L’éducation inclusive; une lueur d’espoir ?

        

Pour une intégration scolaire et sociale des enfants à besoins spécifiques

Conférence nationale sur l’évaluation de la mise en œuvre de la réforme de l’école

                            Palais des nations le 25 et 26 /07/ 2015 Alger

 Communication de M A Lannak ancien SG DE TO.

I/ L’éducation pour tous

EDUCATION INCLUSIVE   V/S   EDUCATION EXCLUSIVE

Être exclu d’une participation significative à la vie économique, sociale, politique et culturelle de la collectivité est l’un des plus graves problèmes auquel sont confrontés des franges  d’individus dans la société contemporaine.

Les handicapés, frange la plus vulnérable, sont très souvent, pour ne pas dire toujours, victimes de toute forme d’exclusion, (au sein même de la famille, à l’école, dans les lieux publics et milieux professionnels).           

En effet, une forme de marginalisation insidieuse des enfants en situation de handicap prend racine déjà, au sein même de la cellule familiale, quelque fois par et pour une surprotection, toujours  contreproductive, et plus souvent pour cacher «  le handicapé » aux regards indiscrets.

Cette discrimination va en s’amplifiant tout au long de leur vie.

Jusqu’à ces dernières années, rien n’était prévu pour leur insertion. Ils se heurtent souvent à des obstacles tant physiques que sociaux qui les excluent de la société et les empêchent de participer activement au développement de leur pays.

Pourtant, des textes de loi, de conventions des Nations Unies et de l’UNESCO - ratifiés par la grande majorité des pays, dont le nôtre – sont promulguées pour les protéger et leur assurer leurs droits fondamentaux à l’exemple du droit à l’éducation proclamé dans l’article 26 de la déclaration Universelle des droits de l’homme qui stipule :

 « Toute personne a droit à l’éducation. L’éducation doit être gratuite, au moins en ce qui concerne l’enseignement élémentaire et fondamental. L’enseignement élémentaire est obligatoire (...) l’éducation doit viser au plein épanouissement de la personnalité humaine et au renforcement du respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales. Elle doit favoriser la compréhension, la tolérance et l’amitié entre toutes les nations et tous les groupes raciaux ou religieux, ainsi que le développement des activités des Nations Unies pour le maintien de la paix. »   

Plus explicite, l’article 23 de la Convention relative aux droits de l’enfant (Nations Unies, 1989), dispose que les enfants handicapés  doivent avoir  «accès à l’éducation, à la formation, aux soins de santé, à la rééducation, à la préparation à l’emploi et aux activités récréatives et [bénéficier] de ces services de façon propre à assurer une intégration sociale aussi complète que possible et leur épanouissement personnel, y compris dans le domaine culturel et spirituel »

         Il découle logiquement de ces lois que tous les enfants ont le droit de recevoir une forme d’éducation qui ne les soumette à aucune discrimination fondée sur aucun motif : de caste, d’appartenance ethnique, de religion, de statut économique, de statut de réfugié, de langue, de  sexe ou de handicap…  

Des mesures spécifiques doivent donc être prises par l’Etat pour mettre en œuvre ces droits dans tous les cadres d’apprentissage.

C’est dans cette optique que nous pouvons affirmer que :

L’Education Inclusive signifie ainsi la garantie de la mise en œuvre effective de l’ensemble des ces droits précités.

L’Education Inclusive signifie aussi que tous les enfants, sans exception, doivent avoir accès à une éducation de base et de bonne qualité 

L’Education Inclusive  doit être aussi et surtout un facteur d’intégration scolaire et sociale des enfants à besoin spécifiques.

Cela signifie que le système éducatif doit accueillir tous les enfants et les éduquer ensemble, en tant que futurs citoyens de la même société démocratique.

L’Education Inclusive  suppose, bien entendu, la création, dans les établissements scolaires, en plus des facilitateurs, d’un environnement dans lequel les enfants pourraient à la fois être capables et rendus capables d’apprendre au même titre que tous les enfants dits « normaux »,« valides ».

