Le concept de Dialogue intérieur a été fortement influencé par la psychologie analytique de Carl Gustav JUNG.
Son ouvrage « Dialectique du moi et de l'inconscient » illustre cette notion du dialogue intérieur
« La confrontation avec l'inconscient passe par l'étude des rêves et des fantasmes. Ceux-ci nous renseignent sur l'attitude de notre "moi" mais également sur la dynamique de l'inconscient. Jung distingue l'inconscient personnel (matériaux refoulés, éléments qui appartiennent à la vie du sujet mais qui sont passés provisoirement en dessous du seuil de la conscience) et l'inconscient collectif, commun à l'ensemble des hommes. Les archétypes qui sous tendent l'inconscient collectif ne sont pas des représentations héritées, mais des structures préformées de notre psychisme capables d'animer les matériaux qui composent la vie d'un individu. Jung rappelle que «la vie psychique, dans son processus évolutif - comme tout processus d'ailleurs -, n'est pas simplement un déroulement conditionné de façon causale ; elle est aussi une démarche orientée vers une certaine fin, à laquelle elle tend ; la vie est aussi finalité».
La méthode du Dialogue intérieur permet de mieux cerner qui nous sommes en identifiant et en donnant la parole aux « sous-personnalités » contradictoires et contraires qui existent en nous. « … il faut se cultiver dans l’art de se parler a soi-même, au sein de l’affect, et d’utiliser celui-ci, en tant que cadre de dialogue, comme si l’affect était précisément un interlocuteur qu’il faut laisser se manifester, en faisant abstraction de tout esprit critique…. » in Dialectique du moi et de l’inconscient, Carl Gustav JUNG Gallimard 1973.
Hal et Sidra Stone, Docteurs en psychologie et psychothérapeutes ; sont les fondateurs de cette méthode. Ils le décrivent comme « un outil de communication à la simplicité trompeuse mais au pouvoir puissant. » Il s’agit d’une thérapie ludique et brève. Elle permet une transformation globale de la personne dans les registres mental, émotionnel , physique et spirituel .
Comme l’affirment les fondateurs de cette méthode « Nous possédons tous de nombreuses entités intérieures qui ont de bons et de mauvais cotés, Or chacune s’efforce de tirer la couverture à elle pour recueillir notre attention et voir ses besoins satisfaits. Le risque, si nous ne comprenons pas les pressions qu’elles exercent, est de voir la conduite de notre existence nous échapper. Mais en apprenant à les connaître, chacun de nous peut choisir à quel moment , quelle partie de nous peut être présente dans nos vies »
Le « Dialogue intérieur » (ou « Voie dialogue, en anglais) consiste en la capacité de devenir à l’écoute de ses différentes voix(les inférieures) pour être et se sentir dans la notion de la complétude avec les autres et soi. L’ouvrage écrit par les Stone « le dialogue intérieur » paru chez Souffle d’or en 1991 a permis de s’appuyer sur la théorie des grands archétypes, les grands thèmes de l’inconscient collectif en définissant pour la première fois le principe de polarité existant entre nos « sous-personnalités primaires » venant de notre enfance et leurs contraires, refoulées dans l’inconscient ( enfant soumis/enfant rebelle – fainéant/activiste – bienveillant- critique…)
A titre d’illustration de ce concept de Dialogue Intérieur, je vous joins cette interprétation et analyse réalisées par Geneviève Cailloux et Pierre Cauvin
« Lors d'une émission radiophonique, une auditrice nous appelle pour se plaindre de sa fille aînée.
- "C'est intolérable" nous dit-elle, "je passe mon temps dans la cuisine à faire le repas pendant qu'elle est avachie sur le canapé à regarder la télé avec son père".
- "Et qu'est-ce qui vous gêne ?"
- "Eh ! bien, ma fille devrait m'aider à faire le repas"
- "Et vous, qu'aimeriez-vous faire ?"
- "J'aimerais bien regarder la télé moi aussi"
- "Qu'est-ce qui vous en empêche ?"
- "Il faut bien que quelqu'un fasse à manger"
- "Et votre mari ou votre fille ?"
- "Vous n'y pensez pas. Il n'y aurait rien à manger"
- "Et alors ?"
- "C'est inconcevable. Quelle mère serais-je ?"
Ce dialogue est exemplaire à plus d'un titre. Il évoque la répartition des rôles homme/femme, l'éducation des enfants, le sens des responsabilités… Il nous apprend surtout beaucoup de choses sur le fonctionnement psychique personnel et les relations avec les autres.
Notre interlocutrice est très en colère. On la comprend ; il est désagréable de faire seule tout le travail alors que d'autres regardent la télé. C'est une illustration parfaite de la plaisanterie : "Comment dit-on au féminin : assis dans le salon ?" – Réponse : "Debout dans la cuisine".
Mais allons un peu plus loin. Ce qui met réellement la mère en colère, c'est que sa fille s'autorise à faire ce qu'elle-même voudrait bien faire sans s'en donner la permission. Autrement dit, elle a sous les yeux la réalisation par une autre de son désir à elle. Pour aggraver les choses, c'est la fille qui se trouve former couple avec le père, alors que la mère joue Cendrillon à la cuisine.
