L’INTUITION ET L’IMAGINATION, LES DEUX INSTRUMENTS PRIVILÉGIÉS DE L’ÊTRE HUMAIN, SES FACULTÉS CRÉATRICES…
À proprement parler, l’être humain ne détient que deux facultés proprement créatrices, qui sollicitent les deux hémisphères du cerveau, dont il peut se servir pour s’engendrer un monde à son image et à sa ressemblance ou pour diriger son destin, à titre d’être doté de liberté qui œuvre dans les plans du libre arbitre. Voilà qui peut expliquer l’importance de bien les connaître pour s’en servir utilement et efficacement à tout moment. Il s’agit de l’intuition, qui peut lui fournir immédiatement toutes les connaissances dont il a besoin pour connaître précisément son rôle fonctionnel de manière à mieux identifier son but ultime, préciser ses choix, classer ses objectifs, établir ses priorités, orienter son énergie, et de l’imagination, qui peut lui permettre de former des moules de ressenti et de pensée en harmonie avec son destin. L’intuition révèle ce qu’il importe de créer tandis que l’imagination permet de manifester, au plan requis, ce qu’il convient d’expérimenter.
D’abord l’intuition…
L’intuition se définit comme la perception directe et immédiate, claire et infaillible, sans intervention du raisonnement, dispensée par la Conscience subjective. On appelle parfois cette compréhension profonde, qui transcende l’évidence, la preuve, la raison et sa logique, tous les moyens de vérification de la vérité, le «signal intime», la «perception interne», la «voix de la conscience», le «sixième sens», le «souffle divin» ou le «murmure de l’Esprit». Elle implique une saisie soudaine, sans délibération, d’une réalité de la vie intérieure, qui résulte d’une mise en harmonie de la conscience personnelle avec la Conscience cosmique qui sait tout. Elle résulte d’une mise en harmonie du Moi intérieur avec l’Esprit divin de l’Être suprême. Elle amène à reconnaître une réalité comme vraie avant de savoir pourquoi et comment. L’intuition exprime la perception des relations avec l’inconscient, le subconscient et le superconscient. Elle constitue la petite voix douce de la conscience intérieure qui réunit la pensée, le sentiment et le ressenti pour sonder les choses du de dans et du dehors. C’est la voix de Dieu qui parle dans le silence du cœur.
Nul ne peut entrer en communication avec cette Source de savoir ou de sagesse tant qu’il se fonde sur ses idées toutes faites, élaborées par son mental, ou sur l’opinion d’autrui, pour mesurer sa science, évaluer sa valeur, savoir qui il est. Les lois et les principes spirituels ne peuvent s’appréhender que par la voix du cœur, siège de l’âme. Celui qui veut développer son intuition doit laisser à la Conscience cosmique seule, que l’on appelle Dieu, le soin de décider si sa conduite est convenable ou irréprochable. Autrement, l’individu consacre trop de temps à récuser les opinions des autres ou à se les appliquer. C’est parce qu’il ne sait pas clairement qui il est que ses questions restent sans réponse. L’avis des autres peut éclairer la justesse de ses propres opinions, mais il ne peut passer sa vie à vivre de consultation en consultation.
Tant qu’il reste trop flottant dans ses opinions et incertain de son identité, l’être individuel ne peut s’ouvrir à l’intuition. Les autres ont droit à leur opinion, mais elle n’a rien à voir avec lui, et c’est cela qu’il doit comprendre. Car il est appelé à devenir pleinement lui-même, non la caricature d’autrui. C’est la même chose pour ce que les autres croient de lui, cela ne le regarde en rien. Dieu seul peut juger et il s’en garde bien. Tant qu’il ne déloge pas à la fois les opinions des autres et les siennes de leur piédestal, il a tendance à reproduire les qualités des messages qu’il accepte. Or la plupart des opinions d’autrui et de ses opinions propres ne reflètent en rien la réalité. C’est plutôt au plus profond de lui-même que loge la sagesse, ce vrai savoir. Il paraît que même les Maîtres subtils, qui fascinent tant les chercheurs spirituels, ne détiennent pas le pouvoir qu’on leur attribue et la vérité qu’on leur accole. Ils ne figurent que des parties de soi-même qui doivent ramener à sa propre sagesse spirituelle. Car la grande autorité compétente en tout, c’est la divinité du cœur, dont l’opinion est absolue, donc exécutoire.
Fondamentalement, l’intuition désigne la faculté qui peut appréhender les lois en activité pour aider à changer les circonstances de sa vie ou à s’adapter à elles, en attendant d’en faire la différence. Elle ne doit pas servir à sonder le Cosmos ni à espionner les autres. Car s’ouvrir à l’intuition, c’est se mettre à l’écoute de la voix de son âme et de la vérité intérieure, puisque son âme sait tout pour lui. Elle sait de quelles expériences il a besoin pour reprendre contact avec l’Amour et pour reconnaître Dieu davantage en lui et partout. L’intuition révèle les pistes inconnues et elle identifie les expériences utiles, les occasions favorables et les moments opportuns de les vivre. Elle constitue le pouvoir de pressentir qui offre les moyens de lire des réalités à prendre comme les signes annonciateurs d’une situation à venir. Elle s’alimente aux sources de la Sagesse divine irriguant l’inspiration et stimulant la créativité.
