LE DÉFI, UNE AFFAIRE DE GENS QUI NE SAVENT PAS QUOI FAIRE DE LEUR TEMPS…
Si on résume un an de parcours des divers médias, on voit qu’il s’organise partout des défis. Au cours de l’année dernière, pour ce qui est de notre culture américaine et régionale, on a pu relever, diversement, le Défi étudiant, le Défi sportif, le Défi corporatif, le Défi Entrepreneurs, le Défi Santé, le Défi des têtes rasées, le Défi nordique, le Défi apprenti génie, le Défi du printemps (selon les régions, il y en a un pour les quatre saisons), le Défi «J’arrête, j’y gagne», le Défi ces collines de l’Estrie, le Défi Jeunesse Québec.fi des auto solo, le Défi «Bougeons ensemble», le Défi prévention jeunesse et combien d’autres, sans oublier le Grand Défi Pierre Lavoie. Et on ne peut passer sous silence l’incroyable défi «Ice Bucket» qui a fait le tour de l’Amérique. On veut partout des défis et on se lance partout des défis, jusque dans les relations amicales ou les relations de couple, quand on ne se le lance pas à soi-même!
Comment ne serait-ce pas profondément imprégné dans les mentalités quand, dans un magazine populaire, un psychologue se mêlait d’énumérer dix apparentes bonnes raisons de relever les défis, sous un phrase résumé qui se lisait : «Se dépasser, c’est bon pour le moral.» De cette prétention, il expliquait ensuite : que le défi peut rendre plus humble dans le constat de ses limites; que, dans la réussite, il rend fier dans le constat de degré qu’on dépasse les autres; qu’en épatant les autres, il stimule et amène un être à tenir bon quand il est sur le point d’abandonner; qu’il rend la vie plus plaisante en forçant à sortir de ses habitudes; qu’il apprend quelque chose sur soi; qu’il permet de revoir sa façon de vivre et de vérifier la manière dont on se traite sur un point particulier; qu’il permet de reconnaître à quel point on a pu s’écarter de ses objectifs de vie; qu’il assure une révision de son mode de vie et de ses choix; qu’il aide à sortir de soi et produit, par l’exemple, un effet d’entraînement; qu’il garde jeune en évitant de s’encroûter dans son petit confort; et surtout qu’il force à se placer dans une difficulté qui amène à être mieux préparé ou outillé dans un éventuel coup du sort.
Quand on a besoin de motivations artificielles de ce genre pour assumer ses responsabilités et faire ce qui s’impose, ne démontre-t-on pas à quel point on est intérieurement vide, inconscient de ses responsabilités évolutives, parce qu’on s’est abandonné ou qu’on mène vie mécanique, toujours à l’affût du regard d’autrui ou soucieux de la performance personnelle?
Le défi sert toujours à identifier le présumé meilleur dans un domaine particulier, oubliant que, par leurs différences naturelles, les gens ne peuvent pas vraiment se mesurer entre eux, pas plus qu’on ne peut comparer pommes et oranges ou même les pommes entre elles, en raison de leurs variétés. Et, même lancé pour une bonne cause, il contribue à gonfler l’ego. Car s’il faut participer à un défi pour se motiver à aider, le sens humanitaire n’est pas très grand. Et que dire s’il sert à révéler un sentiment d’appartenance. D’un défi, il ressort, chez le gagnant, une fausse fierté et une impression de supériorité et, chez le perdant, un certain degré de frustration et d’amertume. Le défi ne consiste-t-il pas dans une incitation à faire quelque chose par provocation en prétendant une incapacité à le faire? Bien qu’il puisse aussi représenter l’invitation à venir se mesurer comme adversaire. Dès lors, il amène un être à intervenir dans la mesure où il se sent en concurrence ou en compétition avec un autre. Or deux êtres humains ne peuvent en rien se comparer en raison de leur unicité et de la diversité des rôles fonctionnels.
