Nous ne sommes pas toujours conscients de cette image du corps qui est véhiculée dans notre société. On ne se rend pas compte qu'on est pris dans ce tourbillon qui nous donne un faux sentiment de puissance, de pouvoir, en croyant que notre corps est plus beau que celui de l'autre. En même temps, on en est prisonnier, parce qu'on ne veut pas lâcher l'apparence ou l'image que l'on projette. Jean-Marie Lapointe
Pour cette entrevue Du Clic au Déclic, j'ai rencontré Jean-Marie Lapointe pour discuter avec lui de la relation que l'on entretient avec le corps, de cette perfection que l'on recherche en idéalisant une forme ou un modèle corporel en particulier. Comment devenir encore plus conscients de cette image que l'on propage dans notre société?
Bouddha disait que le corps est un étui fragile qui, durant un certain nombre d'années, renferme l'âme. Comment définirais-tu la relation que tu entretiens avec ton corps?
Je pourrais te répondre de deux manières différentes. Dans l'essence de ce que Bouddha nous enseigne lorsqu'il dit que le corps est tel un étui, je dirais que le corps est comme un véhicule, comme un vêtement que l'on porte. Vient un temps où le vêtement s'use et quand il est trop usé, il faut le changer, d'où l'image de la réincarnation présentée dans le bouddhisme. Mais si je vois le corps comme un véhicule, je le vois aussi comme une magnifique machine qui nous permet de performer, de jouir de la vie. Bien entendu, on doit prendre soin de notre véhicule, de notre corps, et plus on va en prendre soin, plus on pourra aller loin avec lui. Comme je possède un côté performant, je veux pouvoir me servir de mon corps pour aller le plus loin possible.
Dans ma vie, je suis à la fois conscient et vigilant par rapport à mon corps. J'en prends soin en étant conscient que je vieillis comme tout le monde et que je ne peux plus performer comme lorsque j'avais 15 ou 20 ans. Cependant, si je mange bien, si je dors bien, si je médite, si j'évite de faire des excès, comme je ne consomme ni alcool ni drogues, c'est clair que j'augmente mes chances de bien vivre dans mon corps, d'être en santé et de performer dans tous les aspects de ma vie. J'entretiens donc avec mon corps un rapport qui est sain. Mais ça n'a pas toujours été comme ça.
Comment le bouddhisme a-t-il changé ta relation à ton corps?
D'une façon extraordinaire et très très très douce. Dans le bouddhisme tibétain, ce que j'ai beaucoup aimé des enseignements, que ce soient ceux du Dalaï-Lama, de Pema Chödrön ou de Thich Nhat Hanh, c'est l'extrême gentillesse du ton de la voix de ces grands maîtres; que ce soit lors de conférences ou encore ce ton de voix que l'on perçoit dans notre tête quand on lit leurs livres. Tu sens qu'il y a de la douceur dans leur voix. Ça ne les empêche pas d'avoir de l'humour ou d'avoir un langage plus coloré, parfois même épicé, mais le ton de leur voix est toujours apaisant. C'est comme la pratique de la méditation vécue tout en douceur. Ce n'est pas oppressant. Ce n'est pas violent. C'est le meilleur antidote pour nous, Nord-Américains, habitués de rouler dans la voie de gauche, on veut que ça aille vite; les nouvelles technologies nous incitent à désirer faire toujours plus en toujours moins de temps. Dans cette ère où tout se fait vite, on oublie qu'on a besoin de lenteur, de douceur; on a besoin de se déposer. Pour moi, le fait de méditer sur un coussin tous les matins a été un apprentissage de la douceur, j'ai appris à être doux avec moi, je me parle même avec une plus grande douceur.
J'arrive justement d'un pèlerinage en Israël, en terre sainte, et tous les grands contemplatifs, ceux qui prient, qui se recueillent, pratiquent cette forme de douceur. Dans le bouddhisme, c'est venu me séduire pour ça, car j'avais l'habitude de me taper sur la tête. Il faut savoir qu'une personne qui souffre d'une dépendance ou d'un trouble alimentaire se tape souvent sur la tête.
Qu'est-ce que je peux te souhaiter pour les prochains mois? Qu'est-ce que tu as envie de réaliser?
Je n'ai pas vraiment un projet en particulier qui m'habite actuellement. Mais c'est sûr que je vais avoir envie de faire d'autres documentaires ou d'avoir une émission de radio ou de télévision qui aurait du sens, du contenu. Tu sais, toi et moi, on aime faire du bien. Je pense que je souffre de la même maladie que toi. (rires) J'ai besoin de faire du bien, j'ai besoin de me sentir utile. C'est notre responsabilité. Si on veut que ça arrive, il faut cultiver ça en soi. Je veux continuer à cultiver mes rêves, parce que personne ne va les réaliser à ma place. On parlait du corps tout à l'heure. Je veux aussi rendre hommage à mon corps, je veux continuer à en prendre soin, car tant que mon corps va être en santé, moi je vais pouvoir continuer à cheminer.
Jean-Marie LAPOINTE
Magazine VIVRE
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