L’intuition représente le moyen par lequel se manifeste un savoir intérieur non encore conceptualisé qui invite à entendre l’appel de la vie adapté à son expérience. Elle fait savoir sans qu’il puisse clairement conceptualiser ses messages, ce qui peut être profitable ou préjudiciable. La confiance qu’il lui accorde constitue une étape obligatoire du savoir. Pour rendre conscient un savoir nouveau, il gagne à commencer par se laisser guider par l’intérieur et à rompre avec l’extérieur, qui ne sert qu’à étudier les résultats, non les causes. Cette voix intérieure, qui s’exprime en toute douceur, sans la moindre insistance, révèle des vérités précieuses. Si bien qu’au début, il ne lui prête pas immédiatement l’attention qu’elle mérite, d’où le mental recouvre son message et le déforme. C’est ainsi qu’il se dit souvent, plein de reproches : «Ah! si j’avais suivi ma première idée.» La première idée, c’est cela, l’intuition. Il ne voit rien, mais il comprend une réalité comme s’il les voyait amplifiées, les vivant et les ressentant dans la certitude. Supérieure à la clairvoyance, qui décrit plutôt la perception kinesthésique, elle mène à l’illumination du mental.
Cette faculté, qui est à la fois compréhension et sensation, pénètre la réalité d’un seul regard. La Source de la Sagesse illimitée ou de la Connaissance infinie fournit constamment, dans le présent, les informations appropriées à chaque situation de vie. Il suffit de les capter. L’intuition a toujours été et elle restera toujours la voix du Créateur qui transmet à la Conscience subliminale son destin présent. C’est le message direct qui provient du Soi véritable, de la Pulsion même de Vie, par la Porte du Paradis. C’est l’étincelle vivante, spontanée et dynamique que produit la divinité intime, cette entité qui se manifeste ne chacun et qui illumine des divers aspects d’une situation ou d’un événement de sa vie. Grâce à elle, chacun peut en reconnaître et évaluer les différents facteurs à une vitesse bien supérieure à celle du processus de la pensée rationnelle. Et il suffit de demander pour que toutes les informations pertinentes, contenues dans l’Univers, entrent à sa disposition.
En restant attentif à la Vie, en restant conscient de la totalité de son être, l’individu réalise que la Pulsion de Vie transmet tout ce dont il a besoin de savoir dans chaque situation, par le biais de cette sublime faculté spirituelle. Alors, il sait soudain, et c’est tout. Cette connaissance supérieure n’a pas besoin d’explication. Alors, il se sait être, ce qui devient une évidence en lui qui dépasse toute connaissance. Il s’agit d’un savoir clair et limpide qu’il perçoit au-delà des murs de la prison de chair. Il saute directement dans l’inconnu, plein de certitude et de vie, dans l’intensité de l’instant, comme éveillé pour la première fois à l’être véritable.
Mais, en général, l’intuition ne commence à renseigner que lorsqu’il a appris à centrer sa conscience dans l’instant présent qui vibre de l’intensité du Moment éternel. Elle met instantanément à sa disposition tout ce dont il a besoin de savoir dans une situation donnée, sous forme d’un énoncé clair, issu de la Sagesse infaillible du Créateur, relativement à la conduite optimale à tenir en toutes circonstances. Toutefois, elle guide uniquement dans le présent pour délivrer la saisie soudaine d’une réalité objective en provenance de l’intérieur. Comme Satprem l’a dit : «L’intuition répète, à notre dimension, le mystère originel d’un Grand Regard –un clin d’œil formidable qui a tout vu, tout connu, et qui joue à voir peu à peu, lentement, successivement, temporellement, d’une myriade de points de vue, ce qu’Il avait embrassé seul dans une fraction d’éternité.»
En l’être humain, la Conscience cosmique ne connaît aucune limite ni aucune frontière. Une partie de la Conscience cosmique, non séparée d’elle, revêt en chacun une identité et édifie une personnalité distincte dans le corps et l’âme. Ainsi, la conscience individuelle n’est qu’une partie de la Conscience divine qui réside en toutes choses. Ainsi, l’être humain vit en relation avec tous ses semblables, avec toutes les créatures, avec tous les phénomènes naturels. Qu’on évite de s’y tromper, l’intuition représente une faculté parfaitement naturelle de l’être incarné, une faculté nullement rare ni contraire à la Nature, sauf que, chez certains, elle est étouffée, voilée, entravée. Elle transmet le Savoir par l’intermédiaire des facultés psychiques. Elle se développe par la mise en harmonie avec la Conscience supérieure dans la détente et l’intériorisation. Donc, elle se développe par la méditation, alors que l’individu est réceptif, centré et concentré, mais passif, disponible à l’instantanéité de la Vie.
L’Esprit divin se fait connaître par l’intuition, source de l’inspiration, de sorte que chacun progresse dans la mesure où il se fie à elle plutôt qu’à son mental, plus porté à accumuler des connaissances complexes, mais approximatives, tout au long de la vie. L’être humain devrait toujours suivre ses impressions premières puisqu’elles révèlent toujours le son de la trompette d’un jugement particulier. Elle véhicule toujours la Sagesse irrépressible et infaillible de la Conscience suprême. Hélas, il ne sait pas toujours reconnaître l’intuition de ses interprétations rapides ou de ses impressions fugaces, le mental tentant toujours d’écarter la première impression pour lui substituer son jugement. Au début de son développement, l’être a grandement besoin du sens commun et du discernement, des facultés du mental, pour se motiver, se suggestionner, se motiver de lui-même à suivre la bonne voie, celle de ce qui lui convient. Mais, progressivement, il doit apprendre à substituer à la connaissance objective la connaissance intuitive qui aide à fusionner avec l’Être-Un.
