Cabu et Wolinski étaient les deux derniers fondateurs de Charlie Hebdo encore en vie. Les autres fondateurs, le professeur Choron, Cavanna, Francis Blanche, Topor, Fred, Gébé et Reiser nous avaient déjà quittés. Cavanna est mort il y a presque un an jour pour jour. Cabu et Wolinski, deux enfants de mai 68 qui ont suivi des trajectoires presque inverses pour finir par se retrouver à Charlie Hebdo.
Un Cabu de plus en plus mordant, un Wolinski de plus en plus assagi
Cabu n'a pas toujours été le dessinateur de Charlie Hebdo, fustigeant les religieux de tous bords et les hommes politiques. Longtemps, le père du chanteur aujourd'hui décédé Mano Solo, a été beaucoup moins polémiste. Ce soixante-huitard attardé était surtout un doux rêveur, prônant l'écologie et dénonçant les travers de la société en spectateur. Il savait porter un regard tendre et joyeux sur la société, car, disait-il, "si l'écriture peut-être une souffrance, le dessin est un pur plaisir". Le regard sombre, sans concession, que Cabu portait sur le monde moderne, la politique ou la consommation, s'accommodait souvent d'un dessin plus léger, souriant, comme un air de Charles Trenet qu'il vénèrait. "Le but, disait-il, c'est avant tout d'essayer de faire rire. Il faut voir ça du côté ensoleillé de la vie."
C'est lui qui a finalement dessiné la couverture qui restera à ce jour la plus symbolique de Charlie Hebdo osant braver l'interdit en montrant Mahomet en 2006:
Les personnages emblématiques des BD de Cabu et Wolinski
Chez Cabu, l'un des plus emblématiques restera le grand Duduche, un alter ego de Cabu, enfant de Mai 68 souvent embarqué par les CRS et, pour son grand malheur, fils de militaire. "C'est le seul personnage positif que j'ai jamais dessiné, les autres sont des monstres", confiait-il à l'AFP lors de la sortie de l'intégrale de la série.
Mais sa trouvaille la plus géniale restera le Beauf (suivi par le nouveau beauf). C'est Cabu qui a inventé et popularisé l'expression de ce Français moyen, pilier de comptoir, volontiers sexiste, alcoolique, chauvin, m'as-tu vu et conchiant cette jeunesse qui écoute de la musique de sauvage. Au point que cet archétype du franchouillard est à présent dans le dictionnaire.
"Type de Français moyen, réactionnaire et raciste, inspiré d'un personnage de bandes dessinées" dit Le Larousse.
Franchement, qui n'a pas quelqu'un dans sa famille au front dégarni et à la moustache fournie dont on craint les saillies de fin de repas?
Quelques années plus tard, Cabu a revu son personnage fétiche: le beauf a vieilli, il s'est enrichi dans les années 80 et a troqué son marcel malodorant pour un costume bling bling. Le Français moyen devient un parvenu, années fric obligent.
Côté politique, il avait un faible pour Nicolas Sarkozy, qu'il dessinait en lutin frénétique avec des cornes de diablotin.
Les œuvres pour enfants de Cabu
Derrière leurs dessins mordants, leur humour irrévérencieux et leurs convictions politiques, les deux dessinateurs s'étaient dans leur carrière adressés aux enfants. Cabu a été, pour toute une génération, un gentil dessinateur de Récré A2, avec Dorothée, faisant ses "marabout d'ficelle" en direct et racontant des histoires aux enfants à travers ses dessins.
C'est lui qui avait donné toute sa dimension au nez de Dorothée:
Voici la vidéo http://www.dailymotion.com/video/x8fxxz_idbd-cabu-jacques-pessis-et...
Présentation, extrait de l'article http://www.huffingtonpost.fr/2015/01/15/cabu-goerges-wolinski-mort-...
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