Qu’en est-il chez nous ?

Certaines mesures sont, certes, prises au niveau national et dans de  nombreuses wilayas. Elles demeurent souvent insuffisantes, aléatoires… mais toujours  perfectibles. Je citerai l’exemple de la Direction de l’Education de Tizi Ouzou …où des actions, pour une  prise en charge des enfants aux besoins spécifiques, sont menées, mais disons-le, souvent, de manière volontaristes ! En effet, outre la mise en place des classes d’adaptation (actuellement dites classes spéciales), comme cela existe à l’échelle nationale, on avait procédé à :

-       Ouverture des classes pour :

+ Enfants trisomiques

+ Enfants implantés

+ Enfants handicapés moteurs

-       Ouvertures des classes d’hôpitaux

-       Mise à la disposition des appareillages pour l’ensemble des enfants scolarisés : (Lunetterie, corsets, fauteuils roulants, chambres d’inhalation, glucomètres, appareils auditifs, trousse avec nécessaires pour jeunes aveugles… et autres béquilles !)

Dans, pratiquement, la plus part des wilayas des enfants en situation de handicap, des enfants à besoins spécifiques sont scolarisés, tant bien que mal, ou plus exactement  « inclus » parmi les effectifs des élèves scolarisés.  Dans certaines wilayas, à l’exemple de Tizi  Ouzou, cette inclusion scolaire est accompagnée d’une mise en place de mesures de soutien sur le plan matériel ;  mesures qui les aident certainement dans leur apprentissage avec, notamment, la mise à la disposition des appareillages pour tous les enfants présentant des handicaps physiques ou des maladies chroniques ! C’est incontestablement, un appoint considérable pour cette catégorie d’élèves.  Cependant, cela reste insuffisant tant que  la réflexion autour d’une pédagogie inclusive, d’une pédagogie différenciée se traduisant notamment par une adaptation des approches aux fins de soutenir ces jeunes, de les accompagner pour mieux s’intégrer, n’existe pas ! Il est urgent de passer de l’intégration à l’inclusion scolaire !

Ce passage de l’intégration à l’inclusion scolaire  scolaire ne peut se faire sans une pédagogie spécifique, laquelle demande une formation spécifique, des moyens spécifiques, des ressources humaines spécifiques…

Avant d’aborder une réflexion quant à la mise en place de cette pédagogie spécifique, il convient d’identifier les élèves auxquels elle sera destinée.

 II/ Qui sont les élèves ayant des besoins particuliers ?

Il y a lieu de relever que l’inclusion scolaire vise trois catégories d’élèves ayant des besoins particuliers :

1 / ceux qui présentent un handicap lourd (déficience intellectuelle, déficience motrice, langagière, troubles envahissants du développement ou troubles relevant de la psychopathologie)  Il serait illusoire et prétentieux de croire que ces élèves s’intégreraient aisément et il serait malhonnête de donner de faux et vains espoirs aux parents d’enfants à handicap lourd. (Dans le meilleur des cas, nous ne pouvons que les accompagner dans leur détresse) ! Cette catégorie d’enfants nécessite des structures d’appoint spécialisées avec l’apport de l’ensemble des intervenants sociaux : des enseignants formés et spécialisés, des psychologues, orthopédagogues, orthophonistes,  psycho-éducateurs …  etc.

2/ ceux présentant un handicap physique.

3/ ceux qui présentent des difficultés d’adaptation ou d’apprentissage (présentant divers troubles : problèmes de comportement, trouble de déficit d’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH), dyslexie, dyscalculie, etc.)

III/ En quoi consiste l’éducation inclusive ?

A-   Pour ceux présentant un handicap physique :

L’inclusion consiste bien souvent à offrir à chacun ce dont il a besoin pour mieux se prendre en charge, pour mieux s’insérer… pour dépasser le handicap et pouvoir s’intégrer dans le cursus scolaire, dans la société.