On pourrait dire avec justesse que l’intuition résulte du degré de perméabilité entre l’être individuel et l’Être suprême, appelé l’Esprit divin. C’est la faculté spirituelle qui permet à l’être humain de prendre contact avec le Mental universel ou l’Intelligence cosmique et de comprendre le Plan divin de façon synthétique. Elle permet de capter directement les Idées divines ou les Archétypes cosmiques et de percevoir en lui les vérités fondamentales. Mais, au-delà des motivations égotiques et égoïstes, l’intuition incline toujours vers l’activité collective qui sert le plus grand bien évolutif et concourt à la réalisation du Gand Plan de la Création. Voilà pourquoi la marque d’un être intuitif se découvre dans sa dévotion au service universel, par sa capacité de s’élever au-dessus de ses propres contingences personnelles, au-delà des apparences. En principe, l’intuition, souvent appelée la voix de la conscience, émane des plans spirituels, mais elle est captée par le plexus solaire. Elle constitue un facteur subtil à transmuter en connaissance par l’expérience personnelle.
Beaucoup de gens pensent ne pas êtres intuitifs, ne pas pouvoir s’ouvrir à l’intuition ou ne pas être dignes de cette faculté parce qu’ils conçoivent ce phénomène comme une inspiration très puissante s’imposant de toute sa lumière. L’intuition constitue effectivement un éclat de lumière intérieure intense, mais, au début, nul ne parvient à la percevoir comme telle, par manque d’entrainement, de concentration, d’accord ou de pureté intérieure. Suite aux premières expériences d’intériorisation, après la formulation de sa demande, la réponse intuitive peut s’exprimer sous la forme d’une impression très vague, mais pourtant très significative et très probante de sa réussite à établir un contact avec la Conscience divine, par le Soi intérieur. Par exemple, quand un être se plonge dans une rêverie, qu’il n’est plus conscient que de lui, il peut recevoir une évaluation intuitive. Il peut soudainement ressentir un malaise fugace ou un bien-être vague, l’un et l’autre reliés à une situation vécue antérieurement. Dans le registre négatif, il peut passer par une inquiétude intime, par un fort sentiment de culpabilité, par une honte croissante, par une peur lancinante. Dans le registre contraire, il peut soudain se sentir allégé, délivré, égayé, enthousiasmé, enflammé, comme intérieurement transformé, transporté, dilaté.
Progressivement, celui qui sait accorder de l’attention à ces phénomènes subjectifs subits parvient à établir les liens et il permet à l’intuition de se faire plus claire, plus nette, plus précise, révélant plus rapidement ses implications profondes et ses connexions variées. Après un exercice d’intériorisation, les confirmations ou les éclairages peuvent également passer par une idée, un mot ou une mélodie qui donnent une solution adéquate ou une réponse complète. C’est le cas de ce mot sur lequel tombe le regard, de cette phrase entendue à la radio ou à la télévision, mais qui éveillent une conviction indiscutable. Autrement dit, on sait ne pas avoir à l’analyser, car on la reconnaît pour la réponse ou pour la solution dont on avait besoin ou qu’on cherchait. Parfois, la réponse provient d’une conversation qui se déroule à proximité, dont on capte quelques bribes, alors qu’on n’y prêtait même pas attention le moment d’avant.
On se trompe si on croit que l’intuition parvient toujours d’une façon fulgurante, uniquement de l’intérieur et sous la forme d’un ordre personnel. Dans certains cas, il ne vient aucune réponse, la situation se règle d’elle-même, dirigée par les forces intimes. Si la réponse doit venir de l’intérieur, peu importe sa force ou sa clarté, on sait que c’est la bonne, on sent ce qui est à faire, où il faut aller. C’est état de certitude qui indique que le moyen employé est d’ordre inspiré. Il s’accompagne souvent d’un sentiment d’expansion ou de plénitude, d’un titillement au plexus, d’une sensation de chaleur inhabituelle ou d’un frisson soudain. On ressent comme une détente de l’esprit, un sentiment de soulagement, un accroissement de confiance, une conviction soudaine. Tout cela, c’est un résultat intuitif. L’important, pour développer davantage cet état, c’est de vérifier la pertinence de ses ressentis, pour les confirmer au moment opportun, et d’écarte tout doute dans ses appels à l’aide. Et, s’il est inspiré de poser un geste, il faut battre le fer pendant qu’il est chaud, il faut s’empresser de le produire physiquement dans les meilleurs délais.
L’intuition ne met pas toujours les informations toutes cuites dans le bec permettant de tirer de l’expérience suggérée un bienfait, un bénéfice, un profit, comme une leçon de vie. Les pires freins de l’intuition résident dans les requêtes brusques, les appels irrespectueux, les défis lancés à l’invisible, la tension émotive, les formules compliquées, les questions imprécises, la hâte d’exécution, l’attente inquiète d’une réponse. En principe, la voix de l’Esprit qui connaît toutes les possibilités d’une expérience, peut les fournir rapidement, voire instantanément. De ce fait, on gagne à se mettre à l’écoute de toute perception subtile donnant rapidement la solution recherchée ou la réponse désirée grâce à l’orientation correcte de la pensée vers la Conscience supérieure. Cela permet d’établir une relation avec la Vérité une et unique. L’individu peut recevoir en tout temps une perception par le biais de l’Intelligence pure de certains facteurs en voie de réalisation, dans la mesure où on s’engage à en faire un bon usage.
