« Il était presque vingt-trois heures! Joan était en train de s’énerver sur le dossier qu’elle essayait de terminer. Dans l’immeuble où elle travaillait, il n’y avait plus personne depuis bien longtemps. Seul le gardien faisait sa ronde de temps en temps. Mais elle n’avait pas le choix, elle devait finir avant la réunion prévue le lendemain matin. Il ne lui restait plus qu’à relire puis elle pourra rentrer et se mettre au lit. Elle se sentait épuisée.
Elle travaillait dans cette société depuis peu. On lui avait proposé le poste qu’elle convoitait depuis longtemps, La direction financière. Elle était diplômée d’une grande école, la plus renommée dans ce domaine. Fière de cette ascension, elle pouvait maintenant s’offrir tout ce dont elle avait rêvé.
Elle était issue de famille modeste. D’un père ouvrier et d’une mère au foyer. Toute son enfance elle avait regardé ses parents se battre pour joindre les deux bouts. Parfois ils leur arrivaient d’avoir des fins de mois difficile sans argent. Par honte, elle avait fait en sorte de ne jamais ramener d’amis à la maison. Elle préférait s’enfermer dans sa petite chambre et étudier ou alors écouter sa musique préférée. Durant toute sa scolarité, elle avait toujours été la plus brillante des élèves de sa classe, grâce à ses notes elle a pu faire des hautes études. Elle ne voulait pas vivre la vie de ses parents et voulait arriver au plus haut de l’échelle sociale. Elle faisait tout pour échapper à la condition familiale dont elle était issue.
Lorsqu’elle rentra chez elle cette nuit-là, elle ne prit pas la peine de manger tellement elle était épuisée. Mais comme les précédentes nuits, elle se réveilla de nouveau à trois heures du matin. Elle tourna dans son lit encore et encore pour se rendormir au petit matin.
Durant ces heures ou elle n’arrivait pas à fermer l’œil. Elle repensa à sa vie qu’elle menait depuis ces dix dernières années et son temps partagé entre son travail, ses cours de sport et ses sorties entre copines célibataires. Elle allait avoir trente-cinq ans et n’avait eu que des aventures sans lendemain. Elle se demandait pourquoi elle n’arrivait pas à vivre une relation avec un homme stable. Elle était plutôt jolie, mince et s’habillait à la dernière mode. Elle aimait son indépendance mais parfois elle rêvait au son prince charmant qui n’arrivait pas. Elle s’endormait se questionnant sur la raison qui l’empêchait de construire un couple.
Mais quand le réveil sonna à sept heures ce matin-là, elle avait du mal à s’extirper du lit tellement elle était fatiguée. Ces insomnies la fatiguaient. « Il allait devoir aller voir son médecin pour une aide provisoire parce qu’à ce rythme elle ne va pas pouvoir tenir le coup très longtemps ! Se disait-elle ».
Après une douche et un petit déjeuner rapide, composé de café et d’une tranche de pain, elle prend la direction de son bureau qui se situait à un quart d’heure de transport de chez elle.
Arrivée sur place, elle se dirigeait vers le distributeur à café. C’était le lieu de rencontre de tous les collègues avant de démarrer la journée. Ce jour-là comme souvent elle ne prit pas le temps de s’arrêter pour échanger avec les uns et les autres, un dossier brûlant l’attendait.
La réunion s’est terminée avec succès et l’affaire lui avait été confiée. Alors qu’elle revenait dans son bureau, une douleur dans le bas du ventre la plia en deux de souffrance. Ce n’était pas la première fois qu’elle avait mal dans cette région. Mais cette fois-ci elle était plus forte que d’habitude. Cela faisait plusieurs semaines qu’épisodiquement elle ressentait cette douleur. Mais là elle devait vraiment se rendre chez le médecin pour savoir ce qui lui arrivait entre les insomnies et ce mal au ventre. Elle commençait sérieusement à s’en inquiéter.
Le diagnostic était alarmant, elle avait des kystes partout dans les ovaires et une ablation d’une partie de l’Utérus urgente, était préconisée, avant que son état ne s’aggrave et que le mal ne se propage. Le choc de la nouvelle l’avait prise de court. Elle se mit à pleurer durant des heures ne comprenant pas ce qui lui arrivait. Pourquoi la vie s’acharnait-elle sur elle ? Qu’avait elle fait au bon dieu pour mériter cela ? Tant de questions qui sonnaient dans sa tête.
Alors qu’elle allait se rendait à ses cours de sport, elle tomba sur un cours de yoga qui allait commencer. Elle avait lu quelque part que cette activité était très bien contre le stress, stress qui s’était amplifié depuis la nouvelle ! Durant le cours le professeur, une femme au regard calme et serein, passait souvent près d’elle la corrigeant dans ses postures. A la fin des cours cette dernière lui demanda si elle pouvait lui parler.
Étonnée, Joan s’approcha d’elle alors que la pièce se vida. La femme se mit à lui poser des questions pertinentes qui étonnèrent Joan. Le calme et la bienveillance de cette femme conduisit Joan à se livrer et à raconter son histoire et son état. La discussion entre Les deux femmes durant un long moment interpellant Joan et l’amenant dans des réflexions sur son état. Elle eut même des directions pouvant l’aider à comprendre ce qui lui arrivait dans ce diagnostic de kystes ovariens.
Après des mois et des mois de recherche, Joan découvrit que ses soucis de santé et ses insomnies étaient liés à des schémas comportementaux en résonance à son histoire. Elle comprit que son féminin était blessé, qu’elle avait beaucoup de colère en elle. Elle trouvera toutes les thérapies et les soins nécessaires qui lui éviteront la chirurgie et surtout découvrira que le chemin qu’elle avait pris n’était finalement pas celui qu’aspirait son Etre profond. »
Dans notre société ou nous sommes conditionnés par un mental ego qui domine notre vie ou la majorité des gens sont coupés de leur corps vivant dans un monde matériel assoiffé de pouvoir, où est la place du Féminin ? Quant est-il de la connexion à ses émotions ? Les femmes ne sont plus reliées à qui elles sont s’habillant du masculin pour exister. Elles sont dans le déni de leur féminité, cachant qui elles sont. Les femmes veulent être à l’égal de l’homme choisissant un rôle qui n’est pas le leur. Elles oublient la richesse de ce qu’elles apportent en ce monde, elles oublient de dévoiler et de magnifier le corps qu’elles habitent, Elles n’ont pas conscience de l’Etre magnifique qui loge en elles qui ne demande qu’à rayonner, les guidant vers leur puissance intérieure.
Le message de la maladie dans cette histoire, c’est la tristesse, la peine et le chagrin refoulés qu’exprime ce féminin tant oublié. Les pathologies ovariennes, utérines, vaginales sont les signes d’un conditionnement familial, social et culturel. Comment sortir de ces schémas et retrouver sa place de femme dans une société ou le pouvoir est dominé par l’homme ?
Nous sommes à l’aube d’une nouvelle ère poussant chacun à revoir le mode de fonctionnement sur lequel il s’est construit. C’est l’ouverture à l’éveil des consciences. L’expérience d’une maladie fait cheminer vers la libération de ses chaines et ses blessures ouvrant les portes vers l’unicité et la présence de qui il Est véritablement…
Samia AÏSSAOUI
Ce texte m’a été inspiré, si vous souhaitez le partager, merci d’en indiquer l’origine ainsi que le nom de l’auteure.
Pour ajouter un commentaire, vous devez être membre de ‘épanews’.
Rejoindre épanews (c'est gratuit)