Non, jamais je n'aurais cru que devoir se quitter pût être à ce point douloureux alors qu'au côté de ta maîtresse au bord des larmes et, dans un ultime geste de tendresse mélancolique, ma main accompagnait la chute de ta petite tête pour qu'elle ne tape pas la table du vétérinaire, je regrettais déjà l'acte que nous venions de commettre, qui, alors qu'il mettait fin pour toi à 15 jours de souffrances, représentait pour nous la pire des épreuves.
À 11 ans et demi, la vie ne t'a pas épargné : devenu cardiaque, tu as été atteint d'un œdème pulmonaire qui condamnait presque inévitablement ta respiration et t'empêchait même de te reposer car dès que tu t'allongeais, le souffle te manquait, ce qui t'es arrivé durant tes 36 dernières heures sans vrai repos.
La veille encore de ton départ, ton regard nous implorait de t'aider… Mais comment faire ! Nous avions tout tenté : plusieurs fois, nous avons consulté le vétérinaire qui t'hébergeait, pour chaque fois nous entendre dire que ton état empirait malgré traitements et piqûres. Finalement, il nous a bien fallu nous rendre à l'évidence : nous ne pourrions pas, sauf à te faire souffrir davantage, prolonger ton calvaire pour la seule joie de t'avoir avec nous encore un peu.
Ce vendredi 30 août 2013, par une belle après-midi ensoleillée (mais pour nous fort sombre), alors que nous t'avions ramené à la maison, nous avons dû t'emmener une nouvelle fois chez le vétérinaire de Beaulieu sur Dordogne… Sachant pertinemment que ce serait malheureusement la dernière, que nous ne pouvions plus éviter l'inéluctable.
Comme beaucoup, j'ai connu la douleur de perdre des proches : beau-père, belle-mère, père, beau-frère, mère, toutes ces séparations (ne fussent elles qu'apparentes… C'est en tout cas ma conviction !) ne me causèrent pas autant de peine que celle-ci… Peut-être en raison de ta proximité qui était plus étroite que toutes les autres, peut-être aussi parce que, comme le Renard du Petit Prince nous nous étions mutuellement apprivoisés (nous avions tissé des liens si étroits).
Devenu, à peine âgé d'un an, notre compagnon à quatre pattes (miraculeux résultat de la foi inébranlable de ta maîtresse Mireille en le fait d'avoir un jour un West Highlands Terrier pour pas cher — gratuit si possible… Ce qui s'est effectivement réalisé : nous avons seulement dû assumer ta visite chez le vétérinaire et acheter de quoi te nourrir !), tu as accompagné nos moments de joie et de tristesse avec une égale bonne humeur et jovialité… et fui discrètement ton abri à mes pieds sous mon bureau quand je m'énervais contre mon ordinateur, ce qui ne te visait nullement.
Non, jamais je ne me serais cru capable d'avoir envie de pleurer pour un simple (diront certains) chien. Non jamais je n'aurais cru qu'un être vivant puisse me donner une telle impression de présence divine !
Aujourd'hui, une semaine (à l'heure près où seront publiées ces lignes, bien triste anniversaire — il n'existe pas d'hebdiversaire !) après cette dramatique interruption de notre amitié, je commence à me remettre suffisamment pour te promettre de faire aboutir ce projet qui me tient à cœur depuis plusieurs années, et qui peut redonner espoir à tous ceux qui comme nous ont du mal à comprendre POURQUOI !
Merci d'avoir accepté d'être à nos côtés d'abord « Si câlin de la Légende des Highlands » imprononçable au quotidien ! Puis « Socrate » un nom que je t'ai rarement donné bien qu'il ait été le tien dès que tu es entré chez nous, alias « le petit chien », ou plus prosaïquement « p'tit quin » (nom que l'on donne facilement à un chien en Haute-Normandie)
Que notre Amour t'accompagne,
Tes maîtresse et maître d'une saison, Mireille, Michel.
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