Les êtres humains ne peuvent rien connaître des secrets de Dieu, le Créateur, par leur savoir naturel ni par la qualité de leur intelligence. L’intuition n’est pas une question de science mentale. C’est Dieu qui inspire par l’Éther subtil et qui aide ainsi à prévoir les faits par sa seule volonté, car les effets procèdent de l’esprit prophétique. Autrement, on devra se contenter du résultat des fantaisies de l’imagination. Pour cette raison, celui qui s’ouvre à l’intuition doit oublier sa logique pour un moment. Par l’intuition, il sera guidé et éprouvé de manière à mettre un terme à un projet sans que l’esprit logique n’en connaisse à l’avance les étapes successives. Alors, il se trouvera projeté dans un espace de conscience beaucoup plus élevé, qu’il est difficile de sonder, mais qui augmente sa confiance en lui-même et envers le Tout.
En se dégageant des informations de nature personnelle, l’individu engendre un nouvel espace, d’où il peut recevoir une information de nature cosmique ou de portée universelle. Il ne sait pas comment il arrivera au but, mais il y arrivera plus sûrement, s’il accepte de plonger dans l’inconnu, conformément à la théorie du risque calculé. En quelque sorte, l’intuition représente une initiation qui permet de parvenir à une plus grande maîtrise dans certains domaines. Elle lui permet de lier des éléments qu’il croyait séparés. Mais il doit s’ouvrir à son ressenti pour y choisir les éléments utiles, sans aucun ordre particulier, en évitant même de réfléchir à la manière dont ils pourront s’enchaîner. Car l’intuition représente vraiment la faculté qui permet de connaître ce qui préexiste au-delà du mental et des illusions, qui peut tout prévoir, permettant de sentir la vérité sans explication, sans recours aux principes de la logique, au-delà du temps et de l’espace.
L’intuition résulte d’un lien inaltérable tissé entre l’être incarné et le Soi supérieur, assurant une communication qui n’est pas limitée par le corps physique et les autres phénomènes de la matière. Elle agit du fait que le passé, le présent et l’avenir sont simultanés, au niveau le plus élevé de la Conscience divine. Elle saisit donc un désir du mental conscient ou de la conscience connaissante pour aller trouver dans le futur les clés permettant de l’exaucer dans l’immédiat, s’exprimant souvent par images, par sensations, par révélations, par impulsions. Autrement dit, elle agit à l’intérieur un peu dans l’esprit ludique comme si elle cherchait à détourner l’attention de l’effort laborieux ou des activités prenantes par des impressions intérieures, allant puiser dans des dimensions inconnues pour suggérer des solutions apparemment logiques. Les intuitions de moindre niveau parviennent par le plexus solaire, mais les intuitions très subtiles parviennent par le rayon indigo du sixième chakra de la colonne vertébrale.
Voilà comment l’intuition ouvre des portes que le mental cherche à garder fermées. Pour établir un pont entre l’intellect et l’intuition, on peut recourir à l’énergie du cœur, en s’investissant dans la confiance et la foi. Elle peut donner des réponses apparemment illogiques, mais pertinentes et efficaces, induisant toujours dans une vie plus riche, plus joyeuse, plus sereine, plus facile, plus gracieuse. Elle amène à être qui on veut vraiment être en concrétisant rapidement cette aspiration. Ce qui comporte du sérieux, de l’amusant, du pénible ne provient donc pas d’elle. Car elle vise d’abord à aider à réaliser rapidement les buts, amenant à capter une idée au lieu de devoir la créer. Mais nul ne peut vivre que d’intuition, car il s’exposerait à errer dans un m onde de rêves, d’idées, de prétention, ne parvenant jamais à rien créer. De ce fait, il faut incarner ses intuitions en les manifestant dans la réalité physique par la concentration, le désir qui allume la volonté, la patience et la détermination.
La meilleure façon d’éveiller l’intuition consiste à écouter ses chuchotements que l’on entend, mais que l’on feint d’ignorer. Au lieu de chercher des raisons pour ne pas écouter ces murmures, on devrait créer des raisons d’y parvenir. Un être consume beaucoup plus d’énergie à se freiner qu’à s’élancer de l’avant. Car l’intuition lui trace la route vers un futur meilleur en lui permettant d’être attiré vers les réalités qu’il aime. Elle force à s’ouvrir toutes les portes qui contribuent à l’amener à se réaliser dans la plénitude. Mais, bien qu’elle provienne du futur, l’intuition parle au présent par des impulsions, des étincelles d’idées, des sentiments, des inspirations. Tout être devrait reconnaître qu’il commet une erreur lorsqu’il se force à faire quelque chose alors que son sentiment le pousse ailleurs. L’intuition envoie sans cesse des messages, par son monde intérieur rempli d’idées et de sentiments, dictant à chaque instant ce qui est le meilleur pour lui, ce qu’il convient de faire pour amplifier son énergie. Mais l’intellect, le grand adversaire, proclame que ces portes n’ont pas de sens et qu’elles ne peuvent pas convenir.
Si un être tente d’ouvrir une porte et qu’elle ne s’ouvre pas, c’est que l’Univers indique qu’il existe un meilleur chemin. Il ne devrait pas s’entêter et chercher à la défoncer, mais observer autour de lui les portes qui sont déjà ouvertes. Mais pour savoir qu’une porte peut s’ouvrir, il lui faut la sonder, même s’il doit désobéir à l’intellect réfractaire à la nouveauté. L’intellect combat souvent l’intuition parce qu’il a appris à trop respecter la raison sous prétexte de vivre dans un monde scientifique, aux approches plutôt rationnelles. Mais les plus belles découvertes sont nées de la synthèse harmonieuse de l’intellect et de l’intuition. L’intellect ou le mental peut se sentir trahi si on lui dit que tout peut devenir facile, parce qu’il ne connaît que la voie de l’activisme et de l’effort, parce qu’il croit que ce qui est facile ne peut être ni bon, ni bien, ni valable, ni mérité. C’est sa manière d’établir son contrôle obsédant sur un être, car il refuse la spontanéité, la souplesse et la simplicité.