Il suffit bien souvent, d’un petit moyen, une paire de lunettes, un petit appareil auditif, un facilitateur…  pour permettre à un jeune «en situation de handicap »  de dépasser son infirmité, de se mouvoir, de travailler comme tout un chacun, voire, de déceler un talent, une aptitude exceptionnelle, un génie latent, de permettre l’émergence d’une compétence avérée… (Plein d’exemples…)

B-    Pour ceux présentant des difficultés d’adaptation  ou d’apprentissage :

Il convient de repérer l’élève en difficulté et de :

1 / Déterminer l’origine de la difficulté

La difficulté provient de problèmes méthodologiques ? De l’absence d’apprentissage régulier des leçons ? D’un manque d’attention ? De participation durant les cours ? De difficulté de compréhension des consignes du professeur ?...S’agit-il de difficulté liée à une pathologie : dyslexie, dyscalculie, dyspraxie… ?

Il y’a lieu ensuite d’apporter des adaptations pédagogiques spécifiques en fonction de la nature de la difficulté et selon les besoins de chaque apprenant. Et d’orienter vers des structures spécialisées s’il s’agit de difficultés liées à un handicap majeur.

Il convient donc de cerner les difficultés et d’y apporter des réponses appropriées

2/ Cerner la ou les difficultés

A quel genre de difficultés est-il confronté ?

A t-il des problèmes de méthodes d’apprentissage?

Rencontre t-il des difficultés mnémotechniques ?

A t-il des difficultés à s’organiser dans son travail personnel?

Comment travailler de façon efficace ?

Sa concentration durant les cours est-elle suffisante ?

Parvient-il à se mettre au travail rapidement au collège/lycée, à la maison ?

Comment gérer des difficultés d’ordre familial ou social ?

Comment s’adapte t-il ?

Parvient-il à gérer son temps libre ?

A t-il trop d’heures de cours par jour ?

Est-il en difficulté par rapport à ses résultats ?

Par rapport à son comportement, son attitude en cours (propension à la dispersion et à l’agitation)?

3 / Apporter des réponses appropriées à chacune des questions posées

Adapter une pédagogie adéquate (Pédagogie différenciée, voire à la carte)

Motiver

Mettre en place des méthodologies métacognitives

Planifier

Donner des consignes claires

Guider

Orienter

Accompagner

Suivre (Etablir une fiche de suivi)

Évaluer

Valoriser l’effort…

C-   Pour ceux présentant un handicap « lourd »

Ceux-ci nécessitent, une éducation spécialisée, assurée par des équipes spécialisées, dans des structures spécialisées et où l’apport de nombreux intervenants sociaux ainsi que l’implication directe des parents sera déterminant quant à une prise en charge efficace et efficiente. (Voir mesures spécifiques)

IV/ Passer de l’intégration à l’inclusion scolaire  scolaire : comment ? - Une seule et unique réponse :

La formation

         Savoir déterminer l’origine de la difficulté, cerner cette difficulté et y apporter des réponses appropriées nécessite, bien entendu, des cycles de formation des enseignants en plus d’autre formations tout aussi primordiales, consistant à :

-       Une parfaite maîtrise des diverses formes de la pédagogie différenciée

-       La connaissance et I ‘identification des troubles d’apprentissage et signes diagnostiques chez l’enfant à besoins spécifiques, donc, sujet à l’échec

(Comment reconnaitre les pathologies telles que la  dyslexie, la dyscalculie, la dyspraxie, les troubles déficitaires de l’attention).

-       Comment accompagner ces élèves et les amener à dépasser leurs difficultés, leurs handicaps.

-       Comment susciter l’envie d’étudier, la hargne de dépasser son handicap et de réussir ?

-       Comment  accompagner, guider l’enfant?...

