engendrent des systèmes fondés sur l’ignorance parce que telle est la façon dont ils croient devoir fonctionner. Ils veillent à voiler ou à réduire la Lumière, ce qui amène l’être incarné à cheminer à tâtons, écaliré par sa seule intelligence ou son seul entendement limité. Ces entités se sont séparés de la connaissance, à une certaine époque, de sorte que, maintenant, ils s’accrochent désespérément à leur savoir actuel et à la vie telle qu’elle a évolué pour eux. Ils mènent une vie fondée sur la peur, une vie qui ne témoigne d’aucun respect pour les autres vies, sur une vie qui utilise les autres formes de vie pur s’entretenir. Certains sont bienveillants, d’autres malveillants. On les appelle aussi les «Reptiles».
Bertrand Duhaime (Dourganandâ).
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