Celui qui fait confiance à ses intuitions, par ses sentiments et ses ressentis, pour agir d’instant en instant, reste en harmonie avec lui-même et avec l’Univers. En toute vérité, l’intellect détient son rôle, celui de tracer des plans, de formes des moules de pensée, d’analyser les occasions de succès, de décider de la marche à suivre, de suggérer des actions pertinentes. Mais il doit rester souple ne proposant ses plans que comme des hypothèses ou des points de repaire. Il doit accepter de s’adapter aux mouvements de la vie, de s’ouvrir aux sentiers insondables de Dieu. En effet, l’intuition peut lui révéler des raccourcis directs comme elle peut suggérer des détours apparents qui se transmueront en raccourcis. L’intellect peut aider à fixer des buts, à mieux agir dans le monde, en traçant un sentier logique, mais il ne peut savoir comment les choses arriveront. D’autre part, il reste toujours à la remorque de ses découvertes quand tant de choses dépassent l’entendement. Il doit développer la foi qui peut lui permettre de s’en remettre à l’intuition capable de lui révéler la voie heureuse, parce que la plus directe et la plus facile, de chaque réalisation.
La vie heureuse surgit du fait d’écouter ses sentiments, ses ressentis, ses impulsions, ses idées intimes, ses désirs les plus profonds et de celui d’agir en conséquence. Un être ne doit donc jamais se forcer à faire quelque chose qu’il n’aime pas ou pour laquelle il ne se sent pas prêt. Pour devenir souple et spontané, il gagne à apprendre à faire confiance à ses intuitions au point d’abandonner ses plans s’il en reçoit la suggestion intimement. C’est la seule manière par laquelle il peut devenir pleinement efficace. Il doit s’autoriser à jouer le Grand Jeu amoureux de la Vie en faisant ce qu’il a toujours voulu faire au lieu de s’astreindre à faire ce qu’il n’apprécie pas. En retrouvant son esprit d’enfance, il constatera que son énergie créatrice s’éveille et coule en lui comme elle ne l’a jamais fait. Pour s’ouvrir à l’intuition, il n’existe nul besoin de renier sa raison, il s’agit de la dépasser, tout en la conservant. Pourquoi s’en remettre à l’approximatif, à l’hypothétique et à l’arbitraire quand il peut accepter de s’élever à une connaissance intérieure spontanée et directe de la nature réelle des choses? Plus un être écoute son intuition, plus il exerce de pouvoir sur les événements de sa vie.
L’intuition représente le langage de l’Esprit intime qui sait tout. Par manque de compréhension intellectuelle et de connaissance spirituelle de la relation de cause à effet, propre au plan de la Nature supérieure, l’être humain devient sporadiquement conscient de potentiels intimes, mais il ne les maîtrise pas encore complètement de façon intelligente. Il entre successivement en contact avec des vibrations et des phénomènes d’autres plans, mais il reste ignorant de la démarche qui peut lui permettre de les atteindre et d’en répéter ou d’en renouveler l’expérience. Alors, il doit se contenter de consigner, d’enregistrer, de noter ces phénomènes. Pour qu’ils le servent plus utilement, il devra apprendre à les maîtriser, soit à les vivre à volonté, en purifiant ses filtres et en s’appliquant à éliminer tout ce qui peut déformer et obscurcir sa vision. Autrement dit, l’être humain doit purifier ses centres d’énergie logés dans sa colonne vertébrale, œuvrer sur sa pensée et apprendre à s’intérioriser et à méditer.
Puis l’imagination…
Il s’agit d’un aspect de la rationalité, qui procède du mental ou de l’intellect et qui participe du domaine de la logique, soit de la faculté de l’esprit qui permet la représentation d’images fictives ou leur combinaison ou qui assure l’évocation de l’image des objets qui ont été antérieurement perçus. Plus simplement, l’imagination désigne la faculté de former des ressentis et des images mentales. Elle implique la création de moules de pensées ou de concepts holographiques dans l’esprit et elle constitue la première étape du processus de la matérialisation, dans le principe de la créativité. Cette faculté permet à un sujet de visualiser les résultats qu’il désire obtenir. Elle lui permet de penser à se donner plus qu’il ne possède présentement. Ainsi, elle transcende la dimension terrestre, reliant à l’Esprit universel, pour qui tout est possible. Elle l’unit à ce qu’il désire directement sur le plan de l’énergie, lui présentant un moule, puis elle l’illumine, l’amenant rapidement et facilement à se réaliser. Ce processus constructif de la conscience permet de combiner les images pour former une nouvelle image, donc jamais expérimentée extérieurement, ce qui permet d’écarter les impossibles apparents en ouvrant la porte aux idées nouvelles et aux nouvelles créations. Elle permet de changer les causes et de manifester de nouveaux effets par le jeu de l’intuition. Ce processus amène à former des conditions idéales, avec une liberté relative, à partir d’images, de concepts, de sensations et de ressentis, ce qui la distingue de la reproduction de clichés. Elle fait participer directement à l’ordre de la créativité universelle. Pour l’être individuel, elle constitue la porte de sortie vers ce à quoi il aspire et vers ce qu’il est vraiment.