Sur la route de la Lumière suprême, chaque plan de conscience comporte ses leçons propres. Une des façons les plus faciles d’évoluer consiste à reconnaître chaque expérience, non comme un défi ou un obstacle insurmontable, mais comme une occasion à saisir de grandir et de progresser. Au gré de l’évolution, les expériences ne disparaissent jamais, elles ne font que changer de nature. Même au-delà de la matière, dans les plans subtils, s’il n’existe plus de contingences, il n’en reste pas moins, pour l’éternité, des expériences à mener ou des états d’être différents à vibrer.
Nul ne peut grandir sans se confronter à des obstacles. C’est par son attitude à leur endroit qu’un être se complique ou qu’il se simplifie la vie, s’élevant ou descendant. Selon l’attitude de chacun, l’un s’élève toujours plus haut et plus vite tandis que l’autre peut s’emprisonner longtemps dans les plans de la densité. Plus un être repousse les problèmes et les difficultés, plus il se rebelle, plus il en projette le tort sur autrui, et plus longtemps ils hantent son esprit et perturbent sa vie. Les plans inférieurs de la conscience peuvent apparaître comme des sables mouvants qui entraînent vers le bas. Qui s’y laisse prendre se piège par ses propres pensées : il les fait tourner sans cesse autour de ce qu’il considère comme un point négatif. Chacun réussit à s’élever en changeant la direction de ses pensées, en les orientant vers le haut, les mettant ainsi au service de son évolution. En se débattant dans ses problèmes et en luttant pour trouver des solutions, un être se maintient dans les niveaux denses de l’énergie. Il en vient à résister, à rationaliser et à se justifier au lieu de se servir de son imagination créatrice pour se libérer.
Il y en a qui disent qu’il n’y a rien de mieux que de se lancer un défi pour se motiver. Pourtant, c’est un choix par inepte. Si une personne manque de motivation, le défi ne peut que l’amener à se motiver de façon artificielle et dans l’effort, ce qui, tôt ou tard, devient improductif, se retournant contre soi. Car, pour trouver du plaisir dans la vie, il faut toujours se lancer des défis plus grands, ce qui finit par miner les réserves d’énergie. Il vaudrait mieux voir ce qui fait qu’on manque de motivation dans un domaine, si on juge important de s’en occuper. La motivation ne vient pas d’un effort de volonté, mais d’un désir spontané et naturel. Aussi vaut-il mieux suivre les élans de son cœur que de se forcer à faire quelque chose jugé comme important. À ce moment, c’est l’ego, créature du mental, qui dirige la personne.
Le chercheur spirituel n’a rien à prouver ni à démontrer, ne vivant pas esclave du regard d’autrui. Il se jauge par sa propre conscience. Il sait ne pas vivre sur Terre pour accomplir des performances, mais pour apprendre à être totalement, ce en quoi le défi ne peut rien. Tout se passe entre lui et sa conscience. En conséquence, il ne lance pas de défis et n’en relève pas, même pas ceux qu’il se lance lui-même. Celui qui lance un défi entend ridiculiser ou vaincre, pour rehausser sa propre estime. C’est un être qui vit dans l’esprit de concurrence et qui se perçoit inconsciemment comme un rival. Surtout, l’être évolutif évite bien de considérer l’accomplissement spirituel comme un défi. Il fait toujours ce qu’il peut, à son rythme, à sa manière, au meilleur de ses connaissances et de ses moyens, sans attente. Toute attente crée une tension qui empêche les choses de se produire.
Par ses expériences personnelles, chacun ne cherche qu’à se connaître lui-même dans ce qu’il est déjà, au-delà des apparences. Ce n’est pas la connaissance de l’autre qui va le faire grandir en conscience. Aussi convient-il qu’un être consacre son temps et investisse son énergie à la découverte de son Être intérieur pour devenir conscient de ce qu’il est vraiment. Or il devient conscient de lui-même qu’en prêtant attention à ses pensées, à ses paroles, à ses sentiments ou à ses actes du moment. Et il peut amplifier son éveil en leur prêtant toujours davantage d’attention. C’est toute la différence entre chercher à être et chercher à avoir, bien que l’un ne puisse aller sans l’autre, au niveau de la densité, où l’être éprouve des besoins de divers ordre, Il s’agit de savoir établir ses priorités. L’avoir doit supporter l’être, les moyens doivent favoriser la fin, non l’inverse.
© 2012-16, Bertrand Duhaime
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