La tendresse a besoin pour naître de l’immobile et du silence. C’est l’anti-vitesse. Jacques Salomé

La Tendresse ne naît pas , elle engendre :

                                                                 

 

 

Il m’a été donné l’occasion récente de m’interroger sur la tendresse . Je vais tenter ici d’avancer quelques réflexions et positions personnelles sur ce thème.

Tout d’abord dire que je me sens un homme tendre, c’est-à-dire plein de tendresse possible, d’abandon à vivre. Et en même temps un homme de violence, de refus, de blocages possibles, un homme parfois ouvert et parfois interdit de tendresse.

Je crois que la tendresse est un chemin, souvent difficile, connu ou inconnu, qu’on peut suivre ou ne pas suivre. Pour le suivre, peut-être faut-il accepter de dépasser des peurs et des préjugés. Je crois que nous sommes dans une culture, dans une civilisation où la tendresse paraît redoutable car elle est associée à une possible érotisation des relations et à une crainte plus ou moins développée de la dépendance. On a peur de tomber sous l’emprise de quelqu’un en acceptant de se laisser aller à « recevoir » de lui.

Si je prends quelqu’un dans mes bras, un homme ou une femme, je sens dans un premier temps deux mouvements : le mien, celui de l’autre. Dans le mien un tâtonnement interrogatif. Comme une question « est-ce possible ? le veux-tu ? m’acceptes-tu ? » Dans celui de l’autre, une lutte… il peut se défendre, se rétrécir, s’anesthésier ou se dérober avant de pouvoir s’abandonner à lui-même, avant d’arriver à accepter que je puisse lui donner quelque chose – et peut-être aussi recevoir quelque chose de lui – de l’ordre de la confiance. Je crois que la tendresse surgit après la peur, après les préjugés, après les a priori. La tendresse c’est la sève de la relation, c’est ce qui fait que deux êtres vivants s’approchent, se rencontrent et qu’ils peuvent peut-être se découvrir et se reconnaître sans se menacer. La notion de tendresse contient l’idée, l’avant-goût d’une croissance mutuelle possible. C’est par la tendresse de l’autre que je peux grandir – être – me développer en sécurité

La tendresse a besoin   pour naître de l’immobile et du silence. C’est l’anti-vitesse.

Par la tendresse s’opère aussi une reconnaissance mutuelle dans le sens de naître à nouveau avec l’autre et non pas dans le sens d’en savoir plus sur l’autre comme souvent le mot connaître est compris. La co-naissance participe plus du partage d’un vécu, d’un échange sur l’essentiel. Dans le langage habituel avoir une connaissance sur quelqu’un, c’est trop souvent en savoir plus sur lui. Je crois que la tendresse fait partie de ce mouvement qui est de parcourir un chemin bordé de sensations et de sentiments où se trouvent mêlés bienveillance, acceptation, abandon et aussi confiance, stimulation, étonnement, découverte. Souvent, dans ma propre existence, j’ai commencé par relier la tendresse au contact physique, dans le geste reçu et donné dans la rencontre des corps mais je sais bien aujourd’hui que la tendresse n’est pas seulement physique. Elle est sensation, émotion imprévisible, regard étonné, mouvement secret et fugace, reliés à l’ensemble des sens. Il y a du ruissellement dans la tendresse, de l’eau, quelque chose de très ancien, de plus loin que la naissance, qui nous renvoie certainement à une vie première baignée dans la « tendresse liquide ».

C’est pour cela que j’associe le corps à la tendresse. La tendresse suppose justement tous les autres langages qui se trouvent au-delà du langage verbal : langages du regard, du toucher, de l’odeur, de la proximité physique et aussi ce que j’appelle les « langages de l’intention », vouloir du bien-être, du mieux, du doux à soi-même et à l’autre. C’est la distance abolie dans le sens de s’abandonner, d’oser se laisser aller en ayant le sentiment qu’on va être reçu, et, peut-être amplifié, qu’on ne va pas être repoussé, rejeté.

Dans la respiration par exemple : c’est merveilleux d’être contre quelqu’un et de l’écouter respirer ou de se sentir écouté respirant. Quelle sécurité, quelle plénitude de se sentir accordé dans une respiration ! C’est aussi toute la qualité d’un geste qui accompagnera et soutiendra une parole, un échange. La tendresse sur ce plan est une écoute plus grande du geste (geste qui donne, qui reçoit, qui retient, qui ouvre, qui permet…).

Pour moi, c’est l’évidence, la tendresse participe incontestablement de tous les langages multiples et complémentaires du corps. Le contact de peau n’est qu’un des passages possibles. Je crois que c’est beaucoup plus global. J’ai envie de dire : c’est corporel avec tout ce que cela comporte. Le regard, l’accueil des yeux est aussi quelque chose de bouleversant.

La tendresse c’est mon   regard émerveillé sur ce que tu me donnes, c’est ton regard ébloui sur ce que   je te donne.

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