L’imagination agit sur une sorte d’écran situé à la limite des mondes visible et invisible, une réalité sur laquelle peuvent venir se refléter des objets ou des entités qui échappent habituellement à la conscience. Elle capte, enregistre, transforme tout ce qu’elle reçoit, concrétisant les formes qu’on lui donne en les remplissant d’énergie. Elle procède à un coagula, à une densification des images qui y sont maintenues. Mais elle est mobile, instable et changeante, pouvant s’égarer ou paresser, si elle n’est pas correctement guidée par la volonté, ce qui l’a fait appeler la «folle du logis». Mal dirigée, elle peut former des fantômes qui peuvent dégénérer en vampires redoutables qui peuvent confiner à la peur panique, à la folie et à la destruction. Alors, l’individu doit lui fournir des images de dignité, celles d’une divinité en puissance et l’animer d’un amour indéfectible pour l’idéal de la transformation de soi qui doit aboutir à la libération transcendantale ou à la Maîtrise totale. Car l’imagination n’a pas été donnée à l’être humain pour qu’il réalise ses fantaisies et ces caprices, ce qui est quand même permis, mais pour qu’il se donne les instruments lui permettant d’évoluer sans cesse, donc d’apprendre à découvrir ses potentiels et de se réaliser en tant qu’être créé à l’image et à la ressemblance de son Créateur divin.
Si l’imagination ne se libère pas des structures de ses croyances, elle ne peut parvenir à produire l’envol. Chez l’être humain, cette faculté n’est pas limitée au temps et à l’espace. De ce fait, elle permet de se relier aux énergies les plus subtiles et les plus élevées de la Conscience cosmique. Elle permet d’expérimenter le plaisir et la joie et de créer son destin dans l’esprit de jeu, ce qui constitue un moyen de se relier à l’intuition qui peut la nourrir. Dans la douce énergie de l’esprit d’enfance, remplie de spontanéité, d’émerveillement, de fantaisie, l’être parvient plus facilement à s’élever au-delà de la lourdeur de la sévérité et du sérieux, se mettant plus facilement en harmonie avec ses propres sensations et ses propres sentiments. Pour se réaliser pleinement dans sa perfection originelle, il ne suffit pas à l’être incarné de rêver sa vie en rêvassant ou en émettant de simples souhaits et de banales hypothèses. Au contraire, il doit considérer ses visions intérieures comme des messages venus du plus profond de son être et mis à son service, qu’il doit réaliser. Ces visions sont reliées à son but et à son service, aux raisons de sa venue sur le plan terrestre. Autrement, il s’agit d’un écran sur lequel il peut placer les moules susceptibles de combler ses désirs, ses besoins et ses aspirations pour qu’ils s’y remplissent d’énergie. Ce dont il a alors le plus besoin, c’est de former des ressentis et des images claires, nettes, précises et vivantes, dans la détente, la sérénité, la concentration, la centration, de manière à attirer leur réalisation dans sa vie concrète. En fait, dès qu’il peut atteindre une concentration constante sur une idée unique et exclusive, l’être humain peut la manifester en trente-quatre secondes, s’il détient la foi.
Mais ici, on déborde déjà sur l’imagination créatrice qui permet de simuler, de faire comme si on pouvait tout, ce qui permet d’y parvenir. Au plan divin, avec une majuscule, cette expression définit la Force créatrice invisible qui génère toutes les formes de vie. Au niveau humain, souvent appelée idéation créatrice ou visualisation, elle évoque la vision créatrice stimulante et motivante qui, seule, peut faire quitter un monde conventionnel et rassurant, pour se lancer sur des chemins inconnus et aventureux, dans une quête de réalisation spirituelle. Quelle instrument merveilleux puisqu’il aide à franchir le seuil de la joie en rompant avec les soucis. Car l’imagination permet de voir et de sentir les réalités pour les amener à se manifester. Dans ce processus, la vivacité de l’image importe moins que la capacité de la maîtriser. Autrement dit, il n’est pas nécessaire que l’image soit aussi claire que dans la réalité. Mais le sujet qui la forme doit être en mesure, symboliquement, de suivre son mouvement et de ressentir ses effets, comme s’il éveillait la mémoire de l’activité physique et psychique qu’elle contient ou qu’elle suppose. Tout son être doit vibrer à la réalité de l’image qu’il conçoit comme cela se passe dans la vraie vie. Cette faculté d’envisage un destin futur différent et meilleur que la réalité du moment, apparaît, à prime abord, un peu folle et enfantine, aux yeux de l’homme ordinaire, qui ne peut l’appréhender. Mais c’est elle qui engendre l’énergie créatrice pure qui aide à former un projet afin de renouveler son environnement, à concevoir un nouveau travail ou à envisager une nouvelle carrière, à viser en toute confiance l’idéal le plus noble de s’accomplir totalement.
La loi de la Création stipule qu’il n’est pas nécessaire de savoir comment parvenir à un résultat, quand on peut l’imaginer lui-même parfaitement réalisé et accompli dans son espace psychique, par le ressenti, donc dans son cœur. Mais ce qui est ressenti dans le cœur doit être accepté par la tête. Alors, par cette unanimité, il n’est même pas besoin de choisir les moyens que la réalité se densifie telle qu’elle lui a été présentée dans le moule de ressenti ou de pensée. Si nous reprenons notre explication, nous pouvons affirmer que l’imagination constitue la faculté mentale par laquelle un être peut former des images et les mettre en action, comme dans un film. Sauf qu’il peut leur donner vie concrète par son ressentir de foi. Car il a été dit : «La foi sans les œuvres…» Plus simplement, l’imagination se confond avec la représentation mentale que l’on se fait de ses désirs, qui s’expriment par des besoins. Elle confère à l’idée, par la clarté, la netteté et la précision, la charge sensible nécessaire pour mouvoir la volonté à l’agir. Autrement dit, l’imagination n’est utile que si elle parvient à stimuler le mental par le sentiment.