En fait, on peut se demander si la mère est en colère contre sa fille ou contre elle-même. En veut-elle à sa fille de s'accorder le droit de regarder la télé au lieu de faire à manger ou s'en veut-elle à elle-même de ne pas pouvoir se donner ce droit ? Seulement, il est très difficile d'être en colère contre soi ; cela voudrait dire qu'on est responsable de la situation. C'est plus simple d'être en colère contre l'autre. Comme ça, on sait clairement qui a tort et qui a raison, qui est la bonne mère et qui est la mauvaise fille. Mieux vaut projeter sur l'autre ce qu'on ne veut/peut pas voir en soi.
Pour clarifier les choses, on s'aperçoit que deux "voix" sont en conflit à l'intérieur même de notre auditrice.
La première affirme que tout ça est bel et bon, mais il faut quand même faire à manger. C'est le devoir de la mère de famille, pas toujours agréable peut-être, mais son devoir quand même. Et c'est aussi son devoir de transmettre cette obligation à sa fille, pour qu'elle soit à son tour capable d'être une mère de famille responsable. Cette voix est tellement forte qu'elle rend inconcevable de faire autrement. Il n'y a pas d'autre issue.
La deuxième ne parvient à s'exprimer que sous la forme de la colère envers la fille. Si on lui donnait clairement la parole elle dirait sans doute à quel point elle en a ras le bol d'être esclave. Ils n'ont qu'à se faire à manger, et s'ils ne veulent pas, ils sont assez grands pour téléphoner à la pizza du coin.
Sans doute à ce stade certains de nos lecteurs ont-ils envie de prendre partie pour l'un ou l'autre camp. Les arguments ne manquent pas de chaque côté. Mais ce débat risquerait de nous cacher ce qui se joue psychiquement : l'impossibilité pour la mère de concevoir les choses autrement. Le problème n'est pas ce que la mère doit faire, préparer ou non le repas, obliger à sa fille à l'aider ou pas. Ce qui est réellement important, c'est la capacité de choix. Est-ce qu'il n'y a qu'une manière de faire ou d'autres solutions sont-elles possibles ?
La première voix est celle du Moi Opérationnel, ou Pilote Automatique. C'est la stratégie que nos inclinaisons naturelles, les pressions de l'environnement nous ont amenés à mettre en place. Dans le cas qui nous occupe, la "bonne mère" a pris le devant de la scène. Entendons-nous : le Moi Opérationnel est très bien, très utile, très efficace. Il ne s'agit aucunement de s'en débarrasser. Seulement il a tendance à en faire trop. Tellement "trop" qu'il veut s'occuper de tout même quand ses interventions sont inappropriées.
Ici, la bonne mère est confortée dans son rôle par un redoutable personnage, un archétype très puissant, le Patriarche Intérieur. C'est lui qui depuis quelques millénaires précise la place de la femme dans la société, à savoir d'être au service de l'homme. Il est très difficile, pour les hommes comme pour les femmes, de s'en libérer. Il nous imprègne très profondément. Notre société s'en dégage progressivement. Mais combien de fois l'avons-nous vu revenir en force, surtout "lorsque l'enfant paraît".
La deuxième voix est celle du pôle opposé, de la Sous-Personnalité rejetée. Pour le moment elle ne peut que grommeler dans son coin. Il est probable que le jour où elle s'exprimera, elle le fera avec véhémence. Mais pour cela, il faudra déjà que le Pilote Automatique, "la bonne mère", laisse de la place. Il ne s'agit pas en effet de développer le pôle renié en opposition au pôle dominant. Cela ne ferait que développer une guerre intestine qui ne conduirait à rien.
L'objectif est de développer un processus de Moi Conscient, qui permette de prendre en compte les deux aspects du problème. Pour cela, il faut que les deux pôles puissent avoir la chance de s'exprimer librement, sans crainte d'être jugés.
C'est ce que nous pratiquons dans les séances de Dialogue Intérieur où nos clients sont invités à faire s'exprimer chacune de leurs "voix", pleinement, en vivant leur énergie de l'intérieur. De cette expression, consciente et ressentie, naît peu à peu le Moi Conscient qui, lui, a la capacité de prendre la décision qui lui paraît juste. Au final, la question n'est pas "que faut-il faire ?", mais bien, "qui prend la décision ?" »
Geneviève Cailloux – Pierre Cauvin
Bibliographie
Le dialogue intérieur de Hal et Sidra Stone Ed ; Le Souffle d’or
Les relations, source de croissance de Hal et Sidra Stone Ed ; Souffle d’or 1991
Le Patriarche intérieur, êtes vous sure d’en être libérée de Sidra Stone Ed ; Souffle d’or, 1998
Embrassez vos opposés avec le Dialogue intérieur de Pierre Cauvin et Geneviève Cailloux, Ed ; Le Souffle d’or
La Vulnérabilité, clé des relations, de Véronique Brard, Ed. Le Souffle d’or
Webographie
Chemin d’individuation 22 aout 2001 chez
www.buddhaline.net
Dialogue intérieur (psychologie analytique) chez
www.wikipedia.org
Portail internet sur le dialogue intérieur chez
www.dialogue-interieur.com
Jean-Paul PARENT
jeanpaulparent@yahoo.fr
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