Depuis les attentats de « Charlie Hebdo » et de « l'Hypercasher », les autorités et la presse font beaucoup d'effets de manche sur la laïcité, un problème de volonté politique soit dit en passant et pas seulement de moyens, et de la « com » sur l'Éducation. Ils laissent pourtant de côté, la rejetant du revers de la main, une autre question brûlante témoignant de la violence brute, virtuelle ou non, en progression constante dans les écoles quel que soit le milieu observé :
Celle du harcèlement scolaire.
Soyons clairs, cela a toujours plus ou moins existé, mais à des degrés bien moindres, et sans cet amplificateur géant des travers humains du web. Personnellement, je ne l'ai pas vécu mais en constatant les ravages autour de moi très tôt, il m'a procuré des doutes certains sur la nature humaine dés mon enfance.
Il faut des drames atroces pour entendre les journalistes ou les institutions l'évoquer du bout des lèvres, tel celui vécu par cette mère, Nora Fraisse, en témoignant dans un livre paru il y a quelques jours, « Marion, 13 ans pour toujours » (chez Calmann Lévy) :
Nora « est Marion » (voir son article de blog) et elle aimerait bien que les professeurs, les éducateurs, les autres parents le soient aussi avant de s'enthousiasmer pour d'autres causes les mettant certes plus en valeur. Mais ils le sont si peu...
Marion est loin d'être la seule bien malheureusement :
Je songe à ce garçon un peu timide, en avance, portant des lunettes, littéralement martyrisé chaque jour et devant subir des sévices tous plus inventifs les uns que les autres de la part de ses « camarades » : le contenu de son cartable déversé dans les toilettes à chaque récréation, un bombardement de pommes à la sortie du collège, des injures continuelles, y compris sur les réseaux dits sociaux etc...
Je me rappelle de cette jeune fille fine, un peu grande pour son âge, mignonne, intelligente, sérieuse et en plus bien éduquée, jalousée par les péronnelles de sa classe pendant toute sa scolarité au lycée. Elle ne disait rien, ne se plaignait pas, elle non plus...
Je pense à cette autre petite. A cause de la couleur de ses cheveux et de sa timidité, elle se croyait laide car un peu boulotte, chaque jour elle était frappée, en douce, insultée, traînée dans la boue littéralement et virtuellement. Elle se révoltait de temps en temps distribuant une ou deux gifles méritées, mais c'était elle qui était punie et non ses tourmenteurs...
J'ai aussi en mémoire ce jeune homme naïf, désirant ardemment s'intégrer, recherchant la compagnie de ses bourreaux, pourtant racketté sans arrêt ni pause, suivi jusque chez lui sous un chapelet de noms d'oiseaux tous d'une vulgarité abjecte à chaque fin de journée jusqu'au moment où il craquait en pleurant...
Etc...Etc...
En réponse à ces tragédies muettes le plus souvent l'ensemble des « grandes personnes », à part quelques exceptions notables, se contentait de mettre en doute le tempérament de l'enfant harcelé, son caractère « peu sociable » ou « sauvage », son origine sociale, un « bourgeois » !, voire insinuait sa responsabilité dans la violence vécue par ces innocents sous leurs yeux.
C'était de sa faute. Forcément : « Il ne comprend pas la plaisanterie ! »
C'était et ce sont souvent les mêmes n'ayant pas de termes assez grandiloquents encore maintenant pour parler du « vivrensemble » et de la diversité ou de la tolérance, exalter les valeurs républicaines, verser une larme en regardant les « clips » de prévention officiels de ce fléau. Il est plus simple pour eux d'acheter la paix civile en se mettant du côté des « moqueurs », des mâles ou femelles « alphas » d'un groupe.
Le harcèlement n'est certes pas une problématique concernant exclusivement l'Éducation Nationale. C'est un des symptômes parmi d'autres de la Crise Morale grave de ce pays. Elle affecte l'éducation des enfants. Ils sont nourris, gâtés, tous leurs désirs sont satisfaits, pour la plupart, mais les parents, et les adultes en général oublient de leur transmettre une ou deux valeurs indispensables pour vivre en société. Leur comportement finalement barbare n'est pas entièrement de leur responsabilité.
« Pas entièrement » car je ne peux les en exonérer totalement. Comme tout un chacun ils ont une conscience...
http://mesterressaintes.hautetfort.com/
Couverture du livre de Nora Fraisse empruntée là
Commentaires bienvenus
Merci pour cet article. Suis entièrement d'accord avec ce propos. Il faut dénoncer ce scandale silencieux.
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