En métaphysique, on définit l’imagination comme la faculté de vision interne que l’être pensant emploie pour se placer dans un état d’infini, son état naturel. La pensée la nourrit par des formes, des ressentis, des couleurs, des nuances. C’est par elle qu’un sujet peut accéder à l’émerveillement. Mais imaginer n’est pas rêver ou rêvasser, ce qui prive l’esprit de son efficacité. L’imagination doit être créatrice. L’imagination doit peindre un tableau vivant et en affirmer l’actualité, la réalisation certaine, l’accueillant dans l’ici et le maintenant. Le temps et l’espace ne figurent que des contingences illusoires de sa matérialisation différée. L’imagination créatrice se définit précisément comme la fonction mentale par laquelle un être forme des synthèses nouvelles, inventives, originales, rares, à partir des images provenant de l’expérience sensible antérieure. Les Rosicruciens affirment que l’imagination est le fil qui conduit au futur, la gamme ou le clavier de la conscience humaine qui permet de changer et de manifester des causes et des effets nouveaux, indépendants de ceux qui ont pu exister à l’origine. C’est le pouvoir mental ou le processus de formation,-par l’esprit, de, constructions idéales, à partir d’images, de concepts, de sensations et de sentiments, avec une liberté relative, dénuée de contrainte objective. Le métaphysicien porte plus d’attention à l’imagination créatrice qu’à l’imagination reproductrice des psychologues. Celle-ci prend, comme point de départ, la notion d’images mentales, de concepts, de sensations et de sentiments suggérés, mais jamais expérimentés précédemment, donnant ainsi libre cours à la fantaisie intérieure. Elle conduit à la création mentale et à l’idéalisation poétique. En ce sens, la mémoire n’est plus le seul fondement de l’imagination. Et c’est par l’imagination, plus que par la mémoire, que l’être se révèle à l’être et qu’il édifie son avenir.
En somme, de par ses fonctions, on peut assigner deux rôles à l’imagination. Dans un premier temps, elle peut puiser dans la mémoire et reproduire des images connues. L’imagination reproductrice correspond à la faculté qui permet de ramener à la conscience, le plus intégralement possible, des expériences antérieures, imprimées dans la mémoire. Dans un deuxième temps, la mémoire peut puiser ou non dans le bagage du passé pour opérer de nouvelles associations ou en créer. Il existe aussi deux façons de se servir de l’imagination. L’une sert à imaginer, en pure perte, des rêves et des fantaisies mentales. C’est la folle du logis qui n’exprime des images que pour se divertir ou tuer le temps. L’autre façon de se servir de l’imagination, c’est d’ordonner sa vie et d’appeler à la manifestation ce que l’on désire par le pouvoir créateur. Oswald Wirth a écrit: «Les erreurs capitales de l’esprit humain dérivent de l’imagination qui ne peut s’empêcher d’objectiver le subjectif. Or comme cette faculté féminine se réveille avant la raison masculine, nous imaginons d’abord, Puis tâchons de raisonner ensuite, quittes à nous efforcer ainsi de bâtir logiquement avec des représentations équivoques. L’imagination est une arme à deux tranchants qui peut forger un avenir heureux ou malheureux. Est-ce le même auteur qui a dit: Faut-il étouffer l’imagination ou l’éteindre? En vérité c’est un don divin? L’esprit sans imagination ne serait pas esprit. Qu’on ôte l’imagination et il ne reste que stupidité. Car l’imagination est un débordement de la substance, mais elle est la richesse de cette substance. Livrée à elle-même ou liée au désir, elle introduit l’irréel et le faux; elle nous relègue dans un monde intermédiaire et nous égare dans une manière de limbe. Mais c’est elle aussi qui déjoue les apparences et nous délivre de la tyrannie de la perception immédiate. La volonté peut la dompter, l’intelligence la prendre pour outil. Alors elle change de nom et s’appelle: représentation. Or sans représentation, il n’y a pas de vie spirituelle possible.»
IMAGINATION ET VISION: Il ne faut pas confondre l’imagination et la vision. La vision s’appuie sur la réalité objective, qu’elle soit concrète ou, abstraite. L’imagination, bien supérieure à la vision, est capable d’atteindre ce qui et caché dans l’être et d’opérer une transfiguration des faits. La vision capte une réalité qui existe déjà et qui, nécessairement, reste inchangée par l’acte de voir. Par l’imagination, ce qui existe à l’état latent ou en essence devient manifeste et reçoit forme dans la pensée. Ainsi, on peut réussir à contempler, en pleine conscience, ce qui, jusqu’alors, n’avait pas été révélé ou n’avait été qu’intuitivement appréhendé. Dans l’imagination, il se produit une révélation de l’être à l’être et un changement au-dedans de l’être, comme on l’a dit.