V/ Des mesures spécifiques obligatoires

Quelques mesures spécifiques devant être rendues obligatoires pour la mise en œuvre d’une école inclusive en vue de faciliter l’intégration scolaire puis sociale.

a-    Pour les élèves présentant des handicaps physiques :

-       Mise à disposition de matériel pour handicapés

-       Lunettes, béquilles, fauteuils roulants…

-       Trousse contenant le nécessaire pour les non voyants.

-       Aménagement du cadre du travail :

  • Aménagement des locaux (accessibilité)
  • Modification des conditions matérielles de travail au sein de la classe (accessibilité : laboratoires, ateliers, salles spécialisées…)
  • Placement de l’élève (localisation particulière de l’enfant dans la classe)
  • Aménagement des conditions matérielles (utilisation d’outils spécifiques et adéquats afin de contourner le handicap)

-       Adaptation des moyens :

  • Aides propres à compenser le handicap:
  • Prise en compte de la particularité de l’élève en aménageant les conditions pour y parvenir

 

         b- Pour ceux présentant d’autres difficultés (divers troubles d’apprentissage)

 

-       Différenciation pédagogique ou pédagogie différenciée

-       Adaptation des apprentissages fondamentaux

-       Adaptation en rapport à l’activité: contournement de l’activité, adaptation des supports

-       Adaptation en rapport au temps de travail (A chacun son rythme)

-       Modification du style pédagogique du maître. (Style et méthode d’apprentissage individualisés)

-       Adaptation des parcours

  • Projets individualisés avec objectifs personnalisés.
  • Aide individualisée de l’enseignant pendant le cours.
  • Mise en place de tutorat.

Adaptation de l’évaluation

  • A pédagogie différenciée, évaluation différenciée
  • Suivi
  • Motivation
  • Valorisation de l’effort de l’élève

b-   Pour ceux présentant un handicap « lourd »

-       Ouvertures des centres d’accueil spécialisés et gratuits au niveau de chaque wilaya

-       Mise en place des équipes spécialisées : enseignants spécialisés, psychologues, neuropédiatres, orthophonistes, psycho-éducateurs…

-       Implication et collaboration étroite entre l’ensemble des intervenants et les parents.

-       Explication, motivation et orientation des parents pour les amener à dépasser les pesanteurs sociologiques, à collaborer avec l’équipe, à connaitre le handicap de leur enfant afin de mieux l’accompagner et non le couver et le cacher des regards indiscrets.

Enfin, parents, enseignants et spécialistes doivent collaborer.

Pour aider l’élève en situation de handicap dans ses apprentissages, chacun joue un rôle spécifique, mais il ne peut le jouer seul. Les spécialistes comme le neuropédiatre ou le psychologue doivent faire le diagnostic précis et prévoir la rééducation de l’enfant. Ils doivent aussi, avec l’accord des parents (ou des personnes responsables de l’enfant) donner à l’équipe éducative toute l’information nécessaire à une pédagogie adaptée. De son côté, l’enseignant doit chercher les moyens à mettre en place pour rendre les apprentissages possibles.

            La tâche n’est pas facile, elle est même ardue, cependant elle est exaltante, car au bout de l’espoir qu’elle entretient toujours, qu’elle ressuscite souvent après des périodes de découragement, nous rencontrons des femmes et des hommes « handicapés », dont l’infirmité a semblé les avoir condamné à être dépendant à vie, mais qui ont su, qui ont pu merveilleusement dépasser cette servitude, cet état de dépendance totale et devenir libre, maitre de leur destin et qui ont mené des carrières professionnelles, artistiques fulgurantes.

Au pouvoir public de relever le défi et aux enseignants et spécialistes de collaborer pour aider les élève en difficulté scolaire en général et ceux à besoins spécifiques, en particulier, dans leurs apprentissages en vue d’une intégration scolaire réussie et d’une insertion sociale et professionnelle à part entière.

L’espoir est permis.

                                                                                   M A Lannak.

 

 

 

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