IMAGINATION ET MÉMOIRE: La mémoire enregistre les perceptions. De ce fait, l’imagination ne puise pas que dans la mémoire. Et c’est par l’imagination, plus que par la mémoire qu’un être conçoit son avenir. Le fil de la mémoire Permet à la conscience de se projeter dans le passé. Le fil de l’imagination permet à la conscience de pressentir, d’anticiper l’avenir et, pour ainsi dire, de s’y transporter. Si l’on suppose que la transmutation physique et la transfiguration métaphysique sont possibles, il faut accepter l’imagination comme un facteur suprême qui agit à l’intérieur de l’être. Elle sert de fondement à toute aspiration puisque toute aspiration recouvre des réalités conçues en soi, mais non encore réalisées. En effet, on aspire toujours à la réalisation idéale de tout choix, ce qui constitue le point de départ de toutes les ambitions muables. Or, l’énergie qui dirige vers l’accomplissement prend sa source dans l’imagination. Pour s’élever toujours plus haut, il faut élever la portée de ses aspirations. Pour atteindre ces sommets de réalisation, il faut donner libre cours, voire libre essor, à son imagination. On peut illuminer le monde par cet instrument psycho-chimique que représente l’imagination éclairée. Le monde apparaît tel qu’on le conçoit. En transformant ses conceptions, on transforme le monde. Ce processus s’est poursuivi tout au long de l’histoire du monde. C’est en développant le pouvoir créateur de son imagination que l’on devient magicien blanc ou alchimiste spirituel.
IMAGINATION ET FANTAISIE: L’imagination ne fonctionne bien que dans la détente et la fantaisie. La fantaisie force à jouer, au lieu de se tendre, ce qui entraîne du plaisir et de la joie. L’imagination, elle, sert à commander, mais elle oblige à se structurer, intérieurement, de façon assez rigide. L’imagination crée; la fantaisie se contente de combiner des éléments. La fantaisie enjolive la réalité; l’imagination poursuit une conversion alchimique incessante. La fantaisie transmute la matière; l’imagination transfigure le mobile personnel. Le fantastique peut, pour un bref instant, divertir l’âme, mais c’est par l’imagination consacrée à son mobile que s’accomplit une véritable régénération de l’être. L’imagination, qui asservit la fantaisie, sert de véritable canal à la créativité. Alors, l’esprit peut lui donner forme.
IMAGINATION ET VISUALISATION: En principe, la visualisation n’est qu’une représentation mentale d’images ou d’objets dont on se forme mentalement une reproduction. L’imagination est une création qui réunit des éléments séparés, élaborés en un tout concret ou défini par le mental. Elle peut associer des éléments qui semblent, à prime abord, n’avoir aucune forme d’existence pour obtenir une nouvelle réalité. L’imagination, c’est le courant de la pensée humaine. Elle empêche le mental de stagner dans les ornières des perceptions continues du quotidien, qui deviennent monotones. L’imagination est créatrice d’idéaux excitants et agréables. Les idéaux poussent la volonté à l’action. Une fois réalisés, ils sont une source de grandes satisfactions. Dans toutes ses entreprises, on aspire à l’idéal. Même celui qui poursuit un idéal illicite y trouve un idéal digne d’accomplissement, bien que son choix l’entraîne dans la régression, dans l’involution. Toutes les ambitions, tous les mobiles, tous les objectifs, sont liés à un idéal. L’énergie qui dirige vers l’accomplissement de l’idéal, dans tout champ d’activité, c’est l’imagination. Dans les élans enthousiastes et les brûlants désirs de la jeunesse, c’est l’imagination qui crée, conçoit, définit, dore les perspectives, avive la motivation, stimule l’aspiration, conduisant au but visé. Le jeune s’aiguillonne alors en imaginant l’excitation que pourra lui apporter la vie future; le bien-être, le confort, le prestige et la joie que lui apportera la richesse; l’exaltation d’une position enviable, de préférence comme centre de pouvoir; le contentement d’une réputation qui suscitera le respect et l’envie du grand nombre. L’imagination, c’est la baguette magique qui fait surgir la fontaine de Jouvence. En donnant de l’expansion à ce qui est une source de force, d’ambition, de désir, d’aspiration, d’accomplissement, en les dotant d’une vitalité nouvelle, d’un objectif élevé, d’une portée toujours de plus en plus grande, on peut réussir l’une des plus grandes réalisations, le paradis ou la perfection sur la terre. Le monde se moule à ses conceptions. En élargissant ses conceptions, on transforme le monde.
IMAGINATION ET VIE COURANTE: Il est évident qu’une imagination vive constitue le plus grand don que Dieu puisse accorder à l’homme. Elle magnétise le courant de la pensée humaine et lui confère le pouvoir. Le monde est tel qu’on le conçoit. Les formes que l’on assigne aux choses que l’on perçoit naissent de la conscience personnelle. En changeant ses conceptions et ses interprétations de ses perceptions et des formes ambiantes, on transforme le monde. Le monde peut ainsi devenir tout à fait différent de la manière qu’on le perçoit. Il peut devenir hostile ou amical selon le choix qu’on fait au plus profond de soi. La seule réalité découle des impulsions de l’Énergie cosmique qui induisent les expériences sensorielles dans la conscience individuelle. A cet égard, on peut comprendre que le mental humain, par l’imagination, ne peut créer aucune réalité nouvelle autour de lui, car il ne peut rien enlever ni rien ajouter aux forces ou aux énergies universelles. L’être humain interprète le monde au lieu de le percevoir tel qu’il est vraiment. Il confond les actualités et les réalités. Mais celui qui donne libre cours à son imagination ne rencontre plus de limite, dans l’univers, autre que celle de ses propres pensées. Quel merveilleux secret. C’est par l’imagination qu’on peut devenir sain, riche, puissant, influent. Les pensées de chacun peuvent donner de l’expansion au monde pour ceux qui sont moins heureux et conscients, qui ne demanderont qu’à récompenser un tel service intéressé et désintéressé. Une personne sans imagination régresse; une personne avec beaucoup d’imagination progresse. L’imagination confiante et ressentie accomplit des prodiges quotidiens.
© 2000-2016, Bertrand Duhaime
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